Acte I - Scène 1 : Le marché de Rome
Sextus Octavius Celer était dans la merde. La nuit sur Rome tombait lorsqu'il décida de fuir le domicile familial, quelques jours après la disparition de son père. Tel qu'il le connaissait, celui-ci avait dû se noyer dans l'alcool, la débauche et la honte, à l'orée d'un établissement douteux, aux abords de la ville. Il aurait dû être vendu le lendemain, mais quelque chose laissait présager à son fils qu'il ne rentrerait jamais de la « taverne ».
L'alcoolisme notoire de son père contraignait Sextus à courir les rues comme un crève-la-faim et se cacher des gardes. Les coins noirs et miséreux de Rome étaient légion. Les ivrognes gémissaient, pissaient, vomissaient entre deux contraintes pavées d'insulte à l'intention de la bien-aimée absente qui, quand ils ne l'avaient pas tuée, avait fini par fuir.
Au premier instant de répit, Sextus Octavius s'appuya contre un mur, épuisé, ruisselant de sueur, et maudit le pater familias sans oser trop hausser la voix, trouvant son père dans chaque visage qu'il croisait. Il avait tenté de lui montrer que son goût prononcé pour la boisson les mènerait à leur perte, mais son paternel, sourd à ses mises en garde, usait de son autorité pour le faire taire, le menaçant parfois, le frappant souvent.
Les biens dont ils avaient dû se séparer étaient, au départ, peu importants. Quelques bibelots couverts de pierres précieuses et autres métaux onéreux. Un joli vase en porcelaine dont son père prétendait qu'il venait des tréfonds de l'Orient — et même si Sextus ne l'avait jamais cru, l'argument pesa son poids auprès du vendeur. Des bijoux de famille inutilisés depuis le décès de sa mère. Des meubles en bois, puis en marbre. Des esclaves, infirmes d'abord, plus beaux ensuite, puis des breloques en tous genres sans aucune valeur. La misère à Rome n'avait pas de limite. Sextus aurait pu trouver preneur pour un os de poulet rongé. Ils marchandèrent, vendirent tout ce qu'ils possédaient, jusqu'à ce qu'il ne reste rien.
Le pater réalisa finalement que l'eau-de-vie l'avait ruiné, et qu'elle menaçait désormais sa liberté. Ce soir-là, il promit à Sextus — les mains pressées contre les épaules de son fils, sa plus franche sincérité dans les yeux — qu'il ne le vendrait jamais en esclavage, qu'il préférait s'entraver lui-même dans les chaînes de l'avilissement ; avant de fuir comme un voleur, dès l'instant où le jeune homme eût tourné le dos.
Il avait attendu plusieurs jours. Des gardes étaient venus le chercher. Sextus avait déploré l'absence du pater. On octroya à la famille patricienne un délai supplémentaire, en rétribution des hauts faits de son père durant la guerre. Mais quand le fils Celer comprit que le chef de famille ne reviendrait pas, il embarqua le peu de biens qui lui restait et quitta la demeure déserte qui lui avait servi de foyer.
Sextus Octavius avait pris une décision. Il préférait vivre pauvre et libre que pauvre et asservi. Mais après avoir claqué la porte de la domus, il se retrouva seul dans un dédale de ruelles effrayantes, et sa volonté de fer s'ébranla.
Valait-il mieux vivre pauvre et libre ou pauvre avec un toit ?
Poussé par un instinct de survie animal, il se terra dans l'ombre au moindre bruit de pas, convaincu que le premier garde venu devinerait ses projets de fuite.
De nuit, Rome était effrayante. La vermine y prenait des allures de monstres spectaculaires, les yeux miroitants des rats et des chats errants le fixaient avec – Sextus en était convaincu – une hargne profonde et un appétit farouche. Les cafards assurés grouillaient le long de ses pieds. Des flaques douteuses et fétides éclaboussaient ses chevilles nues et le souillaient de la saleté souveraine qui régnait sur la cité.
Et alors que la faim tiraillait son estomac, que la soif desséchait sa bouche, que la fatigue scellait ses paupières ; il se remémora rageusement les escales d'une escapade dangereuse à attraper la peste.
Lorsqu'il fut épuisé, il s'endormit au milieu des rats et des chats hargneux, entre les cafards vaillants et les flaques écœurantes, le corps douloureusement éprouvé, le sommeil peuplé par des rêves irrités.
§
Il était impossible de flâner dans le marché de Rome. La plèbe et les esclaves envahissaient les rues. Le soleil de midi calcinait les prunelles. La chaleur étouffante se propageait à tous les étals. Les poissons frais pourrissaient à vue d'œil. Les marchands hurlaient, les bébés pleuraient.
