Chapitre 1

*Point de vue Élisabeth*

C'était planifié depuis un moment. Tout était prêt, et ce, dans les moindres détails. L'endroit, le moment, la façon.. Ma lettre d'adieu était même déjà rédigée. Oui, je m'enfuyais. Mais pas seulement de chez moi. Je m'enfuyais de ce monde cruel. Certains le voient sûrement comme un signe de faiblesse, ou même de paresse. Mais je peux vous dire que si vous saviez ce que j'avais enduré, vous changeriez peut-être d'avis.

J'ai pris la décision il y a maintenant deux semaines. Je me suis laissée un peu de temps, pour terminer les derniers préparatifs. Maintenant que tout est fait, je ne peux plus reculer. Le moment auquel je pense depuis longtemps est enfin arrivé. Je serai libre comme l'air. Je n'aurai plus à supporter tout ça. Ce sera terminé. Par la plupart des gens, la mort est vue comme sombre, obscure, dramatique et horrible. Selon moi, c'est plutôt le contraire. La mort sera pour moi lumière, elle m'éclairera et me rendra, peut-être, un peu heureuse. Je ne sais pas ce qui se passera, une fois que ce sera fait. Mais étonnamment, je n'ai pas peur. J'imagine que c'est parce que rien ne peut être pire que ce que je vis maintenant...

La vie.. la vie est une torture. Du moins, MA vie est une torture. Ce n'est pas bien nouveau.. Depuis mon entrée au secondaire, les malheurs s'enchaînent. Depuis mon premier baiser, plus rien n'est pareil. Depuis mon premier coup de foudre, tout à changé. Depuis que j'ai découvert "l'amour", je ne fait que souffrir. Depuis que je l'ai rencontré, je suis constamment chamboulée. Mais ce qui m'a réellement brisée, ce qui m'a menée à vouloir abandonner... C'est un peu l'addition de toutes ces horreurs. Plus une. Une.. Une fois. Une première fois. Une fois de trop... Une chose que je regretterai toujours, même là-haut. À cause de lui.

Je peux vous le dire, la première fois n'est jamais la plus agréable. Surtout lorsqu'un tel drame en résulte. Vous devez vous en douter, il m'a mise enceinte. À 15 ans. Après tous les autres qui ne m'avaient que manipulée, je croyais que c'était enfin le bon. Et voilà le résultat! Ça m'apprendra, à me croire aimée...

Plusieurs garçons de mon école ont, tour à tour, bénéficié du statut de "mon petit copain". Je me croyais aimée, mais je m'étais trompée. Personne n'a jamais vraiment voulu de moi. Je n'étais qu'un jouet, destinée à les distraire depuis le début. Le tableau doit être bien drôle, vu de l'extérieur. D'un côté, la jeune fille se croyant belle, aimée et importante. Et de l'autre, les garçons qui défilent pour délibérément lui mentir. Oui, ça doit paraître ridicule. Mais croyez-moi, c'est loin de l'être. Comment vous sentiriez-vous, si chaque garçon qui entrait dans votre vie était en fait destiné à vous humilier? Oui, ils m'ont tous humiliée. L'un d'eux a publié sur les murs de l'école des photos de moi en sous-vêtements. Un autre m'a fait croire que son père était manager à Hollywood et m'a laissée me ridiculiser en racontant cette histoire à tout le monde. Sans compter celui qui m'a demandé, pour lui rendre service, de lui apporter un sac. Évidemment, il ne m'avait pas dit qu'il contenait de la drogue et s'est arrangé pour que je me fasse choper. Et il y a le dernier, celui qui, après avoir créer une vie, m'a obligée à la détruire...

Non, ne vous en faites pas, je n'ai pas utiliser d'arme quelconque pour tuer quelqu'un, ni placé du poison dans les assiettes. Mais ce garçon, celui qui a fait naître en moi un être aussi petit qu'une fève, m'a imposé un rôle de mère à 15 ans. Un rôle que je n'étais évidemment pas prête à accomplir. J'ai dû prendre seule la décision d'avorter, le garçon en question m'ayant abandonnée avant d'aller raconter à tout le monde que j'étais "une salope qui couche avec tout ce qui bouge". Notre bébé est donc mort avant d'avoir pu voir le soleil, les nuages, les insectes ou les passants. Au fond, je crois que je lui ai épargné plus de douleurs qu'autre chose. Il n'aurait été qu'un pauvre enfant sans père, et, à l'heure qu'il est, pratiquement sans mère... Malgré qu'il aurait peut-être été pour moi une raison de m'accrocher.. Je ne veux pas y penser. Il n'est plus là, et bientôt, j'irai le rejoindre. Rien ni personne ne m'en empêchera.

Il ne reste plus qu'une petite heure. Avant, lorsque tout allait bien et que je jouais encore à la princesse, j'adorais me coucher dans l'herbe pour observer les nuages. Ça me détendait. Peut-être que si je répétais l'expérience, ça me permettrait de ne pas quitter le monde sur mes pensées les plus obscures. Je place donc ma lettre bien en évidence sur la table de la cuisine, de façon à ce que mes parents la voient lorsqu'ils rentreront du travail. Puis, je me dirige vers la porte et barre celle-ci à clé avant de me diriger vers le fond de la cour.

