2.
❛ You make me feel a feeling that I've never felt before ❜
Les vêtements propres que Minho a passé à Jisung ne le sont plus tant que ça. Il s'est mis à pleuvoir d'un seul coup. Comme leur escapade du lycée, c'était pas prévu.
Minho déteste la pluie. Ça mouille, c'est froid et c'est triste. A cause d'elle, il a failli s'empaler sur les grilles du lycée quand Jisung et lui les ont escaladé. C'est sûr et certain, ils vont devoir réfléchir à leurs testaments en rentrant chez eux le soir... La discrétion, c'est pas vraiment leur fort : ils se sont fait courser par des surveillants à travers la cour du lycée. S'ils cherchaient à s'échapper en cachette avant que l'appel ne soit fait dans leur classe respective, c'est un peu raté.
Mais Minho a trouvé ça drôle, de transgresser les règles aux yeux du monde. Forcément, il craint un peu les répercussions, son père n'est pas n'importe qui. Après avoir franchi le portail, il s'est demandé si au final c'était vraiment une bonne idée de s'enfuir du bahut.
Enfin, ce questionnement n'a duré que quelques secondes parce que ses yeux se sont posés sur Jisung et Jisung, il donne des ailes à Minho. C'est bizarre parce qu'en fin de compte, il le connaît pas tant que ça ce gamin en seconde. Il le connaît pas, pourtant il a cette sensation au fond de lui qui le tiraille et le pousse à se dire qu'il pourrait tout faire pour lui. Han Jisung, il fait naître des sentiments étranges chez Lee Minho.
Et le garçon se surprend à chaque fois d'en être un peu plus accro que la fois précédente.
— On fait quoi maintenant ? Demande le plus jeune en secouant sa tête pour égoutter ses cheveux.
Ils se sont réfugiés sous un abribus, pas loin du lycée. Leur escapade a quelques limites.
Les deux garçons sont trempés de la tête aux pieds, la pluie les a pris de court. Jisung grimace en constatant que se changer n'a pas servi à grand-chose. Il aurait pu laver son uniforme souillé de lait sous l'eau de la pluie, ça serait revenu à la même chose. Mais il faut dire qu'être mouillé dans les vêtements de Minho, ça fait pas le même effet. Ils sont trop grands, le noiraud fait au moins une taille ou deux de plus que lui alors Jisung flotte dedans, il s'en est plaint pendant cinq minutes. Au fond, ça le dérange pas d'avoir la ceinture serrée au maximum du maximum sur sa taille, c'était juste histoire de jouer le mec indifférent pendant un moment.
Minho soupire et se dirige vers les horaires de bus affichés, se disant qu'ils peuvent prendre le premier et descendre à un arrêt au hasard. Du moment que c'est loin, bien loin d'ici et que Jisung est avec lui... Puis il se rappelle que ni l'un ni l'autre n'ont leurs cartes de bus et encore moins leurs portefeuilles. Ils sont partis sans dire au revoir. Minho ne connaît pas tant que ça leur ville, il sait pas vraiment où c'est exactement, le loin bien loin. Il a pas non plus très envie d'errer sans but sous la pluie ; il s'est promis que l'asile qu'il offrirait à Jisung serait beau, il a serré son propre petit doigt. C'est un peu la galère dans leur folie aventurière. Mais c'est drôle.
— Toi, tu veux aller où ? Minho se tourne vers lui, tout sourire.
Encore et encore, le noiraud a toujours ces yeux qui pétillent depuis qu'il est allé chercher son cadet dans sa classe. C'est dingue, on dirait qu'il s'arrête jamais. Jisung a peut-être pas remarqué qu'il en est constamment la cause.
— Un peu bancal ton plan.
— J'ai jamais prétendu qu'il était parfait, il hausse les épaules.
— Étonnant de ta part Monsieur Imparfait, si j'peux me permettre.
Minho pouffe.
— Tu me fais faire des dingueries Monsieur Grognon.
Jisung se crispe et se détourne en baissant la tête. Il a encore le visage en feu à cause du plus vieux, ça devient une habitude. Il marmonne quelque chose tout bas, ses joues se gonflent et ses mèches mouillées tombent un peu plus sur son visage. Adorable.
Minho le regarde faire en silence, les lèvres encore et toujours étirées. Y'a son cœur qui s'emballe, qui se mêle aux gouttes de pluie qui martèlent le bitume. Minho a envie de lui dire de s'arrêter, qu'après il devra prendre rendez-vous chez le médecin pour se diagnostiquer une quelconque maladie. Il comprend pas pourquoi son palpitant le torture délicieusement à chaque fois qu'il est question de Han Jisung. Minho, il est contrarié de pas réussir à mettre de mots sur ces sentiments, frustré de trouver tout ça de plus en plus plaisant.
