25 décembre

Lorsqu'Andy se réveille ce matin-là, il dévale les escaliers de la maison familiale en Écosse. Son sourire éclate sur son visage quand il retrouve ses parents dans le salon, les cadeaux posés devant le sapin bien décoré. Il s'installe dans un des fauteuils de la pièce, récupérant une tasse et se servant du thé. La veille au soir, il a mangé en leur compagnie et ils attendent le reste de la famille pour ouvrir leur cadeau avant qu'oncles, tantes, cousins et grands-parents les rejoignent.

— Toujours autant à faire la grasse mat Martin ?

— Tu connais ton frère, il n'a pas encore changé sur ce point !

Les rires résonnent pendant quelques secondes avant qu'ils ne l'entendent grogner depuis la chambre contiguë alors qu'il a été appelé. Il lui faut quelques minutes pour les rejoindre à son tour, les cheveux complètement décoiffés, les traits tirés et le visage bougon.

— On t'attendait pour les cadeaux !

— Vous auriez pu attendre encore une demi-heure je trouve.

Il se laisse lourdement tomber dans le canapé devant trois paires d'yeux amusées.

— On a encore une partie du repas à préparer après.

Le repas en petit comité de la veille au soir était simple mais toujours aussi sympathique. Voir sa famille est quelque chose qui manque beaucoup à celui qui a toujours du mal à quitter Liverpool alors que ses parents et son frère sont tous en Écosse dans leur petite ville toute l'année. Il sait qu'ils se retrouvent régulièrement pour des repas, soirées ou week-ends et c'est quelque chose qu'il jalouse un peu de son côté. Alors il profite des fêtes, regrettant le calendrier bien trop chargé du championnat en cette période de l'année. Dès demain, il sait qu'il devra être de retour à Anfield, alors qu'il donnerait tout pour pouvoir passer une semaine en leur compagnie ou à couper du sport pour se recentrer sur lui et ses proches comme le font nombre de personnes en cette période de l'année.

— J'espère que ça va être bon Andy en tout cas. Tous nos espoirs reposent sur toi.

— N'importe quoi, maman aussi a cuisiné.

— Oui, mais t'es responsable de la buche et comme tu le sais, je me contenterais bien d'uniquement cette partie du repas.

Il se met à rire alors qu'il avait oublié à quel point son frère ne pensait qu'aux desserts à toute heure de la journée.

— Ne t'inquiète pas, il y en a une au chocolat.

— Je sais.

L'étonnement s'installe sur son visage alors qu'il ne comprend pas. Il n'était pas là quand il l'avait confectionné la veille en début de matinée et ils n'en avaient pas parlé une seule seconde.

— Comment ça tu sais ?

L'air qui se peint sur les traits de son frère est faussement innocent alors que ses lèvres s'étirent en un petit sourire malicieux. Il se demande ce qu'il a encore fabriqué et craint pendant quelques secondes le pire.

— J'ai fait le tour des frigos pour les trouver.

— J'espère que t'as pas mangé la mousse restante pour les terminer.

— Moi ? J'aurais osé faire ça ?! Mais pour qui me prends-tu ?!!

Il le pousse légèrement alors qu'il espère qu'il n'a pas craqué. Il connaissait peu de personnes aussi accros au chocolat que son cadet. Il n'aurait donc même pas été étonné qu'il se soit servi dans la petite boite contenant le reste. Quelques années en arrière, nul doute qu'il l'aurait fait sans la moindre arrière-pensée. Heureusement, il avait désormais grandi et parvenait un peu plus à se contrôler.

De toute la période de décembre et de Noël, l'ambiance familiale du repas du vingt-cinq midi en compagnie de l'intégralité de sa famille est ce que préfère Andy. Il ne cesse donc de rire, s'amuser et être heureux en compagnie de sa famille. Il profite de sa présence pour réellement discuter et ressouder les liens avec ses cousins qu'il ne voit plus forcément régulièrement malgré des âges très rapprochés. Mais désormais un peu éclatés sur toute la surface de la Grande-Bretagne pour les études ou le travail, c'est beaucoup plus compliqué pour eux de se voir.

Joyeux Noël Andy ! J'espère que tu passes une bonne journée :)

La notification s'affiche sur son téléphone posé non loin de lui. Ce n'est qu'une parmi d'autres auxquelles il n'a pas prêté attention mais cette fois-ci, il se saisit de son téléphone pour la première fois du repas. Le prénom de Robyn apparait nettement au-dessus du sms reçu et il ouvre son téléphone sur le champ.

Joyeux Noël à toi aussi ! Je suis en famille, j'en profite c'est tellement rare !! T'as passé une bonne soirée hier ? T'as pas une crise de foie ?

Il sait pour en avoir discuté avec elle lors des derniers jours que c'est le vingt-quatre qui est important chez elle. Il a tenté de la convaincre que c'est moche de fêter Noël ce jour-là mais elle s'est contentée de rigoler.

