9 | Agir

* Ecrit le 10/09/2023


Little Nightmares II

If Crossblood


Chapitre 9:

Agir



Discrètement, Mono se déplaça à petit pas, le dos courbé en avant. Il devait trouver un moyen de sortir d'ici. Ce cirque était grotesque, complètement horrifique et pourtant, les spectateurs se régalaient, s'enthousiasmait du début du spectacle. L'artiste suspendue sur la corde attendait que un collègue à elle lui apporte un nouveau jouet divertissant et vivant. Juste avant qu'on lui amène un prisonnier, l'immonde créature retourna vers le pilier, récupéra une torche en fer. Un brasier jaillissait anormalement de l'objet. À cet effet, une vague d'étonnement emplissait les gradins. Rapidement, l'artiste retourna sur la corde, attrapa en plein vol la prochaine victime qui criait.

Avec le peu d'instinct de survie qu'il lui restait, il espérait que en gigotant dans les airs, son corps n'aille rejoindre ce démon plus haut, qui gardait un large sourire, prêt à jouer avec sa vie. Agrippé par la grande main, impossible à fuir, l'enfant fut supplice du même sort que le précédent. On jonglait et cette fois-ci, avec une torche enflammée. Il ne suffisait que de quelques minutes, pour que son corps ne rejoigne les flammes. Progressivement, il fut brûlé vif. Ses cries agonisant étaient couvert par les réactions enjouées des spectateurs, qui n'éprouvaient aucune empathie pour le malheureux enfant.

Condamné à subir une atroce douleur, le conduisant à la mort.

Le garçon masqué avait beau se retenir de ne pas regarder à cette torture, il n'y arrivait pas. À cause de ces cries. De ces appels désespérés. De ces larmes. De son regard qui avait finalement, trouvé un potentiel héro dans ce monde cruel et dystopique. Au final, Mono regrettait de ne pouvoir rien faire. Son coeur se serrait douloureusement dans sa poitrine et sa respiration s'accélérait anormalement. Se sentant étourdit, il faisait des efforts surhumains pour surmonter tout cela. Après tout, sa vie était plus importante.

Du moins, c'était ce qu'il croyait. Dès qu'il aperçu Nueve courir, persuadée que personne ne la voyait, le garçon paniquait. Les monstres en forme humaine difforme cogitaient comme des bêtes sur leur siège. L'un d'eux, se penchait, se courbait vers l'avant pour refaire des lacets. Très vite, sans aucune difficulté, la petite fille était repérée par des paires de yeux énormes.


— Nueve ! Espèce d'idiote !!!


Mono ne réfléchissait pas une seule seconde. Il bondissait de l'étagère, pour rejoindre une autre, pour se placer pile poile vers la créature qui se mit à grogner, tendant sa main, les doigts écartés, pour attraper Nueve. La brunette glapit, tentait de reculer mais se stoppa devant l'action risqué de son camarade qui sautait sur la tête de l'homme obèse. Vaillant et arrogant, le garçon masqué saisissait les cheveux gras de l'individu, les tiraient le plus fort vers l'arrière.

Le gémissement du démon attirait toute l'attention.


— Mono ! Fuis !


À l'intérieur du masque en papier, le garçon fronçait des sourcils. Elle lui donnait un ordre, alors qu'il savait très bien ce qu'il devait faire. Ça l'irritait.

Pourquoi, dans quel but, dans quel objectif il venait à sa rescousse ?


— Pars avant moi ! Je te rejoins !!


En toute confiance, la brune se mit à sprinter. Mono grommelait, esquiva les mains dégoûtantes du monstre et ceux des autres personnes sur les sièges voisins. Dans un saut périlleux, le petit garçon chuta par terre, roula et ressentit une vive douleur se lancer sur toute sa colonne vertébrale. S'efforçant à se redresser, il puisa sur ses dernières énergies pour courir à son tour.

Il était bien derrière de sa compagne.

Fuyant ces êtres-vivants difforme comme il le pouvait, tous avaient les yeux rivés sur lui. Des mains, des pieds tentaient soit de l'attraper ou l'écraser. Le garçon allait jusqu'à se laisser glisser pour esquiver, il effectuait des roulades risquées à la dernière minute, qui accentuaient les douleurs à son dos. L'enfant se mit à geindre, sa voix était cassée, il avait sincèrement mal. Le répit n'était pas une option ici. Tout pouvait arriver à n'importe quel moment. Automatiquement, le corps du garçon perdit l'équilibre dès qu'il se redressait.

