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MACKENZIE | Prise en flagrant délit, je recule et jette le papier dans la poubelle sans relever mon regard vers celui qui ne me lâche pas du sien. Il se positionne derrière moi, notre échange visuel est intense avant que je sente son index se promener sur mon épaule laissée encore à nue, le temps que le transfert sèche. J'arrête de respirer, ferme les paupières pour juguler ce que je ressens.

— Regarde-moi, Mac.

Je me tourne dans le peu d'espace qui nous sépare. Son pouce relève mon menton pour plonger directement ses iris sombres dans mes yeux vairons, qui le fascinent depuis que l'on se connaît. Je me sens happée. Hypnotisée par ses lèvres, qui se rapprochent dangereusement des miennes. Un souffle les sépare. Je n'ose plus respirer.

Qu'est-ce qu'il nous arrive ?

Je papillonne des cils lorsque mon téléphone émet une sonnerie, et le charme est rompu. Comme électrifié par ce son, nos corps se séparent et nous nous éloignons. Pourtant, nos yeux ne relâchent pas la connexion, au moins pendant quelques secondes encore. La lutte reste vaine. Priam va finir de ranger l'encre et le dermographe tandis que, moi, je m'assois sur le tabouret pour lire le message et grimace en découvrant l'expéditeur.

Gab : « Ramène tes fesses ! »

Kenzie : « Tu te souviens de moi ? Ta blonde ne t'intéresse plus ? »

Gab : « Arrête de jouer les jalouses. Si tu ne viens pas pour moi, fais-le au moins pour le groupe. »

Je souffle d'exaspération face à sa réflexion qui me saoule avant de penser à mes amis. »

Kenzie : « On sera là dans trente minutes. »

Gab : « On ? Tu es encore avec l'autre con ? »

Kenzie : « Oui, il me ramène. »

Je range mon téléphone, tandis que Priam ne me quitte pas du regard.

— Alors ?

— Le groupe m'attend, je l'informe sans entrain.

— Je te conduis au 3M ?

— Oui, je dois discuter avec Gab et lui dire ce que je pense de son attitude.

— On est partis, Princesse.

On salue sa mère et mon parrain et, sans rien ajouter, Priam me ramène à notre QG. Tandis que ma tête n'arrête pas de repenser à ce que nous venons de vivre. Aux réactions que son toucher a provoquées sur mon épiderme et au plus profond de moi.

— Te voilà enfin, ma Poupée. Les autres se trouvent dans l'entrepôt pour répéter.

— Merci, Papa. Tu me prépares un truc à grignoter. Je me tourne vers Priam et lui demande. Tu as envie de manger quoi ?

Ses iris s'illuminent d'un tout autre désir. J'avale difficilement ma salive sans pour autant pouvoir le lâcher du regard. Est-ce qu'il pense à la même chose que moi ?

— Un cookie à partager et un chocolat chaud. Ça te convient, Mac ?

Sa voix est si douce et profonde que je me sens juste hocher la tête dans un premier temps avant de lui répondre en souriant.

— C'est exactement ce que j'aurais pris.

— Ok ! Ça marche !

Connor prépare notre commande en sifflotant tout en garnissant son plateau.

— Papa, on va l'emporter plutôt. Ils nous attendent.

— Ils ne sont plus à cinq minutes près. Allez vous installer confortablement. Et profiter de ce temps à deux. C'est plutôt rare, donc précieux.

Il nous envoie un sourire engageant et l'on se dirige vers les grands coussins sans même se concerter. Je m'assois sur l'un d'eux tandis que Priam s'affale sur celui d'à côté. Ses longues jambes s'étirent et il remplit une bonne partie de l'espace détente. Dès que mon père apporte notre goûter, il se redresse et découpe un morceau de cookie qu'il me tend avant d'en prendre une part pour lui.

— Chocolat chaud avec un supplément de chantilly, de guimauves et deux pailles. Régalez-vous bien les jeunes !

En cinq minutes chrono, il ne reste plus rien et c'est repu, que nous essayions de digérer cette orgie de sucre.

— Heureusement que j'ai dépensé un max de calories en frappant le sac.

Je grimace en me rappelant la raison de mon défoulement. Ce qui ne passe inaperçu aux yeux attentifs de Priam. Il affiche un large sourire pour tenter de me rassurer, mais rien que de savoir que l'autre moule peroxydée sera accroché au cou de Gab, j'ai envie de m'enfouir dans un trou.

