Chapitre 13
Je reçois un message de Jessica qui me demande si nous pouvons faire quelque chose ce soir. Je réalise que je ne pourrai pas lui mentir bien longtemps. Je lui réponds que mes parents sont revenus plus tôt que prévu et que je ne suis pas disponible, mais de passer une belle soirée.
Assise dans ma chambre, je suis perdue dans mes pensées à propos de ma soirée d'hier. Tout s'est passé si rapidement, mais à ce moment-là, cela semblait être la bonne chose à faire. Je me rappelle que Thomas avait quelque chose d'important à me dire. Ce quelque chose risque de me blesser, sinon il me l'aurait dit plus tôt. J'envisage le pire. Je vais devoir le rencontrer bientôt, sinon cette pensée ne me quittera pas.
Soudain, on frappe à ma porte.
- Ali chéri, je peux entrer ? demande ma mère.
- Oui entre maman.
- Le souper est prêt.
- Merci j'arrive dans deux minutes.
- Que prévois-tu faire ce soir ? C'est samedi, n'est-ce pas ? Tu avais prévu de sortir avec Jess ?
- Non, je préfère passer du temps avec vous ! Je vais rester à la maison.
- Allez, Alice, ton père et moi serons là encore un moment. Nous aurons d'autres occasions pour passer du temps ensemble. Profite de ta soirée, tu es jeune, la vie t'appartient. Nous nous en remettrons, termine-t-elle en souriant.
-Je sais, mais je suis bien avec vous.
- Je comprends, mais fais-nous plaisir et sors ce soir. J'aime te voir épanouie ainsi, et tu ne le seras pas en restant à la maison.
- D'accord maman, je vais écrire à Jess et j'arrive souper !
- Nous t'attendons en bas, ma belle.
Finalement je peux faire quelque chose ce soir, des idées ?
Et si on sortait prendre un verre ?
Ça me va, je soupe et j'arrive chez toi
Parfait à tantôt!
***
- Hey Al! Alors, tu as une idée pour ce soir ?
- Je pensais qu'on pourrait aller chez Romie's. C'est sympa là-bas.
- Bonne idée!
Une fois arrivées au bar, nous trouvons une petite table et nous nous installons. Nous entamons une conversation animée, et après un certain temps, Jessica reçoit un appel et s'éloigne quelques instants.
- Bon alors, Jo s'en vient ici, lâche-t-elle.
- Quoi? répliquai-je, surprise.
- Il m'a demandé ce que je faisais et il a dit qu'il s'ennuyait de moi.
- Pathétique, marmonnai-je.
- Ali je te demande une chose, une seule, fait juste être gentille avec lui! Ne dit pas de commentaire mesquin.
- D'accord, je vais essayer de faire un effort.
- Merci, tu es la meilleure, s'exclame-t-elle en sautillant!
Nous continuons notre discussion jusqu'à ce que Jonathan et ses amis fassent leur entrée dans le bar. Cette soirée ne sera pas facile pour moi. Je ne comprends pas comment elle peut encore donner une chance à ce gars après tout ce qu'il lui a fait subir.
- Hey Jess! lance-t-il en passant à côté de moi en m'ignorant.
- Salut Jo, ah, contente de te voir, marmonnai-je en levant discrètement les yeux au ciel.
Il s'installe à côté de Jess, accompagné de deux garçons et deux filles. Je lui lance un regard interrogateur. Ça ne faisait pas partie de notre arrangement. Je n'avais pas prévu de sortir avec toute cette bande, surtout ceux que je n'apprécie pas. Je me lève et me dirige vers la salle de bain, prenant mon temps en espérant qu'ils ne remarquent pas mon absence. Alors que je m'apprête à sortir, Alexa fait son entrée dans la salle de bain.
- Alice te voilà!
- Hey Lex! Contente de te voir, on se croise souvent ces temps-ci, chez Charlie et maintenant ici.
- Oui tu as raison! Jo m'a invité en fait, il m'a dit qu'il y aurait beaucoup de monde.
- Ah génial, dis-je sur un ton ironique.
- Alors on m'a dit que tu avais revu Thomas plusieurs fois depuis la dernière soirée ?
Je suis perplexe face à sa question. Premièrement, comment est-elle au courant de ça et deuxièmement, que cherche-t-elle à savoir exactement ?
- Je ne dirais pas plusieurs fois, on s'est croisés à quelques reprises c'est tout, répondis-je, évitant de donner trop de détails.
- Je vois, la prochaine fois que vous vous voyez tous les deux, si tu penses à m'inviter, continue-t-elle, ça serait sympa. J'aimerais bien vous voir plus.
