LIBÉRATION

Je peux prendre conscience de ce que je suis

seulement quand j'accepte que

je ne suis pas seulement ce que

je crois être et que je suis toujours

libre d'être autre chose.

SARTRE

Le Soleil déclina derrière le dôme de verre. Déclina si vite que j'en sursautai quand je rouvris les yeux. L'astre au Zénith brûlait ma rétine.

Mais je m'étais trouvée.

Engourdie, je tendais mes bras, projetant l'ombre de mes mains sur mon visage. Trop longtemps tenue à l'écart de mon corps, mon âme refluait dans des fourmillements.

Je me levai. La chaleur faisait perler sur ma peau des ruisseaux de sueurs. Une brise souffla, caressant mon crâne lisse et ma bouche entrouverte. Quelque chose avait changé.

Un sourire sur mes lèvres.

Il me fallait quelque chose, quelque chose pour figer cet état de pleine conscience, quelque chose pour ne pas me perdre.

Portée par mon étrange idée, je retournai dans le salon. Sur la table devant le sofa se trouvait le baume de la Reine que j'avais gardé. Je pris le pot, ramassai mon couteau sur la terrasse et sauta sur le parapet.

Le vent fouetta mon visage d'une force bienfaitrice. Construit en forme d'hexagone, le Palais se répartissait sur sept étages, chacun plus petit que l'inférieur, qui s'empilaient harmonieusement. Je m'assis, les jambes au-dessus du vide qui me séparait du niveau d'en dessous. Je passai la lame entre mes doigts incandescents, ne m'arrêtant que quand le métal était devenu rougeoyant.

J'humai l'air, délicieusement floral. Il fallait prendre le temps. Prendre le temps de choisir les mots, indélébiles, immortels, qui resteraient à jamais dans ma peau.

Il y avait tant de choses à figer.

Reconnaitre ses forces.

S'estimer.

Accepter l'ignorance.

Ou la combler

Indépendance.

Spontanéité.

Rechercher l'harmonie.

Pureté.

S'enivrer de beauté.

Contempler.

Équilibre.

Évolution.

Tant de chose à figer ?

Trop long...

Puis je me lançai.

La pointe du canif d'Aaron griffa la surface de mon avant-bras pour tracer une lettre, puis une autre, puis une autre. De l'hémoglobine terne s'échappa. Léger. Insignifiant. Douleur négligeable. Galvanisée par le bonheur de me sentir exister, j'oubliai le mal pour incruster mon mantra sanglant.

Serrer les dents. J'ouvris le pot, trempai mes doigts dans la crème puis l'appliquai sur l'intérieur de mon bras pour cicatriser en moi ce qui me constituai.

J'étais ma liberté. J'étais liberté.

Puisqu'un seul mot me guidait désormais.

Les lettres blanchâtres ressortaient sur le violine de ma peau.

Vérité.

Je souris.

Et je n'avais plus peur.

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