20 - Laine praline

Un bruissement
                              dans les feuillages

Le cri d'un oiseau
au
loin

La caresse
                  des vagues sages

Sur les récifs
et le sable
fin

Accueillirent
Notre ami
Lorsqu'il battit
Des paupières
Ébloui
Par le ciel clair

Et sous la voûte
Sans nuages
Comme au lendemain
D'un naufrage
Il fixa le rivage
Engourdi
Par le sommeil
Se demandant
Quel mirage
Lui valait
Un tel éveil

         Lorsque soudain
         La nuit passée
         Lui revint
Les hirondelles
La ritournelle
Et puis...
                Plus rien

Il s'était assoupi
Sur ce banc
Devant la mer
    Il y avait passé la nuit
    Malgré l'océan
    Et ses courants d'air

Bercé
Par la marée
Par les vagues lointaines
Bercé
Par Cassiopée
Par sa voix de sirène

Et malgré sa nuque
Qui se plaignait encore
De cette nuit caduque
Dénuée de confort
Emile s'éveillait
Avec le sentiment
De ne s'être jamais
Senti aussi vivant

Mais c'est seulement
En se redressant
Qu'il remarqua
La laine praline
Couvrant du froid
Sa poitrine
C'était un châle brodé
Couvert de rosée
Un châle qu'il avait vu
La veille sous la lune
Sur les épaules menues
D'une philosophe nocturne

Un oiseau m'a rapporté
Que ses joues mûrirent alors
Comme les fruits le font en été
Sous le soleil et ses rayons d'or
Et que ses lèvres prirent aussi
La forme douce et l'harmonie
D'un demi croissant de lune
Sur son visage taciturne

(mais prenez garde à ne pas croire
aveuglement de tels propos
car voyez-vous cher auditoire
je connais bien les oiseaux
et sachez qu'ils aiment voir
se répandre les ragots
il serait bien trop facile
de croire cela d'Emile
alors même si c'est plausible
prenez-le comme impossible
commérages et volatiles
sont réputés indivisibles)

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