Est-ce qu'une autruche peut hiberner ?

— Prête à l'affronter ?

— Il le faut. Tu viens avec moi ?

Je replonge dans son regard en attendant sa réponse. Je ne sais pas trop ce qu'il a lu dans mes iris, mais il m'accorde une moue trop mignonne en me caressant la joue avant de me demander.

— Tu penses que c'est nécessaire ?

— Tu me donneras ton avis sur les nouveaux morceaux qu'on devait répéter.

— Mon oreille musicale t'est entièrement dévouée.

On se marre et c'est un peu plus léger que l'on se rend à l'entrepôt adjacent pour retrouver le reste de la bande.

— Enfin, vous voilà !

Xéna nous claque la bise comme si l'on ne s'était pas vu de la journée. Je pense, surtout, qu'elle tente de créer une diversion et de cacher ce qu'il se passe derrière son dos pour éviter que mes yeux ne tombent directement sur un spectacle que je ne vais pas apprécier.

— Elle est encore là ?

— Oui, elle s'incruste, grimace ma meilleure amie.

— C'est ce que je vois.

Gabriel est assis dans un des canapés que l'on a chiné dans une recyclerie tandis que la blondasse est installée sur ses cuisses. Ils discutent sans nous calculer. Le message est clair. Limpide.

Je ne dois pas lui montrer que son comportement m'atteint. Alors je vais aller répéter comme si je ne l'avais pas vu. Je retire mon blouson et, comme me l'a conseillé Théo, je n'ai pas remis en place ma bretelle de soutien-gorge pour ne pas abîmer mon sticker.

— Waouh ! S'exclame Pink. Il est magnifique.

Sa petite amie, Aria, ainsi que Mayfield et Spencer s'approchent de moi pour le découvrir. Mon top à fines bretelles leur permet de le voir en grande partie.

— C'est toi qui l'as tatouée ? Demande Xéna à son frère en nous accordant un clin d'œil.

J'ai compris à quel jeu nous devions participer. Elle veut attirer l'attention de Gabriel alors que je suis encerclée par nos potes. Et ça marche. Il vient de déloger la blonde de sur ses jambes et se dirige vers nous sans écouter les appels de la groupie qui se sent délaissée. Gabriel se poste devant Priam et ils se toisent. Aussi grand et costaud – l'un que l'autre –, aucun des deux ne veut lâcher ce duel visuel.

— Tu l'as tatouée ?

— En quoi ça te regarde ?

— Tu n'as pas le droit de la marquer !

— Non, mais tu te prends pour qui au juste ?

Même si elle fâche, la question est posée. Gabriel ne réagit pas et Priam retient un sourire de satisfaction. Alors puisque le blond ne sait pas quoi répliquer, je me lance.

— Ne te sens pas obligé de répondre...

— ... Je n'y ai pas réfléchi, essaye de se défendre Gab. Mais visiblement toi, oui.

— Peut-être parce que j'ai eu des mois pour y penser.

— Laisse-moi un peu de temps pour m'habituer à la situation. C'est nouveau pour moi.

— Si ça peut t'aider à y voir plus clair, je soulève les épaules, un peu blasée.

— Tu veux bien qu'on en parle plus tard à tête reposée ?

— Si ça te chante.

Pas besoin de faire un dessin à nos potes, la répétition est terminée. Priam me tend mon blouson et nous sortons de l'entrepôt. Une fois dehors, je respire enfin.

— Je te ramène ?

— Non, merci. Je vais retourner au 3M et rentrer avec mon père.

Il se rapproche, dépose un baiser sur mon front avant de m'annoncer les yeux dans les yeux.

— À demain, je passe te prendre à moto comme tous les matins.

— Ok ! Ça marche.

Me voilà seule avec la tête pleine de questions. Gabriel veut que l'on discute quand la tension sera retombée. Mais en ai-je vraiment envie ?

Devant nos amis, je n'ai pas souhaité entrer dans le débat, car cette discussion est privée. De plus, je ne voulais pas prendre le risque que Priam et Gab s'embrouillent encore.

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21 h 00 | Après avoir terminé ma douche, je me couche directement. Je regarde l'écran de mon portable et deux nouveaux messages s'inscrivent. Le premier est celui de Gabriel qui me demande s'il peut m'appeler en visio. L'autre provient de Priam...

