10 décembre
Ce matin-là, Robyn se lève avec une douleur dans le bas du dos. C'était souvent le cas, depuis quelques semaines. Elle savait que Mary avait raison et qu'elle devrait se mettre au repos mais elle n'arrivait pas à le faire. Elle aimait trop son métier pour songer à s'arrêter. Et puis, que ferait-elle toute la journée à tourner en rond chez elle ?
Alors elle enfile un gros manteau et quitte sa petite maison pour le club où elle travaille depuis quelques années. Liverpool avait été les premiers à l'engager. Elle avait été à l'époque très étonnée. En effet, elle était jeune et manquait d'expérience à ses yeux. Mais elle avait été parfaitement accueillie et après quelques mois, elle nouait déjà de fortes relations avec ses collègues et quelques joueurs.
C'est pour cette raison que les réactions d'Andy la décevaient profondément. Parce qu'un instant, Robyn avait cru qu'il était un ami. Et un ami aurait dû se réjouir pour elle. Elle s'était certainement trompée.
Quand elle arrive, elle voit Trent au loin. Elle change de direction au dernier moment alors qu'elle voulait le saluer pour éviter le brun qui le rejoint à ce moment-là. Elle se replie en direction de sa salle et commence à préparer ses affaires.
— Je le fais, assieds-toi et repose-toi. T'auras bien besoin de tes forces pour plus tard.
Elle a tellement mal au dos qu'elle accepte pour une fois la proposition de Mary qui vient d'entrer dans la pièce.
— Il t'a parlé depuis la soirée ?
Elle hoche négativement la tête, sachant exactement à qui elle fait référence. Son cœur se serre une seconde quand elle pense au brun. Au brun et à son absence totale d'empathie depuis quelques jours.
Une main frappant sur la porte la sort de sa rêverie. Elle tourne la tête pour reconnaitre le visage du défenseur se tenant dans l'encadrement de la porte.
— Tu viendrais avec moi au marché de Noël ? Je connais un endroit où ils font des chocolats chauds avec des guimauves.
Sa colère envers lui remonte. Elle est si grosse qu'elle a envie de lui dire d'aller se faire voir. Mais elle peut lire une telle incertitude et crainte dans son regard marron quand elle le croise qu'elle hoche la tête. Et puis, une certaine joie s'était insinuée en elle. Elle ne lui avait parlé qu'une seule fois de son amour pour les chocolats chauds avec des guimauves et il ne semblait pas l'avoir oublié.
— On prend ma voiture ?
Il ne lui laisse pas vraiment le choix, lui ouvrant la portière. Elle hésite une seconde. Si ça ne se passait pas bien elle serait bloquée avec lui, sans aucun moyen de rentrer chez elle. Mais il était de moins en moins agréable de conduire avec son ventre grossissant de jour en jour.
Lorsqu'il sort de la voiture, elle le voit enfiler un gros bonnet bleu et blanc et une paire de moufles en laine. Elle note avec attention qu'elle ne l'avait jamais vu porter un tel bonnet, surtout qu'avec un tel pompon, elle s'en serait souvenu. Il semble comprendre ce qu'elle était en train de regarder.
— C'est Mary qui me l'a tricoté, pour aller avec son cadeau de l'année dernière, aux couleurs de l'Écosse.
Il lève ses mains pour lui montrer ce qui les recouvre. Elle ignorait qu'il s'agissait d'un cadeau de sa collègue même si elle aurait dû s'en douter. Un sourire non surfait semble s'étaler sur son visage. Une nouvelle fois, elle ne le comprend pas vraiment. Comment parvenait-il à faire semblant que tout allait bien entre eux alors qu'il était évident que ce n'était pas le cas ?
Ils traversent silencieusement le marché. Les lumières se reflètent dans leurs pupilles les faisant doucement briller. Elle observe le brun à la dérobée. Par instant, elle voit son visage s'émerveiller d'un détail. Pourtant, elle continue de remarquer les cernes dont son amie lui a parlé. Le dessous de ses yeux est bleuté et les traits de son visage laissent transparaître sa fatigue.
La foule finit par se faire un peu plus dense et elle se fait bousculer à quelques reprises. Elle titube une seconde avant qu'une main vienne l'envelopper. Elle reste déposée sur son épaule alors que le brun semble la protéger de la foule tout en avançant. Elle évite de penser à ce corps un peu trop collé au sien.
