7 | Le cirque Pale City

Publié le 26/09/2022

non corrigé


Little Nightmares II

If Crossblood


Chapitre 7:

Le cirque Pale City


La petite fille arpentait les sombres ruelles de Pale City. Il était impossible d'un point de vue externe, de déterminer le jour et la nuit dans cette ville, peuplée par des créatures difformes et effrayantes. Les lampadaires pas droites émanaient toujours un peu de clarté par les ampoules. Plusieurs poteaux électriques n'étaient plus droits et tous, étaient attirés vers le bas. Les fils venaient presque à toucher le sol. Quand à ce chemin de dalle, pas sec, était fissuré de partout et à quelques endroits, des cases étaient enfoncées, formant des trous passagers. Bien évidemment, ceci était ajouté par des bosses autre part et des déchets étaient laissés en abandons : des pages de journaux déchirés, imbibés d'eau, rendant l'écriture ou les photos illisibles. Des chaussures, du linge sale, des canettes ou encore des poubelles aluminium debout ou renversées.

Tout était trop silencieux. Elle pouvait même entendre sa respiration devenir bruyante en dépit de ses pas qui faisaient échos. Cette atmosphère était étouffante, pesante. Le manque d'animosité était limite douteux pour la brunette aux cheveux attachés, qui continuait de tracer son chemin, pieds nues, ceux-ci étaient amochés, les talons durcies et rougies, les ongles étaient mal entretenues et donc en mauvais état.

La solitude rongeait Nueve. Et le froid ne l'aidait pas mieux. La malheureuse grelottait, se frictionnait avec ses bras pour se réchauffer comme elle le pouvait. Intérieurement, la brunette se demandait si elle pourrait retrouver Mono rapidement. Elle se sentirait plus en sécurité. À ces pensées, l'enfant se raidit, surprise. N'était-ce pas égoïste de songer à cela ? Après tout, ses autres amis étaient morts. Elle seule, avait survécu.

Ne serait-ce pas plus favorable qu'elle attende sagement que la mort lui tende ses bras ? Ce serait moins atroce que de rester seule aussi longtemps, à fuir lâchement ces cauchemars pour gratter plus de temps, d'élargir son espérance de vie. Tout serait si simple si la petite voix de la raison lui indiquait qu'elle ne devrait pas mourir et vivre. La balance jonglait entre ces deux verbes. Chacune d'elles, détenait une importance. Après une stabilité, il s'avérait que « vivre » remportait. La fillette lâcha un soupir et frotta son visage, remettant de l'ordre dans ses pensées.

Elle était vraiment épuisée. La brunette releva sa tête. La vue s'éternisait sur plusieurs bâtiments reliées entre elles, à l'infini. Seul un gratte ciel coupait s'était mit à l'avant ; la fameuse Tour. Elle dégageait une certaine aura que l'enfant ne saurait décrire. Tout ce qu'elle pouvait s'interroger était ce qui pourrait se trouver derrière ces murs. Si elle voulait le savoir, il suffisait de quitter cette ville, tout simplement. Avoir un nouvel objectif c'était déjà quelque chose. Toutefois, il était aussi important de connaître la direction de sortie.

Où se trouvait le Nord, déjà ?

Nueve se mordit les lèvres inférieures. Pour un départ, tout s'annonçait très mal. Le seul coté positif se trouvait dans son sac à dos ; avec le reste de provision qu'elle avait pu voler. La petite fille prit une grande inspiration, se mit des petites claques à ses joues pour s'encourager avant de reprendre sa marche vers l'inconnu.

Après de longues minutes de marche, un événement inattendu se déclencha. En effet, depuis un toit, plusieurs déchets, de sacs poubelles percées et tout autre éléments à recycler furent balancés. Tout s'échouaient dans un fracas audible sur le chemin. Des morceaux de verres éclatèrent, des débris et autres matériaux plus ou moins fragiles explosaient aussi. Des chaussures et livres roulaient par-dessus le tas, avant de s'écraser définitivement au sol. Sitôt, des mouches se manifestaient, attirées par les odeurs nauséabondes qui dégageaient du gros tas de déchets.

Le boucan avait éveillé du monde. Surprise, Nueve leva sa tête, cherchant à savoir qui avait fait ça. Des grognements et gémissements provenaient de partout. Tout ses sens en alerte, la petite fille s'empressa de rebrousser le chemin, direction une fenêtre ouverte. Elle l'escalada, puisait dans la force de ses bras et tomba sur le béton froid du magasin. Comparé au goudron, c'était moins désagréable pour ses pieds nues. Dedans, il n'y avait personne. Simplement un comptoir en bois vide, avec une caisse enregistreuse. À l'arrière, plusieurs penderies à vêtement à roulettes en métal. De longs manteaux se trouvaient suspendues, maintenus par des cintres. Parmi eux, un long manteau de pluie jaune, à la taille de créatures.

