Chapitre 16

La semaine s'écoule si lentement. C'est sûrement parce que j'ai trop hâte que la fin de semaine arrive. Depuis la soirée où Thom est parti, nous nous échangeons des messages sans arrêt. Nous planifions notre escapade. Nous avons décidé d'aller dans des cabanes qui sont installées dans les arbres. Il y avait une annulation de dernière minute, alors nous avons sauté sur l'occasion.

Je décide d'en parler à Jess pour éviter qu'elle se sente mise à l'écart. Elle est excitée pour moi, mais je sens qu'elle a des craintes de me perdre dans tout ça. Je ne m'en fais pas trop à ce sujet, car malgré les épreuves, nous sommes restées les meilleures amies du monde.

Nous sommes enfin vendredi matin. Je n'ai pas de cours aujourd'hui alors j'en profite pour passer un peu de temps chez moi.

- Alors vous partez ce soir ? demande ma mère.

- Oui, Thom viendra me chercher après son travail et après nous partons.

- Tu as tout ce dont tu as besoin ?

- Je ne sais pas trop où tu veux en venir avec cette question, mais oui merci maman mon sac est prêt, répondis-je.

Je monte dans ma chambre et termine de tout ranger. Je profite de mon temps libre pour lire un peu.

- Ali ? Thomas est arrivé.

Je descends à toute vitesse avec mes sacs. Il m'attend avec un sourire prêt à faire fondre n'importe quel cœur.

- Hey champion, tu es prêt?

- Oui madame! Allez, donne-moi tes sacs je vais t'aider.

- Merci. Bon, bye maman, dis au revoir à papa, passe un bon week-end.

- Bye ma chérie, amusez-vous bien. À bientôt Thomas.

Deux heures plus tard, nous arrivons à la destination. Nous nous rendons à notre cabane et nous nous installons.

- Je suis tellement content d'être ici avec toi. Ce concept de cabane est vraiment génial.

- Oui vraiment! Alors que veux-tu faire ?

- J'ai apporté quelques jeux et plein de choses à manger.

- Parfait ça, je suis prête à te battre à n'importe quel jeu.

- Ah ah ah, j'ai bien hâte de voir ça championne.

Nous jouons à plusieurs jeux, et je gagne presque à chaque fois. Après avoir essayé les jeux qu'il a apportés pendant au moins deux heures, nous finissons par nous allonger sur le matelas et discuter.

- Je ne réalise pas encore ma chance, une nuit seule dans une cabane avec la merveilleuse Alice.

Je lui donne un petit coup sur le ventre en riant.

- Si on m'avait dit il y a cinq ans que je vivrais ça aujourd'hui, je n'y aurais jamais cru.

- Ah quand même Al, il y avait quelque chose entre nous, moi je savais que ce n'était pas impossible. Chaque fois que nous nous sommes retrouvés dans le même espace, même si nous étions entourés d'autres personnes, il y avait cette étincelle entre nous, cette alchimie indéniable. Je me suis souvent demandé si j'étais le seul à ressentir cela, si j'étais fou de penser qu'il y avait quelque chose de plus profond entre nous.

- C'était impossible parce que j'étais avec Will et toi avec Gen. Après nos séparations respectives, on se parlait plus. Jamais je n'aurais pensé être ton amie à nouveau. J'espérais tellement te croiser dans un restaurant ou une soirée. Je voulais tellement savoir ce qui s'était passé entre nous, pourquoi tout s'est terminé ainsi. Je me suis finalement convaincu que je n'étais juste pas importante pour toi.

Il me regarde avec ses grands yeux. J'espère que je n'ai pas tout gâché en avouant tout cela.

- Pas important pour moi? C'était totalement le contraire Ali! Plus jeune, je devais m'éloigner de toi par moments, car sinon, j'aurais été constamment attiré par toi. Ensuite, il y a eu Gen, et sincèrement, ça se passait bien entre nous. Je l'aimais, et elle aussi. La vie a agi et nos chemins se sont simplement séparés et j'accepte ça aujourd'hui. J'ai toujours cru que rien n'arrive pour rien. Et me voilà avec toi ici même, je ne pourrais pas demander mieux.

Je m'avance vers lui et commence à l'embrasser. Il me prend par la taille et m'approche encore plus de lui. Il n'y a presque plus d'air entre nos deux corps, tant nous sommes proches l'un de l'autre.

- Hey Ali...murmure-t-il à contre cœur, entre deux baisers. J'ai toujours ce truc dont je voudrais te parler.

Instinctivement, je m'arrête et le regarde, sentant l'appréhension s'emparer de moi.

- Écoute Thomas, je sais que tu essaies d'être honnête avec moi et j'en suis tellement reconnaissante, mais je ne veux pas briser ce moment.

- Mais ça ne sera jamais le bon moment, à chaque fois que nous sommes ensemble c'est parfait. Je vais devoir le dire un jour ou l'autre. Je ne veux pas que tu m'en veuilles encore plus tu comprends?

Un frisson traverse mon corps tout entier. J'ai peur de ce qu'il pourrait me dire. D'un côté je ne veux pas savoir, mais d'un autre, il est honnête... je vais devoir affronter la vérité bientôt et je ne pourrai pas trop lui en vouloir, car il aura essayé dès le début de m'en parler.

- Je comprends, mais pas ce soir, je t'en supplie.

- D'accord, mais bientôt Alice, bientôt.

Nous reprenons nos baisers passionnés, nous abandonnant à l'intensité de nos étreintes jusqu'aux premières lueurs du matin.

