Chapitre 4
Bien qu'il soit mignon, le un mètre soixante-cinq d'Alexander lui avait beaucoup desservi auprès de la gent féminine. Hormis une ou deux histoires sans lendemain lors de sa vingtième année, sa seule et unique romance fut avec Lysa Janss. Il l'avait rencontrée par hasard, lorsque celle-ci fêtait ses dix-huit ans, cinq ans auparavant. Conquis par sa beauté, il était rapidement tombé sous le charme de cette gentille jeune fille. Elle était la première à l'accepter et, probablement par manque de confiance en lui, il avait presque tout subi au fil des années. C'est elle qui avait choisi ses meubles, alors qu'elle refusait de quitter le domicile familial avant le mariage. C'est elle qui le traînait à des soirées bruyantes alors qu'il détestait le monde. C'est elle qui jugeait son alimentation, alors qu'elle ne vivait que de régimes douteux trouvés dans des magazines. C'est elle qui ne l'avait pas accompagné aux funérailles de ses parents car elle ne voulait pas rater les ventes privées organisées par sa boutique préférée. Elle ... À quel moment avait-il cessé de l'aimer aveuglément ? Si Alex était honnête avec lui-même, il n'avait pas été malheureux avec Lysa, mais pas heureux pour autant. Tourner cette page était un défi qu'il se devait de relever au plus vite. Il ne pouvait pas continuer à se laisser maltraiter de la sorte.
À l'annonce de leur rupture, Lysa cria. L'insultant de tous les noms, elle le gifla violemment.
—Mes parents avaient raison, je n'aurais jamais dû rester avec toi. Et dire que j'espérais t'épouser!
L'informaticien ne répondit pas et la laissa partir. Mettre un terme à des années de relation n'était pas une partie de plaisir, bien qu'il ait senti instantanément un poids quitter son cœur. Il allait enfin pouvoir vivre pour lui.
Stefaniel ne se montra qu'après le départ de Lysa, ne souhaitant pas empirer la situation.
—Tout va bien ?
—Oui, je me sens étrangement mieux. Tu sais ce que je vais faire ? Changer ce canapé et ce lustre. Elle les avait choisis et, mon Dieu, je les déteste !
Il rit sincèrement, pour la première fois depuis bien trop longtemps.
Après une longue discussion et l'accord de son patron, Alexander venait d'obtenir une année sabbatique. Il pensait l'utiliser à la fois à des fins thérapeutiques mais aussi de réflexion. Bien que l'envie de devenir développeur indépendant le démangeait, il n'avait jamais eu le courage de se lancer dans l'aventure. Cette fois, il allait avoir l'opportunité de réfléchir calmement et en profondeur. Avait—il les épaules pour devenir auto-entrepreneur ? Était-il assez doué pour réussir ? Pourrait-il financer un tel projet ? Un an. Il avait un an pour faire le point. La perspective d'un nouveau départ le fit sourire.
Lorsqu'il rentra chez lui, il retrouva Stefaniel assoupi sur le canapé. Il lui semblait que les anges ne dormaient pas, mais pourquoi pas. Il se déchaussa et s'assit sur l'accoudoir du sofa afin d'observer le céleste. Ce dernier était très bel homme, ce qui était probablement monnaie courante pour un ange. Il se demanda alors s'il avait vraiment des ailes et à quoi elles pouvaient ressembler. Son gardien semblait paisible. À quoi pouvait-il bien rêver ? Quel était la vie d'un ange en dehors de ses missions terrestres ? Il fut interrompu dans ses pensées par deux orbes saphir qui le fixaient.
—Tu m'as fait peur, je pensais que tu dormais.
L'ange s'assit.
—Les anges ne dorment pas, tu le sais bien. Je méditais pour passer le temps en ton absence. Tu avais l'air concentré sur ma personne. Un problème ?
Alex se sentit légèrement embarrassé d'avoir été surpris en flagrant délit.
—Je me demandais juste comment les anges vivaient et comment vous occupiez votre éternité.
Stefaniel leva un sourcil surpris. Rare étaient les humains qui s'intéressaient à ce genre de chose. La plupart avait des interrogations bien moins décentes.
—Les chérubins passent quatre-vingt-dix pour cents de leur temps à s'amuser au Paradis. Les dix pourcents restant ils aident les humains à trouver l'amour. Ils sont autant attachants qu'épuisants.