Je doute qu'elle tienne tant que ça à me revoir, mais plus tôt à le revoir lui. Avant même que je prenne le temps de répondre à sa requête elle ajoute :
- Alors tu viens ?
- Oui laisse-moi quelques minutes.
Bon, je dois trouver un plan. Je ne pourrai pas rester ici avec tous ces gens, surtout pas après l'échange que je viens d'avoir. Je vais inventer une excuse. Mes parents. Oui, mes parents, c'est une bonne excuse ça ! Bon, je dois y aller, pensai-je en me hâtant.
Je me dirige vers notre table quand je repère Thomas. Je m'arrête brusquement. Ce n'est pas seulement la présence de Thomas qui me perturbe, mais surtout le fait qu'Alexa soit pratiquement assise sur lui, si proche qu'elle en devient collante. Elle glousse sans cesse à chacune de ses paroles et ne cesse de le toucher. C'est alors que je comprends mieux l'échange que nous venons d'avoir elle et moi. Elle veut s'assurer de garder Thomas pour elle seule. Quant à lui, il ne semble pas du tout mal à l'aise de la situation. Normalement j'aurais trouvé une façon d'enfouir la jalousie qui monte en moi, mais après la nuit d'hier c'est impossible. Nous ne pouvons plus retourner en arrière et je croyais que c'était réciproque. Je reprends mes esprits, me dirige rapidement vers la table et m'arrête de nouveau.
- C'était super de vous voir, mais je dois y aller, mes parents sont revenus d'un long voyage, ils ont besoin de moi. À bientôt!
Je me retourne et juste avant de partir j'ajoute :
- Salut Thomas, je ne t'avais pas vue désolée. Amuse-toi! Ah et, ne t'avise plus de m'écrire, bonne soirée.
Je vois le visage de Thomas se déconstruire en quelques secondes et celui de l'Alexa passer de l'incompréhension à la satisfaction.
-ALICE ?
Jess crie mon nom, mais je ne veux même pas me retourner, tant pis pour elle. J'embarque dans ma voiture et roule jusqu'à chez moi.
Une fois rentrée chez moi, je décide d'éteindre mon téléphone.
- Ali tu es déjà revenue? demande mon père.
- Oui, disons que j'avais hâte d'être à la maison.
Je monte dans ma chambre et m'écrase sur mon lit. Un peu plus tard, on frappe à ma porte.
- Papa, soufflais-je, je descendrai plus tard..
La porte s'ouvre sur Thomas, l'air abattu.
-Ali...?
Je ne veux même pas le regarder.
- Tu n'as pas entendu ce que j'ai dit plus tôt ? répliquais-je.
- Ali, qu'est-ce qui se passe ?
Je ferme mon livre et le regarde en colère.
- Écoute, j'ai l'impression d'avoir réagi de manière excessive, mais je ne peux pas m'en empêcher. Tu prévoyais passer la soirée avec Alexa ? Tu avais l'intention de me rappeler ? Peu importe, tu ne me dois rien. Je suis épuisée de me sentir ainsi. Plus jeune, ça se passait toujours comme ça et je n'étais pas heureuse dans cette relation. Je sais que c'est difficile à comprendre, mais quand il s'agit de toi, je deviens très jalouse, surtout quand Alexa est dans les parages et surtout après la nuit que nous avons partagée hier.
- Tu ne réagis pas de manière excessive. Je voulais te demander de venir, mais je ne voulais pas paraître dépendant et je ne pensais pas que tu serais là ce soir avec tes parents qui sont rentrés. Ali, je connais notre dynamique, on se dispute puis on est inséparables. Ce n'est pas sain, je veux que ça change. C'est pourquoi je suis là, maintenant. Tu sais, je suis moi aussi jaloux quand il s'agit de toi.
- J'aimerais tellement te croire, mais j'ai vue comment tu interagissais avec Alexa, je n'ai pas envie de me sentir de cette façon dès que je te vois avec une autre.
- Une autre ou Lexa ? J'ai l'impression que tu ne l'apprécies pas beaucoup.
- Quoi ? Non, nous étions très proches quand nous étions plus jeunes et je n'ai absolument rien contre elle. Mais oui, Thomas, je suis consciente de ses sentiments envers toi et, figure-toi, je suis aussi au courant des tiens à son égard. Alors non, je n'aime pas vous voir ensemble.
- C'était il y a des années, bien avant Gen même, je ne ressens absolument rien pour elle, et au fait, je n'ai jamais rien ressenti, c'était strictement physique et tu le sais bien. Contrairement à toi. J'aime tout de toi, Alice.
