La mort a des yeux jaunes
La tempête faisait rage. Comme ce soir là.
Cheshire sautillait en riant et chantonnant. Elle semblait danser entre les racines et les troncs d'arbres. Le vent et la pluie donnaient l'impression qu'elle s'envolait.
Tandis qu'elle se déplaçait avec une simplicité étonnante dans l'épaisse Forêt, moi, je courrais et trébuchais sur les nombreuses racines qui jonchaient le sol. Je peinais à la suivre et la tempête n'arrangeais pas la tâche.
"Cheshire ! Attends moi ! hurlais-je.
-Attrape moi si tu peux ! répondit-elle en riant."
Je continuais de la poursuivre pendant encore une dizaine de minutes. Soudain elle s'arrêta et se retourna vers moi, bras tendus.
"Viens Luka ! Viens vite !" s'exclama t-elle.
Je m'arrêtais également, me tenant à deux mètres d'elle. Elle arborait un large sourire et gardais ses bras tendus, attendant que je vienne vers elle.
Je fis un pas en avant, puis un deuxième, et ainsi de suite. J'avancais prudemment vers Cheshire. Je me rendis soudainement compte que nous nous étions énormément éloignés de l'Arbre Géant. Nous devions sûrement être à une heure de marche, ce qui ne me rassurais pas du tout.
Cheshire se tenait debout sur une haute racine. Je grimpais difficilement dessus. Comment avait elle fait pour s'y hisser si facilement ? L'arbre à qui appartenait la dite racine ne semblait pourtant guère plus grand que l'Arbre Géant. Il devait même être deux fois plus petit que celui çi.
Cheshire s'accroupit devant moi et m'offrit son aide en me tendant la main. Je la regardais un instant puis acceptais son offre. Je saisis sa main et fus surpris de sa température. Il ne faisait pas spécialement froid, et pourtant sa main était glaciale. Elle me hissa vers elle, avec un peu trop de force. Beaucoup trop de force. Elle s'écarta en riant et me laissa chuter. Lors du choc, mon visage allait prendre cher, ça c'était sûr. J'étais bon pour une seconde bosse. Mais le choc ne vînt pas. À la place, je tombais dans un trou, caché entre le tronc et la racine de l'arbre. Je m'étais fais avoir.
"Bon voyage !" me cria Cheshire.
Le trou était profond, et extrêmement sombre. J'espérais que lorsque ma tête allait heurter le sol, j'allais ouvrir les yeux, et me rendre compte que tout n'était qu'un mauvais rêve. Je chutais de plus en plus rapidement dans cet immense cavité. Je songeais à hurler, mais j'étais bien trop terrifié pour pouvoir émettre le moindre son. Et puis de toute façon, qui viendrait me porter secours ? Je tendis les mains devant moi, espérant toucher une surface et pouvoir m'accrocher à quelque chose. Mais il n'y avait rien. Rien pour s'accrocher. Rien pour me sauver. Rien pour m'empêcher de mourir.
C'était inévitable : j'allais mourir. Ma vie allait se terminer après une mauvaise chute dans un immense et mystérieux trou. Une chute provoquée par une fille inconsciente que je suis le seul à voir.
"Une chute provoquée par un fantôme" Songeais-je.
Le sol se rapprochait. Je le sentais. La mort m'attendais en bas, la gueule grande ouverte, prête à me dévorer. Je fermais les yeux.
"Faites que ça soit rapide" priais-je.
Puis le choc arriva.
La mort avait une texture douce et moelleuse. En soit, elle n'était pas si différente de la vie : je respirais, je sentais les battements rapides de mon coeur encore soumis à l'adrénaline, et j'étais même capable d'ouvrir les yeux. J'étais capable d'ouvrir les yeux et de me rendre compte que je n'étais pas mort.
Je me relevais brusquement. Je n'étais pas mort. Je n'étais pas mort ! J'entrepris d'analyser ce qui avait amortit ma chute. Je me tenais sur une énorme masse noire et poilue. Une énorme masse noire et poilue bien vivante.
Je retins mon souffle pour m'empêcher de crier. Qu'est ce que c'était que ça ? C'était énorme, et bien vivant. La corps de la chose se soulevait de manière régulière. Comme si elle respirait. D'ailleurs ce n'était pas un "comme si". Ça respirait réellement.
"Dans quel pétrin t'es tu encore fourré ?" dis je pour moi même.
Je tentais de me relever et de me tenir debout sur cet immense animal. Mauvaise idée.
Je glissais sur le poil de la chose et tombait en arrière. Je tentais désespérément de m'aggriper à son pelage pour stopper ma chute. J'y parvins. Mauvaise idée.
Je restais un instant suspendu au dessus du vide, accroché à une touffe de poil. Ma seule chance de ne pas finir avec la colonne vertébrale brisée en tombant au sol était de me hisser sur l'animal endormit. J'entrepris donc de grimper sur le corps de l'animal. Mauvaise idée.