Bizarrement, Nueve avait presque envie de renouveler sa garde-robe. Après tout, cela fait plusieurs mois qu'elle portait le même... tout était en mauvais état, sale et usé. Même son T-shirt était troué sous sa salopette. Elle avançait, écartant son envie de porter un quelque chose de plus sur elle. Tout était trop grand, de taille des créatures difformes. Ce serait presque ironique si la brunette se trouvait quelque chose...

Des bruits peu rassurants parvinrent à ses oreilles. Il s'agissait d'un signal pour que la fillette s'éloigne d'ici au plus vite. Cette fois-ci, elle accélérait la cadence, s'assurant de n'être pas poursuivit ni entendu. De l'autre coté, visiblement, avec cette cascade de déchets, avait attiré du monde. Rapidement, après avoir filé du magasin, passant par dessus une autre fenêtre, les orbes marrons de Nueve s'écarquillaient, stupéfaite et à la fois, rassurée. Retrouver cette personne, parmi tant d'autres, lui faisait baume au coeur.

On pourrait presque croire que c'était malsain de sa part, de vouloir s'accrocher à quelqu'un qui l'avait repoussé. Limite ce serait comme si elle se servait de lui, comme un soutien émotionnel. Qui l'aidait à rester stable, en sécurité, à lui redonner confiance en elle. Rien que à croire ça donnait allusion que Nueve était tordue. La petite fille n'avait pas envie de rester en retrait. Naïvement, la brunette espérait que ce garçon se trompait sur son sort. Qu'il était peut-être perdu ou ne savait pas s'y prendre avec les autres.


— Héé ! Mono ! On se retrouve ! 


Impossible de se retenir pour elle. La fillette venait de l'interpeller de vive voix, avec un sourire rayonnant. Le garçon masqué se retournait, remarquant que Nueve était de retour. Elle sautait du rebord de la fenêtre, se rattrapa au sol et le rejoignit vivement, toujours avec un visage détendu et heureux. Ironiquement, on pourrait se moquer de cette brune. Dans un monde apocalyptique, sombre et cruel, le moindre sourire était mauvais présage.

Dans ce cas de figure, il s'agissait tout simplement de l'innocence. Comment pouvait-elle sourire aussi naïvement ? Si facilement ? Pouvait-on aussi souligner pour ses yeux pétillants, débordant d'espoirs ? Mono l'étudiait silencieusement et la laissait reprendre son souffle, même si sa petite course était de courte durée.


— Tu as vu cette chute de déchets ? Pleins de gens sont partis inspecter ! 


En absence de réponse, elle en déduisit qu'il ne savait rien. Elle reprit de plus belle, très sérieuse.


— Il y avait une personne sur le toit qui a dû tout faire tomber et_...

— Tu m'as suivi ? 


Son timbre de voix était sec. Ahurie, Nueve dû se couper dans le sujet qu'elle lui faisait rapport. Elle se rappelait de plus tôt et secouait sa tête, sa queue de cheval, suivait ses mouvements de droite à gauche. Embarrassée, elle serrait les bretelles de son sac à dos, désolé.

Ce garçon au visage masqué par un vulgaire papier cartonné l'avait ramené à la dure réalité. Son coeur se compressait douloureusement à la poitrine et son sourire s'effaçait progressivement, son expression facial, se décomposait difficilement à ce rappel. À fuir lâchement la vérité n'était pas la meilleure chose à faire. Mono avait raison. Il fallait rester un minimum lucide.


— Non. C'est de la coïncidence. S'expliqua t-elle, la gorge nouée, en baissant sa tête vers le bas.

— Vraiment ? 


Elle opina vivement, ce qui conduisit Mono à soupirer. Résigné, il pointa du doigt le chemin qu'il comptait emprunter. Il lui décrivit brièvement ce qu'il comptait faire.


— Si on longe cette allée, on risque de croiser personne. Ils sont tous préoccupés ailleurs, c'est une occasion à ne pas laisser échapper.

— D'accord.. mais... ça veut dire que tu acceptes que je te suive ? Questionna timidement Nueve, perplexe. 


Sa question lui faisait réfléchir. Il pivotait sa tête et répliqua simplement un :


— Partons. 


Il abrégeait les conversations. Mono ne répondait pas entièrement à ses questions. Il se montrait distant mais pas méchant. Nueve était intriguée par lui et sans vouloir être insolente et soûlante, elle le suivit dans l'allée. Il ne faisait pas entièrement sombre, toutefois, la brunette sentait que c'était étrange. Peut-être qu'elle se tracassait trop au sujet de son partenaire ? Ou bien elle psychotait ?