Le marché de Rome était une arène ; s'y déplacer, un combat de chaque instant. Les plus téméraires venaient en groupe et se congratulaient lorsqu'ils traversaient la place sans se noyer dans la foule. Les bambins perdaient la main de leur mère. Les chiens errants effrayaient les enfants. Les mendiants demandaient l'aumône au milieu du passage, nullement gênés des bousculades tant qu'ils pouvaient y grapiller quelques sesterces.
Le marché de Rome était un enfer dont seuls certains élus savaient tirer parti. Au milieu de cet océan d'inconforts accumulés se déplaçaient des êtres surnaturels, qui saluaient leurs camarades le sourire aux lèvres, discutaient avec les marchands, dont le rire éclatant apaisait les cœurs tourmentés. Personne n'entravait leur démarche tranquille, personne ne tentait de les détrousser. Leur aura déployait autour d'eux un espace dans lequel aucun homme n'osait mettre les pieds.
Titus Mennenius Cornicen était de ceux-là.
Tout le monde dans le marché de Rome connaissait Titus Mennenius, le bienveillant légionnaire. Il était passé centurion plusieurs mois auparavant et sa promotion avait été fêtée bien des fois.
Il faut dire que Titus Mennenius avait le cœur sur la main. Combien d'enfants avait-il sauvé en les ramenant à leur mère ? Combien de piécettes avait-il données aux mendiants ? Combien de chiens errants avait-il nourri ?
Titus Mennenius était un visionnaire. Il n'était pas de ces dirigeants tyranniques qui imposent leurs avis au monde comme la vérité universelle. Lorsqu'on lui posait des questions, Titus Mennenius répondait avec intelligence, douceur et franchise. On lui demandait pourquoi il s'habillait si sobrement, lorsque son statut lui autorisait de plus riches parures. Il répondait que ses toges simples lui tenaient tout aussi chaud. On lui demandait pourquoi son insula était si modestement décorée. Il répondait qu'il n'avait pas besoin de bibelots. On lui demandait pourquoi il n'avait pas de domestiques. Il répondait que pour lui, tous les Hommes devaient être libres.
D'habitude, Titus Mennenius ne passait pas devant le marché aux esclaves.
§
Le collier en cuivre lui brûlait la peau. Les chaînes à ses poignets oppressaient ses mains. Le soleil éblouissant lui frappait le crâne. Aveuglé, épuisé, Sextus Octavius rassemblait le peu de forces qui lui restait pour préparer son évasion. Il n'avait ni mangé, ni bu depuis sa capture au bord d'un caniveau, à quelques rues de chez lui. Couvert d'on ne savait quelle souillure, crotté jusqu'aux mollets, asséché comme un pruneau, on le découvrit comateux et en pleurs, à embrasser les pavés et implorer la mort.
Les gardes l'avaient empoigné sans ménagement et attaché sans peine. On n'aimait pas les déserteurs. La famille Celer était endettée jusqu'au cou. Le père avait disparu, alors on embarqua le fils. Ce fut aussi simple que ça.
Ce n'était pas tous les jours qu'on réduisait un patricien en esclavage. Les hommes d'un tel rang pouvaient espérer devenir gardes, artisans, paysans, prostitués dans le pire des cas ; mais, à cause de son pater, Sextus Octavius n'avait pas eu cette chance.
Sa noblesse lui avait néanmoins évité la mine et la campagne, qui lui auraient sans doute valu un décès rapide et des cloques aux phalanges. Il était destiné à appartenir à un particulier et s'il ne trouvait pas d'acheteur, à devenir gladiateur. Même si son inaptitude au combat le rendait vulnérable, la pâleur de sa peau et de ses cheveux en faisaient un combattant hors de prix.
Les nerfs du futur esclave étaient à vif malgré son destin favorable. On l'avait fait marcher des heures durant à travers Rome, relié par le cou à des pauvres avec des chaînes rouillées.
Ses bras étaient engourdis par les menottes trop serrées. Ses épaules souffraient du poids de l'énorme collier pendant à son cou. Sa peau le démangeait atrocement. Il imaginait déjà les croûtes purulentes, symptomatiques de la peste, lui grignoter la nuque et les jambes, et son destin, parqué comme une vache avec d'autres malades.
Les passants le dévisageaient sans vergogne, le pointaient du doigt, riaient à gorge déployée, roucoulaient sur son passage en lui lançant des noms d'oiseaux. Pourquoi se gêner ? Il n'était même plus un homme.
A la marche de la honte avait succédé l'enchère. Il serait vendu au plus offrant. La foule se pressait pour l'admirer. Les femmes rougissaient et gloussaient. Les sourires lubriques des hommes ne présageaient rien de bon. Des murmures enthousiastes s'élevaient des petits attroupements bavards. On se l'arrachait. Le marchand souriait jusqu'aux oreilles. Les affaires étaient rarement si bonnes.
2500 sesterces !
