8 décembre
— On se donne rendez-vous à quelle heure ce soir ?
Mary sort Andrew de ses pensées en lui posant la question. Lorsqu'il relève son visage vers elle, elle remarque à quel point il est fermé. Sur celui-ci, des cernes s'affichaient, encore plus présentes que les jours précédents. L'écossais paraissait épuisé.
— Andy, t'es sûr que ça va ?
Elle n'obtient pas la moindre réponse, le brun se contentant de baisser les yeux vers le sol. Elle ne peut empêcher le soupir de franchir la barrière de ses lèvres devant l'état de son ami.
— J'ai donné rendez-vous à Diogo à seize heures juste après la fin de l'entrainement.
Elle se contente de hocher la tête. Avant que le défenseur ne puisse se faire la malle, elle le retient par le poignet.
— Tu peux me parler tu sais.
Le brun ne fait qu'un léger mouvement de tête en retour, mais elle a nettement le temps de voir ses yeux rougis qu'il tente de lui cacher en tournant vivement le regard dans une autre direction. Elle le laisse donc partir sans insister, il était évident qu'il ne voulait pas lui parler de ce qui le tracassait.
— Je suis vraiment obligée de venir ce soir ?
Un regard à sa collègue et elle comprend immédiatement quel est le souci avec son invitation.
— Tu n'as pas parlé avec lui ?
Le silence se fait une seconde avant que Robyn se laisse tomber sur une chaise, les deux mains posées sur son ventre arrondi.
— Si. T'avais raison, il avait pas remarqué.
Elle peut voir l'incompréhension sur le visage de la brune qui lui fait face. Elle lui adresse une moue désolée. Ce n'était pas faute d'avoir tenté de la prévenir. La blonde comprend également mieux la tête du brun ce matin. La découverte avait dû profondément le chambouler.
— Je comprends pas comment il pouvait ne pas avoir remarqué.
La plus âgé hausse les épaules. C'était également difficile à concevoir de sa part, mais le sujet était si sensible chez le brun qu'il était juste possible qu'il n'ait pas voulu voir.
— Et si vous en avez parlé, pourquoi tu ne veux pas venir ce soir ?
Elle voit le visage en face d'elle se déformer légèrement, la tristesse s'y installer. Et puis la colère qui brule dans les yeux noirs de la belle kiné.
— Je le comprends pas Mary. Il a commencé par me rappeler que c'était un accident avec ses questions idiotes et ensuite il s'est juste barré. Il m'a laissée en plan comme une conne dans la salle, j'avais même pas fini de le masser. Je veux bien que je l'avais un peu secoué, mais en même temps, j'ai jamais entendu quelqu'un poser "comment ?" comme question à une telle annonce.
Les prunelles bleutées s'élargissent. Mary ne sait pas quoi faire avec ces deux-là. L'un comme l'autre semblaient incapables de voir ce qu'il se passait. Mais elle ne peut pas lui donner les éléments de la vie privée de son binôme de cuisine. Alors elle réfléchit sans trouver de réelle solution. Dans les yeux de Robyn, elle peut voir les larmes perler.
— Désolée, c'est les hormones. Et puis je vois pas pourquoi j'en fais tout un drame. Je suis qu'une distraction pour lui, il m'oubliera vite fait bien fait quand il changera de club alors je sais pas pourquoi son avis m'importe tant.
Mary était pourtant persuadée du contraire. Parce qu'elle l'avait vu peu de temps après sa rupture, elle avait vu les personnes qui étaient des distractions, et il n'irait pas nager avec elle ou l'inviterait à leurs soirées à chaque fois si elle appartenait à cette catégorie-là.
— Viens ce soir. Tu ne seras pas obligée de lui parler, mais il faudrait que tu discutes avec lui. Il ne va pas bien. Il y a des raisons à son comportement, même si tu ne le comprends pas, mais ce n'est pas à moi de t'en parler.
Les prunelles se lèvent au ciel en réponse.
— Toujours à le protéger. C'est celui le plus joyeux de l'équipe depuis début décembre.
— Parce qu'il fait un concours de pull moche tous les jours ? T'es aussi peu observatrice que lui si t'as pas remarqué qu'il est complétement épuisé et que son sourire disparait dès qu'il pense ne pas être observé.
La porte s'ouvre à la volée avant qu'elle ne puisse répondre. Leurs deux regards se tournent vers Trent qui vient de rentrer dans le couloir, l'écossais sur les talons. Elle note les yeux sombres se posant sur le visage pâle du plus âgé du duo et les traits s'affaissant alors que ses cernes lui apparaissent désormais parfaitement.
— Bienvenue à tous à cette nouvelle soirée du Burned Breakfast Club. Aujourd'hui le thème est Noël portugais et on espère que tout ce qu'on a préparé avec Diogo vous plaira !
— Avant que vous ne commenciez à manger, Cecil j'ai quelque chose pour toi ! Et il va falloir le porter pour le repas.
L'invitation avait été donnée exprès et une des comptables se retrouve un pull de Noël sur les épaules pour la suite du repas. Aussitôt celui-ci enfilé, les différents mets sont apportés. La kiné n'avait pas pu profiter de leur moment cuisine pour discuter, le portugais trainant dans le coin. Elle était néanmoins soulagée, le brun semblant un peu s'égayer en cuisinant les différents plats.
Elle sourit en voyant que Robyn est malgré tout présente. Pourtant, l'ambiance est électrique. Lorsqu'elle a fait son entrée, elle a pu voir le regard du joueur s'attrister fortement et sa façon de détourner le regard, la gêne présente dans ses gestes non naturels. Il passe d'ailleurs une bonne partie de la soirée à discuter avec uniquement ses voisins plutôt que d'engager la conversation avec le reste de la tablée.
Personne ne semble pourtant s'en apercevoir à l'exception de la personne visée qui lance régulièrement des coups d'œil au défenseur. Un léger énervement mêlé de déception s'installe à chaque fois sur son visage quand elle s'aperçoit qu'il n'est pas là pour lui rendre son sourire comme il le faisait auparavant.
Les recettes apportées par l'attaquant sont bonnes et celui-ci raconte des anecdotes sur chacun des mets, faisant découvrir sa culture au reste des invités.
— Est-ce que tu crois que je peux aller me reposer ?
Murmure dans le creux de son oreille. Elle lève la tête vers son amie.
— David me ramène, mais je suis épuisée, normalement je dors déjà à cette heure-là en ce moment et j'ai pas envie de lui gâcher la soirée en rentrant maintenant.
— Je demande à Andy.
Mary ne peut s'empêcher de se demander dans quel état elle va retrouver le brun quand il reviendra quand elle le voit quitter la salle à manger en compagnie de la future maman. Son visage est pourtant étonnamment apaisé quand il revient quelques minutes plus tard. Elle continue de l'observer alors qu'il semble reprendre un peu vie en absence de la brune certainement endormie dans son lit.
Avec ses remarques, l'écossais amuse la tablée, leurs rires résonnant à intervalles réguliers. Elle le détaille, voit ses lèvres qui s'affaissent quand il s'exclut de la conversation. Andrew rendait toujours les autres heureux. Mary allait s'assurer qu'il le soit lui aussi.
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