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Comme promis, Martin est rentré très tôt avec des fleurs et des chocolats.

- Pour la plus belle des princesses, avait-il déclaré en se mettant à genoux.

J'avais ri de bon coeur avant de l'embrasser et de mettre les fleurs dans l'eau.

Nous nous étions réconciliés "sur l'oreiller ". Je sais, aucun femme ne devrait être aussi facile à manipuler mais Martin a des doigts de fée... et plein d'autres qualités....

- Que veux-tu faire ce soir ma chérie ? me lance-t-il depuis la salle de bain.

- Un massage des pieds!

Martin passe sa tête par l'embrasure de la porte, un sourire coquin aux lèvres.

- C'est une proposition ?

Je ne peux m'empêcher de rire.

- Avec toi, tout est matière à être une "proposition".

- C'est de ta faute, tu n'as qu'à pas être aussi jolie.

Je lui souris tendrement.

- Flatteur.

Martin vient déposer un baiser sur le sommet de mon crâne et va s'installer devant l'ordinateur.

- Et ta journée ?

- Rien de bien passionnant... Ah si, Nicolas, ma tête brûlée en 3 ème 4, est convoqué en conseil de discipline mardi prochain.

- Qu'a-t-il encore fait ?

- Selon ses dires, les fesses de l'une de ses camarades se sont retrouvées par hasard dans ses mains lors du cours d'accrosport. Il est donc invité en conseil de discipline pour l'ensemble de son œuvre.

Martin sourit avec indulgence :

- C'est de son âge . Il faut bien que jeunesse se fasse.

- Comme le trafic de vidéo venues de YouPorn j'imagine ? Qu'aurait dit ta mère si tu avais été à sa place ?

- Ma mère ne sait pas tout des conneries que j'ai faites au lycée. Avec mes potes, on en a fait de belles. Je t'ai raconté la fois où .... Oh putain !

Je sursaute et lâche les feuilles que je tenais à la main.

- Qu'est-ce qui t'arrive ! m'exclamé-je.

- En parlant du lycée... c'est trop fort.

Je hausse un sourcil avant de le rejoindre devant l'ordinateur. Il est sur Facebook et, c'est la demande d'ami qui vient d'arriver sur son mur qui le met dans tous ses états.

Je distingue vaguement un type brun en parti caché derrière un appareil photo.

- Et ?

- C'est Bruno.

Je reste de longues secondes à observer mon fiancé, attendant une explication qui ne vient pas.

- Si tu pouvais développer ?

Martin sourit comme un crétin.

- Avec Bruno on était comme deux frères au lycée. On ne s'est pas revu depuis... au moins ça. On en a levé des gonzesses.

- Hey !

Je lui claque l'épaule avec force.

- Enfin, surtout lui, se corrige mon homme.

Je lui adresse un regard des plus sceptiques.

- On a fait les 400 coups ensemble. On était inséparables.

- Et que s'est-il passé ?

- Après le bac, il a réussi le concours d'entrée d'une prestigieuse école de photo à New York. Il devait rentrer après ses études, il a trouvé du boulot là-bas. Avec le temps, on a perdu contact.

La nostalgie que j'entends dans sa voix me surprend.

- Et bien, tu as l'occasion de rattraper le temps perdu.

- Pourquoi ?

Je lui désigne une fenêtre qui s'agite en bas de l'écran.

- Je crois que ton ami Bruno est connecté et qu'il veut te parler.

***

J'aurais mieux fait de me taire. Ils se sont parlés jusque tard dans la nuit ! La soirée romantique avec massage et plus si affinités s'est finie en mode solo sur le canapé.

Quand Martin est venu me réveiller, il avait des étoiles plein les yeux, et un sourire juvénile qui a réussi à m'arracher un sourire ensommeillé.

- Elle avait l'air sympa ta soirée, lui dis-je en me redressant.

- Je te raconterai. Tu dors debout. Au lit ma princesse, avait-il ajouté en me prenant dans ses bras.

Je n'avais pas relevé et m'étais laissée faire.

***

- Comment ça, c'est moi qui vais devoir aller chercher Bruno à l'aéroport ? Tu ne crois pas que tu te fous de ma gueule ?

Je suis rarement vulgaire mais là, j'avoue que Martin abuse.

Ces trois dernières semaines, il a passé une partie de son temps sur messenger à discuter avec son pote qui vit aux Etats-Unis. J'ai l'impression de faire un ménage à 3.

Et il y a une petite semaine, Martin m'a annoncé tout guilleret :

- Devine !!!!