Sextus attendait patiemment son occasion de prendre la fuite. Il était hors de question qu'il soit vendu à l'un d'entre eux. Il n'était pas un animal et encore moins un esclave. On l'avait détaché des autres pour le mettre sur le devant de la scène. C'était sa chance.
3000 sesterces !
Il allait probablement se faire tuer. Mais il avait fait son choix. Il préférait mourir pauvre et libre, que vivre pauvre et asservi ou pauvre avec un toit. Il attendait le moment où l'attention se relâcherait. Le plan était parfait, limpide dans son esprit. Il répétait les mouvements à mi-voix, attendant l'instant propice.
4000 sesterces !
Le marchand aux esclaves éructait de joie. C'était un gros bonhomme joufflu et répugnant, coutumier des crises de goutte. La calvitie prétendument masquée par des cheveux noirs et longs, d'un gras filandreux, il frappait sur son ventre et pinçaient ses babines gercées pour contenir sa jouissance. Sextus lui jetait des regards meurtriers. Personne dans la foule ne prêtait attention à l'expression morbide qui se peignait sur son visage, tous aveuglés par sa beauté surnaturelle.
4200 sesterces !
Car la beauté de Sextus était indéniable. Il était un bijou de prestance et d'élégance. Ses attraits esthétiques balayaient d'un revers de main son aspect pouilleux. Sa nuit passée dehors avait salit ses habits, sa peau et ses cheveux. D'étranges traces noirâtres s'amoncelaient sur son visage de porcelaine, semblables à de l'argile boueuse dont on aurait maculé son visage. Ses cheveux blonds étaient emmêlés, collés par une substance verdâtre, et morcelée en petits paquets à l'arrière de son crâne. Pourtant, son prix aux enchères grimpait toujours.
4500 sesterces !
Il serait probablement vendu comme esclave sexuel. La perspective de passer de mains en mains à longueur de journée, jeté en pâture à des clients abjects et violents, qu'il devrait satisfaire de son corps, le rendait malade. Sextus était insoumis jusqu'au fond de l'âme. Sa liberté était son bien le plus précieux et n'avait pas de prix. Il ne serait pas un objet. Jamais.
4700 sesterces !
Le marchand recula, trop heureux pour se contenir. Ce fut à cet instant que tout se joua. Dans cette habileté que l'urgence nous découvre, Sextus Octavius glissa derrière l'énorme silhouette et étrangla l'homme de toutes ses forces. Le bougre hurla de terreur, se débattit comme un beau diable, ses petits yeux fouineurs, écarquillés et embués de larmes, engoncés dans son visage.
Des cris d'horreur retentirent à travers la foule. Les acquéreurs se bousculaient piteusement dans la débâcle. Certains s'insultaient, d'autres se battaient. Un renard lancé en plein poulailler n'aurait su susciter pareil tourment parmi les volailles.
Un premier garde se précipita pour l'arrêter et reçut en réponse un coup de pieds qui lui retourna le genou. Il s'écrasa au sol, la face congestionnée de douleur, la jambe arquée dans un angle impossible. Les deux autres gardes coururent sur Sextus. Ce dernier utilisa le poids du marchand, qui se débattait toujours, le visage rouge. Il joua sur ses muscles, poussa l'homme sur les gardes, puis se mit à courir comme un dératé à travers la foule, qui s'écartait dans l'anarchie la plus totale.
Il avait effrayé tout le monde. Personne ne voudrait plus l'acheter, s'il ne se faisait pas poignarder dans les prochaines secondes. Il galopait, poussait les passants qui ne dégageaient pas le chemin d'eux-mêmes, gesticulait en tous sens, rapide, ridicule, étonnamment endurant. Avec un peu de chances, il les sèmerait. Mais comment se débarrasser de ces chaînes ?
Perdu dans ses pensées, Sextus n'anticipa pas l'instant fatal, qui s'apprêtait à annihiler tout espoir d'un avenir libre. Il ne s'était retourné qu'un bref instant, pour jauger de sa distance avec ses poursuivants, lorsqu'il heurta un corps massif.
Ses fesses rebondirent sur le sol. Il releva la tête pour connaître l'objet de sa perdition, celui qui avait, d'un coup d'un seul, annihilé ses espoirs. Ses yeux croisèrent alors un regard marron aux reflets dorés, une peau mate, brunie par le soleil, des cheveux ondulés, d'un noir qui tiraient sur l'émeraude. Son corps était large, grand et musculeux. Il respirait la jeunesse et la santé, mais n'inspira à Sextus qu'une indicible haine, lorsque ses grands yeux ravis se posèrent sur lui.
Titus Mennenius étudiait un étal rempli de bijoux ostentatoires, quand il fut bousculé par ce qu'il avait identifié comme un projectile massif. Etonné, il se tourna vers ce qui l'avait heurté et constata qu'il avait renversé un esclave en fuite.
