Chapitre 8
Je referme mes cahiers dans mon sac et jette un coup d'œil à ma montre. Mon regard s'écarquille. Il est déjà 12 h 30. Zut, il ne me reste 30 minutes pour me préparer. Je grimpe les escaliers jusqu'à ma chambre et fouille frénétiquement dans ma garde-robe à la recherche d'une tenue. Finalement, je choisis une robe noire assortie d'une veste en jean. L'ensemble parfait selon moi, c'est un passe-partout. Je me scrute dans le miroir, applique rapidement un peu de mascara, attache mes cheveux en une queue de cheval et me brosse les dents. Il est déjà 12h55, alors j'enfile mes chaussures et attends l'arrivée de Thomas. À l'heure pile, il se présente devant chez moi. Je jette un dernier coup d'œil dans le miroir avant de sortir à l'extérieur.
Je me glisse dans la voiture et pose mon regard sur Thom. Il est vraiment séduisant. Mes pensées sont interrompues par sa voix.
- Salut Alice. Comment ça va ?
- Super, merci. Et toi ? je réponds.
-Ça ne pourrait pas aller mieux, rétorque-t-il.
-Merci encore pour l'invitation, j'avais besoin de sortir pour me changer les idées.
-Écoute, n'importe quand, répond-il en souriant.
Il ouvre la radio et je commence à fredonner la chanson.
-J'avais oublié que tu connaissais toutes les chansons de ce monde, dit-il en riant.
Son rire me fait sourire à mon tour. Je suis flattée qu'il se souvienne de ce détail. En général, je ne peux pas me vanter d'avoir une mémoire exceptionnelle, mais pour ce qui est des paroles de chansons, il semblerait que j'aie un don particulier.
-Alors où allons-nous? lui demandais-je avec curiosité.
- J'avais pensé que nous pourrions aller nous promener, pour une fois qu'il ne pleut pas.
- Très bonne idée, répondais-je en souriant, ravie de cette proposition.
Après une vingtaine de minutes de voiture, durant lesquelles nous avons échangé des informations sur nos carrières respectives, nous arrivons enfin à destination.
- Wouah, soufflai-je, émerveillée par le paysage qui s'étendait devant moi. C'est vraiment magnifique ici.
- Oui, vraiment, acquiesce-t-il en me regardant avec un air complice, comme s'il partageait mon émerveillement. Du coin de l'œil, je perçois qu'il me regarde sans gêne avec ses yeux brillant.
Je décide de ne pas interpréter ce moment et faire comme si de rien était. Ce n'est pas une chose simple à faire, car malgré mon souhait de ne pas avoir d'attentes, chaque geste et parole qu'il laisse planer entre nous provoque toujours un pincement chaleureux au cœur. Pendant que nous marchons pour nous rapprocher de la rivière, son cellulaire se met à sonner. Il s'arrête, regarde son écran pour finalement remettre son téléphone dans sa poche sans répondre.
-Tu sais, tu peux répondre, ça ne me dérange pas, lui dis-je.
-Oh non ça va merci, ce n'est rien d'important, répond-il simplement sans me regarder.
Il semble toutefois plus distant depuis qu'il a reçu ce message. C'était peut-être Gen. Je n'ose pas poser la question. Il m'a dit hier que leur rupture datait d'il y a quelques semaines, que personne avait blesser personne, mais je n'ai pas eu plus de détails. C'est un terrain glissant tout ça, on dirait que je n'avais pas réalisé que son ancienne relation est assurément encore dans sa tête. C'est assez récent et normalement je suis la première personne à dire de faire attention dans ce genre de situation. Ouf à m'écouter penser, on dirait que je fréquente Thomas mais, nous sommes seulement des amis en ce moment. Je ne dois pas oublier ce détail, nous sommes des amis point final.
-Alors j'imagine qu'après la soirée d'hier, Will t'a laissé plusieurs messages. Il a vraiment été con.
-En effet oui, mais je n'ai répondu à aucun d'eux. S'il pense que je vais revenir aussi facilement, lâchais-je sans trop penser.
Il s'arrête brusquement et me dévisage, semblant chercher quelque chose dans mes mots.
- Revenir ? me questionne-t-il avec son air perplexe. Je ne croyais pas que tu voulais revenir avec lui.
- Non ce n'est pas ça que je voulais dire, m'empressais-je d'ajouter. Seulement que...ce n'est pas avec ce genre d'attitude que je vais lui reparler. Pour l'instant, de toute façon, je n'ai pas du tout envie de lui parler.
Il hoche la tête et nous continuons à marcher. Finalement, nous nous arrêtons sur un banc près de la rivière. Alors que nous nous asseyons, je sens que tant de questions brûlent en moi. Je me demande si c'est le bon moment pour les poser.
- Je suis vraiment contente de te voir, mais je me demande quand même pourquoi nous nous sommes perdus de vue toutes ces années, lançais-je d'une voix hésitante.
