1 | Pale City Shop
* Ecrit le 19.02.2021
Little Nightmares II
If Crossblood
Chapitre 1:
Pale City Shop
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La course effrénée ne permettait pas aux deux enfants de prendre un moment pour souffler. A aucun moment, il ne fallait faiblir. C'était une lutte. Pour la survie. L'adrénaline parcourait dans les veines du duo, qui, sentait leurs muscles brûler et devenir douloureux à chaque pas. La respiration était saccadée et sifflait assez régulièrement. Leur trachée était bouillante et à la fois, piquait, empêchant l'organisme de s'adapter à cet effort physique plus que agressive pour le corps. Leur système cognitif n'était pas entièrement fonctionnel ; n'étant focalisé que sur une chose : l'issue de sortie. Les oreilles bourdonnaient, malgré cela, les deux petits enfants pouvaient entendre ce bruit gluant, douteux et alarmant derrière eux, les pourchasser, réduisant et englobant le chemin qu'ils avaient empruntés avant.
Leurs pieds nues chauffaient. Etaient rouges et à la fois gelés. Après une longue course, marche, peut-être que des ampoules s'étaient formées. Ils étaient endolories, cependant, hors de question d'abandonner. Face à eux, se dressait un sorte de pont de pierre, menant jusqu'à la télévision carrée, renvoyant une lumière, source d'espoir et leur unique moyen d'échappement. Autour d'eux un tremblement, comme si, les ténèbres venaient engloutir tout. Six était plus loin, devant lui, ne s'arrêtant pas, alors que le pont tanguait, se fissurait, puis chutait dans le vide petit à petit. Le coeur battant, le petit garçon se sentit premièrement rassurée pour son amie qui avait pu joindre l'autre coté du pont, saine et sauve. Restait alors le saut périlleux.
Ce qu'il fit. Derrière lui, le cauchemar avançait en ralentit, en même temps que son saut. Mono fut vite rattrapé par Six, qui lui avait saisit sa main. Une main fiable, sur qui, plusieurs fois, l'avait aidé durant son aventure.
Sa main était chaude et moite. Tout comme la sienne. Mono s'efforçait à remonter, mais avait comme une drôle impression. Six semblait absente. Celle-ci le fixait, le visage sombre, la figure a moitié camouflée par sa capuche de son manteau de pluie jaune. Son amie ne réagissait pas aussi vite que habituellement et son manque de réactivité inquiéta le garçon sous elle, toujours suspendu dans le vide, sa survie, ne tenant qu'à un fil, sa vie, tenu entre les mains de son alliée depuis le début. Le coeur tambourinant contre sa poitrine, la sueur perlant de son front à son menton, haletant, Mono n'eut le temps de prononcer quoi que ce soit.
Il fut lâché. Six avait lâché sa main, sèchement, sans sortir le moindre mot, son visage, restant imperturbable. Le garçon, sentit son corps descendre, sous l'effet de la gravité, les ténèbres, se préparant à le dévorer. Lui, qui, a été lâchement abandonné, trahit par son amie. Tout espoir venait de s'envoler. Quoique, arraché, d'une manière plus que brutale. Honnêtement, le petit garçon aurait jamais cru s'en sortir. Bien évidemment, il savait que venir sauver son amie Six était suicidaire. Mais il devait le faire. Et jamais, à aucun moment, l'enfant aurait pensé qu'elle le laisserait tomber de la sorte. Une personne manipulatrice, dénudé d'émotion, sans coeur, ces caractéristiques ne lui correspondaient absolument pas.
Jouait-elle la comédie depuis tout ce temps ? Se servait-elle de lui depuis le départ pour parvenir à ses fins ? Tellement de questions tournaient dans la tête de Mono. Son coeur était déchiré. Après tout ce qu'ils avaient traversés ensemble, pourquoi elle l'abandonnait ? C'était tout simplement injuste. Lui, qui avait tout donné pour elle. Etait là pour elle. L'avait sauvé et aidé. C'était cela, la manière dont elle le remerciait ? En le jetant dans la gueule du loup ? Dans ces cauchemars ?
La silhouette de la fillette disparaissait, signalant qu'elle retournait dans le monde réel, en sécurité. Le visage de Mono se déformait sous la tristesse mêlée à de la colère. Sa confiance avait été trahie. Ce sentiment qu'il ressentait en ce moment, était horrible. Douloureux et à la fois insoutenable. Ses courtes mèches étaient dressées vers le haut, tout comme son bras, restait tendu, ses doigts écartés, comme si, quelqu'un ou quelque chose l'aiderait à remonter.