Parfois, il se demande si toute cette flopée de petits papillons qui tournent autour de lui, Jisung les voit également. Si lui aussi, il a ce ramassis d'émotions brouillon qui le frappe en pleine poitrine quand il le voit. Minho ne le sait pas vraiment, mais y'a cet espoir de réciprocité qui gonfle dans le creux de son cœur, qui le consume à petit feu dès lors que leurs regards se croisent. Et si c'était le cas, qu'est-ce qu'il se passerait entre les deux lycéens ? Est-ce que tout imploserait ou tout ne serait que la longue minuterie d'une bombe ?
Minho se racle la gorge et enfonce ses mains dans ses poches, tournant le regard un peu plus loin lui aussi. Il a le cœur fou et les joues rouges. Puis il s'approche soudainement du bord de la route, retrouvant le froid et la pluie, et tend la main en levant le pouce. Jisung l'observe, les sourcils froncés, n'étant pas sûr de comprendre la situation. Faire du stop à un arrêt de bus, quelle idée absurde.
Pourtant, une camionnette orange s'arrête à la hauteur de l'adolescent et Jisung se crispe quand la fenêtre côté passager se baisse.
Le conducteur a le profil typique des mecs chelous dans les thriller que son frère regarde. Calvitie et cheveux grisonnants, lunettes aux verres grossissant, quelques chicots en moins. Et contrairement à celui de Minho, son sourire ne l'emballe pas vraiment.
— Quand tu m'as dit m'offrir l'asile, j'pensais pas à un kidnapping moi.
Minho pouffe et lui fait signe de monter avec lui à l'arrière de la camionnette. Apparemment, ça dérange pas leur chauffeur que deux lycéens se trimballent dans les rues et fassent du stop, ça le fait même rire. Ce qui n'est pas le cas de Jisung qui se décide tout de même à monter avec son camarade à l'arrière, au milieu de tonnes d'outils de bricolage.
— Si on finit enchaînés dans une cave, j'ferais en sorte que ça soit toi qui soit tué en premier, marmonne le brunet en se laissant tomber aux côtés du noiraud.
C'est pas confortable, ils ont rien pour se tenir alors évidemment, quand leur taxi improvisé démarre, ils sont propulsés en arrière. Minho se cogne le crâne contre la paroi métallique et se prend le coude de Jisung dans le nez. Ça fait mal, encore plus quand celui-ci trouve une prise avec ses ongles dans la peau de son bras.
— Tu t'ennuierais trop sans moi.
— Haha tu me fais monter dans une fourgonnette super creepy. T'es trop drôle !
Il y a un moment de silence durant lequel les deux garçons se fixent. Ils sont un peu trop proches, les secousses du véhicule les forcent à s'accrocher l'un à l'autre puisqu'il n'y a aucune prise autre part. Minho sent sa peau s'embraser sous le touché virulent de Jisung, il a l'impression que tout son corps va imploser.
Il est beau Han Jisung, vraiment super beau. Y'a ses joues rebondies qui rougissent elles aussi, ses yeux noisettes qui n'arrivent pas à détourner son regard du sien et ses cheveux bruns dont des perles de pluies gouttent sur sa peau. Minho a envie de les repousser, pour pouvoir l'admirer un peu mieux, pour tenter de s'éloigner de cette envie de regarder ses lèvres encore et encore. Ça bouillonne dans son ventre, ça frétille dans sa poitrine. Minho, il a l'impression que Jisung lui bouffe son air pour le devenir lui-même. S'il avait levé la main vers lui avant qu'il ne tourne la tête, est-ce qu'il le serait vraiment devenu ? Son espace vital.
Jisung se redresse, se rassoit et ramène ses genoux contre son torse, se contractant pour tenter de garder un quelconque équilibre lors des virages.
— Il a dit qu'il nous déposerait à Busan. Mais si y'a pas la mer quand on descend, je t'empêcherai pas de le cogner.
— Wow, ça fait de la trotte quand même. On va s'faire tuer quand on va rentrer, il fait une pause et lui lance un sourire amusé, sauf si notre taxi l'a pas fait avant.
— Est-ce qu'on en a quelque chose à foutre Jisung ?
— Mmh... Non !
Il vient cogner son épaule contre la sienne d'un geste amical et le noiraud rit. Ils reviennent, les rayons de soleil dans les yeux du plus jeune. Minho peut les voir, ils se cachent encore, le nuage est imposant. Pourtant, il le voit se dissiper au fur et à mesure du temps qui passe et ça ne peut qu'embellir les traits de son propre visage.
— J'espère qu'il fera beau à la mer, murmure Jisung tout bas.
