1. Au soleil qui éblouit


Cours Jen'! Cours!

Je souris, avec les yeux, comme le dit souvent grand-mère, mais surtout avec la bouche. Mon ami me rend ce sourire, et je sens nos deux coeurs à l'unisson cogner contre nos cotes. Cette seconde de flottement laisse assez de temps à cette drôle de sensation pour qu'elle s'empare de moi. D'un bond, je me propulse hors de ma cachette, arrachant quelques mailles de mon pull dans un buisson épineux, puis je détale, poussé par le vent.

J'entends nos rires s'élever dans l'air, alors que nous traçons des sillons épars dans les hautes herbes. Je donne tout ce que j'ai, tant et si bien que j'ai l'impression que mon estomac est coincé dans ma gorge. Mais je ne m'arrête pas. J'entends le bruissement des herbes sous nos pieds, et je lutte pour ne pas me faire dépasser.

Je continue, bifurquant à la hauteur d'un petit ruisseau, niché entre des touffes de fougères. Le soleil pleut sur nos visages, et nous enveloppe dans un cocon de ce qui semblerait être le bonheur.

Je lève le nez au ciel, observant les nuages, comme autant de petits moutons, nous suivre de leurs yeux cotonneux.  Tout est si beau, j'ai presque de la peine de perturber le calme et les couleurs chatoyantes du champ de fleurs que nous traversons à présent.

Je lance un coup d'œil par dessus mon épaule, juste à temps pour voir Donghyuk se jeter sur moi. Nous roulons dans un océan de pétales. Et je crois même que dans la bataille, j'en avale un ou deux. Ses éclats de rires s'envolent comme les oiseaux blancs autour. Je cueille une fleur rouge, comme le soleil quand il s'endort, et lui chatouille le nez avec. Déstabilisé, il roule sur le côté alors que je le pousse, et nous nous étendons dans l'herbe, qui nous protège des autres. Du monde. Enfouis dans la verdure, nous fixons le vol des échassiers, ne nous arrêtant plus de rire.

Il me regarde, fier, avec cette mine qui lui est propre lorsqu'il vient de faire une bêtise, dont personne ne saura jamais qu'il est l'auteur. Essoufflés, tremblants d'une euphorie qu'on ne peut pas comprendre, nous restons là :

C'est drôle rien que d'imaginer la tête qu'il a dû faire! s'exclame-t-il.

J'acquiesce, reprenant mes esprits alors que le soleil descend tout doucement derrière les nuages. Mon ami se redresse, ses cheveux enflammés par les rayons chauds.

Il faut que je rentre, sinon maman va s'inquiéter, finit-il par dire, en se secouant pour se débarrasser d'épis qui collent à ses vêtements.

Je me lève aussi, mes habits sont tout verts.

À demain alors, Hyuckie ! je le salue, secouant ma petite main frêle et égratignée par les buissons.

Il m'adresse un clin d'oeil, toujours souriant comme si j'étais la plus belle chose qu'il ait jamais vu, puis il disparait après le gué du ruisseau. J'observe encore un moment dans sa direction, essayant d'apercevoir sa tête dépasser plus bas, dans la colline. Mais plus rien. Plus personne.

Moi, je ne rentre pas. Je ne rentre jamais tout de suite. De toute façon, personne ne m'attends à la maison.

Alors je longe le cours d'eau, en sens inverse. Et au loin, je vois déjà sa vieille silhouette cabossée me souhaiter la bienvenue.

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* Donghyuk : Haechan.
J'voulais remercier ceux qui sont là depuis le début, et prier les nouveaux de continuer à lire après ce chapitre. Parce qu'il est un peu nul. Mais.. la suite est mieux, je pense.
J'vous aime ♡

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