Les agitations autour de lui se renforçaient, des grognements s'amplifiaient alors que le petit survivant se sentait étourdit par tout ça. Il y avait trop de mouvement partout. Tous bougeaient, il était à découvert. Le garçon perdait peu à peu de sa vitesse. Sa respiration était saccadée, irrégulière, à travers son masque en papier, il recevait moins vite de l'oxygène. Il suffoquait petit à petit. Puis, ses jambes lâchèrent, lui coupant ainsi, son moyen d'échappatoire. Mono chuta contre le plancher. Sa longue veste planait quelques secondes avant de s'écraser contre son corps mince et faible. Sa vision se troublait, ses oreilles bourdonnaient avec ce vacarme et ses efforts pour lutter contre le destin qu'on lui réservait s'il se faisait attraper. Trop épuisé, n'ayant plus de ressource ni de carte en réserve, le garçon était dorénavant une proie facile et atteignable.

Péniblement, le garçon masqué relevait sa tête, voulant s'assurer que Nueve soit loin, en sécurité. Avec cette vérification, l'enfant avait un maigre sourire. Cette fille était gentille, bien plus que Six. Elle était plus expressive. Plus humaine, plus fragile. Honnêtement, Mono préférait mourir dans ces conditions que de recevoir un autre coup de couteau suite à une autre trahison. Il ne supporterait pas de subir ça de nouveau. Soulevé misérablement par un des démons, l'enfant gémissait, mécontent. Il se tortillait faiblement, donnait des pitoyables coups de poings qui devaient probablement, rien procurer à son chasseur qui le hissait vers le haut.

Un sorte de gargouillement incompréhensif quittait la base de la gorge de cet homme difforme. Les autres applaudissaient comme si cette personne avait remporté un trophée inestimable. Tous avaient les yeux brumeux, un peu rouge aussi. L'artiste sur scène appelait le spectateur, lui faisant signe de venir la rejoindre. Une exclamation traversa les lèvres du monstre. Immédiatement, sans se retenir, le démon sortit des rangs, en balançant ses bras et en sautillant de façon ridicule.

Discrète, Nueve redescendit prudemment des gradins ; se retrouvait près de plusieurs socles colorées et d'instruments du cirque. Plus laissés dans l'obscurité, personne ne pouvait repérer, à moins que les projecteurs n'aillent dans sa direction. Quasiment tous étaient focus sur le spectacle tordu. Lorsqu'il y avait un changement, la brune pivota sa tête. Entrant en scène, sous la les feux, un immonde monstre. Dans sa main, le partenaire de la petite fille. Elle écarquillait ses yeux et blêmit.


— Non, non.. ! Souffla t-elle.


Son coeur s'affolait. Elle plaquait ses mains sur sa bouche pour étouffer un cri. Ses jambes flageolaient, ses yeux s'humidifiaient et elle se laissait retomber sur ses jambes. Sa respiration devint forte et irrégulière. Un nœud se formait dans sa gorge, devenait une boule de feu et grossissait au fur et à mesure qu'elle se blâmait. Par sa faute, il s'était fait attrapé ! Il allait mourir ! Comme ses amis.

Comme ses amis.

« Je ne veux pas mourir ! »

« Aide-moi ! »

« AHHHH !!! »

L'écho des hurlements de ses défunts amis revenaient à elle. La brune hoqueta, déplaça ses mains sur ses oreilles, les appuyaient, pitoyablement, comme si elle espérait que toutes ces voix sorties de sa tête cessent.


— J-Je dois le sauver... m-mais...


Pas en accord avec son profond désir, la petite fille n'arrivait pas à bouger, ne serait-ce qu'un seul orteil.


— J'ai peur... !


Jusqu'à présent, elle avait tenu bon. Ce cirque l'effrayait et depuis le début du spectacle, elle n'avait rien vu de ce qui amusait le public. Intérieurement, elle savait très bien que ce n'était qu'un avant-goût de ses plus sombres cauchemars.