Le jeune homme ricana.
—Pour les archanges, je n'en sais rien, on ne les voit jamais. Les anges, eux, passent leur existence à écouter les prières tout en déambulant dans le Paradis. Parfois, il leur est permis de descendre sur Terre pour les exaucer. Et puis ... Et puis il y a les séraphins, comme moi. Nous surveillons le Paradis et descendons sur Terre à chaque fois que l'on nous en donne l'ordre ou, bien sûr, si l'on est invoqué.
Le céleste remarqua l'air concentré de son protégé. Un léger rire inattendu s'échappa de ses lèvres.
—En plusieurs millénaires, tu es le premier humain à être si passionné par ce que je raconte.
Alex sourit.
—Je te crois car tu ne peux pas mentir, mais je suis tout de même étonné. C'est une chance d'avoir l'opportunité d'avoir de telles discussions.
—Tu es un humain étrange Alexander.
Ce dernier haussa les épaules et alla se préparer un thé. Parmi ses bonnes résolutions, il avait décidé d'arrêter définitivement le café, dont il avait toujours détesté le goût.
—Stef'? Tu en veux un ?
—Pourquoi es-tu si gentil envers moi ?
L'informaticien se retourna, surpris par cette question.
—Pourquoi pas ? Je veux dire, même si c'est ton travail, tu es coincé avec moi pendant un an, loin de chez toi, dans un petit appartement de centre-ville. Grâce à toi, j'ai réussi à sortir à nouveau. Chaque jour, tu m'aides à combattre mes démons et à faire mon deuil. Tu m'as sauvé la vie Stefaniel. Alors s'il y a bien une personne avec laquelle j'ai envie d'être gentil, c'est bien toi. Puis, même si au début tu m'impressionnais, je t'aime bien en fait.
—Alexander ... Tu sais qu'au cours des millénaires, j'ai dû commettre certaines actions que ...
—Je ne veux pas savoir tu sais. Je n'en ai pas besoin. Je ne suis pas stupide au point de croire qu'en des milliers d'années tu n'as jamais eu à tuer ou à torturer. Je me doute qu'à l'image des humains, les anges doivent probablement avoir des remords et des regrets. Je suppose aussi que vous n'avez jamais le choix.
Les yeux du céleste s'étaient profondément obscurcis.
—En effet, notre libre-arbitre est assez ... Faible. Je veux bien un thé au jasmin s'il te plaît.
Alex sourit et lui tendit la tasse fumante.
Après sa rupture, Alexander avait décidé de ranger son appartement de fond en comble, afin de repartir sur des bases saines. Stefaniel lui avait alors proposé son aide, intéressé d'accomplir une tâche si humaine. Des heures durant, ils vidèrent placards et tiroirs, jetant une bonne partie de leur contenu. Soudain, l'informaticien fut interrompu par la voix grondante de l'ange.
—Que fais-tu avec ça ?
Le céleste tenait dans sa main une broche en or en forme d'ailes où était inscrit «Dévoue ton corps à l'Église et ton âme aux anges.» Devant la visible colère de son vis-à-vis, Alex frissonna légèrement et recula d'un pas.
—Je l'ai reçu vers mes quinze ans, à l'époque où mes parents et les membres de la communauté avaient estimé que j'étais devenu un croyant modèle. Des tas de personnes possèdent ce truc. Pourquoi es-tu si énervé ?
Stefaniel broya littéralement l'objet et s'approcha vivement de son protégé.
—Regarde-moi Alexander.
Ce dernier releva timidement la tête et ancra son regard dans celui orageux du céleste.
—Votre église «angélique» est une maudite secte. J'ai eu trop souvent affaire à eux et à leurs actes absurdes. Ils ont trop fait de mal.
Sa voix était sourde.
—De gré ou de force, je ne permettrais jamais que mon protégé soit utilisé ou perverti par eux. Tu n'imagines même pas ce dont ils ont été coupables au fil des siècles.
Stefaniel retourna à son rangement, mais il fut stoppé par une main sur son poignet.
—Tu pleures ?
L'ange demeura silencieux.
—Pour moi ça a toujours été la religion de mes parents. Celle qui m'a offert les connaissances pour t'invoquer. Adolescent, j'ai été particulièrement assidu pour les rendre fiers, c'est tout.