Mais la réalité était plus que injuste. Et cruelle.
C'était surprenant de se savoir encore en vie après cette chute. Encore abasourdit par ce qu'il s'était produit, péniblement, le petit garçon se redressa et regarda face à lui. Les ténèbres étaient partout. Il n'y avait rien à faire, à part avancer et à espérer trouver quelque chose. Partout, y comprit sous ses pieds, un bruit fort désagréable. En plus que quelque chose mouvait. Gluant, et à la fois liquide. L'air était lourd, mais pas difficile pour s'oxygéner. Au bout d'un moment, Mono finissait par trouver une chaise. Basique, de bois, placer au-dessus d'un tas de chair. Qu'avait-il de mieux à faire ? Il savait que au fond, plus rien ne l'attendait à l'extérieur. Personne ne viendrait le sauver.
On l'avait trahit. Mentit. On avait joué avec sa confiance et sa loyauté.
Le petit garçon réajusta son long manteau amoché et de couleur froide et sombre pour qu'il puisse se poser sur la chaise. Plongé dans une solitude, nourrit par les ténèbres et la colère et l'incompréhension, il serra ses poings. Autour de lui, plusieurs oeils s'ouvrirent. Les pupilles cogitaient, comme si celles-ci admiraient leur nouvel hôte, qui devenait leur nouveau Roi. Le nouveau maître de Pale City.
Son environnement basculait. Changeait, le ramenant dans une triste réalité ; dans une pièce. Vide. Le retenant captif dans ses ténèbres, ou plutôt son - cauchemar - . Qui, avec le temps, qui sait, finira par le métamorphoser en monstre.
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Dehors, la pluie tombait des cordes. Un chant mélodieux retentissait sur les dalles qui recouvraient la terre. Les linges qui étaient exposés à l'extérieur, se retrouvaient totalement trempés et étaient laissés en abandon. Jusqu'à présent, le ciel avait toujours été aussi sombre, ne dévoilant aucune étoile dans les cieux. Aucune once de lumière. Un peu comme si l'obscurité avait toujours existé dans ce monde. Dans l'enceinte d'une petite supérette de marché, désertée par les habitants de Pale City, se trouvait une enfant. Elle semblait faire un tri, examinant avec attention les étagères occupées par diverses produits de consommation. La tête toujours levée vers le haut, elle faisait un tour, pieds-nues. A vrai dire, tout était gigantesque comparé à sa toute petite taille, que c'était assez troublant.
Le carrelage était gelé, sale et pourrie à quelques endroits. Une dizaine boite de conserve se trouvait par terre, déformées ou non. Impossible d'ouvrir le couvercle sans un instrument de cuisine. Plus loin, c'était du verre qui était explosé, du jus de tomate recouvrant la surface. Une odeur plus que pourrie empestait, attirant des mouches, qui survolaient les dégâts causés. Un peu plus loin, des sachets de riz ouverts, le contenu avait formé une belle pyramide.
Le ventre de la petite fille se mit à grogner.
Elle s'y avança d'un pas décidé, veillant à ne pas écraser un fragment de verre pour se blesser davantage. Aussitôt, elle se pencha et ramassa un grain sec. Elle renifla et vint le diriger à ses lèvres, laissant sa langue prendre le petit bout et l'embarquer dans sa cavité buccale. Elle mâcha puis avala. Lentement, la fillette abaissa ses mains et considéra tout ces restes qui avaient bien meilleur goût une fois avoir bouillit dans de l'eau chaude pendant quelques minutes. Pensive, l'enfant se mit à se débattre dans sa tête.
En toute franchise, ce lieu a été abandonné. Ce serait stupide de croire qu'il y aurait encore quelque chose de comestible. Les fruits sont pourries dans les stands vers l'entrée et les légumes se retrouvaient aussi dans un piteux état. Encore plus que des rats plus gros qu'elle se manifestaient dans le coin, grignotant de tout et de n'importe quoi pour atténuer leur faim. Si jamais elle venait à en rencontrer un, la bête se taperait un sprint de malade rien pour la mettre sous ses dents tout en poussant des cris.
Son estomac grogna de nouveau. La fillette porta ses mains vers son ventre, qui lui suppliait de digérer un quelque chose. Après tout, cela faisait quasiment quatre jours qu'elle avait rien mangé! Une véritable torture. Son corps était affaiblit, engourdit et avait des crampes. Son mal de tête ne s'arrangeait pas malgré ses heures de sommeils limités et se contenter de boire l'eau de pluie n'aidait pas non plus. L'humidité pénétrait même dans les abris, et les draps ou coins plus ou moins chauds ne servaient plus à grand chose...