Elle nota enfin les corps par terre, gisant dans une flaque de sang tout frais. Deux enfants de son âge – ou en dessous ? - étaient morts. L'un d'entre eux était carbonisé. De la fumée s'échappait du corps noircit, une odeur de brûlée s'y échappait, rendant Nueve nauséeuse. Toute la folie qu'il y avait, c'était pour ces meurtres. Maintenant consciente de ce qui pourrait arriver à son ami, la choquait, lui retournait l'estomac. Elle ne pouvait pas rester comme ça, elle devait agir ! Ou elle le perdra aussi.

Un glitch se tenait près d'elle, dans le tapis de l'ombre. Avec la taille, il était facile de discerner qu'il s'agissait d'un enfant. Enveloppé par les ténèbres, il se rapprochait, tendait ses mains, en direction du cou de Nueve. Accessible, on pouvait lui tordre le cou.

Le glitch s'arrêta dès qu'elle se redressait, les poings serrés, le long de sa taille. Il l'écoutait attentivement, avant de disparaître, de façon surnaturelle.


— J'ai changé... je ne veux plus... voir quiconque mourir... !


Étrangement, elle retrouva son courage. Révoltée d'avoir enfin comprit ce qu'il se tramait, les sourcils froncés, super énervée, Nueve claqua ses cuisses. Si ses jambes ne répondaient pas, alors elles réagiront suite à une petite agression sur les muscles. Ceci semblait fonctionner. La brune se déplaçait. Les rideaux rouges n'étaient à quelques mètres d'elle. Il suffisait de s'y rendre, en veillant à rester dans le tapis de l'ombre. Qui sait, il y aura quelque chose qui pourrait être utile, pour détourner l'attention. Si au contraire, elle ne trouverait rien, elle improviserait.

Mono avait besoin d'elle. Et son erreur lui coûtait sa vie. Elle devait rectifier sa bêtise.

Les minutes étaient comptées.

L'enfant se faufilait dans les ombres, à pas chassés. Elle faisait de son mieux pour inspirer et expirer le plus régulièrement possible. Nueve gardait un œil sur l'homme faire son fier devant l'artiste, sachant pertinemment qu'elle convoitait son trophée. Visiblement, ils conversaient et le public ricanait. Une musique qui gardait l'ambiance du cirque se jouait d'un coup, mettant en avant leur sketch pitoyable. Mono se tortillait, coincé dans la main du monstre. Il ne perdait pas espoir, convaincu qu'il pouvait encore s'en sortir indemne.

La brune pressa le pas. Elle glissa sous le rideau rouge. Le faible mouvement n'était pas très distinct pour les spectateurs, leur attention était plus dirigés sur la scène comique et absurde sur scène, que un décor plus loin. La petite se redressa. Il y avait quelques spots de lumière et plusieurs artistes. Elle glapit et se cacha derrière une caisse en bois assez vieillot, avec une drôle de marque dessus. Des mouches planaient au-dessus et une odeur putride s'y échappait. Étonnamment, il y avait une couleur métallique et séchée sur le bois. Nueve fronça du nez. Ce parfum si mauvais, se trouvait décidément, partout. Discrètement, la brune voulut examiner les environs depuis sa cachette.

Elle se pencha, son ruban rouge s'inclina légèrement depuis sa tête. En hauteur, des interrupteurs avec couteau à bascule. Ensuite, un gros extincteur. Plus à l'écart, une grosse boule colorée bien gonflée. Une chaise rustique usée était contre un poteau de bois. Des cordes étaient enroulées contre et le bout, formait un drôle de cercle à la fin. Ceci pourrait même accueillir une tête et suspendre un corps.

Nueve fit le topo et souffla. Le seul soucis ; les ennemis. Il fallait les attirer ailleurs. La fillette se retourna. Elle eut des yeux ronds. Un tourne disque ! Au plus vite, elle décampa, couru jusqu'à l'objet qui retenait tout son attention. La brune sauta, se hissa sur l'autre caisson en bois vernis, souleva le pique. Avec son pied nu, elle écarta légèrement le gros disque noir. Puis, en redescendant le pied, le son devint strident, bruyant, qui ressemblait à quelque chose de tranchant contre du verre. Les tympans menacés, elle grinça des dents, bondit depuis sa position, se tapa un sprint pour aller se plaquer contre la caisse de bois plus loin. Son coeur tambourinait brutalement contre sa cage thoracique. Nueve angoissait. Appréhendait d'être attrapé comme son ami. De le décevoir.