Non haha ! Je me suis arrêtée de manger des chocolats à temps ! Horrible n'empêche de voir les autres manger des huitres et d'en être privée :( Je suis encore en famille ce midi, je suis trop trop fatiguée d'avoir veillé hier. Je vais mettre une semaine à m'en remettre.

Beurk les huitres, ça m'aurait pas manqué moi ! T'inquiète je t'en ramènerai dès que t'auras accouché !! Surtout qu'ensuite faut que t'enchaines avec le nouvel an !

Les infirmières vont pas être contente si toute la maternité pue la mer à cause de toi ! Je pense pas faire le nouvel an. J'en avais un, mais il colle pas à mon état je crois. Je vais me reposer.

Son sourire devient amusé alors qu'il lit le début de réponse. Puis tombe un peu à l'idée émise sur la fin. Il commence à répondre quand une voix résonne dans son oreille.

— C'est qui cette Robyn ?

Il lâche son téléphone qui s'écrase dans un grand bruit dans son assiette. Il tente ensuite de fermer l'écran pour que son frère ne puisse pas voir les messages qu'il est en train d'envoyer. Ses joues se mettent à le brûler et il a conscience que son visage doit désormais être cramoisi.

— C'est personne.

Il bafouille et est soulagé quand il voit qu'aucun de ses cousins n'a relevé la remarque et la situation, tous bien trop occupés à rire d'une histoire invraisemblable racontée par un de leurs oncles. Leur tante ne cesse de le recadrer tant il exagère les différentes situations et éléments de celle-ci. Il regrette presque de s'être trop perdue avec Robyn pour avoir pu profiter de ce spectacle qu'il aime tant regarder.

— C'est cela ouais. Certainement pour ça que tu te retrouves avec ton portable greffé à la main depuis qu'elle t'a mis un message.

Il baisse les yeux alors que les yeux perçants et aussi bleus que les siens sont chocolat se posent sur lui.

 — C'est très récent et...

Un franc sourire s'installe sur le visage de son frangin à cette réponse et ses propres lèvres s'étirent en réponse.

— On en parlera plus tard si tu veux. Je suis heureux que tu aies retrouvé quelqu'un.

Il comprend les mots sous-entendus, ceux qu'il ne prononce pas mais qui planent dans l'air. Son frère avait toujours cru qu'il retrouverait quelqu'un même quand lui-même ni croyait plus. Alors il sait qu'il est forcément heureux pour lui qu'il se soit laissé le droit de croire qu'il y avait également le droit. Il sait que quand il l'annoncera à ses parents, eux aussi seront certainement plus qu'heureux pour lui. Ce ne sera pas aujourd'hui, c'est beaucoup trop récent. Mais quand il partage un sourire complice avec Martin, il sent son cœur qui bat légèrement et le bonheur qui gonfle son cœur. Il se gorge un peu plus de bonheur quand dix minutes plus tard, son écran s'illumine de nouveau et que quand il s'en saisit devant les prunelles malicieuses de son cadet, le message que Robyn vient de lui envoyer égaye encore un peu plus sa déjà si parfaite journée.

Bien sûr que je veux bien passer mon nouvel an à boire du champomy avec toi en regardant un film cucul !

8 ans plus tard.

Mary sourit quand elle voit Andy et Robyn entrer dans la salle accompagnés d'un jeune adolescent. Elle laisse ses yeux clairs trainer sur le métisse qui vient la serrer dans ses bras avant que ses parents ne fassent la même chose. Elle est heureuse d'avoir réussi à les convaincre eux aussi de participer. Andy est important pour les écossais, sa présence est donc d'autant plus source de bonheur pour les présents à cette soirée.

— Comment va la jeune retraitée ?

— Je suis bien occupée, comme tu peux le voir !

Robyn n'a pas le temps de lui répondre que celui qui l'accompagne la prend une seconde dans ses bras avant de lui adresser un grand sourire. Elle secoue la tête quand elle remarque le pull de Noël qu'il porte. Il est assorti à celui de la kinésithérapeute et un soupir amusé franchit la barrière de ses lèvres. Avant qu'elle puisse faire une remarque sur cet habillement et le fait qu'elle semble céder aux frasques de son compagnon, elle est coupé par celui-ci.

— J'ai ramené quatre buches pour le dessert où est-ce que je peux les terminer ?

Elle indique une table à l'ancien footballeur dont les cheveux sont désormais grisonnants. Son cœur ramollit quand elle voit son bras glissé autour de l'épaule du jeune alors qu'il le guide de derrière dans la cuisine. Elle ne peut empêcher ses lèvres de s'étirer encore un peu plus quand elle peut voir sa bouche se mettre à parler doucement alors qu'il semble expliquer quelque chose à celui qu'il élève aux côtés de la kiné depuis une dizaine d'années. C'est délicatement qu'il lui montre comment placer le chocolat sur la buche avec une spatule avant de commencer à faire la même chose sur celle d'à côté. Le nez de l'enfant se fronce de la même façon que celui d'Andrew alors que leurs deux visages sont marqués par la concentration.

