Chapitre 1 : Tout commence par un aveu

- Je suis homosexuel. Affirmai-je à mon manager.

Je déglutis. Toutefois, mon regard ne quitta pas le sien et je continuai à le fixer intensément, sûr de moi. Du moins, en apparence. Il me rendit mon regard insistant très rapidement. Puis, lentement, un sourire vint étirer ses lèvres.

- Je sais.

Sa voix n'était pas dure, mais elle n'était pas douce non plus. Mon corps tressaillit très légèrement à l'entente de ces deux mots. Il savait ? Comment savait-il ? Je ne l'avais jamais avoué à personne. Bien que troublé, je gardai le visage levé, mes yeux rivés aux siens. Un échange de regards aussi appuyé était des plus rares pour moi, je n'aimais pas ça. Mais maintenant, je devais assumer ce que j'étais, ce que je pensais et ce que je voulais. Pas question d'abandonner ma bonne résolution en cours de route.

- Co ... Comment avez-vous ...

Ma voix tremblait un peu, même si je tentais de la contrôler. J'étais déstabilisé par cet homme en face de moi. Il agissait d'une manière que je ne comprenais pas. Il me mettait mal à l'aise.

- Je suis ton manager, Min Yoongi. Je ferais bien mal mon travail si je n'avais pas compris ça.

Je résistai à l'envie de baisser la tête. À demi vaincu, mes yeux quittèrent les siens pour s'accrocher au tableau derrière lui. Son attitude me mettait mal à l'aise. Je m'étais préparé à des cris, des insultes, des reproches. Mais là, rien. Il était calme. Froidement calme. Il ne souriait pas, mais son visage n'était pas contrarié. Il était neutre voire légèrement froid, mais ça n'allait pas plus loin. Il ne me montrait pas qu'il était mécontent, mais il ne me montrait pas le contraire non plus. Non, je ne savais vraiment pas ce qu'il en pensait, ni comment je devais réagir. J'avais vraiment pensé qu'il le prendrait avec violence et que je risquais de me faire virer. Une idole de kpop gay ? Laissez-moi rire. Si ça se savait, c'était la fin de sa carrière.

Mes yeux retombèrent sur lui. Il me fixait toujours, lui. Il cherchait sûrement à ce que je lui réponde. Mais j'étais trop troublé pour ça. Je me posais tout un tas de questions. Comment l'avait-il vu ? Je ne savais pas qu'il était aussi observateur. Pourtant, je faisais très attention avec les autres. Enfin, de toute façon, avec les autres, c'était différent, ils étaient comme mes frères. Mon homosexualité n'influençait en rien la relation que je pouvais avoir avec chacun d'eux. Alors, comment avait-il compris ça ? Et pourquoi ne m'avait-il rien dit ? Voulait-il me garder malgré tout ? Et, si lui avait pu le voir, était-il le seul ? Quelqu'un d'autre avait-il pu faire la même observation ? Je déglutis à nouveau. Je plongeai encore mon regard dans le sien, perturbé.

- Qu'attends-tu de moi ? Me demanda-t-il.

- Je ... Je ne ...

- Si tu es là, c'est pour une raison, n'est-ce pas ? Tu attends forcément quelque chose pour être venu me l'annoncer. Tu ne risquerais pas ta carrière juste pour que je sois au courant.

Je le regardai, hébété. Qu'est-ce que j'attendais de lui ? Je n'en savais rien. Je voulais me libérer d'un poids, peut-être bien. Juste pouvoir le dire à une seule personne sur cette planète. Et c'était lui que j'avais désigné. Est-ce que j'attendais autre chose de cet aveu ? Je n'en savais rien. Il reprit, toujours sur le même ton neutre tirant un peu vers le froid.

- Tu veux en faire une annonce publique ?

Je me mis à secouer vigoureusement la tête à cette question. Mes joues rosirent un peu à l'idée que le monde entier connaisse mon secret. C'était bien trop honteux et gênant pour que je veuille l'affirmer publiquement. Je pris mon courage à deux mains pour enfin lui répondre.

- Je ... J'aimerais ... encore faire du chemin ... avec eux.