Les deux survivants arpentaient depuis un bon moment la route. L'odeur du goudron chatouillait leur narine. Il n'y avait rien d'autre que des murs de pierres et de bétons à gauche et à droite. Aucun des deux n'échangeait ne serait-ce un mot, ce qui rendait l'ambiance grisant.

Finalement, une couleur inhabituelle les étonnaient. Un rouge vif. Qui se hissait assez haut, qui devait faire environ huit à dix mètres de hauteur maintenu par un mât. Il s'agissait d'un chapiteau en forme de cône. Il prenait beaucoup de place, et aucun des deux enfants ne pouvaient calculer cette superficie à vue l'oeil. Une représentation parfaite d'un cirque. Pas le choix. Il n'y avait pas d'autres issues à emprunter ni de fenêtres. Sinon il fallait remonter des tuyaux en métal – chose compliqué puisqu'ils glisseront, à moins qu'ils aient un quelque chose pour les aider à se hisser jusqu'à un des balcons en hauteur.

C'était avec le coeur lourd, que les deux enfants pénétraient dans le cirque, un trou assez grand sur la toile pour leur permettre de se faufiler discrètement comme des rats à l'intérieur. Tous deux se trouvaient juste à coté des escaliers en bois, qui menait au premier rang, coté des spectateurs. Dans un premier temps, ce qui était visible, était ces projecteurs de lumières, à LED rouge qui émanaient un peu de clarté. Attachées par des suspensions en métal, ils mettaient en valeur le centre du cirque. Ici ; il y avait une étrange charrette vide, usée par le temps et abîmée. À coté, empilés les uns sur les autres, des sacs en toile de jute. Ils étaient gros, mal alignés, des bosses se présentaient un peu dans certains recoins de la toile et surtout, ce qui était le plus inquiétant ; la présence de sang séché. Une odeur métallique et de la pourriture s'échappait.

Un socle doré avec des losanges était disposé plus loin, dessus, un grand cercle rouillé. À proximité, une échelle, qui montait à au moins quatre ou cinq mètres en hauteur. Suspendu, une corde. Celle-ci, ne paraissait pas très fiable. En effet, il était usé. Les acrobates auront du mal à garder leur équilibre et surtout, une sécurité assurée avec un tel potentiel danger. Il suffirait que les liens rompent pour que l'artiste fasse une chute mortelle.


— Qu'est-ce que tu fais ? On n'a pas le temps d'admirer. Lui fit remarquer Mono, toujours sur un ton détaché.

— Mais... Je n'ai jamais vu tout ça... Lui informa Nueve, en bredouillant pitoyablement dans ses explications.

— Moi aussi. Et ce n'est pas pour autant que c'est un bon moment pour visiter. 


La fillette fit une moue. Intérieurement, elle se questionnait sur son âge. Avait-il le même ou bien était-il légèrement plus âgé qu'elle ? Aucune idée. La brunette le suivit de nouveau. Ils remontaient les escaliers, se mouvant ensuite entre plusieurs sièges avec accoudoirs. Ceux-ci, avaient leurs velours rouge complètement déchiquetés, presque arrachés pour certains. Progressivement, avec effervescence, Nueve repéra un mannequin sans visage assit sur l'un des sièges.

Craintive, elle retint de glapir et se rapprocha à grands pas de son coéquipier qui se tournait vers elle, l'observant entre ses deux trous percés dans son masque papier. Lui aussi avait aperçu plus tôt ce détail troublant et il appréhendait la réaction de sa camarade. À vrai dire, ses mimiques, ses expressions et actions étaient si différents de son ancienne amie qui l'avait trahie.

Non. Il ne devait pas faiblir. Mono serra ses poings, gardant à l'esprit qu'il ne devait faire confiance à personne. Pas même à Nueve. Elle pouvait très bien jouer la comédie. Ou cacher un secret qui pourrait l'entraîner dans un gouffre sans fin, où les ténèbres jouiront de son retour. Où il pourrait se perdre de nouveau, dans un laps de temps indéfini, dans un cauchemar interminable sans issue de secours.

Soudain, une main effleura son épaule et brusquement, il s'écarta, de suite sur la défensive, prêt à riposter. Mono était tendu et son coeur martelait bruyamment contre son torse.


 — P-Pardon, mais... regarde. 


Après s'être excusé pour son geste peut-être trop familier pour son partenaire, Nueve pointa un mannequin plus loin. Dans sa main fermée, une grande clé. Nul ne savait où cette clé pourrait mener. Dans tous les cas, les deux survivants se doutaient qu'ils devraient aller se l'approprier. Qui sait, il y aurait une sortie derrière une porte.


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