—Je ne te blâme pas. Ton âme est bien trop lumineuse, je me doute bien que tu n'as jamais rien commis de mal.
Sa voix semblait brisée, déchirant le cœur du jeune homme.
—Stef' ... Qu'est-ce que ces gens t'ont fait ?
L'ange se dégagea et continua frénétiquement à classer les livres dans la bibliothèque. Alexander lui jeta un regard désolé.
—Ça te dit qu'on brûle tout ce qui a attrait à eux ? Tout doit être dans la petite boîte jaune là-bas.
—Ce sont des souvenirs de ta famille.
—J'en ai d'autres. Si ceux-là blessent un ange à ce point, ils ne valent pas le coup d'être conservés.
Le céleste se retourna. Ses yeux, d'un bleu atrocement foncé, semblaient refléter une douleur indescriptible.
—C'est à cause, en partie du moins, des reliques qu'ils exposent. Tu as dû en voir.
—En effet, je me souviens de la plume orangée qu'il y a ici, en ville. L'école nous avait aussi amené en pèlerinage dans une grande cathédrale. Là-bas, il y avait une paire d'ailes argentée exposée. Soi—disant ça serait celle d'un ange tombé au combat pour sauver des humains pendant une guerre.
Des larmes silencieuses roulèrent sur les joues de Stefaniel. Alexander, complètement pris au dépourvu, se précipita vers lui et l'enlaça par la taille.
—Les reliques ... Les plumes ont été dérobées sur des anges qu'ils ont torturés puis relâchés, dans le meilleur des cas. Les ailes ... Ce sont celles d'anges assassinés dans cet unique but et bien trop faibles ou pacifiques pour se défendre. Même après deux cents ou mille ans, je ne peux pas oublier les corps mutilés de mes frères et sœurs.
Alex était bien trop choqué pour parler. Il se contenta de resserrer son étreinte, qui lui fut rendue au bout de quelques minutes. Après ce qui lui sembla une éternité, l'informaticien sentit une main lui tapoter le sommet du crâne et l'ange s'éloigner de lui.
—Merci Alexander.
Ses iris avaient repris leur teinte azur.
—Je t'en prie.
Après plusieurs jours de tri et de rangement, Alexander était absolument ravi. Il déballa son dernier élément de décoration, une petite lampe en forme de touche de clavier, et sourit. Pour la première fois, son appartement ressemblait exactement à ce qu'il voulait. Enfin.
—Stef'?
L'ange stoppa sa lecture.
—Oui ?
—C'est peut-être extrêmement malpoli comme question, mais ... De quelle couleur sont tes ailes ?
—Bleues, comme tu dois t'en douter.
Alex eut alors une illumination.
—Tes yeux ... La couleur des yeux est la même que celle des ailes ?
—En effet.
Stefaniel se replongea dans son livre, imperturbable.
—Stef'?
—Oui ?
—Je veux aller au cimetière. Je veux leur dire au revoir pour de vrai.
Le céleste posa son roman.
—C'est une excellente idée. Tu peux être fier de toi pour cet élan de courage.
—Tu m'accompagnes?
—Évidemment.
Bien qu'anxieux, Alexander éclata de rire devant l'air outré de l'ange, bousculé et écrasé dans le bus bondé. Celui-ci lui jeta un regard vexé qui ne fit qu'amplifier son hilarité.
—Te moques-tu de moi Alexander ? Le savoir vivre voudrait qu'ils s'excusent.
—Laisse tomber, on descend là.
L'amusement du jeune homme disparut instantanément lorsqu'il atteignit les grilles du cimetière. Il salua le gardien et avança lentement dans les allées trop bien entretenues. À ses côtés, Stefaniel avait gardé le silence. En cette fin janvier, l'air était particulièrement glacial et désagréable. Alex arrangea distraitement son écharpe, ses pensées s'égarant sur la mer de tombes. Quelle avait été la vie de tous ces gens ? Avaient-ils trouvé le repos ? Leurs familles se souvenaient-elles encore d'eux? Un oiseau, probablement une corneille, chanta au loin.
—Tout semble figé ici. C'est stressant.
—Crois-moi Alexander, ça ne l'est pas. Rien n'est plus vivant qu'un cimetière.