Elle évite d'y penser parce qu'elle ne veut plus se faire de faux espoirs. Elle avait cru pendant un temps qu'Andy aurait pu être intéressé. Elle avait cru lire des choses dans son regard, dans sa façon de toujours l'inviter, de s'inquiéter pour elle ou de l'écouter quand ils discutaient. Peut-être qu'il lui plaisait, mais il plaisait certainement à trop de personnes et elle n'était rien, elle la petite kiné, en comparaison avec lui, le capitaine écossais. Mais à présent, elle n'était même plus sûre qu'il puisse appartenir à la catégorie des amis.
Mais il l'était peut-être, alors qu'il lui tendait sa boisson chocolatée en lui souriant gentiment.
— On va s'asseoir ?
Elle est entrainée à l'écart. Autour d'eux, la foule ne semble pas leur prêter attention ou les remarquer. En même temps, il reste difficilement reconnaissable emmitouflé dans sa grosse écharpe et avec son bonnet. La chaleur de la boisson la réchauffe et son goût la remplie de joie. Elle aimait tant boire des chocolats chauds, encore plus en cette saison.
— Je suis désolé.
Le silence était présent depuis quelques minutes mais il n'était pas pesant comme d'autres fois quand il est brisé. Elle tourne ses prunelles noires vers son interlocuteur.
— Mary m'a dit que je t'avais blessée. Alors je suis désolé. C'était pas fait exprès.
Ses yeux s'arrondissent sous les mots. En face, l'écossais a le regard baissé et elle comprend immédiatement qu'il ne sait pas réellement pourquoi il doit s'excuser. Lorsqu'il relève timidement ses iris, elle perd ses mots et sa colère s'évanouie. Elle sait qu'il est sincère et l'incompréhension la gagne. Elle est juste perdue devant le brun et ses différentes réactions depuis plusieurs jours. Elle papillonne à plusieurs reprises des yeux cherchant des mots en réponse.
— Merci pour tes excuses j'imagine.
Sa voix est plus froide qu'elle ne le voudrait et, en face, le brun fronce son nez. Elle le voit hésiter avant de reparler.
— C'était pas contre toi. Je suis juste jaloux, je crois.
Son rire éclate à l'entente de la phrase. La conversation entamée n'avait aucun sens.
— Jaloux ?! Mais de quoi ?
Il n'avait pas à être jaloux. De quoi pourrait-il être jaloux du haut de son piédestal ? Pendant un long moment, elle a l'impression que le brun est en réflexion et prêt à fuir devant elle une nouvelle fois.
— Que tu couches une fois avec un gars sans te protéger et que tu te retrouves avec un gosse dans le bide dont tu voulais même pas.
Les mots prononcés la pétrifient et elle a l'impression de s'être fait gifler. Elle s'apprête à répliquer avant de s'apercevoir que le brun n'a pas terminé de parler.
— Alors que moi...
La voix craque et les sanglots étranglent la gorge empêchant la suite de la phrase d'être prononcée. Les prunelles qui croisent les siennes sont remplies de larmes qui se mettent à rouler sur les joues pâles bien rapidement. La colère montée sous la violence des mots redescend immédiatement à cette vue.
— Alors que toi quoi Andrew ?
Elle éloigne l'idée d'une blague sur le fait qu'il ne risquait de son côté pas de se retrouver avec un bébé dans le ventre s'il ne se protégeait pas, parce que l'instant n'avait pas l'air d'être propices aux blagues. Parce qu'elle lit une immense souffrance dans ses yeux. Celle qu'elle avait aperçue sans le vouloir vraiment le jour où elle lui avait annoncé. Celle qu'elle ne comprenait pas et dont Mary lui avait pourtant parlé.
— Alors que moi j'ai essayé pendant cinq ans avec ma fiancée et qu'elle s'est barrée quand elle a fini par comprendre que c'était moi le problème.
Le corps assis à côté du sien est secoué par les sanglots et elle l'attire dans ses bras avant même de réfléchir. Quand elle sent les regards qui se retournent dans leur direction, elle décide qu'il est temps de disparaître. Ses doigts glissent doucement dans les mèches du brun dépassant de son bonnet et elle lui murmure dans le creux de l'oreille.
— Viens, on rentre.
Si elle ne comprenait pas encore tout, elle avait compris que le sujet était particulièrement douloureux. Et peut-être que malgré toutes les questions qui tourbillonnaient dans son esprit, elle était un peu plus heureuse parce que c'était à elle qu'il venait de se confier. Et il semblait évident que c'était pour lui un morceau de sa vie privée difficile à partager.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top