Eux, mes camarades, mes collègues, mes amis, ma seconde famille. Ces six petites têtes avec lesquelles je travaillais depuis trois ans maintenant, sans compter notre période d'entraînement. Je tenais à eux, je tenais au groupe, je tenais à ma carrière et à mes fans. Je tenais à la vie que je menais, je ne voulais pas tout perdre.

D'un coup, je me sentis extrêmement stupide d'être venu ici pour balancer ça comme ça. Dans le fond, qu'est-ce que ça m'apportait ? Rien. Rien du tout. Peut-être que dans le fond, je ne cherchais qu'une approbation, quelqu'un qui me dirait "Ce n'est pas grave, continuons l'aventure quand même, ça n'a aucune importance.". Mais pour l'instant, je ne devais pas être tombé sur cette personne.

- Alors, que veux-tu ?

- Je ... je ne sais pas. Je voulais juste ... être honnête avec vous.

Je déglutis encore une fois. Sans m'en rendre compte, j'avais cette fois baissé la tête, mort de honte. Si je ne pleurais pas, je sentais un tremblement perceptible dans ma voix. Les larmes étaient lentement en train de monter, sans que je ne puisse les combattre. Le silence s'installa quelques secondes.

- Si ... si vous désirez m'écarter du groupe, je ... je comprendrais. Finis-je par dire lentement.

Je ne relevai pas la tête, ayant trop peur de sa réaction. J'avais peur de voir un sourire se dessiner sur son visage, et que ses yeux me disent "Bien sûr que tu vas être viré !". Je n'entendis rien, pas un seul mouvement de sa part, ni le moindre commentaire. J'étais anxieux. Je regrettais tellement d'avoir fait ça sur un coup de tête.

- Tu veux partir ?

- Non.

- Alors je ne te virerai pas.

Un soulagement intense vint bercer mon ventre auparavant torturé par une douleur intense. Il n'allait pas me mettre à la porte. J'avais encore ma chance dans ce monde. Je soupirai discrètement. J'allais le remercier quand il reprit la parole.

- Tu es sûr de ne rien vouloir d'autre ?

Je relevai la tête vers lui. Ma gorge était un peu moins nouée, mais j'avais toujours l'impression d'étouffer. C'était une sensation horrible. Je réfléchis à toute vitesse malgré mon état. J'avais bien une idée, mais je n'étais pas certains qu'elle soit bonne. Toutefois, je me lançai.

- Est-ce que ... Est-ce que je peux le dire aux autres ?

Après tout, ils vivaient avec moi. Nous passions nos journées ensemble. Je devais leur dire, non ? Me taire devenait de plus en plus lourd. J'avais l'impression d'être un monstre. Et si l'un d'eux me rejetait ? S'ils ne voulaient plus se tenir à mes côtés ? J'avais peur de ça, mais je ne pouvais plus le garder pour moi. Même si c'était mal vu ici, j'avais besoin de leur dire.

- Es-tu prêt pour ça ?

- Je ... crois.

- Alors fais ce que tu trouves le plus juste. Mais en-dehors de vous sept, personne ne doit le savoir, si tu veux continuer dans ce groupe.

- D'accord.

Je le regardai fixement. J'étais soulagé d'un poids supplémentaire. Maintenant, qu'allait-il se passer ?

- Si c'était tout ce que tu voulais, tu peux y aller. J'ai encore du travail.

Je m'inclinai devant lui pour le saluer. Avant de me mettre en mouvement, je le remerciai timidement et finis par quitter la pièce. Je ne savais pas ce que je devais penser de cette conversation. S'était-elle réellement bien passée, au final ? Je n'avais pas pris d'insultes, j'avais encore ma place auprès de mes camarades. Mais il n'avait pas été chaleureux pour autant. Est-ce que je le dégoûtais ? Il ne l'avait pas laissé paraître, mais peut-être que ...

Tremblant, je retournai au dortoir où m'attendaient mes amis. J'allais devoir rassembler tout mon courage pour leur dire. Je ne savais pas si je voulais attendre ou si je voulais le faire dans l'immédiat. J'avais vraiment peur de leurs réactions à tous. Je me sentais sale.

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