—Je ne comprends pas.
L'ange s'assit sur l'un des vieux bancs en bois.
—Dans ces champs du repos, la nature est si omniprésente que les changements de saison sont particulièrement visibles. Chaque arbre porte les stigmates du temps qui passe, chaque fleur est soumise aux caprices de la météo. Si tu tends l'oreille, tu peux écouter les chuchotements des insectes et le murmure du vent. Ici et là, en suspension, brillent les étincelles de ceux qui ne sont plus. Chaque nécropole est un océan de lumière, un phare qui guide les âmes qui se sont égarées.
—Dis comme ça, l'endroit semble beaucoup moins glauque.
Alex soupira et franchit les derniers mètres qui le séparaient des tombes de ses parents ; le céleste à sa suite. Il caressa les pierres glacées du bout des doigts et frissonna.
—Comment dire au revoir aux personnes qui m'ont donné la vie ? Si je le fais, ça deviendra réel. Si je le fais, c'est accepter qu'ils ne reviendront plus jamais.
Le cœur du jeune homme se serra.
—Le poids de l'absence peut donner des espoirs insensés et des croyances étranges. Les morts ne reviennent jamais Alexander, peu importe l'ardeur de ce souhait. Continuer à vivre en chérissant leurs souvenirs est le mieux que tu puisses faire. Le temps apaisera ta douleur, la transformant en mélancolie, jusqu'au jour où tu seras capable de sourire en pensant à eux.
Des larmes s'échappaient des yeux noisette de son protégé.
—Où vont les morts Stefaniel ?
—Leur essence demeure dans le cœur des vivants, pour ensuite fusionner avec l'immensité du Paradis, le jour où plus personne n'est là pour se souvenir d'eux.
—Je vois...
Alex s'agenouilla, grimaçant lorsque un restant de neige lui mouilla les genoux. Anita et Harold Wirlak avaient été des parents dans la norme, ni bon ni mauvais. Bien sûr, ils avaient commis des erreurs, dont celle de pousser leur fille à bout jusqu'à ce qu'elle fuit à l'autre bout de la planète. Toutefois, Éléa leur en n'avait jamais voulu. Elle s'était contentée de choisir sa propre voie et de renoncer à celle tracée par ses géniteurs. Alexander, lui, avait longtemps été un enfant modèle, pensant que les paroles de ses parents étaient des vérités inébranlables. À dix-sept ans, il s'était rendu compte que, peut-être, d'autres possibilités s'offraient à lui. Ce fut ainsi qu'il dédaigna la faculté de médecine pour se consacrer à son école d'informatique. Bien que son enfance ait été plus riche en événements religieux qu'en sorties récréatives, il s'estimait assez chanceux. Éléa et lui n'avaient jamais manqué de quoi que ce soit et ils avaient été heureux dans cette grande maison de banlieue. Alors tant pis s'il n'avait pas connu les joies d'un parc aquatique ou le frisson des bières interdites durant son adolescence. Tant pis s'il n'avait pas pu jouer aux jeux vidéos à la mode ou sortir avec une fille de sa classe. Il garderait de ses parents leur amour et leur sourire, enfouissant dans un coin de sa mémoire les disputes et les regrets.
—Papa, maman ... Notre histoire commune s'achève ici. Merci pour votre amour.
La voix du jeune homme trembla.
—Je vous laisse partir à présent.
Il déglutit avec difficulté.
—Adieu.
Il éclata en sanglot. Après ça, il ne se souvint que de la neige qui recommença à tomber et de l'étreinte apaisante de Stefaniel.
Lorsqu'il revint à lui, la nuit commençait à tomber. Il sentit quelque chose d'incroyablement doux lui chatouiller le bras. Il frôla ce qu'il pensait être une couverture, mais la chose frémit et disparut subitement. Il ouvrit les yeux, gêné par le froid de l'absence.
—Stef'?
Celui-ci semblait absorbé par le parquet.
—Stefaniel ?
Le céleste se retourna, ses iris luisant fortement.
—Quoi ?
—Où est la couverture ? Je me gèle maintenant.
—C'était mes ailes, imbécile.
Ce dernier se leva et disparut dans la cuisine, laissant son protégé pantois et embarrassé. Apparemment, toucher les plumes d'un ange n'était vraiment pas une bonne idée.