Je n'ai pas le temps de le lire qu'on frappe deux petits coups à la porte. La tête de mon père apparaît dans l'embrasure après que je lui ai répondu favorablement.

Connor se dirige vers moi et s'allonge en imitant ma position. Couchée sur le dos, je regarde le ciel étoilé que mon parrain a dessiné pour moi quand j'étais gamine, alors que j'avais développé la peur du noir. Lumière éteinte, les astres plus ou moins gros s'animent et brillent. Ça me permet de me calmer. De faire le vide, de réfléchir.

— Tu veux parler ?

Du plus loin que je me souvienne, il a toujours su lire en moi et deviner quand un truc clochait. Mais là, les mots restent bloqués dans ma gorge.

— Allez, viens...

Il tend son bras et je cale ma joue contre son torse. Son étreinte paternelle me réconforte. Elle déclenche aussi les larmes que je contiens depuis que Gabriel et Priam se sont pris la tête à cause de moi à l'entrepôt.

— Papa, c'est trop dur de grandir.

— Je te le confirme. C'était plus simple de te conseiller quand ton souci était de savoir quelle robe tu devais porter pour ton anniversaire. Ou de se demander si tu voulais qu'on prépare un gâteau au chocolat ou aux pommes. Alors ma Poupée, c'est Gabriel qui te met dans cet état ou bien c'est Priam ?

— Les deux.

— C'est ce que j'ai cru comprendre quand la bande est passée au 3M après les cours. Ils n'avaient que ce sujet aux lèvres. « Kenzie va-t-elle choisir Gab ou Priam ? »

— Tout s'embrouille dans ma tête.

— Gabriel avait l'air de détenir la première place, non ?

— Je le croyais aussi. Depuis des mois, j'attends qu'il se décide. Qu'il me voit autrement que comme son amie !

— Et, c'est le moment que choisit Priam pour entrer dans le Game ?

— On peut dire ça...

Je ne sais pas si c'est voulu, mais en effet, Priam ne m'a jamais semblé aussi entreprenant. Troublant. Révélant un trouble qui suscite mon émoi.

— Apparemment, il t'a embrassée d'après ce que disait Xéna.

— C'était juste un smack, papa. Il voulait rendre Gabriel jaloux !

— Ce n'était pas le premier, il me semble. Tu considères que c'était uniquement pour l'emmerder ?

— Je ne sais plus quoi penser. Si tu avais vu à quel point ça l'a rendu triste, à quel point ça l'a blessé quand Gabriel lui a balancé qu'il m'avait invitée au bal.

Surpris, Connor cherche mon regard.

— Pourquoi ? Tu devais y aller avec Priam ?

— On en avait parlé, mais c'était juste comme ça... Au cas où...

— Au cas où Gab ne t'y inviterait pas. C'est ça ?

— Oui. Je sais papa, ce n'est pas bien. Mais c'était une idée de Priam parce qu'il a compris que c'est important pour moi.

— Donc, d'un côté, tu as Gab, à qui tu as forcé la main et qui n'a pas envie de s'y rendre. Et de l'autre, Priam qui veut venir avec toi pour que tu vives cet événement, alors qu'il s'impose aussi cette corvée.

Mon père a une nouvelle fois mis le doigt sur ce qui me pose tant de questions sans que je sache encore comment je dois réagir.

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➥ Si Mac n'avait pas reçu un message de Gab, est-ce qu'elle aurait laissé Priam l'embrasser ?

➥ Tous leurs amis découvrent le dessin dans le dos de Kenzie et Xéna s'empresse d'annoncer que c'est un tatouage réalisé par son frère. Gabriel réagit aussitôt, mais pourquoi se met-il en colère ?

➥ Mac ne sait plus où elle en est entre cette histoire qu'elle a fantasmée avec Gab et le nouveau comportement de Priam qui ne la laisse pas indifférente. Dur, dur de choisir ?

➥ Connor est vraiment un papa à l'écoute de sa Poupée. Sans la diriger, il lui donne les armes pour qu'elle se pose les bonnes questions, non ?

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📍 Demain matin à 11 h 00, on retrouvera le nouveau chapitre de KENZIE.

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🥰 Bonne journée, mes Infinity Love, gros bisous 😘

🖤 Kty.Edcall.Romance 🌸