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/!\ TW : agoraphobie et légère crise d'angoisse

★ frc - Kensuke Ushio

- Allez, on se dépêche s'il vous plaît !

J'angoissais un peu à l'idée d'aller voir les feux d'artifice de décembre avec ma classe, mais maintenant que je sais que la classe de Yumi vient aussi, je m'inquiète un peu moins.

Sur le trajet, je m'arrange pour laisser passer les élèves devant moi, et rester dernière. Il fait froid, et du verglas recouvre le trottoir.

Je vois alors Yumi, quelques mètres devant moi, avec sa classe elle aussi. Elle me sourit, et je me sens déjà mieux.

C'est une sortie en soirée, et les professeurs ont dû batailler pour que les parents acceptent de laisser sortir leurs enfants si tard. Pour ma mère, ça n'a pas été difficile ; quand je lui en ai parlé, elle a juste demandé :

- C'est gratuit ?

Comme je lui ai répondu que oui, elle m'a dit qu'elle s'en fichait, que j'y aille ou non c'était pareil. Bref, que de la gentillesse et de l'agréabilité.

On approche de la place où seront tirés les feux d'artifice ; comme la ville où je vis est un endroit perdu au milieu de nulle part où se retrouvent tous les gens qui ont raté leur vie, tout le monde a le temps d'aller voir les feux d'artifice. Enfin, c'est surtout parce qu'il y a un buffet gratuit.

Je me crispe lorsque je vois que la place est noire de monde. Je savais qu'il y aurait beaucoup de gens, mais de là à ce que tous ces imbéciles d'habitants de ma ville décident d'aller à cette fête...

Je baisse la tête lorsque nous entrons dans la foule. La prof tient absolument à ce que nous allions au centre de la place, pour "mieux voir" selon elle...

Je reçois des coups de coude, on me marche sur les pieds. J'ai l'impression d'être compressée... Je fais l'erreur de relever la tête. Je ne vois qu'une marée de monde, et aucun visage familier autour de moi... J'esquisse quelques pas, mais je ne sais pas où aller, et ma respiration se fait de plus en plus irrégulière... J'essaie d'avancer, mais la mer de monde me tire vers l'arrière. J'abandonne, et je ferme les yeux.

Je n'entends plus que les sons étouffés de la foule, comme si j'étais sous l'eau... Je tremble. Où...

Soudain, une main se referme autour de la mienne, me faisant refaire surface. Elle est gelée.

Yumi me regarde, l'air inquiet :

- Je ne te voyais plus... Tout va bien ?

Je souris.

- Merci. Ça va mieux, maintenant que je suis avec toi.

Elle rougit. On doit crier pour se faire entendre, par dessus les voix des gens autour.

- Viens, il y a moins de gens par là, fait-elle.

D'un pas assuré, elle se fraye un chemin parmi les gens. Je la suis. Elle est incroyable.

On sort enfin de la foule, et j'ai l'impression d'être libérée. Yumi me lance un sourire désolé, et dit :

- Il y a trop de gens...

- Il faudrait tous les exterminer, je renchéris.

Elle éclate de rire. Puis elle reprend, plus sérieusement :

- Je n'aurais pas dû te laisser toute seule... Je savais que tu ferais des crises d'angoisse...

- Eh, ne t'inquiète pas ! je la rassure. Ce n'est pas ta faute si les gens de notre ville sont stupides au point de trouver intéressant de regarder des pétards qu'on lance dans le ciel et qui font autant de bruit que la tronçonneuse que j'utilise pour découper des cadavres !

Elle sourit de nouveau. Après un moment de silence, elle pose sa main sur la mienne, et murmure :

- Je suis contente d'être ici avec toi.

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