- Tu vas être augmenté et travaillé  encore plus ?

Et oui, mon fiancé est si consciencieux que sa chef, cette chère Caroline, envisage de lui filer une promotion. Moyennant des horaires en conséquences.

- Non Gaëlle, avait-il soupiré. Bruno vient à Paris !

J'avais froncé les sourcils.

- Son dernier projet a été retenu pour une expo dans la capitale, dans une galerie privée.

Le fameux Bruno était photographe animalier. J'avais été jeter un œil à son site professionnel et à son book.

Je devais bien admettre qu'il savait capter la lumière et que ses prises de vue étaient de qualités.

En revanche, il n'y avait que peu de photos de lui. Même sur internet, je n'avais rien trouvé ou presque.

Le gars se faisait un devoir d'être discret, une chose rare à notre époque.

- Au lycée, c'était le canon que toutes les filles voulaient se faire, avait cru bon de préciser Martin.

J'avais été vaguement inquiète à cette remarque. Je me voyais bien passer ma soirée entre deux vieux potes se racontant leurs conquêtes.

Quoi qu'il en soit, Martin se réjouissait à l'idée de revoir son ami d'enfance. Au moins pourrions-nous parler photo, même si je n'étais pas experte.

Sauf que ce matin, Martin m'avait envoyé un SMS pour m'annoncer une réunion de dernière minute.

- Je ne peux plus aller à l'aéroport, il faut que tu ailles chercher Bruno à ma place.

J'avais levé les yeux au ciel.

- Je ne le connais même pas. Comment vais-je savoir que c'est lui ?

- Grand, brun, sexy.

C'était donc avec cette description avantageuse et détaillée que j'étais partie à Roissy.

***

Je déteste Roissy Charles de Gaulle. Vraiment. C'est trop grand, trop bruyant. Et puis, je n'ai vraiment pas le sens de l'orientation.

Il m'avait déjà fallu conduire jusqu'à l'aéroport, le bon terminal puis trouver une place .

Je regarde l'écran des arrivées, formidable ! Trois vols arrivent de New York. Je regarde rapidement les informations que Martin m'a envoyées : il arrive par le vol de 15 h 13 en provenance de JFK.

Je me rends à la porte indiquée, ne sachant quel comportement adopter.

Martin est quand même gonflé : c'est vrai, c'est son pote, pas le mien. Qu'est-ce que je vais lui dire ?

- "Bonjour, je m'appelle Gaëlle. Je suis votre chauffeur..."

Sans rire, il n'aurait pas pu lui dire de prendre un taxi !

Je relis la réponse de mon fiancé :

- "Tu es adorable, tu vas très bien t'en sortir ! Fais-toi un peu confiance Gaëlle."

Il allait bien falloir pour récupérer un illustre inconnu.

Bruno. Un prénom pour moi, des souvenirs pour Martin. Un séducteur. M'imaginer seule avec lui me trouble.

Et je ne sais même pas pourquoi.

Le cri d'une petite fille me tire de ma torpeur. Les portes se sont ouvertes, laissant se déverser un flot continue de passagers.

Aussitôt, je me redresse et monte sur mes pointes de pied. Pour une raison inconnue, mon coeur s'emballe.

Une question me taraude : qu'est-ce que je vais lui dire ?

Soudain, un étrange picotement parcourt ma nuque.  Face à moi se tient un grand brun qui me dévisage. En dépit de la distance, nos regards s'accrochent l'un à l'autre.

Un énorme frisson me traverse. Je sens mon coeur tambouriner dans ma poitrine.

Je ne savais pas à quoi m'attendre mais, je ne m'attendais pas à lui.

Bruno. 1 m 90, une carrure de sportif, cheveux noirs, barbe naissante, des yeux noisette. Un sourire éblouissant.

Il a du me prendre pour une folle, à rester ainsi à le fixer, presque la bouche ouverte.

Je le vois hésiter, a priori, il s'attend à trouver Martin.

Réalisant que je ne peux pas rester sans rien faire , je me décide à avancer dans sa direction.

J'ai les jambes qui tremblent .

***

Arrivée à sa hauteur, je m'en vais me présenter quand mon sac m'échappe des mains.

Maudissant ma maladresse, je m'agenouille pour tout ramasser. Il se baisse pour m'aider.

Alors qu'il récupère mes clefs de voiture, nos doigts se frôlent. Ses yeux bruns tendres plongent dans les miens.

Une électrocution doit ressembler à ça. L'espace d'une seconde, je me sens incapable d'autre chose que d'admirer cet homme aux traits parfaits.

