Il y a 5ans ...
Les enfants se tenaient assis bien droit face à moi. Un gigantesque sourire illuminait leur visage et leurs yeux pétillaient d'impatience. Je me raclais la gorge, cherchant comment commencer mon récit. Mes mots finalement trouvés, je pris une grande inspiration et commençait à conter mon histoire :
"Je suis arrivé ici il y a cinq ans aujourd'hui ...
-Joyeux anniversaire ! me coupa la jeune fille.
-Si vous commencez à me couper la parole, je ne continues pas ! grondais je.
-Je suis désolée, continue s'il te plaît, s'excusa t-elle.
-Bien. Je disais donc, repris je. Il y a cinq ans, je rencontrais les Naufragés. J'étais tout à fait impressionné par cette immense communauté et cette cité bâtit dans cet arbre gigantesque. Je me fit néanmoins rapidement à la vie ici. J'avais trouvé des amis, et l'atmosphère partout dans ce lieu me semblait conviviale et sympathique. Ainsi je m'intégrais assez rapidement au sein de la communauté. Le problème vînt le soir de ma rencontre avec les Naufragés. La Bête a attaquée ce soir là.
-Waouw ! Le soir où tu es arrivé ? Pas de chance !" s'exclama Gabi.
Je le grondais du regard, il baissa les yeux et me laissa poursuivre mon récit :
"Je ne saurais pas exactement vous décrire ce qu'il s'est passé, mais ce que je sais, c'est que la Bête m'a attaqué. Elle m'aurait donné un violent coup de patte qui ne m'a miraculeusement pas été mortel. Je suis juste tombé dans un profond comas ..."
Je marquais une pause, tout en repensant à cet étrange rêve que j'avais fait tout le long de mon comas. Je secouais la tête et m'humecta les lèvres. Je m'apprêtais à poursuivre quand le deuxième garçon dont je ne connaissais pas le nom m'interpella :
"Et quand tu t'es réveillé, tu avais des supers pouvoirs qui te rendent super trop fort ! Non ?
-Ouais ... C'est un peu ça, dis je en lâchant un petit rire.
-Et après, et après ? Il s'est passé quoi ? demanda la petite fille.
-Plusieurs péripéties sans importances, lâchais je en ayant un pincement au coeur et repensant à Kawa.
-Et ta rencontre avec la Bête ? dis Gabi.
-J'y viens justement, répondis je. Un soir de tempête, j'étais dans la Forêt des souvenirs perdus. Ne me demandez pas pourquoi ... disons que j'étais suffisamment énervé et stupide à ce moment là pour sortir. Et puis ... J'ai été amené à tomber dans un trou que je n'avais pas vu. Manque de chance, j'étais dans un abri que la Bête avait sûrement elle même creusé. J'aurais pu m'enfuir, et rien de tout ça ne serais arrivé. Mais la chance me souriait jaune, et j'attirais malgré moi l'attention de la Bête en trébuchant. Heureusement pour moi, la Bête avait creusé une sorte de galerie. Ainsi, un grand couloir devant moi m'offrait la possibilité de m'enfuir. Et c'est alors que débuta une longue course poursuite entre le monstre et moi. Au bout du couloir, se trouvait une autre salle semblable à celle dans laquelle la Bête sommeillait auparavant. La seule différence était que ... La salle où je me trouvais faisait plutôt office de garde manger ..."
J'arrêtais de raconter mon histoire un instant. Je cherchais mes mots. Comment décrire aux enfants ce que j'avais vu sans les choquer ? Je me rappelai avec un frisson tout ces cadavres d'animaux qui jonchaient le sol. Le sentiment que j'avaus ressentit lorsque je m'étais retrouvé nez à nez avec ce cimetière était ... indescriptible. La puanteur qui émanait des cadavres était incomparable. Dès l'instant où cette odeur nauséabonde avait pénétrée mes narines, j'avais vomis, si bien que j'eû cru vomir mes tripes et boyaux avec.