Son visage se crispe et son sourire s'efface. Il se retourne vers moi.
- Bon naturellement tu ne pouvais pas passer un bon moment sans me mettre en colère, marmonne-t-il en croisant ses bras.
- De quoi parles-tu ? Je ne voulais pas te mettre en colère, c'est juste que... hésitais-je, c'est juste que je me suis toujours demandé pourquoi nous avions arrêté de nous voir, c'est tout.
Il reste silencieux pendant un moment, scrutant mes yeux avec intensité. Puis, il ajoute seulement :
- Tu vas dire que c'est ma faute si on se parlait plus c'est ça, demande-t-il.
- Non je n'ai jamais dit ça, défendis-je. Qu'est-ce qui te prends Thom? Je me pose la question c'est normal. Du jour au lendemain, nous nous sommes séparés et ça m'a blessé. J'ai toujours cru, en fait, que c'était ma faute. Et depuis hier on se parle comme si de rien était, alors c'est certain que les questions se bousculent dans ma tête, terminais-je.
Il soupire profondément. Je suis déconcertée, je ne m'attendais pas à ce que cette discussion le mette dans un tel état. Ma question me paraissait pourtant tout à fait raisonnable. Pensait-il sérieusement que nous allions faire comme si rien ne s'était passé?
- Je ne sais pas quoi dire Ali. Non ce n'est pas ta faute, c'est juste...
Il s'interrompt une fois de plus. Mais pourquoi s'arrête-t-il ainsi ? Ma question ne devrait pas être si difficile à aborder.
-C'est juste...?
-Rien, ce n'est rien, soupire-t-il en regardant ses souliers.
-Je ne te crois pas, évidemment, mais nous en reparlons une autre fois ce n'est pas grave.
Il se lève brusquement et me fixe du regard. Je peux lire dans ses yeux et dans son attitude qu'il a perdu sa légèreté, son côté taquin et charmeur. Ce n'est pas bon signe.
- Bon il faudrait qu'on y aille, j'ai certains trucs à faire plus tard.
- D'accord, répondais-je, un peu surprise par ce revirement de situation.
Je me lève à mon tour, ressentant une étrange tension entre nous. Qu'est-ce qui vient de se passer ? Mes questions restent sans réponse alors que nous nous dirigeons silencieusement vers la voiture. Il ne dit pas grand-chose pendant le trajet de retour. Ce genre de situation entre lui et moi, c'est normal, en fait, c'était normal. Nous étions les meilleurs amis du monde et la seconde d'après, nous nous détestions. Parfois il s'en prenait à moi pour aucune raison, je me fâchais, puis il s'excusait par la suite. Nous faisions toujours comme si de rien était. Je ne prenais rien de ce qu'il me disait personnel, c'était sa façon à lui de me donner son attention, de me montrer son affectation et qu'il m'appréciait. Étrange je sais, mais je m'étais habituée et j'embarquais même dans son jeu. Je croyais pourtant que cette fois, tout serait différent. Je sais que ça fait seulement quelques heures que nous nous sommes revus après tout ce temps, mais je croyais que nous avions vieilli et que ce genre de jeu ne se reproduirait plus. Eh bien, visiblement, je me trompais. Cependant, aujourd'hui, je n'ai pas l'énergie de le confronter, alors je me laisse aller contre le siège de la voiture et je regarde par la fenêtre.
Nous arrivons finalement chez moi.
- Thomas, commençais-je d'une voix douce, je suis désolée si ma question ta brusquée, ce n'était pas mon intention. J'ai simplement besoin de comprendre ce qui s'est passé entre nous pour éviter que cela se reproduise, je me suis ennuyée de toi, de notre amitié, c'est tout, soufflais-je en guise de conclusion.
Tout le temps où je parlais, il ne m'a pas lâché un regard. Puis, sur mes derniers mots, il leva tranquillement son visage. Un moment de silence s'installa avant qu'il ne réponde.
- Je pensais réellement que nous pourrions faire comme si de rien n'était, et maintenant je réalise que c'était une erreur. J'ai juste besoin de temps pour te donner une réponse, me lance-t-il, son regard ancré dans le mien.
Je n'en crois pas mes oreilles.
- Tu as besoin de temps, explosai-je? Non mais c'est une blague, je t'ai laissé deux ans de temps et ce n'est pas suffisant pour toi ? On se voit à peine quelques heures et après tu me demandes de te laisser ton espace, je n'en reviens pas.
- Tu ne comprends pas Alice, plaide-t-il. Je... je ne sais pas quoi dire, tu as raison, mais je ne peux juste pas te répondre en ce moment.
Un silence pesant s'installa entre nous. Je réalise, bien trop lentement à mon goût, que je n'obtiendrai pas de réponse à mes questionnements aujourd'hui malgré tous mes efforts. Je referme donc la porte derrière moi et pars vers chez moi sans regarder derrière.
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