—Je suis désolé, je ne voulais pas me montrer impoli.
—Tu n'y es pour rien, je n'aurais jamais dû approcher mes ailes de toi. Néanmoins ton hypothermie était bien trop sévère après ton malaise au cimetière. J'ai opté pour le moyen le plus rapide de te réchauffer.
Il attrapa une tasse.
—Merci de m'avoir ramené.
L'ange sourit, silencieux.
Les jours suivants, Alexander dressa son bilan de compétences et fit ses comptes. Il nota ses idées, dessina de nombreux diagrammes et esquissa des projets. De temps à autre, une vague de tristesse l'envahissait, rapidement chassée par les mots de Stefaniel. Dans ces moments-là, il se disait qu'il allait probablement s'en sortir.
À l'approche du 14 février, Lysa recontacta l'informaticien. Il accepta de la rencontrer dans une petite brasserie, profitant ainsi pour lui rendre ses dernières affaires.
—Bonjour Alex.
—Salut.
Elle était bien trop maquillée et son décolleté était bien trop plongeant. Le jeune homme soupira, préférant dévisager son verre de soda.
—Tu sais Alex, j'ai beaucoup réfléchi ces dernières semaines. Je me suis probablement montrée un peu trop égoïste. Après tout, si je venais à perdre mes parents, je serais dévastée et j'aimerais qu'on m'aide à faire mon deuil.
Elle avala une gorgée de café.
—Je m'excuse et j'aimerais que tu me laisses une chance de me rattraper. Je comprends bien que ton ange gardien ait pu t'aider dans ces mois les plus difficiles. Aujourd'hui je suis là et je suis prête à te soutenir. Tu n'as plus besoin de lui.
Alexander contempla les bulles qui tentaient de s'échapper et sursauta lorsqu'il sentit la main de Lysa se poser sur la sienne. Il se retira vivement, comme brûlé par le diable en personne.
—J'accepte tes excuses mais ça s'arrête là. J'ai décidé d'aller de l'avant. Je suis désolé.
Il paya et se leva pour partir, avant d'être retenu par l'étudiante.
—C'est sa faute c'est ça ?
—Non. Il s'agit de ma décision Lysa. Je te souhaite de trouver ton bonheur. Au revoir.
Elle le lâcha à contrecœur et l'appela plusieurs fois. Il ne se retourna pas.
De retour à son appartement, Alexander trouva le céleste assis en tailleur à même le sol de son salon, analysant avec attention un magazine du supermarché du coin. Curieux, le jeune homme s'installa à côté de lui.
—Tu as l'air aussi sérieux que lorsque tu lis un roman de neuf cents pages.
—J'essaie de comprendre l'intérêt de la Saint-Valentin. Et puis en quoi une promotion sur le poisson a-t-elle un lien avec l'amour? Et celle-ci sur la lessive ? Ce manque de logique me perturbe.
Alex laissa échapper un éclat de rire.
—Tu viens d'illuminer ma journée Stef'.
—Je suis sérieux Alexander.
—Il n'y a pas de lien logique entre les promotions au supermarché et la Saint-Valentin. C'est une excuse comme une autre pour attirer les clients. Quant à la fête en elle-même ... Certains célibataires en font une excuse pour légitimer leur coup d'un soir et les couples bancals en profitent pour tenter de se racheter avec des cadeaux. Pour ceux qui s'aiment vraiment, il s'agit d'une fête comme une autre, une simple occasion supplémentaire de se montrer leur amour mutuel.
L'ange sembla soulagé.
—Je suis moins confus, je te remercie.
Il referma le catalogue.
—Même après des millénaires, certains traits et habitudes humaines demeurent assez obscurs.
—Tu sais, les humains ne se comprennent même pas entre eux parfois.
Stefaniel s'étira.
—Et toi que comptes-tu faire pour la Saint-Valentin ?
—Rien du tout. Je peux enfin avoir la paix ce jour-là. Par contre, je m'achèterais peut-être des chocolats.
—Tu as raison. Le chocolat est l'une des meilleures inventions humaines au niveau culinaire.
—La gourmandise n'est pas un péché ?
—Seulement dans l'excès.
—Dans ce cas, je partagerais avec toi.
L'ange sourit, sincèrement heureux.
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