"Luka ? Tu continues ou pas ? demanda la petite fille.
-C'est quoi le garde manger ? questionna à son tour Gabi."
J'avalais ma salive difficilement et entrepris d'aborder le sujet d'une manière délicate :
"Et bien ... La Bête avait ôté la vie à des animaux comme des sangliers ou des lapins, et les avait tous mis là. C'était une sorte de cimetière d'animaux ..." expliquais-je.
Je compris que je n'avais pas expliqué la chose d'une manière aussi douce que je l'aurais voulu, quand je voyais des larmes monter aux yeux de la petite fille. Je n'osais pas continuer. La suite était d'autant plus horrible à raconter et à entendre. Je me raisonnais. Je n'avais pas besoin de chercher à raconter ça comme un conte de princesses, après tout c'est eux qui ont insisté pour que je leur raconte l'histoire. Et puis, c'est leur conscience, à eux de me dire si ils veulent entendre le reste ou non. Je les regardais un à un. La petite fille avait séché ses petites larmes. Je poursuivis :
"Les corps des animaux morts dégageaient une puanteur indescriptible, poursuivis-je en guettant la réaction des enfants. Ainsi, toute la pièce en était embaumée. Ma seule chance d'échapper au monstre qui était à mes trousses était donc d'avoir la même odeur que ces animaux. Ainsi je courru me cacher derrière le corps d'un immense Kaplan. Je me frottais à son corps, non sans dégoût, jusqu'à acquérir la même odeur que lui.
-C'est dégoûtant ! s'exclama le garçon dont je ne connaissais pas le nom.
-Ce n'était pas une expérience très joyeuse, mais c'était la seule solution, répondis je.
-Et après ? demanda Gabi.
-Je restais caché derrière le Kaplan un instant. Guettant la réaction de la Bête qui cherchait mon odeur. Elle semblait désorientée, je devinais donc qu'elle m'avait perdu. A ce moment, je sentais enfin toute l'adrénaline que j'avais accumulée redescendre. Je crois que je n'avais jamais été aussi heureux. Mais rien n'était encore joué : Même si j'étais hors de danger de la Bête pour un temps, je devais trouver un moyen de sortir de cet endroit. Et ce fut bien plus laborieux que ce qu'on peut imaginer.
-Quand on dit que tu es resté un an là bas, c'est vrai ? questionna la petite fille.
-Un an, quatre mois, et cinq jours, précisais je. Je suis resté un an, quatre mois et cinq jours dans le nid de la Bête.
-Et comment tu as fait pour sortir ? demanda l'ami de Gabi, perplexe.
-Attends un peu Quentin ! Il va expliquer ! s'exclama Gabi.
-Merci de ta coopération Gabi, remerciais je. Je mangeais le même repas que la Bête : de la chair animale. Ce n'était pas très glorieux, ni très amusant. Je devais moi même me servir ma viande. J'ai vomis plus d'une fois.
-Tu mangeais la viande crue ? demanda la petite fille, horrifiée.
-Non. Dans un coin du mur, il y avait une petite crevasse, expliquais-je. Enfin, petite par rapport à la Bête mais suffisamment grande pour que je puisse m'y tenir debout. J'avais déniché des petits morceaux de bois, des cailloux, des feuilles d'arbres un peu partout dans la grotte. Après avoir mené un combat acharné avec ces quelques ressources, je parvins à créer du feu, que j'allumais dans ma mini-caverne et qui me permettait de faire cuire ma viande.
-Mais la Bête sentait l'odeur non ? demanda Gabi.
-Non, je le faisais uniquement quand elle partait chasser.
-Mais tu ne pouvais pas la suivre pour sortir ?
-J'ai déjà tenté. La Bête passe tout simplement par le trou par lequel je suis tombé, en sautant de murs en murs. Ce qui est bien sûr impossible pour moi.
-Mais, et ta super force ? s'écria Quentin.
