13. Au parfum de sa peau
Je m'étais réveillé en sursaut, alarmé par la sonnerie de mon portable, bien trop près de mon oreille.
Lentement, je m'étais redressé de ma position assise, le dos cassé, et la joue endolorie. Les yeux encore lourds de sommeil et mi-clos pour ne pas être aveuglé par le jour, j'avais décroché.
— Ouais?
— Jaemin? Faut que tu te lèves là. J'crois que t'as loupé ton réveil, m'indiqua la voix de Mark.
Je me penchais sur ma chaise, basculant en arrière, en équilibre sur deux pieds, pour regarder mon réveil. Il avait raison. Comme souvent d'ailleurs.
Engourdi par ma courte nuit, je venais de réaliser que je m'étais endormi la tête sur mon bureau. Je m'étais alors mis debout brusquement, jurant, mon portable coincé entre mon épaule et mon oreille :
— Merde, merde... mais pourquoi j'me suis endormi là!
— J'sais pas, mais t'étais vraiment a fond dans ton travail hier soir. J'espère au moins que t'as réussi a finir ton devoir, plaisanta Mark, profitant de ma léthargie pour me faire une de ses mauvaises blagues.
— Quel devoir? J'te signale qu'on a été toute le soirée au téléphone, et c'est seulement maintenant que tu-
— Hey, chill out, Jae'. C'était une blague.
— C'est pas vraiment le moment, tu n'crois pas? Eh puis, arrête de faire ton canadien là~
— Quoi? T'aime pas mon superbe accent anglais?
— J'préfère quand tu te tais, Minhyungie, l'avais-je embêté, sachant qu'il détestait qu'on l'appelle par son prénom traditionnel. Parce qu'il été né sur le continent américain, et que c'était sa plus grande fierté.
J'avais fini par m'habiller en vitesse, ne prenant même pas le temps de me coiffer. Puis j'étais descendu dans la cuisine, où le petit déjeuner que ma mère me préparait chaque matin m'attendait. Mais je n'avais pas faim. Comme souvent maintenant.
J'avais avalé mes cachets journaliers, Mark riant toujours dans mon oreille, puis j'étais remonté à l'étage en courant, jetant sur mes épaules mon sac, et nouant mes converses a toute allure.
Finalement, j'avais rattrapé mon retard, et comme toujours le matin, je m'étais rendu à pied à la gare, Mark au bout du fil.
— Eh! s'était-il soudainement exclamé. Tant que je t'ai sous la main, tu vas pouvoir me parler un peu de lui, non?
— Ah.. Mark... avais-je soupiré, tout sourire à la mention de Jeno.
— Alleez!
Son ton de collégienne surexcitée m'avait arraché un sourire et il s'était mis à rire de lui-même, toussant un peu pour retrouver sa voix habituelle :
— Non, mais sérieux. T'as passé ta journée avec lui hier, et tu ne m'as rien raconté... heureusement qu'il m'a envoyé le snap. D'ailleurs, il est plutôt be-
— Mark? l'avais-je interpellé, un sourire malin sur le visage.
— Ouais?
— La ferme.
J'avais ri, et lui avais raccroché au nez, montant dans mon wagon où, comme chaque jour, je prenais ma place habituelle.
J'étais impatient de le revoir.
J'avais passé une nuit blanche à lui préparer son cadeau.
J'avais caché le téléphone que je lui avais promis dans une boite, entre des dizaines et des dizaines de petites notes que j'avais prises sur des post-it de toutes les couleurs.
Sur certains, je lui expliquais une fonction du téléphone. Sur d'autres, je lui donnais le nom d'une application, ou je lui glissais d'aller voir dans sa galerie de photos, ou encore de m'ajouter sur snap.
Pour parfaire le tout, au fond de la boite, j'avais mis dans une enveloppe notre seule photo, imprimée sur du papier glacé.
Avec un sourire, je l'imaginais essayer de lui trouver une place sur son mur noyé de photos et de brochures en tout genre.
Finalement, je lui avais payé un forfait, trop pressé de recevoir un message de sa part. Et puis, je savais que payer un forfait avec le peu d'argent qu'il gagnait l'aurait pénalisé.
Honnêtement, je m'en voulais d'avoir tout sans rien faire. De vivre dans une maison bien trop grande pour moi. De manger toujours à ma faim, et de parfois gaspiller la nourriture, comme ce matin. Alors que lui, ne pouvait se permettre de le faire.
Alors, pour me faire pardonner d'être mal né, je voulais le couvrir de cadeaux. Lui acheter tout ce dont il avait envie.
Mais il n'avait besoin de rien. D'aucun cadeau. Il vivait simplement, et la seule chose qui lui manquait, je ne pouvais lui acheter.
Je ne pouvais même pas l'atteindre. Ce garçon soleil qui lui manquait tant. Ce garçon soleil qui lui était si précieux et qui m'était inconnu.
