L'épreuve de Michiru - Partie 4.
Je sortais précipitamment du véhicule après avoir été charmé par cette vue au travers de ma fenêtre. Nous étions arrivés aux portes du palais de sa Majesté et le dit-lieu était incroyable. Cet endroit était vaste et comportait de nombreux arbres et fleurs de toutes les couleurs. Je n'avais jamais vu de jardins aussi magnifiques de toute ma vie. D'ailleurs, ils donnaient directement en perspective sur le palais.
Il nous suffisait pour cela de suivre le chemin en ligne droite. Tout autour de nous, rien ne semblait avoir laissé au hasard. Les arbres et autres buissons étaient parfaitement alignés les uns aux autres, et la pelouse propre. Il n'y avait pas la moindre poussière ou feuille morte au sol.
—Michiru, un peu de tenue, me rappela à l'ordre Ashana. Ce n'est pas un jeu.
Je gonflais mes joues face à sa remarque. Ce n'était pas ma faute à moi si lui était parfaitement habitué à venir ici. Jamais je n'avais visité d'endroits prestigieux, de cours royales et autres palais. Encore moins rencontrer de rois de toute mon existence. Je pouvais quand même être émerveillé par le décor au moins une fois dans ma vie. Surtout qu'en plus de l'extérieur somptueux, le palais était impressionnant à lui tout seul.
Edifice imposant, entouré de tours et grandes haies, il s'agissait du lieu de vie du roi et de son entourage seigneurial le plus proche. Bon nombre de comtes, duc, généraux et personnages importants vivaient ici aux côtés de leur Majesté. Mais je ne pouvais m'empêcher d'être triste en y réfléchissant de plus près. Derrière cette beauté, ce décor paradisiaque sans l'ombre d'un bruit, il n'y avait pas âme qui vive. Je n'entendais que le bruit de nos pas et celui du vent contre les feuilles d'arbres. Malgré le décor, il n'y avait pas le moindre papillon, pas le moindre petit animal et autre chant d'oiseaux égayer cet environnement.
—C'est pour ça que je t'aie demandé de te calmer.
Ashana marchait à côté de moi sans même prêter attention à ce qui nous entourait. L'elfe se contenta de marcher jusqu'aux marches qui menaient aux portes. À l'entrée, nous fûmes d'ailleurs accueillis par des hommes du rois. Ils s'agissaient de deux soldats vêtus respectivement d'une armure de démon : sombre et démoniaque, et une armure elfique : faire de lanières en cuir et autres tissus plus fins.
—Seigneur Elyos.
Son véritable nom était « Elyos » mais tout le monde l'appelait communément « Ashana » qui signifiait seigneur dans le langage des elfes. D'ailleurs, seuls les elfes pouvaient parler le sindarin, autrement dit une langue unique qui leur était propre. Et si jusqu'ici je ne l'avais jamais entendu, j'en eus la merveilleuse démonstration lorsqu'Ashana se mit à échanger avec son semblable.
—Elenn seyah ÿumell orad'nyr.
Si je ne comprenais pas un mot de leur conversation, je ne pouvais m'empêcher de trouver cette langue magnifique. La manière dont chaque mot était prononcé par Ashana me faisait du bien autant physiquement que mentalement. Comme si... comme si le simple fait d'entendre sa véritable langue avait des vertus aromatiques.
—Dach'n'zah vül Elyos, lui répondit alors l'autre elfe en lui faisant signe d'entrer à l'intérieur.
Pourtant, je restais sur le pas de la porte en attendant qu'Ashana se retourne vers moi. Comme si ma pensée lui était arrivée, il se tourna pour me regarder.
—Eh bien alors, tu ne viens pas ?
—Je... Je...
Quand il avança sa main vers moi, je réalisais à quel point elle était grande. À quel point je ne savais rien de lui et de cet univers qui m'entourait. Pourtant, malgré mon ignorance et notre différence, Ashana était toujours à mes cotés. Face à son visage, je ne pouvais pas non plus refuser sa main.
Une fois à l'intérieur, je fus subjugué par l'immense entrée. Tout de suite sur notre droite, il y avait des escaliers qui menaient aux niveaux supérieurs. Cependant, le reste de l'espace n'était pas en reste. Il y avait ces colonnes pour soutenir l'enceinte et d'autres entrées qui devaient menaient à des pièces comme une salle commune et sa cuisine, un bureau et une bibliothèque par exemple. En tout cas, la décoration était raffinée avec ces touches dorés comme les lustres et la barre d'escaliers ou encore ces vases imposants où trônaient toutes sortes de plantes aux feuilles immenses.
—Kräch aracc dä saro n'gùunne.
—Taïska, termina Ashana avant que l'autre elfe ne prenne nos affaires.
Devant mon incompréhension la plus totale, Ashana ria doucement avant de se pencher près de mon oreille.
—Il s'occupe de nos affaires.
—É-Évidemment, ha ha !
Gêné, je ne pus m'empêcher de rétorquer ironiquement à l'elfe pour cacher mon malaise. Plus je restais à ses côtés, plus je réalisais que nous ne pourrions jamais nous aimer. N'importe quel humain serait tombé amoureux de lui, c'était évident. Ashana possédait de grandes connaissances et de savoirs en plus de lire et écrire. Il possédait un sang noble et une magie blanche incroyablement puissante. Il savait manier les armes et les arcs mieux que personne, il n'avait certainement pas de temps à consacrer à quelqu'un comme moi.
Je savais à peine parler correctement et manger proprement. Je n'avais pas la grâce d'un elfe et la beauté d'une femme non plus. Je n'étais qu'un simple humain sans force ni courage et magie.
—Michiru ?
—Euh ?
—Tu es pâle, tu es sur que ça va ?
Il semblerait que je ne l'aie pas entendu m'appeler avant, absorbé par toutes ces idées reçues. Mais ce n'était pas comme si je pouvais lui poser toutes ces questions.
—Je vois bien que quelque chose te turlupine.
— Puisque je vous dis que je vais bien !
Je m'arrêtais en réalisant qu'à nouveau, je lui avais crié dessus. Si Ashana avait physiquement le dessus sur moi en toute circonstance, il semblait très peiné par mon attitude déplacée. Quand je le réalisais, je n'eus le temps de m'excuser qu'on vienne nous chercher.
—On en rediscutera plus tard, je crois savoir ce que tu as, me répondit-il en passant le premier.
N-Non, je... je ne voulais pas qu'il se fasse de fausses idées et qu'il croie que je le déteste.
—Ashana...
Je ne pouvais que le regarder de loin. Ma place n'était pas à ses côtés et il était certain que le roi me demanderait de partir.
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