Chapitre 16

C'était l'après midi, les cours allaient reprendre après la pause déjeuner. Habituellement, c'était un moment que Hanako aimait bien, mais cette fois-ci, tout ne s'était pas passé comme elle l'aurait imaginé. En effet, la jeune fille avait trouvé une photo d'elle prise secrètement et un papier avec une espèce de citation.

Assise sur sa chaise, dans sa salle de classe, la collégienne se massait le crâne, encore sous le choc, ayant l'impression que tous ses mouvement étaient épiés. Elle ferma les yeux, essayant de se calmer. "Tout va bien, se dit elle, de toute façon j'en parlerais avec papa et maman ce soir, et tout ira bien. Tout s'arrêtera. Hein...?"

Plongée dans ses pensées, elle ne remarqua pas Mr. Koro qui s'approchait d'elle. Le professeur secoua sa tentacule jaune devant ses yeux pour attirer son attention. La jeune Natsuki était tellement sous tension qu'elle poussa un petit cri et sursauta.

"... Désolée... Plaida-t-elle.

- Il n'y a aucun problème.

- Euh... Vous vouliez me parler de quelque chose ?

- Oui. Tout va bien ? Tu sembles très tendue. S'inquiéta Koro. Il s'est passé quelque chose pendant ta pause déjeuner ?"

"Je lui en parle ou pas ? Se demande Hanako, anxieuse. Je ne sais pas... Ça ne le concerne pas et je vois pas pourquoi j'en parlerais à lui. Non, vaut mieux rien lui dire, ça ne fera pas de problèmes, et c'est mieux comme ça." La jeune fille aux cheveux noirs secoua la tête en souriant.


« Tu es sûre ?

- Mmh ! Hanako hocha la tete en signe de confirmation."

Tout le reste de la journée fut comme une torture pour la collégienne. Elle était sur le qui vive tout le temps, et elle attendait tellement le soir pour enfin en parler à ses parents qu'elle ne pouvait pas l'empêcher de jeter des coups d'oeil à l'horloge toutes les trois secondes. "Aller, aller, aller, il ne reste plus que dix minutes de cours et je peux rentrer..." pensa-t-elle. 

Quand la sonnerie retentit enfin, Hanako attrapa son sac en vitesse et partit le plus vite possible de sa classe. Dans la rue, le fille aux cheveux noirs courrait presque, les pensées s'entrechoquant dans sa tête. Quand elle arriverait chez elle, tout serait fini. Enfin, non, pas vraiment, mais en tout cas ses parents pourraient la protéger... Les cheveux en bataille, essoufflée, son sac à bout de bras, la collégienne serait en face de sa maison dans moins de 5 minutes. Plus qu'une rue. Le temps semblait se distordre, se ralentir, et son coeur résonnait dans tout son corps. Plus que 5 maisons. 4. 3. 2... C'était bon, elle allait rentrer chez elle sans que rien ne se soit passé.

Soudain, quelqu'un qui marchait en face d'elle la bouscula assez brutalement. La jeune femme de mangas se retourna, agacée, mais si elle savait très bien qu'elle n'aurait pas assez de courage pour demander à la personne de s'excuser. Mais la personne n'était plus là. Elle avait disparu, elle s'était comme volatilisée. C'était étrange... Hanako haussa les épaules. Mais quand elle continua de marcher, elle sentit quelque chose dans sa poche, qui n'était pas là avant. 

Son sang se glaça. Elle entendait son coeur battre à ses oreilles ; d'ailleurs, elle n'entendait plus que ça. Ses mains tremblaient tellement fort, trempées de sueur. Sa respiration était saccadée.

Apres quelques secondes à essayer de se détendre, sans succès, la jeune Natsuki sortit de sa poche de jean une enveloppe. Une enveloppe simple, blanche. Elle ne réussit pas à l'ouvrir tout de suite, car ses mains tremblaient trop. Alors, elle s'assit contre le mur, l'enveloppe qui allait entretenir ses cauchemars pendant les prochains jours entre les mains. 

Apres beaucoup d'hésitation, Hanako finit par l'ouvrir. Dedans, un papier, et quatre photos. Elle avait commencé à pleurer sans y prêter vraiment attention ; quand elle déplia le bout de papier plié en deux, une goutte d'eau salée tomba dessus. Il y avait écrit :

"Il vaut bien mieux supporter patiemment une douleur dont vous souffrez seule que de commettre un acte irréfléchi, dont les fâcheuses conséquences pèseraient sur toute votre famille."

C'était une menace...? Bien sûr que oui, c'était une menace ! Hanako secoua la tête et propulsa des larmes un peu partout autour d'elle, les joues trempées. Avec ce mot, il y avait aussi les quatre photos : une de sa mère, une de son père, une de Fuwa, et une d'une petite fille qu'elle ne reconnu pas tout de suite. C'était sa petite cousine, Mayu, de sept ans et demi. 

"Non, non, non, non, non, non, non, non... C'est pas possible, ça ne peut pas être possible. Mon stalker menace toute ma famille... ? "les fâcheuses conséquences" ...C'était la mort...? Non, non, non..." Le monde tanguait devant les yeux d'Hanako. Des taches noires commencèrent à apparaître et la jeune fille s'aperçut qu'elle avait arrêté de respirer. Elle reprit alors difficilement une goulée d'air. Elle avait tellement serré les poings qu'une goutte de sang coula de sa main. 