Minho pince les lèvres. Il a jamais vu la plage, seulement à travers l'écran de son téléphone. Il sait pas ce que ça fait de sentir la chaleur solaire sur sa peau, le sable dans ses orteils, le sel dans ses cheveux. Il sait pas vraiment de quelle couleur est l'eau, quelle odeur s'en émane, quels sentiments ça provoque. C'est paradisiaque la mer, dit-on, c'est apaisant, c'est signe de renouveau. Minho n'a jamais pu y aller à cause du travail de ses parents et ça aurait été une folie de leur part de le laisser y aller seul ou avec ses amis. Et le garçon se rend compte qu'il est passé à côté de bien des choses pour un gamin de son âge.
Ça le rend triste sur le moment mais il se dit que cette première fois à la mer, il la vivra avec Jisung. Qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il vente. Le soleil sera quand même présent.
— Je suis jamais allé à la mer, dit-il.
Et il avoue parce que ça soulage, parce qu'il veut que Jisung soit son confident, qu'il lui montre qu'il a confiance en lui et qu'il veut lui partager des choses. Pour une fois, Minho a envie de se montrer sous toutes les coutures.
Le brunet se redresse et ses yeux s'écarquillent. Ils scintillent, encore et toujours plus. Les traits de son visage se détendent enfin et il bondit sur son fessier, tout enjoué.
— Tu vas voir, c'est génial ! Surtout quand il fait beau. Les meilleures, c'est les plages de Jeju, il sourit. J'suppose qu'on ira pas aujourd'hui, mais faudra que tu vois ça de tes propres yeux un jour Minho.
— C'est aussi magnifique qu'on le dit ?
— Oui ! Il baisse la voix et son expression s'assombrit un instant. Là-bas, tout est sur pause et tout est possible.
Minho fronce les sourcils et penche la tête sur le côté. Il y a une nouvelle secousse, une boîte d'outils se cogne contre son tibia et il se rattrape de justesse pour ne pas avoir à rouler jusqu'au fond de la camionnette.
— Comment ça ?
— Tu sais..., il soupire et détourne de nouveau ses yeux dont le voile s'est de nouveau emparé.
Ça lui fait mal à Minho, de le voir ainsi. Parce que la première fois qu'il a aperçu Han Jisung, il avait une joie de vivre débordante. Aujourd'hui, tout n'est plus que survie épuisante. Et ça le tue de le voir s'accrocher aussi désespérément au bord du gouffre.
Cette fois, le garçon attrape la main de Jisung. Il la serre entre ses doigts sans rien dire, se contentant de coller fort leurs paumes et de lui sourire. Minho veut être cette main à laquelle le brunet s'accroche pour être remonté, pour revenir sur la terre ferme. Minho, il veut lui offrir monts et merveilles pour que plus jamais, Jisung ne se retrouve à marcher en équilibre.
Il a un peu peur, en vérité il sait pas ce qu'il y a sur la terre, au-delà des horreurs du monde réel. Il sait rien du tout, il avance un peu à l'aveugle. Minho a un peu peur parce qu'au fond, il est toujours lui : le gars qui respecte les règles et qui ne sort pas des sentiers battus. L'inconnu, c'est effrayant ; l'avenir, c'est carrément flippant. Surtout quand il voit sa silhouette avec celle de Jisung à ses côtés loin dans le brouillard. Il se dit que c'est peut-être pas bien, qu'il ne devrait pas.
Mais y'a les doigts du garçon à ses côtés qui enserrent les siens, fort très fort. Alors Minho a un peu moins peur. Parce que ces difficultés, il y fera jamais face seul. Y'aura Jisung qu'il aura remonté du gouffre et il l'entraînera à ses côtés sur les chemins sinueux qui se dresseront devant eux.
Y'a des jours où Lee Minho est prêt à braver l'interdit. Des jours où Han Jisung veut offrir le monde.
La camionnette grince quand elle pile. Les deux lycéens se cognent l'un contre l'autre et roulent contre une paroi. C'est silencieux. Puis y'a les cris des mouettes qui résonnent et les vagues qui s'échouent en dessous.
Ça y est, ils sont arrivés.
;『• • • ✎ nda • • •』;
ne vous laissez pas dessécher au soleil pendant 5h, jss une écrevisse maintenant
et ça fait mal
brf j'espère que ce chapitre vous a plu hihi le contenu était pas prévu mais jme suis laissé.e emporter et au final ça revenait trop long bruh
g pas encore écrit le dernier, g ma ptite idée mais c'est flou et jm bcp trop le minsung pour leur offrir qq chose de tragique 🤓 jss en plein dilemme puis comme c'est parti, au final y'aura peut-être 4 chapitres et pas 3 🤡 idk
allez écouter l'album de tate mcrae, il est insane <3
jvous souhaite une bonne nuit (ou journée), hydratez-vous et prenez soin de vous
<3
sunny~
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