Ça fait longtemps que je n'y suis pas venue. Je passais la majeure partie de mon temps dans ma chambre, ou parfois à l'école, quand j'osais sortir. J'avais oublié à quel point c'est joli ici. La pelouse est en santé, toute verte avec une bonne odeur. Les oiseaux chantent, dans le creux d'un immense saule pleureur. Puis, il y a le jardin, dans lequel ma mère passe tant de temps. Les fleurs dont l'éventail de couleur est impressionnant et les plantes de formes diverses cohabitent dans une harmonie parfaite. Puis, le rosier. Ses feuilles sont si vertes, et ses fleurs si rouges, que tout cela paraît artificiel. Puis, je lève les yeux. Le soleil m'aveugle pendant quelques instants, puis, je perçois un ciel d'un bleu perçant couvert de taches d'un blanc immaculé. Je me laisse choir contre un chaîne, dont l'écorce me blesse un peu le dos, avant d'atterrir tout doucement dans l'herbe tendre. Je me couche délicatement et tourne la tête, de manière à ce que les branches ne me cachent pas la vue. Le rosier est à ma droite. J'arrache tout doucement une épine et pique mon bras gauche, au niveau du poignet. Puis, je monte de quelques centimètres avant de percer de nouveau mon épiderme. Je continue ainsi, laissant sur mon bras une traînée de sang qui colore mon chandail blanc. Mais ça m'indifère. Qu'est-ce que ça change, au fond?

Puis, mes yeux se retournent vers le ciel. Un nuage vient couvrir le soleil et me privé de sa chaleur pour quelques minutes. Un rayon tente de percer la densité du nuage, comme s'ils se livraient une guerre. Et le nuage continue son chemin, donnant un soleil une victoire qu'il ne mérite pas. Effectivement, je préfère assurément les nuages au soleil. Le soleil, ça brûle et ça détruit les récoltes. Les nuages, eux, apportent la pluie qui nourrit la terre.

Je tente de trouver des formes, dans le blanc d'ivoire. Mais je n'y arrive pas, j'ai la tête ailleurs. "Si ça ne fonctionne pas? Si je ne meurs pas, comme prévu? Si quelqu'un vient me chercher dans la rivière avant que le courant de m'emporte? Si l'hôpital arrive à me sauver?" Je ne veux pas être obligée de rester. J'ai envie de crier au monde entier de me laisser mourir en paix. De me laisser un seul moment de liberté, afin de me laisser m'évader pour l'éternité. Mais au fond, qui viendrait? Qui veux réellement que je reste? Personne. Personne ne veut de moi à ses côtés, la preuve est irréfutable. Je suis destinée à rester seule ici, ou partir retrouver mon enfant et la paix. Le choix est assez facile, n'est-ce pas?

Pourtant, quelque chose a changé mes plans. Quelque chose, ou plutôt quelqu'un, que je n'avais pas prévu du tout. Peut-être parce que ça me semblait impossible. Pourtant, je n'ai d'autre choix que de vous avouer qu'elle est bien réelle. Là, devant moi.

À l'heure prévue, j'ai quitté ma maison; la quitter réellement, pour toujours. J'ai parcouru les rues en silence, observant le sol lorsque des gens tentaient de croiser mon regard et ignorant les voisins qui s'étonnaient de me revoir dehors. Et je me suis rendue à l'endroit prévu. Ce pont. Celui que j'avais traversé lors de mon premier rendez-vous avec lui. Un bon endroit, vous ne croyez pas? Et j'ai marché, tout doucement sur le bord jusqu'au centre du pont, là où le niveau de la rivière est le plus élevé, là où le courant est le plus fort. Et voilà. Je n'avais plus qu'à faire un pas vers l'avant, et je m'envolerais. Pour ne plus jamais revenir. Un orteil. Deux orteils. Un coup d'œil sur le côté. Un retour en arrière.

Je n'ai aucune idée pourquoi j'ai fait ce dernier coup d'œil. Mais je crois que le destin le sait. Dès que j'ai croisé son regard, je suis retraversée du côté du pont qui me gardait en sécurité. J'ai couru vers elle, cette magnifique jeune fille. Elle avait des yeux qui appelaient à l'aide à travers ses larmes. Un visage qui ne demandait que de l'aide, de l'amour. Sa présence ici trahissait un passé difficile. La voir dans cet état m'a fait oublié tout mes soucis. Plus qu'elle n'importait à mes yeux. Je désirais plus que tout la garder sur cette terre. Pourquoi? Je ne sais pas. Je sentais juste qu'elle méritait de vivre. Et si c'est ma présence qui lui permettrait de rester, alors j'allais rester. Je ne voulais que désespérément voir ce visage, encore et toujours.

Elle allait le faire, elle aussi. Exactement au même endroit que moi, quelques minutes plus tôt. Un orteil. Deux orteils.

Moi: NOOOOOOOOOON!!!!! Ne fais pas ça, je t'en prie.

Un retour en arrière.

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HELLOOOOOO!!! :) voici le tout premier chapitre de "If you ask me to stay...", la fiction que je fais en collaboration avec Camille @CamM_Love1D. Je tiens à dire que j'ai été extrêmement contente lorsque Cam m'a proposé de faire cette collaboration, car elle écrit extrêmement bien! Je sais que le chapitre n'est pas super long, mais il faut bien commencer ;) Et laissez un commentaire, ça fait toujours plaisir! Bisous :)

-Éli xx

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