-J'étais affaiblis. Imagine toi vivre dans la peur, avec très peu de ressources pour te nourrir, et chacune de tes nuits pratiquement blanches. Même le plus fort d'entre nous n'aurait pas supporté ça. Et puis ... suivre la Bête était beaucoup trop dangereux."
Les enfants me regardaient, silencieux, attendant que je poursuive mon histoire. Je m'éclaircit la gorge avant de poursuivre :
"Pendant plus d'un an j'ai vécu dans de terribles conditions. Je buvais l'eau de pluie qui tombait du trou, je dormais au milieu de la poussière et me nourrissais de cadavres. Moi même encore aujourd'hui je me demande comment je suis capable de tenir sur mes deux jambes après avoir vécu ceci. Mais il y a quelque chose que je suis encore plus incapable de comprendre. La Bête savait que j'étais là. Elle savait que quelque chose se cachait dans son abris. Et pourtant, elle semblait vivre sa vie normalement. Peut être attendait elle le moment où j'allais baisser ma garde pour me piéger. Ou peut être avait elle accepté ma présence ..."
Je laissais ma phrase en suspend, me rappelant de ma discussion avec l'Hermite. Me rappelant de cet instant où il m'avait versé ce mystérieux liquide sur le bras. Me rappelant le moment où il m'avait annoncé que j'étais lié à la Bête. Lié à la Bête. Je n'ai jamais compris ce que cela signifiait, mais peut être que ma survie y était pour quelque chose.
J'observais un instant le visage des enfants. Ils attendaient patiemment que je termine mon histoire. Ils sentaient que la fin allait bientôt survenir, et ils avaient raison.
"Une fois, la Bête a eu un comportement étrange, repris je. D'habitude, lorsqu'elle sortait, elle ramenait toujours un butin. Mais un jour, elle est rentrée bredouille. Et le jour suivant également. Pendant deux semaines, elle sortait, parfois pendant plusieurs jours, et rentrait sans rien ramener avec elle. Pendant deux semaines, elle a vidé son garde manger sans jamais le remplir à nouveau. J'ai été obligé de faire des réserves de viande dans ma crevasse, sinon elle aurait tout dévoré ! Et puis un soir, lorsqu'elle eu finit de vider son garde manger, elle sortit, anormalement excitée. Elle ne revînt que trois semaines après. Heureusement, j'avais stocké suffisamment de viande pour au moins acquérir un repas par jour. Malgré tout, je devenais de plus en plus faible et de plus en plus maigre. Lors de son retour, je me surpris à être heureux. Heureux de revoir le monstre le plus sanguinaire jamais conçu. Lorsqu'elle fut rentrée, elle dorma. Et ce pendant une semaine. Le temps fut long. Très long. La nourriture commençait à sérieusement manquer. Je songeais que j'allais sûrement mourir de faim, et que la Bête allait dévorer mon corps. Et puis elle se réveilla. Elle se réveilla et sortit. Elle sortit et revînt le soir. Elle revînt le soir avec un butin. Un énorme sanglier. Je songeais qu'elle avait dû rencontrer d'autres gibiers qu'elle avait dévoré sur place quand je vit qu'elle ne toucha pas à son repas. Petit à petit, son garde manger se remplissa à nouveau, me permettant de remanger plus ou moins à ma faim.
-Mais du coup tu ne mangeais que de la viande ? questionna Quentin.
-Oui. Au départ, je pensais mourir en ne mangeant que ça. Et pourtant, je suis toujours là, et je n'ai pas été malade."
Et ça, j'en avait l'explication. J'avais acquis les capacités physiques de la Bête, ainsi me nourrir que de viande n'était pas un problème. Je terminais mon histoire :
"Après un an, quatre mois, et quatre jours, la Bête était revenue dans cette période où son comportement était anormal. Elle avait déjà vidé son garde manger, et je songeais qu'elle n'allait pas tarder à disparaître pendant un mois. A ce moment, j'étais déjà à moitié fou. Vivre dans de telles conditions ne pouvaient qu'avoir des conséquences nocives sur notre santé mentale. Et puis à ce moment, dans un élan de folie, je me suis dit "Et si je la suivais ? Après tout je vais bien finir par mourir." Et je l'ai fait. Le soir du cinquième jour, je suivis la Bête. Avec mes dernières forces qui me restaient je courru vers la salle où elle dormait. Je la vis, prête à bondir jusqu'à la surface. Alors avec mes dernières forces je m'élancais vers elle. Avec mes dernières forces je sautais sur son immense flanc et m'accrochais à son pelage. Juste à temps.
