Sous l'ombre d'un parasol
J'observe cette fille, cette fille qui n'attire l'attention de personne, sauf la mienne. Son regard d'ambre et son sourire sincère ont suffit à me convaincre. Me convaincre que je l'aimais. Elle danse sur la plage, cheveux au vent, ses yeux plongés dans le ciel bleu. Et moi, je reste en retrait, sous l'ombre d'un parasol.
C'est le dernier jour de cette colonie de vacances, ma dernière chance. Il faut que je lui dise quelque chose avant qu'elle parte et m'oublie complètement.
Mais je reste sous mon parasol qui me sert de bouclier. Je me contente de l'observer, incapable de prononcer un seul mot. Et lorsque je la vois se retourner et embrasser un beau jeune homme, je fond telle une glace au soleil. Tous mes espoirs s'envolent. Je sens une larme couler le long de ma joue. Je l'envie, lui, beau, bronzé, musclé et surtout, masculin. Car moi je suis une fille. Une fille qui aime les filles. Enfin, pas une fille qui aime "les filles". Une fille qui aime cette fille. Une fille qui aime. Une fille. Une humaine. Enfin, pas pour tout le monde. Pour certain, je suis juste une pauvre pédé qui doit se suicider pour rendre service à l'humanité. Ils ne se rendent pas compte que certaines personnes le feront. Mais pas moi. Les gens ont besoin qu'on leur dise des choses positives. Les gens dépendent les uns des autres. Alors, écoutez moi, pas ceux qui ne cherchent qu'à vous tirer vers le bas. Vous êtes parfait•es. Ne changez pas, je vous aime. Et je ne suis pas la seule.
En attendant, cette fille qui a conquis mon cœur en une seule semaine est portée telle une mariée par l'autre beau gosse écœurant. Écœurant parce que je sais qu'il ne l'aime pas. Écœurant parce qu'il lui donne de faux espoirs. Ça l'amuse, lui, d'enchaîner les filles en leur brisant le cœur après quelques heures.
Le dernier repas de la colonie. Suivi d'une fête. Cette fille est là. Avec l'autre, là. Le beau gosse écœurant. Le repas se termine dans la joie et la bonne humeur. C'est enfin l'heure de la soirée. Comme je l'avais prévu, je vois cette fille sortir des toilettes, dans lesquelles elle était entrée avec le beau gosse écœurant, en larmes. Je m'approche d'elle et lui pose des questions. Évidemment, j'apprends que Bryan, le fameux beau gosse écœurant, l'a quittée. Je lui demande enfin son nom à elle. Elle me dit qu'elle s'appelle Louise. Louise, quel beau prénom. Je plonge mon regard dans le sien. Elle me souris. Je lui souris.
Instinctivement, je m'approche d'elle et pose mes lèvres sur les siennes. Au moment où je fais cet acte débile, je regrette. J'ai peur de tout foutre en l'air. J'ai peur d'avoir été trop rapide. Un simple échange de numéros aurait suffit. J'ai peur qu'elle ne m'aime pas. J'ai peur.
Mais cette peur se dissipe lorsque je sens la main de Louise caresser mes cheveux. J'aimerais que ce moment dure toujours. J'aimerais qu'elle m'aime. Ce baiser ne prouve rien. Je me retire et attends sa réaction avec une certaine appréhension. Louise me prend la main et se lève. On va continuer la fête. Et hors de question de se cacher. Pourquoi tout le monde aurait le droit de s'embrasser langoureusement devant les autres et pas nous ? Il n'y a aucune raison.
On a le droit aussi.
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