Harcélement conjugual

J'étais là, sur le sol, la tête entre mes mains, recroquevillée en boule sur moi-même. Je ne sentais plus rien, ni les coups de pied, ni les coups de poings. Je n'entendais plus rien, ni les injures, ni mes cris étouffés. J'essayais tant bien que mal de protéger ma tête attendant que ce supplice finisse par s'arrêter.

Au bout d'un moment, la rage le gagna encore plus profondément et ses poings devinrent plus durs contre ma peau déjà parsemée de rougeurs. Je comptais les coups dans ma tête, tentant de réfléchir à une solution. 70... 85... 103...
Il ne s'arrêtait plus ce soir-là. Sa rage était immense, simplement parce qu'il était rentrer tard de son travail et que son repas n'était pas prêt.

A bout de souffle, il finit par s'arrêter en criant encore une fois des insultes à mon égard. Il s'éloigna enfin de moi et me laissa là, assise contre le mur, les larmes ruisselant sur mes joues. Il s'enferma dans notre chambre alors que je restais immobile, au sol, anéantie encore une fois.

Me tenant le ventre et le dos tout en m'appuyant contre le mur, je me levai et me dirigeai vers la salle de bain. Comme toujours, mon visage n'était plus que noirceur et boursoufflures rougeâtres. Mon teint était blanc et parsemait de tâches plus ou moins rouge ou noire. Les larmes dévalaient sur mes joues alors que je regardai mon corps à travers mon miroir.

Mes yeux étaient cernés et mon corps n'était qu'un tas d'os emboîtait les uns dans les autres. Je ne me reconnaissais plus. Cela faisait déjà des mois qu'il agissait ainsi et je ne le supportai plus. Au fil des semaines, je devenais de plus en plus faible. Je n'étais plus qu'un fantôme qui marchait dans cette maison sans jamais en sortir. Je n'avais plus de rêves, plus de vie, plus d'amour. Il ne me restait rien, juste un corps frêle et un peu de respect pour moi même.

Je ne savais pourquoi je restais auprès de lui. Ce n'était plus de l'amour, non, ce n'était que souffrance et atrocité. Il fallait que je parte avant que ma vie, qui ne tenait déjà qu'à un fil, n'existe plus. Il fallait que je quitte cet endroit et cet homme que j'avais autrefois tant aimer. Il fallait que je franchisse ce pas, ce pas qui me sortirait de l'enfer.

Il me suffisait d'un seul pas, mais il était déjà beaucoup trop grand et fort à réaliser pour mon corps sans vie.


#Texte écrit  à l'occasion d'un concours à thème

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