— Ils se ressemblent tellement.

Les mots lui échappent et lorsqu'elle tourne la tête, elle tombe sur Robyn perdue dans son admiration des deux garçons, les prunelles sombres emplies d'amour et de bonheur.

— Je sais. Il a pris absolument toutes ses mimiques c'en est même parfois énervant.

Elle rit de la moue présente sur le visage de la brune. Celle-ci disparait sur le champ quand l'ancien sportif revient vers elle et enveloppe son épaule de son bras avant de se perdre dans son observation du jeune terminant les deux dernières buches quelques mètres plus loin. Mary peut lire l'immense fierté présente sur l'intégralité de ses traits alors qu'il le regarde cuisiner avec autant de précision que lui-même le fait. Quand elle voit le brun poser ses lèvres sur le côté du front de sa compagne, elle ne regrette pas une seconde de les avoir parfois un peu secoués des années plus tôt. Parce qu'ils s'étaient parfaitement trouvés et elle savait qu'à travers l'autre, ils avaient trouvé une part de bonheur qu'ils pensaient tous deux ne plus jamais obtenir. 

11 ans plus tard.

— Joyeux Noël !

Robyn est réveillée par une légère caresse sur sa joue suivie d'une bouche doucement déposée sur la sienne quand elle approche son visage d'Andy quelques secondes plus tard.

— Joyeux Noël Andy !

Elle vient se glisser dans ses bras, glissant sa tête dans le creux du cou de son compagnon alors qu'il la serre fort contre lui. Des cris résonnent plus loin dans la maison, les tirant des bras de l'autre alors qu'elle entend la fois de son fils qui résonne.

— On arrive. Prépare-nous un thé si t'es si pressé, on ira plus vite au cadeau quand on se lèvera comme ça !

Elle rit de la réponse de l'écossais alors qu'elle entend les grommellements de l'adolescent en réponse. Pourtant, il relâche alors son étreinte et elle a immédiatement froid là où elle était pressée contre lui et où ses mains reposaient quelques secondes plus tôt. Elle soupire en le voyant enfiler un pull de Noël affreux, certainement le pire qu'il ait jamais porté. C'était un cadeau de Mary, elle la retenait ! Bientôt, elle entend les éclats de rire dans le salon alors qu'elle imagine la scène de son fils riant aux éclats devant le pull qui s'illuminait et faisait également de la musique apparemment.

Elle les rejoint bientôt, prenant une tasse fumante tendue par l'adolescent après qu'elle l'ait serrée dans ses bras pour lui souhaiter un joyeux Noël à lui aussi. Ce jour-là, comme tous les ans depuis onze ans, elle pense à la chance qu'elle a d'avoir dans sa vie les deux personnes en train de chahuter pour mettre la paire de chaussons la plus ridicule des deux. Leurs éclats de rire se mêlent et s'élèvent dans le salon de la maison qu'ils ont rénovée à deux alors que le petit avait un an. Ils y avaient emménagé au début de décembre suivant, refaisant du dernier mois de l'année le mois préféré de l'écossais.

Les journées peinture s'étaient souvent terminées recouvert de couleurs de la tête aux pieds. Quand elle y repensait, il s'agissait de certains des plus beaux souvenirs de sa vie : Andy, elle et leurs amis les aidant en revenant de l'entrainement. Mais ils n'étaient pas au niveau de tous ceux passés à trois alors que le brun effaçait ses doutes sur la place qu'il pouvait prendre dans sa vie en se levant quand son fils pleurait au milieu de la nuit. Et ce matin-là, quand elle pense à la lettre signée d'elle et celui qui l'appelle papa depuis le tout début de sa vie, elle sait qu'elle ne pourra pas faire de plus beau cadeau que celui-là à Andy. Mais qu'il devienne leur fils est presque une évidence, parce qu'à ses yeux, il l'avait été à l'instant même où il avait été là pour elle, avait cru en une histoire pour eux deux et avait remplacé il y a des années l'idée de ne plus jamais retrouver quelqu'un alors qu'elle serait mère-célibataire et d'être perdue seule sans savoir comment agir, ce qui était sa plus grande peur, par un immense bonheur. 

et voilà, c'est ici que se termine IL EST OÙ LE BONHEUR ? J'espère que cette histoire de Noël vous aura plu. Hésitez pas à faire des retours.

Je vous dis à bientôt sur mes histoires en cours (que je vais enfin pouvoir reprendre & peut-être terminer) ou sur celles qui arriveront prochainement par ici (dont certaines où on retrouvera certainement nos héros).

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