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Ashana avait insisté pour me faire visiter la capitale afin que j'en sache un peu plus sur son peuple. Les elfes restaient des êtres mystérieux et ce n'était pas moi, pauvre humain qui saurai les connaître du bout des doigts. Enjoué, je me laissais entraîné tout le long du chemin en observant le paysage magnifique d'Altissa. Entouré de verdure et de montagnes, ce royaume semblait loin de tout où coulait de nombreux ruisseaux. J'étais charmé par ces paysages idylliques qui semblaient loin de tout.

Après avoir passé un chemin pédestre et entendu les légendes que m'avait comté Ashana en chemin, nous arrivions en plein cœur de la capitale. Je l'avais vaguement vu à mon arrivée, mais à présent j'allais pouvoir visiter ce grand endroit rempli de commerces artisanaux, de peintres de rues et de marchés bondés. Certains y exposaient même leurs équipements tels que des armures et des épées. On retrouvait de nombreux arcs également. Les étales présentaient des produits de fêtes pour que chacun puisse garder de son passage ici, un souvenir. La capitale était vivante et mêlait les elfes à d'autres natures. Altissa accueillait chaque jour des milliers de visiteurs venus des quatre coins du monde pour son célèbre paysage et ses spécialités locales. La vie ici était bien différente des autres royaumes, plus rustiques et près de la nature, même si cela n'empêchait pas Ashana de se servir par moment de cette technologie.

Sous la chaleur envahissante du soleil, nous discutions simplement avec l'elfe. Sa voix grave était toujours constante quand il s'adressait à moi. J'avais du mal à croire que nous n'étions qu'aux prémices du printemps, mais ici régnait souvent de grandes chaleurs. Je comprenais mieux tous ces ruisseaux et cette eau abondante de la fontaine. Les elfes que je croisais portaient des vêtements traditionnels, courts et amples pour mieux supporter cette chaleur, un voile de transparence pour suggérer le corps sans jamais le vulgariser. Si je trouvais ces tenues étranges et plutôt légères, personne ne faisait réellement attention à ce genre de détails.

D'ailleurs, certains étales présentaient ces tenues, colorées et très légères, celles avec des volants étaient les plus jolis à mon goût. Proche de la nature et des fleurs, je n'étais pas étonné de voir tous ces accessoires et couronnes de fleurs exposés. Ashana n'était pas peu fier de tout cela, son sourire ne pouvait masquer la fierté qu'il avait à voir cet endroit s'épanouir.

Sur notre route, un chemin attira mon attention. Attiré par cette voie fleurie, je m'éloignais d'Ashana qui m'appela derrière et me demanda de rester auprès de lui.

- Michiru, par-là ce sont les...

Après une petite foulée, j'arrivais épuisé dans un vaste jardin recouvert de verdure et de champs de fleurs. Comme si Altissa n'était pas assez grand, le royaume disposait de jardins qui s'étendaient à perte de vue, donnant sur un lointain horizon dont je ne voyais plus la fin. Et quand je m'avançais d'un pas sur le chemin de pierres à mes pieds, je fus soudain surpris par un premier gémissement.

Je tournais alors ma tête sur le côté par instinct sans réaliser qu'Ashana m'avait rattrapé et qu'il fermait les yeux, les bras croisés. Mon regard s'arrêta alors sur un premier couple en plein ébats amoureux qui semblait s'adonner aux plaisirs charnels de l'amour. Tout autour de nous, je réalisais alors très vite qu'ils étaient plusieurs à faire l'amour. Certains se donnait à des jeux solitaires, tandis que d'autres formaient de petits comités. Je ne savais pas trop quoi penser de toutes ces unions ouvertes entre différentes natures, mais mes jambes ne parvenaient pas à bouger.

-Ce sont les jardins de plaisirs, me dit alors Ashana en tentant de se justifier. C'est sûrement un concept qui vous est complétement inconnu pour vous, les humains, mais ici les gens sont libres de s'aimer.
-Ce...Ce...

Comment pouvait-il tenir un tel discours comme si c'était normal ? Pour moi qui n'avait jamais eu ce genre de relations, l'amour était quelque chose d'intime, unissant seulement deux personnes qui s'aimaient.

-Ce n'est pas de l'amour, mais... mais de la perversion ! Répondis-je en retournant sur mes pas pour ne plus assister à ce spectacle déroutant.
-Michiru...

Je refusais d'être témoin d'une telle chose et d'y participer. Je ne me sentais pas bien, j'étais sur le point de m'écrouler quand Ashana arriva pour me soutenir.

- Tu n'as pas à t'inquiéter. Ce n'est pas un endroit pour un garçon comme toi de toute façon.

Je le regardais du coin de l'œil car je ne comprenais pas ce qu'il entendait par-là. Après avoir retrouvé mon calme, il glissa ses mains derrière mes épaules pour remonter ma capuche qui était tombée dans mon dos.

-Je suis désolé, je ne voulais pas te présenter les choses ainsi, mais cela fait partie de notre coutume. Ici, il est bon de se montrer.

Ashana aussi devait probablement se donner à ce genre de choses. Je... étrangement, je n'arrivais pas à me l'imaginer dans ma tête. Seulement, il restait le plus beau de tous, il devait certainement crouler sous les demandes de mariages.

- Rassure toi, tu n'auras pas à faire ce genre de choses ici.

Je levais les yeux vers lui mais il me tournait déjà le dos pour reprendre son chemin et me faire visiter le reste de la ville. Grâce à l'elfe, j'oubliais très vite cet événement en découvrant les nombreux restaurants et bars, mais également les auberges. Je ne connaissais rien de ces Terres et pourtant, chaque bourgs, chaque rues pavées racontaient une histoire. En fait, cet endroit qui tenait sur une gigantesque montagne possédait tout un passé derrière qui rendait ces lieux si uniques. Je commençais un peu à regretter mon comportement de tout à l'heure dans les jardins. Et quand je voulus m'en excuser, il s'arrêta brusquement dans une petite ruelle isolée.

L'elfe se baissa pour ramasser à ses pieds un petit oiseau blessé. La pauvre bête avait une aile cassée, sûrement renversée par l'un des fiacres.

-Montre moi tes mains.
-Hein ?
-Peux tu joindre tes mains et me présenter tes paumes, s'il te plaît ?
-O-Oui, bien sûr...

Je fis ce qu'il me demanda et lui montrai mes mains pour accueillir le petit oiseau noir. Ses plumes si belles étaient tachées de sang et complètement abîmées par l'accident. L'oiseau semblait souffrir dans mes mains et j'avais envie de lui dire que tout allait bien se passer et que bientôt il ne souffrirait plus.

-Ashana... l'appelais-je alors doucement en réalisant sa douleur.
-Oui ?
-Pitié... faites quelque chose.

Mes mains tremblaient en sentant le petit oiseau se tordre de douleur avant de mourir sous mes yeux.

-N-Non !

Sous la panique, je le lâchais presque avant qu'Ashana réagisse et me rassure d'un sourire en me tenant par les épaules. Puis, ses mains entouraient les miennes et doucement alors, il prononça la formule de soin. Je ne comprenais pas le langage des elfes, mais sa langue était la plus belle de toutes. Une chaude lumière enveloppa le petit oiseau et sous mes yeux, la bête renaissait de ses cendres pour redevenir cet animal majestueux à la longue queue.

Retrouvant sa vitalité, l'oiseau s'envola alors avec beaucoup de grâce et disparut dans ce vaste ciel. Quand mes yeux se posèrent sur le visage concentré d'Ashana, je compris que j'étais tombé amoureux.

Amoureux de son art.

Ashana venait de réaliser un miracle.