Chapitre 6

Quand j'entre dans le séjour, Wendy est endormi sur le canapé et mon père est assis dans le fauteuil devant la télé. Il m'indique que ma mère est parti se coucher tôt après avoir longuement pleurer. Je vais dans la cuisine manger un morceau et avant que je ne monte, mon père me dit :

- Nous ne sommes pas là demain si jamais et nous rentrerons tard. Wendy a son concours de piano alors nous y passerons la journée et la soirée.

Je marmonne quelque chose, histoire de lui montrer que j'ai entendu puis je monte. Je passe dans la salle de bain et jette un oeil sur mon visage. Mon bleu a empiré et j'ai maintenant deux coupures : une sur le nez et une près du sourcil. J'ai l'air malin. J'oublie le fait que j'aurais du rejoindre Alvin au bar comme souvent le vendredi soir et me couche en m'endormant très vite.

Samedi matin, mon père vient me réveiller à huit heures du main pour me prévenir qu'ils partent. Je râle un bon coup jusqu'à ce qu'ils s'en aillent enfin. Je retourne ensuite me coucher pour me réveiller à nouveau vers onze heures. Je déjeune tranquillement devant la télé et je profite de ces moments où je suis seul. Je continue à regarder quelques émissions marrantes, je joue à la console, je mange mon repas de midi à quinze heures et c'est à dix-neuf heures que je décide de bouger un peu. Je monte m'habiller, je prends mes écouteurs et je sors pour me dégourdir les jambes. Je reste dans les alentours de mon quartier et décide même de me balader dans un coin que je connais assez mal. Je tourne alors dans une petite rue assez mal éclairée. Je marche tranquillement, toujours avec la musique. Soudain, j'entends plusieurs vois masculines. Je retire mes écouteurs par méfiance. Je ralentis le rythme et m'arrête à l'angle de la rue. Je vois alors une petite bande de mecs louches. Je m'apprête à faire demi-tour mais je reconnais sa voix.

- Je te l'ai déjà dis, Ben. Tu auras l'argent à la fin du mois.

- Y a intérêt ma belle. C'est triste que ton père t'ai entraîné là-dedans.

Cette voix aussi je la reconnais. C'est le mec métisse avec qui je me suis battu dans le bar jeudi soir. De quoi parlent-ils ? C'est quoi cette histoire d'argent ? Dans quoi est-ce que tu es fourrée Lauren ? Je reste à l'écart.

- C'est aussi triste que mon père était assez bête pour faire affaire avec un pauvre type drogué dans ton genre.

- C'est ça. On se tire.

Alors que ses disciples s'éloignent, Ben lui donne un belle claque qui la fait tomber au sol. Il tourne ensuite les talons et disparaît de la rue. Je me précipite vers Lauren. Je me laisse glisser par terre jusqu'à arriver à sa hauteur. Elle se frotte la joue et lève les yeux vers moi. Lorsque nos regards se croisent, son visage s'adoucit.

- Jay...

- Lève-toi.

Je lui prends les mains et l'aide à se remettre debout. Elle se tient encore la joue et me remercie. Je ne sais pas trop pourquoi elle me remercie. Je retire sa main de sa joue et constate qu'elle est un peu rouge.

- Il n'aurait pas du faire ça.

- C'est rien, je vais m'en sortir. Il me faut plus qu'une claque.

Je la regarde. Je lui demande de ne pas rigoler avec ça. Elle se force à sourire mais je vois ses yeux s'emplir de larmes. Elle baisse la tête et ses larmes coulent sur ses joues. J'ai un instant de blocage mais je la prends finalement dans mes bras. Elle passe ses bras autour de moi et me serre. Elle sanglote doucement et je me dis que je devrais faire quelque chose pour l'aider. A chaque fois que je tombe sur elle, elle a des ennuis. Tandis que j'essaie de la consoler, des gouttes commencent à tomber. Je lève la tête et de gros nuages noirs ont couverts le ciel. Je n'ai pas le temps de dire quoique ce soit que la pluie tombe. Lauren s'écarte de moi.

- Il ne manquait plus que ça ! dit-elle en essuyant ses larmes.

- Viens avec moi.

Je lui prends la main et nous courons jusqu'à ma maison. Nous arrivons sous le perron, à l'abri de la pluie.

- Je ne veux pas déranger ta famille, Jayden.

- Il n'y a personne, ne t'inquiète pas.

J'ouvre la porte et la fais entrer. Nous retirons nos chaussures et je lui apporte rapidement des serviettes pour qu'elle se sèche. Elle en attrape une et s'essuie le visage et essore ses longs cheveux roux qui ressortent rouges avec l'eau. Son t-shirt et son jean sont complètement trempés, elle risque d'être malade. Nous montons dans ma chambre et je ne lui laisse pas le choix quand je lui lance un jogging et un gros pull. Elle les rattrape et me regarde.

- Tu vas me dire que tu ne veux pas déranger mes vêtements ?

Elle rigole et me demande où est la salle de bain. Je lui indique et elle s'y rend pour se changer. J'en profite pour retirer mon jean trempé moi aussi et enfiler un jogging noir. Lauren revient dans la chambre lorsque j'enlève mon sweat-shirt.