Pourtant, son visage me rappelait quelqu'un. Je n'avais toujours pas trouvé qui.
Mais je savais que Mark pourrait m'aider à trouver de qui il s'agissait puisqu'il connaissait tout le monde. Vraiment tout le monde.
*
Le train avait du retard, et le menton posé dans ma paume, je pensais à lui. Des centaines d'images de la veille me revenaient. Ma tête sur son épaule, nos jambes noués dans ses couvertures, son rire dans la cuisine alors que je lui avais écrasé du beurre sur la joue, son profil découpé dans le soleil couchant lorsqu'il me raccompagnait à la gare.
Il me manquait.
Et enfin, je l'avais vu, debout sur le quai, un sourire, que je chérissais au plus profond de mon être, s'étendant sur ses lèvres.
J'avais aussitôt bondi hors du wagon, trébuchant dans les escaliers dans ma précipitation et manquant de m'écraser à terre.
Mais dans un rire, il avait agrippé ma hanche, enroulant son bras autour de moi, pour m'empêcher de tomber sur lui, et au sol. Même si la première option ne m'aurait pas vraiment déplu.
Puis, il m'avait lâché.
J'aurais voulu qu'il ne le fasse jamais.
Finalement, il m'avait salué, de cette voix grave qui n'appartenait qu'à lui, et qui était bien vite devenue ma chanson favorite :
— Hey, Jaemin-ah, avait-il sourit, reculant encore pour mettre de la distance entre nous avant de s'inquiéter à la vue de mon visage cramoisi. Ça va? J'ai bien cru que t'allais tomber, je t'ai fais mal? E-Excuse-moi, j'ai juste eu peur que.. enfin..
Et il avait passé une main sur sa nuque, comme toujours lorsqu'il était gêné.
Je trouvais ça adorable.
— N-Non, t'inquiète pas! T'as bien fait d'me rattraper.. j'suis vraiment maladroit quand je suis pressé...
— Ça m'rappelle un garçon qui avait fait tomber son dessin en courant pour ne pas rater son train, m'avait-il taquiné, le rouge me montant à nouveau aux joues, en repensant à ce fichu dessin.
Je devais vraiment beaucoup à ma maladresse.
Pendant un moment j'avais souris, les yeux rivés vers le sol, puis je m'étais souvenu de la boite.
J'avais alors fait glisser mon sac dans mes bras, et je lui avais dis, le coeur gonflé de fierté :
— Tiens, ça, c'est pour toi!
Je lui avais mis dans les bras. Et il m'avait regardé longtemps, attrapant mon cadeau entre ses immenses mains, sonné.
Ses yeux brillaient à travers le rideau de ses cils, et comme souvent, je les trouvais magnifique.
Et mon coeur battait à tout rompre.
Nos deux regards ne se quittaient plus.
Nous ne disions rien, mais c'était un silence agréable. Entendu. Que nous comprenions. Que nous respections.
Puis, j'avais glissé mon regard jusqu'à ses lèvres, tout aussi surprises que lui.
Elles avaient l'air de fruits défendus. Et j'avais terriblement envie d'y gouter. Elles resplendissaient, comme ses cheveux. Et sa lèvre inférieure, pleine, me tentait plus que tout.
Mais le sifflement du train derrière, nous avait tiré de nos rêveries. Et je m'en voulais de l'avoir voulu si puissamment.
Qu'aurait-il pensé de moi s'il avait pu entendre mes pensées?
J'avais honte. Honte de moi. J'étais ridicule de penser qu'un jour peut-être, j'aurais ma chance avec lui.
— Ne le loupe pas cette fois, avait-il sourit, s'approchant de moi lentement.
Mon coeur s'était arrêté de battre, coincé dans ma gorge, et il m'avait attrapé dans ses bras, dans une étreinte que j'aurais voulu ne jamais quitter.
— Merci, pour le cadeau, avait-il murmuré, son souffle chatouillant mon oreille, et m'arrachant un sourire heureux.
Seulement, l'émotion dans sa voix m'avait fait trembler.
Il était ému.
J'avais resserré mon emprise, agrippant le tissu qui couvrait son dos, enfonçant mon visage dans son épaule.
Je m'enivrais de son odeur. Un mélange savant de fleur tendre et de sucre avec une touche de quelque chose d'horriblement attractif, quelque chose de masculin qui lui allait si bien.
Doucement, je m'étais écarté le premier, le coeur serré, et j'avais déposé un baiser sur sa joue. Vraiment rapide. Presque volatile.
Un petit baiser d'enfant qui voulait dire « De rien ».
Mais qui aurait voulu dire bien plus.
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hiii guys ~ J'voulais juste souhaiter un joyeux anniversaire à mon petit prince. J'espère qu'il passe un jour merveilleux, et je lui souhaite vraiment tout le bonheur du monde.
Happy Jeno Day everyone!
사랑해요 제노 ♡
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