Le jeune homme sale leva vers lui des yeux pleins de rage qui lui coupèrent le souffle. Titus aurait été bien incapable de décrire le déferlement d'émotions qui le traversa en rencontrant son regard. Ces deux pupilles bleues comme l'océan qui le fusillaient le firent frissonner. Elles s'accrochaient aux siennes sans qu'il puisse s'en détacher. Le légionnaire les contemplait, perdu, bouleversé, certain d'avoir cherché cet homme-là toute sa vie.
— Salut, Centurion Titus Mennenius ! lui lança un garde. Merci d'avoir arrêté cet esclave. Rome s'en souviendra. Il ne nous cause que du souci depuis ce matin. Personne ne voudra plus l'acheter maintenant. J'espère qu'il mourra à son premier combat dans l'arène !
Les gardes, qui avaient déjà redressé l'homme et le portaient à bout de bras, se mirent à rire. Le patricien lançait des regards haineux à qui voulait bien les voir. Sa peau laiteuse, ses cheveux presque blancs, ses lèvres roses finement ourlées entouraient des dents parfaites. Ses yeux étaient sauvages, assassins, emplis d'une fougue à faire pâlir le plus téméraire des hommes. Son corps élancé, athlétique, ses muscles saillants sous sa peau sans défaut forçaient l'admiration.
Titus ne pouvait plus détacher son regard du fuyard, incapable de comprendre ce qui lui arrivait. Son attirance pour cet homme était folle, insensée. Jamais il ne s'était senti ainsi parcouru de courants d'allégresse.
Mais lui, il le regardait et c'était l'univers entier qu'il trouvait dans ses yeux. Il ne l'avait jamais vu et s'était pourtant convaincu de l'avoir toujours connu. Il était apparu et avait comblé un vide, un vide dont Titus n'avait jamais perçu l'existence, un vide qui le dévorait et le tuait, soudain. Il avait besoin de le voir encore. Plus longtemps. Plus souvent. Il avait besoin qu'il soit sien, qu'il lui appartienne. De gré ou de force.
La nécessité jaillit, impérieuse et autoritaire, du fond de sa conscience brouillée par l'émotion. Et Titus l'accepta à bras ouverts, son grand sourire éternellement gravé sur les lèvres.
— Je l'achète.
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Il est grand temps de reposter cette histoire ! Au départ, j'ai voulu la relire. Quand j'ai commencé à la relire, j'ai commencé à la recorriger, puisqu'une phrase sur trois, au bas mot, m'énerve, mais il s'avère finalement que je n'ai pas la foi.
Voici donc Il était né libre qui reparaît sur Wattpad après de nombreuses corrections et un peu plus d'un an d'absence sur mon compte. Pour ceux qui me suivent depuis un moment (à tous les autres, bonjour), vous savez que ce roman devait être édité. Si le livre est ici, vous vous doutez que le projet a été avorté, et je vais vous expliquer pourquoi.
D'abord, le point le plus important, c'est que ce roman ne me plaît pas des masses. Comme il s'agirait tout de même de vous donner envie de lire mon livre, je vais éviter de dévaloriser cet ouvrage auquel j'ai consacré une bonne partie de mon temps. La romance est très sympa, les personnages sont attachants, le cadre est cool, c'est pas long, et pas prise de tête. Ce qui me dérange, c'est que ce n'est pas de cette façon que j'aurais voulu écrire cette histoire, notamment parce qu'à la base, je voulais m'entraîner à l'écriture avec ce roman, et pas qu'il soit édité. Le voilà donc qui remplit parfaitement son rôle sur cette plateforme.
L'autre point, c'est que la maison d'édition, que je ne citerai pas, était loin de correspondre à mes attentes. Je vais mâcher mes mots ici, parce que j'ai pu annuler mon contrat sans discussion, et que je ne tiens pas à m'embourber maintenant dans des problèmes pénibles et inutiles, mais pour la faire courte, je le sentais pas, j'y suis quand même allée, j'ai regretté. C'était pas mon truc. Je voulais une ME aux petits soins avec moi, qui aurait pris le temps de faire de belles corrections, avec qui j'aurais pu discuter en vrai, qui aurait cherché à me faire une couverture magnifique, de la pub, et rien ne s'est passé comme je l'espérais.
Cette version du roman est, aux trois premiers paragraphes près, la version qui devait être éditée. J'ai corrigé ce livre six fois, pour ainsi dire seule, et je suis navrée pour les fautes qu'il reste, mais je n'ai pas la motivation de me lancer dans une septième correction.
Pour ceux qui auraient lu le premier jet, la fin n'a plus aucun rapport.
Je ne sais pas du tout à quel rythme je vais reposter cette histoire, mais j'aimerais éviter de vous harceler de notifs. J'essayerai peut-être de poster un chapitre par jour.
Bisous !
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