Le pull qu'Andrew enfile ce jour-là est bleu et blanc. Dessus, des sapins enneigés tranchent sur le ciel étoilé. La météo annonçait un nouveau refroidissement la veille, il en a donc spécifiquement choisi un plus épais. Il met également une paire de gants plus chaude dans son sac. 

La veille, il a profité d'avoir entrainement uniquement l'après-midi pour sortir avec Trent, Virgil et Lucy. Il a été très étonné que Robyn ne se joigne pas à eux. Encore plus qu'il avait choisi le lieu exprès pour lui faire plaisir. Pendant des mois, elle avait insisté à chacune de leurs sorties pour aller dans cette boite de nuit. Alors en lui proposant il pensait qu'elle allait être heureuse. Mais la kiné avec qui il appréciait passer du temps l'avait planté sans même prévenir. 

S'ils n'étaient pas rentrés trop tard, aller boire quelques verres avec ses coéquipiers lui avait changé les idées. Et pour la première fois depuis quelques jours, il s'était endormi comme une masse et ne s'était réveillé qu'à trois reprises pendant la nuit. Il se sentait donc presque en forme ce midi-là lorsqu'il entre dans la salle de restauration pour prendre son repas en compagnie du reste de l'équipe. 

Au loin, il voit qu'un cadeau est déposé devant la place de Kóstas. Connaissant Mary, il devine qu'il doit s'agir de spécialités anglaises de Noël que l'on offre à cette époque de l'année. En plus, il savait que le grec en raffolait.  

Quatre heures plus tard, après avoir fait de la vidéo et s'être entrainé, il est en train de se faire masser par une Robyn étonnamment silencieuse. Il est légèrement étonné. Déjà la veille, c'était David qui avait fini par le masser et il avait eu l'impression que la jeune lui avait demandé de la remplacer. L'écossais ne comprenait pas ce qu'il se passait. Allongé sur le ventre, il n'ouvre pas non plus la bouche pour enclencher la conversation, ne sachant pas trop comment lui faire part de son mécontentement. Après tout, elle avait peut-être eu un empêchement de dernière minute, ou un souci de téléphone. Mais c'était étonnant, car d'habitude, elle insistait toujours jusqu'à être certaine qu'il ait eu le message. 

Lorsqu'elle le plantait parfois pour leur séance de natation qu'ils faisaient une à deux fois par mois, elle lui mettait des messages, puis l'appelait jusqu'à ce qu'il confirme être au courant d'une façon ou d'une autre. 

Il finit par se retrouver allongé sur le dos et voit qu'elle semble éviter son regard qu'il ne peut détacher d'elle. Il ne parle malgré tout pas, n'ayant pas envie que les autres entendent la conversation si elle ne voulait pas en parler devant eux.

Lorsque le dernier joueur quitte la salle, il a l'impression de la voir dérangée d'être uniquement en sa compagnie. Son cœur se serre quelques secondes à cette idée avant qu'il la chasse. Il n'y avait aucune raison que ce soit le cas.

— T'avais un empêchement hier soir ? 

Un soupir passe les lèvres de celle qui se tient face à lui. Un instant, il croit voir de la colère dans ses yeux noirs. Cette idée le rend triste. Il se demande si elle lui en veut ou si c'est lié à autre chose. Beaucoup de joueurs s'étaient blessés récemment et peut-être qu'ils avaient augmenté la pression sur le corps médical dans le club. Il était encore tôt, il pouvait peut-être l'emmener au marché de Noël pour boire un chocolat chaud. Ce genre de boisson déstressait toujours et remontait le moral. 

— Non, j'étais juste pas très en forme...

Il se redresse sur ses coudes. Ses yeux marron glissent sur son visage mais elle ne paraissait pas souffrante.  

— T'étais malade ? Merde, t'aurais dû me dire on aurait changé la date, c'était pas press... 

Le regard semble s'assombrir encore lorsqu'elle le plante dans le sien. Cette fois, il n'y a pas de doute, Robyn semble lui en vouloir. Il ne comprend pas et il se coupe au milieu de sa phrase.

— Je suis pas malade Andy, je suis enceinte. 

À l'entente des mots, le ciel s'abat sur la tête du brun. 

— Que... Quoi ? 

Ses yeux s'agrandissent quand il laisse glisser son regard sur le corps de son amie. Le choc et l'incompréhension s'installent sur son visage. Robyn n'avait pas de petit-ami, il le savait. C'était impossible qu'elle soit enceinte si c'était le cas. 

— Je... Comment ? 

Un rire ironique lui répond. Il la voit monter les yeux au ciel et les rouler de façon exagérée. 

— À ton avis ? 

— Mais... T'es pas...

— Tu fais chier Andy, tu le sais ? Tu peux pas juste me féliciter ? T'es vraiment obligé de rappeler ce que tu sais très bien, qu'il y a pas de père et que c'est une erreur de soirée à la base ?

Les mots énoncés s'insinuent en lui et une tempête s'installe dans son esprit. Les bourrasques réveillent chaque instant où il avait tant rêvé d'un enfant. Il sent la douleur un peu atténuée qui remonte violemment. Ses yeux se noient de larmes et il se lève brusquement. Sans un mot, il quitte la salle en la laissant en plan. 

Il traverse quasiment en courant le site d'entrainement. Des voix l'appellent mais il ne les entend pas. À l'intérieur de son crâne, ses pensées tourbillonnent, les souvenirs remontent et ses peurs le rattrapent. Une fois dans sa voiture, il éclate en sanglots. 

Il ne comprenait pas pourquoi la vie était aussi injuste. Parce que Robyn n'avait même pas eu besoin d'essayer. Elle se retrouvait avec un bébé dont elle ne voulait pas vraiment. Alors que lui, lui, il aurait tout donné pour avoir un enfant, il avait tout essayé pendant des années pour que ce soit le cas et il n'y aurait jamais droit. 

promis après ça devient moins triste, parce que c'est quand même une fic de noël à la base ahah