Parce que je tiens à toi - Partie 1.
Shepherd semblait plaire autant aux femmes qu’aux hommes. Sa venue à Altissa n’était pas passée inaperçue puisque les gens du coin ne parlaient plus que de lui à chaque coin de rue. Depuis qu’il logeait chez son frère, Shepherd avait retourné la tête de tous les domestiques, sauf celle de Marlène avec qui, il ne semblait pas vraiment s'entendre.
— Michiru ?
—Ashana ?
Ashana m'appela à plusieurs reprises quand je fixais longuement son frère, perdu dans mes pensées. Shepherd était un mercenaire, un elfe redoutablement puissant qui maniait avec excellence son épée brute. Une longue et épaisse lame qu'il portait sur son dos à l’aide de lanières en cuir épais et de boucles en argent. Il était différent d'Ashana dans son caractère et ses réactions, il se montrait beaucoup plus souriant et expressif mais semblait plus coureur de jupons.
— J’ai l’impression que…
— Oui ?
— Rien, sûrement mon imagination, me dit-il en posant ensuite sa main sur mon front. Tu sembles aller mieux.
Plusieurs jours venaient de s’écouler depuis l’arrivée de Shepherd ici. Je m’étais remis de mon rhume mais Ashana continuait de veiller sur moi pour que ma santé ne chute pas une nouvelle fois. S’il séjournait avec nous dans la demeure d’Ashana, Shepherd était en mission pour un client. Il devait récupérer je ne savais trop quoi contre de l'argent. Il ne s’exprimait que très peu sur le sujet, « secret de métiers », comme il disait.
Tel était sa manière de vivre.
— Gnh…
Je me tenais la tête en sentant néanmoins une douleur s’emparer de moi.
—Michiru, est-ce que ça va ?
Je riais de nervosité devant l'elfe avant de le regarder.
— Pourquoi refusez-vous d’utiliser votre magie sur moi ?
Ashana fronça ses sourcils en entendant cette question. Il refusait toujours d’employer ses pouvoirs sur moi à cause de ma nature, mai les choses seraient pourtant plus simples. Tout de suite, je compris que je n’aurais peut-être pas du la lui poser.
—Parce que c'est beaucoup trop dangereux pour un corps comme le tien et que je ne veux pas te forcer.
—Mais…
— Ne discute pas mes ordres, Michiru.
Shepherd venait d'entendre son frère gronder et lâcha son arme un instant, le temps de venir nous voir. À notre hauteur il posa une main sur mon épaule pour intervenir.
—Doucement Ashana, il est encore souffrant.
—Ça ne te concerne pas, et arrête de le toucher.
Quand Ashana m'empoigna par le poignet pour que je vienne jusqu’à lui, je réalisais que j’étais en colère et que je ne voulais pas qu’il me touche. Il… il me prenait vraiment pour un idiot et cela me rendait triste. Si triste que… que je repoussais sa main pour aller aux côtés de Shepherd.
— V-Vous n’êtes qu’un idiot !
—Michiru !
Je refusais de l’entendre et partis en courant, vexé.
—Je crois que tu l'as énervé.
— Oh toi, ferme là !
Je me demandais réellement s'il tenait à moi. Il… Il avait beau me dire ces mots au quotidien, Ashana n’était pas très démonstratif et encore une fois on se disputait. C’était étrange de ressentir cette sensation à chacune de nos disputes. Un mélange de tristesse, et de colère. Chaque fois, je se fais mon cœur se serrer dans ma poitrine. Je me rendais compte que cela prenait beaucoup d'importance dans mon esprit.
Je ne voulais pas qu'il y prenne autant de place et pourtant, mon esprit ne pouvait plus se défaire de son image. J’étais condamné à penser à lui. Encore et encore, mon cœur ne regarder qu’Ashana.
Alors forcément que j’étais blessé par son comportement !
—Ashana est maladroit.
—Huh ?
Shepherd m’avait rattrapé dans la demeure où nous étions seuls. Une fois arrivé devant ma chambre, il y entra pour s'assoir sur mon lit et poursuivre cette conversation.