Ayant tiré sur ses poils et probablement arraché quelques uns, l'animal se réveilla brusquement. Il se leva et secoua son corps pour débarrasser son pelage des poussières et parasites accrochés à ses poils. J'étais l'un de ces parasites.
Je fus propulsé à plusieurs mètres. La chance me frappa à nouveau et j'attéris sur une autre masse suffisamment moelleuse pour atténuer le choc. Je m'empressais de me relever, craignant d'avoir atteris sur un autre animal. Effectivement, c'était bel et bien un animal : un sanglier de taille assez imposante. Oh, je ne risquais pas de lui faire du mal à celui ci : à en juger l'énorme balafre qui déchirait son flanc, il était déjà mort.
Un frisson me parcourut tout le corps. Je reculais ventre à terre, cherchant à m'éloigner le plus possible du cadavre. Le sol collait à mes mains, je les examinais.
Du sang.
Elles étaient couvertes de sang. Le sanglier avait été tué il y a peu. Mais par quoi ? Un souffle rauque derrière moi me rappela que la réponse n'étais pas si compliquée à trouver.
Je me retournais, tremblotant. Je me figeais en découvrant l'animal que j'avais réveillé. C'était la Bête.
Elle se tenait face à moi, me regardant de ses yeux jaunes si terrifiants. Je me tenais face à elle, pétrifié et l'implorant du regard.
"La Bête est aveugle"
Les paroles de Élisa me revînrent soudainement à l'esprit. La Bête ne pouvait pas me voir. Elle ne pouvait que m'entendre, et me sentir. J'avais une chance de m'en sortir, à condition de ne pas faire de bruit.
Je tentais vainement de calmer ma respiration saccadée. Je devais trouver une solution. Je devais m'enfuir. Tout les moyens étaient bons, le soucis était qu'il fallait en choisir un.
Avez vous déjà été face à face avec la mort ? Avez vous déjà été si proche d'elle que vous pouviez entendre sa respiration rauque, avide de sang ? Connaissez vous cette sensation ... Cette soudaine montée d'adrénaline et cet unique mot qui résonne dans votre tête : survivre. Oui, c'est bien de cela dont je parle ... L'instinct de survie. Cet instant où votre vie ne tient plus qu'à un mince fil, et que vous êtes prêts à tout pour l'empêcher de céder. C'est exactement ce qui était en train de m'arriver.
Mon regard rebondissait à travers la sombre pièce. Je devais absolument trouver une solution. Mon temps était compté. La Bête se rapprochait dangereusement de moi. Chacun de ses pas faisait vibrer le sol. Elle reniflait l'air bruyamment et ses babines dégoulinaient de salive. Elle savait qu'un potentiel repas se promenait dans son abris. Il fallait juste le trouver.
Dans un élan de panique, je saissis l'une des quelques pierres qui traînait au sol et la jetait à une dizaine mètres de moi, ma force démesurée facilitant le lancer. La Bête se retourna brusquement vers le bruit et s'élança précipitamment vers ce qu'elle croyait être sa proie. J'en profitais pour m'éclipser en courrant, contournant le monstre. Je devais trouver une cachette, ou un passage me permettant de rejoindre la surface.
Le trou était beaucoup plus étendu que je le pensais. Je ne me trouvais pas dans une simple cavité, non. J'étais en vérité dans une immense salle, creusée dans la pierre et la terre.
A ma plus grande surprise, j'aperçus au loin ce qui ressemblais à un immense couloir. Le point positif était que ça m'offrait la possibilité de m'enfuir plus ou moins loin de la Bête. Le point négatif était qu'il était assez grand pour que la Bête s'y engouffre.
Je me risquais à jeter un coup d'oeil par dessus mon épaule. La Bête reniflait dans le vide l'endroit où j'avais lancé ma pierre. Un sourire de satisfaction étira mes lèvres, jusqu'à que je trébuche.
Je m'étalais sur le sol rocailleux, non sans bruit. Je l'ai finalement acquise, ma deuxième bosse. Je me relevais en tremblant. Je fermais les yeux et pris une grande inspiration.
Je me retournais, le temps d'une seconde. Une seconde pendant laquelle je voyais la Bête déjà en train de se précipiter vers moi au galop. Une seconde pendant laquelle je voyais la mort se rapprocher de moi, prête à me dévorer. Une seconde pendant laquelle le mot espoir n'avait plus aucun sens pour moi. Puis je m'élancais dans le couloir.
"Si je ne reviens pas, sachez que je vous aime mes amis" murmurais je en guise de derniers mots.
~~
BONSWUAAAAARE ! On peut dire que notre pauvre Luka n'a vraiment pas de bol ... C'est BÊTE hein ? (Tuez moi pour cette blague) J'ai encore une fois une flemme intense de me relire et je sais pertinemment que mon récit doit contenir pas mal de fautes ... Je songe à peut être "embaucher" quelqu'un pour me relire ou corriger mes fautes d'orthographes ^^ Si vous êtes intéressés commentez ;D
Je vous souhaite à tous une bonne nuit !
-JeSuisLeCha
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top