- Ouais bien elle, si tu lui demandais, elle ne te dirait pas non.
Je vois qu'il est de plus en plus mal à l'aise, mais qu'il tient à me réconforter.
- Je m'excuse je...
- Ne t'excuse pas, le coupais-je ! Nous ne sommes rien, nous avons juste eu quelques moments. Je te l'ai dit, tu ne me dois rien.
- Et si je voulais plus ? se risque-t-il.
- Thomas s'il te plaît, tu ne le pense pas vraiment.
- Alice, crois-moi, je te veux depuis le moment où nous sommes devenus amis. Nos disputes sont principalement ma faute. Je devais trouver un moyen de t'éloigner de moi, je ne pouvais pas être si proche et savoir que je ne serais jamais à toi. Mais rester trop longtemps sans ta présence était impossible.
Ses yeux cherchent les miens. Je sens mon cœur se serrer, les souvenirs douloureux refaisant surface.
- Pourtant tu t'es passé de moi pendant deux ans...
- Tu ne vois pas que j'essaie ? Et ça été deux années très difficiles.
- Alors c'est ça ta réponse à ma question de l'autre jour à la rivière ?
- Chaque fois que nous nous disputions, c'était pour me convaincre que je ne pouvais pas te laisser entrer davantage dans mon cœur. À un certain point ce n'était plus sain pour moi d'agir de cette façon avec toi. La dernière fois que nous avons réellement parlé, c'était à cette fête lorsque je t'ai amené dehors. J'ai cru, pendant bref moment, que tu avais enfin réalisé tout ce que je ressentais pour toi, j'ai même pensé pendant un instant que...que c'était réciproque, alors j'ai tenté ma chance. Mais, comme je l'ai toujours craint, tu m'as repoussé et crois-moi Ali, je comprends pourquoi aujourd'hui, mais ça été trop pour moi. Je souffrais de ne pas pouvoir être avec toi alors j'ai pris la décision cette journée-là de prendre mes distances. J'ai pensé qu'en nous éloignant, je pourrais trouver un moyen d'oublier et de passer à autre chose.
Je reste silencieuse pendant un instant, prenant le temps d'assimiler ses paroles et de laisser mes propres émotions se calmer. Finalement, je prends une profonde inspiration et rencontre son regard avec une certaine fermeté.
- Si seulement j'avais su la profondeur de tes sentiments à ce moment-là, laissais-je planer. Merci pour ta franchise, j'avais réellement besoin de comprendre ce qui s'était passé de ton côté.
Je voulais tellement en dire plus, exprimer toute la complexité de mes émotions, mais les mots me manquaient. Je sentais qu'il comprenait mon silence. Il s'approche doucement, m'enveloppe de ses bras chaleureux, et nous nous retrouvons ainsi, dans une étreinte réconfortante.
- On va y arriver, je te promets.
- Quoi exactement ? demandais-je, cherchant des réponses dans ses yeux.
- Je veux aller plus loin avec toi, je te veux, m'avoue-t-il. Je te veux près de moi, dans ma vie.
Nos lèvres se retrouvent une nouvelle fois, scellant notre décision. Je sens le frisson parcourir mon corps tandis que nos baisers s'intensifient. Le monde autour de nous semble s'estomper, ne laissant place qu'à cette connexion électrique entre nous.
- Je suis prêt à essayer aussi, Thom, je murmure entre deux baisers.
Je me laisse emporter par l'intensité de nos baisers, mes sentiments pour lui grandissant à chaque instant. Une part de moi me rappelle la nécessité de prendre les choses lentement, de ne pas précipiter les événements. Mais une autre part, celle qui vibre d'un désir brûlant, l'emporte sur la prudence.
Mes mains se glissent dans ses cheveux, mes doigts caressant doucement sa nuque. Sa respiration s'accélère, trahissant son propre désir. Nous nous regardons intensément, laissant nos yeux communiquer les émotions qui ne peuvent être exprimées par les mots. Le désir nous consume, nos corps s'attirent irrésistiblement l'un vers l'autre. Les vêtements tombent un à un, laissant place à notre intimité dévoilée. Les caresses se font plus audacieuses, nos souffles se mêlent dans un rythme frénétique.
Dans cet instant de fusion, nos corps se découvrent et s'abandonnent. Chaque sensation, chaque frisson, chaque murmure nous relie davantage, affirmant notre lien profondément ancré. Et alors que nous nous abandonnons à cette passion brûlante, nos sentiments fusionnent, scellant notre engagement l'un envers l'autre.
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