-Mais, elle ne t'avais pas remarqué ? demanda la petite fille.
-Par je ne sais quel miracle, non. Elle devait être si excitée que ces sens devaient mal fonctionner. En tout cas, j'avais réussis mon coup, repris je. La Bête m'emmenait à la surface. Et une fois le ciel au dessus de ma tête, je découvris avec stupeur que nous n'étions pas là où nous étions censés être. Le trou se trouvait coincé entre une racine et un arbre très imposant. Et pourtant, je vous jure, que nous étions à un endroit différent, au pied d'un autre arbre. Peut être était ce ma folie qui me jouait des tours, mais encore aujourd'hui j'en suis persuadé : l'abri de la Bête avait changé de position, ou bien c'était la forêt qui avait bougée.
-Nous on te croit ! s'exclama Gabi.
-Ouais ! Cet endroit est si bizarre que c'est vraiment possible ! continua Quentin.
-C'est vrai, dis je en souriant. Vous savez, à cet instant où la Bête courrait je ne sais où à travers la Forêt, c'était comme si je naissais à nouveau. Je redécouvrais le monde. J'avais presque oublié l'existence des étoiles, et la sensation du vent sur notre visage. Je restais accroché la Bête, trop curieux de savoir où elle allait, et trop peureux pour rester seul dans la Forêt. Ainsi pendant une éternité, je me laissais porter par les pas de la Bête. Et puis, je vis de la lumière au loin. Sûrement était ce le paradis qui m'ouvrait grand ces bras. La Bête se leva sur ses deux pattes arrières, et frappa quelque chose de ses pattes avant. Elle semblait y mettre tout son poids et toute sa force. Un craquement suivit d'un énorme fracas ouvrit la voie à la Bête qui s'élança dans une grande salle. Elle grimpa de longs escaliers, courrant jusqu'à la lumière. Et puis, au lieu de découvrir le paradis, je découvris des centaines d'hommes, femmes, et enfants, pointant leurs armes vers moi. Épuisé de tout ça, je lâchais prise et tombais lourdement au sol. J'entendis un craquement et une douleur aiguë suiva. Je m'étais cassé la jambe, mais j'étais bien trop fatigué pour crier. J'eû le temps de voir la Bête foncer dans un tas d'humain et d'en dévorer quelque uns tandis que je voyais des visages familiers se tourner vers moi. Et puis, je ne me souviens plus ce qu'il s'est passé. Je pense que j'ai perdu conscience à ce moment là."
Les enfants restèrent silencieux. Gabi lança :
"Et après ?
-Et après, je me suis réveillé dans un lit, les visages larmoyants de mes amis en vue.
-Et tu es retourné la bas un jour ? demanda la petite fille.
-Non. Pourquoi je le ferais ? Je me sens très bien ici, dis je en ricanant.
-Mais il y a eu d'autres attaques de la Bête après ? Tu y as participé ?
-Bien sûr. Je suis un Éclaireur après tout ! Il se fait tard, rentrez chez vous maintenant, dis je."
Les enfants me saluèrent et s'en allèrent en courrant, un grand sourire sur leur visage.
Je restais un instant sur mon banc, scrutant le ciel et ses étoiles, songeant tristement que j'allais disparaître dans quinze ans.
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BONSWUAAARE ! Vous allez bien ? Mieux que Luka j'espère ! Avez vous apprécié ce chapitre ? En tout cas, nous ne sommes plus très très loin de la fin ^^ Bonne nuiiit !
-JeSuisLeCha
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