Les artistes en attente se rapprochaient du tourne-disque, laissant champ-libre à la fillette.


— Maintenant ! Se motiva t-elle dans ses pensées.


Au plus vite, le dos courbé, elle se se dépêcha d'aller vers la chaise rustique. Elle s'agrippa à l'un des pieds, tira, encore et encore. La chaise grinçait contre le parquet. Le bruit insupportable lui couvrait son petit manège pendant que les autres s'activaient pour cesser le tourne-disque. En un temps record, Nueve parvint à placer le support au bout niveau de l'interrupteur. Sans traîner, la brune monta sur la chaise usée. Se hissant sur le dossier, elle se mit à bon équilibre puis, sauta plus haut, ses mains, attrapèrent le couteau à bascule. Sous son poids, ceci descendit, éteignant ainsi, toutes les lumières. Instantanément, plusieurs grognement s'échappaient de partout.

La tension augmentait. Les rythmes de son organe vital avec. Nueve se laissait tomber par terre. Rien n'était présent pour amortir sa petite chute. Elle retint un gémissement de douleur, dès qu'elle sentit quelque chose de tranchant lui cisailler son épiderme. La brune replia sa jambe, appuya vivement sa main sous son pied. Un liquide chaud se déversait dans la paume de sa main, ce qu'elle en conclut être son sang. Elle palpita avec sa main, ce qui était être la source de sa blessure. Elle tilta qu'il s'agissait d'une aiguille.

Sans plus tarder, elle s'en accapara, ignora la vive douleur sous son pied droit, et, fit pousser, rouler la grosse boule colorée, en direction des rideaux. Le public était agité et confus. Haletante, elle grinçait des dents. Fouillant dans la poche de son sac à dos, elle sortit une petite lampe torche, la casa entre sa bretelle de sa salopette, pour le maintenir en place pendant ses manœuvres.


— Mono ! Cria t-elle à voix haute.


Le garçon s'étonna de l'entendre et la voir prendre des risques totalement insensés.


— Non ! Va t'en !

— Pas question !!


Le démon qui gardait Mono en otage repéra l'intrus. Il se mit à ricaner, sans doute en supposant que c'était son jour de gloire. À grand pas, se dirigea vers la brune. Nueve plissa ses yeux et resta derrière la grosse boule. Il était plongé dans les ténèbres, elle, pas entièrement. Se déportant sur le coté, Nueve le contourna, le monstre tendit son bras et ne sentit rien. Surprit, il cherchait la maudite gamine qui se moquait de lui.

Il resserrait sa prise autour du garçon masqué qui gémissait de douleur. Nueve grinça des dents. Elle se pencha sur le coté, analysa rapidement l'écart qu'il y avait.

Elle éteignit rapidement sa lampe torche, brandissait l'aiguille qu'elle avait placé dans son sac. Le bout de l'arme tranchant sortait un peu de son petit accessoire sur le dos. Au plus vite, elle se mit à courir dans l'obscurité. L'enfant avait retenu la position et savait pertinemment qu'elle remporterait sur cet immonde être-vivant. Une odeur de poisson pourrie lui confirmait qu'elle était proche. Déterminée, elle planta l'aiguille dans la jambe de son ennemi.

Automatiquement, sous la surprise et de cette vive douleur, il grogna, relâcha Mono. Ce dernier, retomba sur le coté. Un étrange bruit s'échappait de son épaule. Probablement une fracture. Le garçon masqué gémissait, haletait, appelait sa camarade, en rampant, avec ses pieds. Nueve se mobilisa au plus vite, attrapa sa main, l'aidait à se relever. Elle retourna vers le monstre, retira l'aiguille, pour ensuite, fuir avec son partenaire.

Un déclic s'échappait. Les projecteurs s'activèrent simultanément. Éclairant, aveuglant tout le monde dans la pièce.


— Mince... Pesta Nueve.


Elle avait conscience que Mono était blessé. Qu'elle allait devoir improviser. Au milieu de la piste, au-dessus d'eux, l'artiste toujours suspendue à sa corde. La brune la dévisagea, en gardant au mieux son sang-froid. Pleins d'autres artistes entraient en piste. L'un d'entre eux avait un fouet en main. Une avait un filet de pêche. Le présentateur tapait dans ses mains, tout sourire.

Le public devint plus excité. Un nouveau spectacle allait démarrer. 


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