- Oh pardon.

Je n'entends que sa voix. Comme un abruti, je suis coincé dans mon sweat. Pour ma défense, un vêtement trempé est difficile à retirer non ? Je l'entends rigoler.

- Tu veux de l'aide ?

- S'il te plait.

Elle s'approche et commence à tirer sur le tissu mouillé. Je tire moi aussi de mon côté et le vêtement finit par me lâcher. Dans l'élan, Lauren tombe doucement sur le lit et ça la fait rigoler. Elle est adorable dans ce pull trop grand. Elle a attaché ses cheveux dans une queue-de-cheval. Je reprends mes esprits et attrape une serviette pour m'essuyer le corps. J'ai l'impression d'être un gros porc avec cette peau luisante. Lauren détourne le regard quand j'attrape un autre pull que j'enfile rapidement. Je l'invite ensuite à descendre pour manger quelque chose. Arrivés dans la cuisine, elle s'installe à la table.

- Qu'est-ce que le chef va nous préparer ? demande-t-elle tout sourire.

- Le chef n'est pas très doué alors il va essayer de faire un gratin de pâtes.

Elle rigole doucement et me regarde faire. Je prends les ingrédients et commence la préparation du premier gratin de ma vie. Je passe une quinzaine de minutes au fourneau et pendant la cuisson, je viens m'assoir à table après avoir servi deux verres de jus de fruits.

- Merci Jay.

- Je t'en prie.

- Non... Merci d'être là. On ne se connaît pas vraiment et pourtant, c'est toujours toi qui arrive au bon moment.

Elle vient de dire ce que j'ai pensé tout bas ces derniers jours. Je lui souris.

- C'est vrai. Puisqu'on ne se connaît pas, faisons connaissance.

C'est parti. A partir de là jusqu'à la fin du repas, nous nous posons toutes les questions qui nous passent par la tête. J'ai alors appris qu'elle est d'origine écossaise, elle est arrivé à Londres il y a un mois. Elle est âgé de dix-huit ans et elle est fille unique. Sa mère est décédée il y a un an et c'est pour cette raison qu'elle et son père ont quitté l'Ecosse. Il y avait trop de souvenirs. Nous finissons une heure plus tard dans le canapé, l'un en face de l'autre avec un plaid qu'on se partage.

- Et toi ? Tu vis avec tes parents ?

- Et ma soeur oui. C'est assez compliqué.

- Pourquoi ça ?

Elle remonte ses genoux contre elle et pose son menton sur l'un deux. Elle me regarde attentivement et dans la pénombre de la pièce, son iris rouge ressort parfaitement.

- On a des relations tendues suite à un événement qui date d'un an.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? elle demande avec une petite voix.

Seul Alvin sait ce qui s'est passé. Je n'en ai jamais parlé à personne d'autre. Je la regarde droit dans les yeux après avoir pris une grande inspiration.

- Ma mère a... commis l'impardonnable.

Je baisse la tête. Son regard devient brillant et elle a l'air désolée. Son regard est presque plein de pitié.

- Je suis désolée Jay.

- C'est rien. C'est quelque chose qui a brisé la famille et on a tendance à me reprocher ce qui s'est passé.

J'ai répondu assez sèchement et Lauren s'apprête à rajouter quelque chose mais elle constate que c'est un sujet sensible. Elle se penche vers moi et prend ma main.

- Ce n'est pas de ta faute.

Je la regarde puis baisse les yeux vers sa main sur la mienne. Je n'ajoute rien. J'aimerai quand même lui demander d'où lui vient cette cicatrice sur la visage. Mais je reste silencieux. Pour détendre l'atmosphère, je lui propose de jouer à la console et elle accepte. Nous passons le reste de la soirée à rigoler et à se battre sur un jeu de course. Vers vingt-trois heures, un orage éclate. La pluie tombe de plus belle et des éclairs illuminent le ciel. Je ferme les volets du rez-de-chaussée puis revient au canapé. Je mets la partie sur pause pour que Lauren aille chercher son verre. Lorsqu'elle revient, toutes les lumières s'éteignent après un gros coup de tonnerre. Il ne manquait plus que la coupure de courant. Au moment où tout s'éteint, Lauren sursaute et lâche son verre qui s'écrase au sol.

- Jay ?

- Je suis là, dis-je en m'approchant de la commode pour prendre une lampe de poche.

Je l'allume et éclaire la pièce. Lauren est debout au centre et semble avoir peur. Je m'approche d'elle et tends la main qu'elle saisit sans hésitation.

- Je crois que ça veut dire qu'on a assez jouer à la console.

J'espère détendre l'atmosphère mais elle ne laisse échapper qu'un petit ricanement. L'inquiétude reprend le dessus sur son visage. Je serre sa main et éclaire les escaliers. Nous montons dans ma chambre et je referme la porte derrière elle. Je lui indique qu'elle peut prendre mon lit et que je vais dormir sur le tapis. Elle ne dit rien et se glisse dans la couette. Alors que j'étale un drap au sol, un autre coup de tonnerre se fait entendre et elle sursaute à nouveau. Lauren se redresse dans le lit et me regarde.

- Dors avec moi s'il te plait.

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