—Mon frère ne se rend pas bien compte de la chance qu'il a de t’avoir à ses côtés.
Shepherd venait de me mettre dans l'embarras. Je… Je n’avais rien fait de particulier pour qu’il emploie de tels propos. Pourtant, Ashana avait mille et une raison de s'en prendre à moi pour me voler mon sang. Les elfes avaient besoin de notre sang pour être plus fort. Mes parents m'avaient vendu pour quelques pièces d'or pour qu’en échange j’offre mon sang. C’était souvent le cas dans les petits villages du pays. Il n’était jamais bon d’être qu’un simple humain.
—Si jamais tu en as marre, je suis là.
—Wah !
Quand il me saisit par le poignet, il me tira contre son corps pour que je sois assis sur ses cuisses. Je n'eus le temps de faire un mouvement que l’elfe me bascula sur le côté pour s’écraser contre mon corps. Pris entre lui et le matelas de mon lit, je sentais son torse contre mon dos faire battre mon cœur. Jamais je n’avais senti un autre corps que celui d’Ashana lors de notre étreinte à Ynglingard être si proche du mien. Les deux frères étaient étroitement liés, physiquement parlant, ils se ressemblaient. Je… en sentant Shepherd derrière moi, je le confondais presqu'avec son frère à cause de sa carrure, mais son odeur était différente.
Si celle d’Ashana me semblait plus puissante et presqu’envoûtante, celle de Shepherd ne me faisait aucun effet. En fait, je ne la ressentais pas comme je sentais celle d’Ashana parcourir mon corps entier. Je… Je ne comprenais pas pourquoi.
— Sh…epherd !
— Apparemment, il ne t'a jamais encore pris, commenta-t-il.
—P-Pris ?
Je rougis, car il parlait de… de…
— Oui, étreint, dit-il en glissant sa main sur mon visage, puis en dessous pour faire basculer la tête en arrière.
— Ah !
Dans mon dos, je le sentis sourire.
—C'est exactement le genre de réaction qu’il aimerait voir. Cette vue si décadente de ton corps, de ta chute de reins et de tes cheveux dans ton cou.
Je ne comprenais pas ce qu’il disait, mais je voulus quand même lui répondre. Ashana arriva dans la chambre au même moment zt tira deux flèches magiques dans notre direction.
Paniqué, je ne pus m’empêcher de pousser un cri avant de réaliser qu’il visait son frère.
Shepherd évita cet assaut avant de sauter près de la fenêtre, laissant alors les flèches s’enfoncer dans un mur.
— Tu sais bien que je ne les aime pas humain, cher frère. Je ne faisais que discuter avec Michiru.
— Si tu t’approches encore de lui une seule fois, je te la mets entre les deux yeux.
Amusé, Shepherd éclata de rire avant de sauter par la fenêtre et disparaître de notre vue. Il laissa seulement de son passage mon lit défait et un vent frais.
Quand je me tournais vers Ashana pour aller vers lui, il recula.
—Je peux savoir ce que cela signifie, Michiru ?
—Ashana, je…
— Je ne voulais pas te faire peur, mais tu…
Il se retenait de s’énerver. Je le voyais bien à sa gestuelle retenue et à sa respiration plus contrôlée.
— Tu… Ça ne te dérange pas de laisser un homme pénétrer ta chambre ?
Je m’étais senti étrangement mal à l’aise en la présence de Shepherd, comme ce que je faisais été mal vis-à-vis d’Ashana.
— Je…
Je ne voulais pas qu’il me déteste, qu'il croie à des choses que je ne voulais pas ! Je ne pus m'empêcher de pleurer à nouveau, me montrant une fois de plus vulnérable devant lui. Ashana était le seul à perturber mon esprit de cette manière sans que je ne puisse rien faire. Alors forcément que j’étais perdu quand il me tenait si gentiment dans ses bras. Son odeur s’empara de moi pour apaiser mon esprit tourmenté et mes sanglots se faisaient moins forts.
— Je suis désolé… je…
Quand je relevai la tête vers lui, Ashana rapprocha son visage si près du mien que ses lèvres touchèrent les miennes.
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