Une mâchoire fière et bien dessinée, des pommettes hautes, des fossettes quand il sourit.

Quelle femme ne le trouverait pas magnifique.

- Pardon Mademoiselle, je crois que ceci vous appartient.

Il laisse tomber le trousseau dans la paume de ma main, soudain moite.

Il a une belle voix grave. Douce et chaude, comme du caramel. J'ai l'impression d'avoir des papillons dans le ventre.

Ressaisis-toi Gaëlle ! Tu n'as plus 16 ans. Et surtout... Tu n'es plus célibataire.

- Si vous voulez bien m'excuser, poursuit-il. J'attends un ami qui doit venir me chercher.

- Oui , je sais.

Le regard qu'il porte sur moi est plein de surprise; je me sens rougir.

- Je me présente, Je m'appelle Gaëlle. Je suis l'amie de Martin. Il s'excuse de n'être pas venu aujourd'hui mais....

Je ne finis pas ma phrase : Bruno a pris mes mains dans les siennes.

- Vous êtes Gaëlle !!

Avec une formidable audace et autant de douceur, il porte mes mains à ses lèvres pour les embrasser.

Mon coeur flanche littéralement. Alors qu'il ne devrait pas.

- Je suis si heureux de vous connaître. Martin m'a tellement parlé de vous.

Je ne sais pas pourquoi mais cette idée me met très mal à l'aise.

- En bien j'espère, lui dis-je avec un petit sourire.

- On peut se tutoyer ?

- Bien sûr !

- Dès lors qu'il me parle de toi, il ne cesse de dire qu'il est le plus heureux des hommes.

Je rougis en bredouillant un vague remerciement. La suite de sa phrase me fait danser d'un pied sur l'autre :

- Et maintenant que je te vois, je le comprends.

Je n'insiste pas et lui emboîte le pas. C'est presque sans un mot que nous avons récupéré sa valise.

- Tu n'as que ça ! m'exclamé-je en voyant une unique et grosse valise.

- Le reste de mon matériel et de mes clichés a déjà été livré par un transporteur spécial, m'explique-t-il.

Nous gagnons ma voiture. Je ne sais pas comment je parviens à lui faire la conversation tant je suis troublée par sa présence.

Bruno est charmant, attentionné. Arrivés à ma voiture, il m'ouvre la porte et m'aide à m'installer.

Je mets ma ceinture pendant qu'il s'installe à mes côtés. Seigneur, l'habitacle me semble soudain minuscule.

Sans m'éterniser, nous quittons l'aéroport.

***

Le trajet a été étrange, à la fois trop long et trop court.

Bruno est adorable : il a fait mine de se montrer intéressé par mon petit métier d'enseignante. J'ai bien été obligée de lui dire qu'il n'avait pas besoin d'en faire autant.

- Pas du tout Gaëlle ! s'était - il écrié. Je te trouve au contraire courageuse. Au collège, aucun de mes profs d'arts plastiques n'a jamais réussi à me passionner. Il est vrai qu'ils n'étaient pas aussi charmant.

Mes mains se crispent sur le volant. Son compliment me va droit au coeur. Et je n'aime pas me sentir si déstabilisée.

Lorsque je dépose Bruno à son hôtel, c'est presque un soulagement.  Je l'observe dans mon rétroviseur qui récupère sa valise dans le coffre.

Puis, il vient à ma hauteur. Je baisse ma vitre, le rouge aux joues.

- Merci pour le lift Gaëlle.

- De rien.

- Attends, je reviens.

Il disparaît et je prends conscience que je me sens un peu trop seule dans cette voiture.

- Ca n'a aucun sens, murmuré -je.

- Pour mon chauffeur !

Je sursaute, je ne l'ai pas entendu revenir. Il me tend une splendide rose rouge.

- Merci mais il ne fallait pas.

Mon sourire est franc, ouvert.

- C'est la moindre des choses. Il faut aussi que je te donne ceci.

Il me tend une petite carte professionnelle.

- Dessus, tu as mon numéro de téléphone. Martin et toi pouvez m'appeler quand vous voulez.

- D'accord.

- À bientôt Gaëlle.

- À bientôt Bruno.

Le taxi derrière moi s'impatiente, je redémarre et rentre à l'appartement, troublée, ma rose sur le siège passager.

***

- Tu es ravissante Gaëlle. Martin a beaucoup de chance de t'avoir à ses côtés.

***

Ici s'arrêtent les aventures de Gaëlle, Bruno et Martin sur Wattpad. Vous pouvez les retrouver sur vos liseuses aux éditions HQN.

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