Lorsque nous nous réveillons, nous constatons qu'il est relativement tôt compte tenu de l'heure tardive à laquelle nous nous sommes endormis.

- Bon matin beauté, murmure-t-il en m'embrassant sur la tempe, tout en se collant à moi.

- Bon matin monsieur le charmeur.

- Me connais-tu autrement? rétorque-t-il suivi d'un clin d'œil. Alors tu as bien dormi ?

- J'ai super bien dormi merci à toi d'ailleurs.

- Même chose pour moi.

Nous passons la matinée à s'enlacer et s'embrasser tendrement. Nous commençons toutefois à être affamés, alors nous préparons tranquillement notre déjeuner tout en discutant. Je profite de ce moment pour le regarder et je dois me pincer afin de vérifier s'il s'agit de la réalité ou d'un de ces films d'amours que je ne cesse d'écouter.

-À quoi penses-tu ? me demande-t-il avec un sourire.

- À toi, réponds-je d'un ton séducteur.

Son sourire s'élargit.

- Alors, que prévoyons-nous pour aujourd'hui ? continue-t-il.

- Nous avons accès à plusieurs sentiers pour marcher, nous pourrions en profiter.

- Excellente idée, acquiesce-t-il.

Nous nous préparons et nous partons marcher dans un sentier qui mène à un magnifique belvédère.

- Alors Alice Fletcheur, qu'ai-je manqué ces dernières années ?

- Eh bien, pas grand-chose, je déteste toujours autant l'école, mais je me bats jusqu'au bout pour obtenir mon BAC. Je sais que je veux être infirmière et tous les moments pratiques durant les cours sont vraiment intéressants, mais dès que la théorie embarque, je perds le fils de la notion.

- Tu étais pareil au secondaire. D'ailleurs sans toi, je n'aurais sûrement pas réussi à avoir mon diplôme.

- N'exagère pas voyons, il fallait juste te motiver un peu.

- Je te dis Al, sans toi, j'aurais eu encore plus de difficulté. Ne t'obstine pas, fait juste dire de rien.

- De rien alors. Et toi, qu'y a-t-il de nouveau dans la vie de Thomas Lann ?

- J'aime mon travail, et je m'occupe de ma petite sœur qui est maintenant une adolescente. Je déteste quand elle ramène des garçons à la maison. Je les fais fuir à chaque fois.

- Allez, Thom, laisse-la vivre. Avec toutes les filles que tu as ramenées, tu n'as pas vraiment le droit de parler, retorquais-je sur un ton taquin.

- Que veux-tu dire par là ?

- Rien de méchant je te jure, simplement que tu as été adolescent toi aussi.

- Oui, mais j'ai passé trois ans avec Gen, donc je n'ai pas ramené autant de filles que tu le laisses entendre. Je ne sais pas pourquoi tu dis ça, termine-t-il, cherchant à cacher sa colère, mais sans succès.

Je soupire. Je blaguais, je ne vois pas pourquoi il le prend ainsi. Il marche un peu plus vite et me dépasse sans m'attendre. Je le laisse faire et je profite de ce moment pour faire le vide dans ma tête. Je le vois loin devant moi, mais l'important c'est que je le vois encore.

-AÏE ! je crie. Oh mince, je me suis fait piquer.

Je m'assois sur le rocher le plus proche et prends de l'eau de ma bouteille pour essayer de nettoyer la marque laissée par l'insecte sur mon bras. Je commence à paniquer parce que mon bras prend une proportion plutôt anormale. Je ne vois plus Thomas devant moi. J'espère qu'il va se rendre compte que je ne suis plus derrière lui.

-THOMAS ! je crie de toutes mes forces.

Le temps passe et je commence à transpirer énormément. Beaucoup trop à mon goût. Je ne vois personne s'approcher de moi et je ressens des difficultés respiratoires. Mes mains tremblantes cherchent des médicaments contre les allergies, mais je les ai laissés dans la cabane. Quelle idiote, me dis-je.

Je me sens enflée et ma difficulté respiratoire s'aggrave. Ma vision devient floue. Il faut absolument que quelqu'un arrive. N'importe qui.

- Ali, ça va ? hurle-t-il en courant vers moi.

J'entre ouvre mes yeux et vois enfin Thomas qui s'approche de moi. N'ayant pas la force de parler, je lui montre mon bras et ferme mes yeux en me concentrant sur ma respiration.

- Merde Ali tu es enflée du visage et du bras, tu fais une réaction allergique. Ali tu m'entends ? s'inquiète-t-il, laissant échapper une note de panique dans sa voix.

Je lui fais signe de la tête.

- J'appelle l'ambulance.

J'entends que des murmures autour de moi. Thom me pose des questions, mais je n'arrive pas à lui répondre.

- Alice, les ambulanciers seront bientôt là, respire calmement. Merde, on n'a pas d'Épipen, je ne peux rien faire.

Il me caresse les cheveux et essaie de me distraire.

Je commence à perdre connaissance peu à peu jusqu'au moment ce que je ressente une douleur vive dans ma cuisse. Une autre piqûre? je pense. Rapidement, une certaine montée d'adrénaline me permet de rester éveillée et me concentrer sur ma respiration jusqu'à l'hôpital. Je jette un regard à côté de moi, mais je ne vois plus Thomas. Je commence à m'affoler. L'ambulancier le remarque et me prend la main.

- Hey, calme-toi... ton ami va te rejoindre à l'hôpital, ne t'inquiète pas. Il voulait aller chercher vos affaires et te retrouver là-bas. Tout ira bien, je te le promets.

Je ne réponds pas mais le regarde et espérant qu'il voit dans mes yeux ma reconnaissance.

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