Elle essaya de se ressaisir mais n'y arriva pas. Elle resta longtemps assise sur le sol de la rue, les passants la regardant bizarrement. La raison était qu'elle n'arrivait tout simplement pas à se lever. Ses jambes avaient décidé de ne plus marcher. 

Malgré le temps passé sans bouger, son coeur ne se calmait pas. Il tambourinait toujours avec violence dans la poitrine. Elle essuya ses larmes, mais c'était inutile ; d'autres coulaient à la place. Elle avait tellement peur, elle était tellement dévastée. Que voulait cette personne ? Qu'est ce que Hanako avait elle fait de mal dans sa vie qui pourrait expliquer ça ? La brune corbeau avait bien une idée, mais elle refusait d'y croire. 

Mamoru...

C'était peut être ce qu'elle avait fait, ou plutôt ce qu'elle n'avait pas fait qui justifiait que quelqu'un verse des rats égorgés dans son lit et menace sa famille et ses amis de mort...?

"Au final, le seul problème dans ma vie... C'est moi..." se dit la collégienne, lasse.

Étrangement, cette pensée la dévasta encore plus que ce qu'elle aurait imaginé. Elle posa sa tête  sur ses genoux qui étaient repliés contre elle, ses épaules tressautant, les bras enroulés autour d'elle même, en boule, comme pour se protéger de la menace qui les accablait, elle, sa famille et ses amis.

Elle entendit un bruit juste à coté d'elle, ce qui lui fit relever la tête. 

C'était une grand-mère, qui devait avoir la soixante-dizaine, des rides prononcées sur le visage, et des longs cheveux lisses poivre et sel qui tombaient lestement sur ses épaules. Elle s'était assise à coté d'Hanako, sur le trottoir, et sortait quelque chose de son sac.

Elle lui tendit un carré de chocolat sans même la regarder. La collégienne hésita quelques secondes, puis l'attrapa et l'enfourna dans sa bouche. La plus jeune marmonna un merci timide, et la plus âgée lui fit un sourire doux, ses yeux noirs plissées et les pommettes se relevant délicatement. 

La conversation ne dura pas plus. Chacune regardait devant elle, sans adresser la parole à l'autre. Mais s'était un silence agréable, et ça arrangeait Hanako. Elle n'était pas d'humeur à parler, et elle était sûre que si elle le faisait, sa voix se casserait à l'instant où elle aurait commencé. 

Cette grand-mère avait tout comprit sur ce qu'elle ressentait ce dont elle avait besoin, sans la connaitre. 

"Dis moi, jeune fille, comment tu t'appelles ? Si tu n'as pas envie de me répondre, ce n'est pas grave. Demanda-t-elle, d'une voix tendre et marquée par le temps.

-... Je m'appelle Hanako. Hanako Natsuki. 

- C'est joli comme prénom. Moi, je m'appelle Ayaka. Tu voudrais me parler de ton problème ?"

Hanako ne sut pas quoi répondre. Oui, elle voulait en parler, mais elle ne pouvait pas. Et puis d'abord, pourquoi cette vielle femme s'intéressait à elle ? Pourquoi elle l'aidait ? 

"... Pourquoi... Vous êtes gentille avec moi, comme ça...? "

Elle prit un temps à réfléchir, les yeux dans le vague. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres et elle rit. 

"Quand j'étais petite, j'aurais rêvé que quelqu'un se soucie de moi comme ça. Dis toi que je réalise en quelque sorte mon rêve d'enfance.

- Oh... Je... je vois...Murmura la collégienne.

- Mais si tu n'as pas envie de me parler de ça ce n'est pas grave, je peux comprendre. Tu veux un autre carré de chocolat ? Elle sourit lorsque Hanako hocha la tête, et lui tendit le bout de cacao. 

Les deux femmes restèrent assises longtemps à fixer la rue, en face d'elles, sans se regarder. Ayaka tourna la tête vers Hanako, et ne décolla pas son regard de la jeune fille pendant au moins 10 minutes. Quand la Natsuki se retourna elle aussi, lui souriant, malgré son visage baigné de larmes, et un peu de chocolat sur le coin de la lèvre, elle lui dit : 

"Tu sais, Hanako... Tu es magnifique."

La concernée sentit des larmes lui monter aux yeux. Elle... Elle, elle était belle ? Hanako Natsuki, la fille aux milles problèmes, aux grands yeux, aux cernes énormes et à la peau d'un mort vivant ? Elle, avec sa peau collant sur ses os fragiles, ses petites lèvres inexistentes, ses formes qu'elle n'avait pas et ses cheveux noirs épais en bataille ? Elle s'était toujours trouvée moche et personne ne lui avait clairement dit qu'elle était belle. Son miroir était devenu un tableau d'horreur qu'il ne fallait surtout pas regarder. Dans la rue, elle voyait des belles filles, des filles qui avaient une vie et des amis, qui savaient s'habiller et se maquiller. La jalousie était tellement toxique et touchait là où ça faisait mal. 

Mais...Alors... Hanako serait belle...? 

 La vielle femme lui ouvrit les bras et la collégienne se réfugia entre eux, les larmes mouillant la veste de son ainée.

Hanako était au moins belle pour une personne et ça lui suffisait.

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