C'était quand même curieux... Trois jours, et il pleuvait toujours à torrent, comme si les cieux exprimaient leur tristesse. Sincèrement, la petite fille se demandait quand elle pourra un jour, admirer un ciel éclaircit. Avec un joli effet coloré, multicolore, sous forme de demi-cercle, comme elle pouvait en voir depuis des illustrations représentées dans des livres déjà grands ouverts. Enfin, généralement, ils étaient jamais fermés, comme la plupart avaient pour passion la lecture. Elle pouvait encore se souvenir qu'elle en lisait parmi ses autres amis, sur le ventre, les jambes pliées et jonglant dans un mouvement de ciseau et tapant ses pieds entre eux horizontalement. Autrefois, tous étaient unis, avant qu'ils ne vivent un cauchemar.
Un souvenir lointain, mais encore si frais, impossible à ignorer. Assister au meurtre de ses amis, finissant par être capturé une fois mort, finissant pendus par une jambe ligotée, des membres en moins par ces monstres gigantesques, qui avaient l'air de fabriquer des poupées à base de chair humaine.
Une voix agonisante et à la fois apeurée lui remontait à l'esprit. "Nueve!". La main tendue vers elle, le visage larmoyant et déformé par la peur, de la morve sortant du bout de son nez, une fille maigre. Evidemment, Nueve avait cherché à la libérer de cet attrape souris, duquel elle s'était piégée. Le pic avait atteint son thorax. Du sang dégoulinait de sa bouche et ses pupilles dilatées perdaient peu à peu la lueur. A l'aide de ses propres mains, Nueve cherchait à soulever le métal qui l'écrasait, empêchant son allier de se relever de la lame sous elle. Une torture lente et à la fois horrible.
Sous la panique, il était impossible de se concentrer. De réfléchir correctement, de procéder par étape pour trouver une solution. C'est ainsi que son amie mourut, sous ses yeux, en larmes. Après cette terrible épreuve, Nueve se trouvait tellement pitoyable, incapable.
Survivre seule, éviter de faire le moindre bruit, toujours sur ses gardes, de peur de se faire avoir par tout et n'importe quoi... le quotidien de la fillette.
— Il n'y a rien pour mettre sous la dent? Pensait la petite, avec une pointe de déception. Je ne veux pas mourir de faim... et finir comme repas pour ces bêtes...
Soudain, un bruit la fit sursauter. Très vite, elle porta son attention à cette pile de riz, qui, cogitait anormalement. Surgissent alors des araignées, des petites, fuyant leur abris. A cette vue, Nueve réprima une grimace en se remémorant le grain de riz qu'elle avait avalé. Savoir que ces bestioles ont posé leur patte dessus... lui donnait un fichu haut-de-coeur.
Contrainte de se déplacer à son tour, la fillette réajusta les bretelles de son sac en tissus qui pendait le long de son dos, marron, troué à quelques endroits et mal cousue à certains coins. Ses cheveux attachés en queue de cheval trainaient derrière elle dès lors qu'elle entama le premier pas.
Finalement, après avoir bien cherché, ignorant les douleurs à son cou qui la lancinait à chaque fois qu'elle levait sa tête, elle débusqua des paquets non ouverts de biscuits. Toutefois, il fallait escalader les étagères. Et ce qu'elle voulait, se trouvait au quatrième étage. Autrement dit, il était nécessaire de faire un détour pour obtenir l'élément qu'elle désirait.
Elle enjamba vers l'entré de la petite supérette, se faufilant entre les caisses, monta sur une chaise complètement défoncée, pour ensuite, sauter et se hisser sur le tiroir-caisse, et se redressa ensuite sur le clavier. Un petit son audible s'y émanait, comme un clac, affichant un chiffre sur l'écran principale et orientale, destinée à la clientèle. C'était poussiéreux, mais lisible avec cette couleur verte. Nueve ignora, longea le long du tapis roulant qui était en arrêt, escalada un stand de confiserie, sautant les uns par dessus les autres pour ensuite, joindre des caddies tous assemblés les uns des autres, bloquant toute une allée.
Avec cette hauteur, ce n'était pas compliqué de parvenir à joindre les rayons. Plus facile à monter en haut par la suite, avec des tubes carrés d'acier. La fillette faisait le haut. Une fois plus stable, elle fit bien attention à ne rien faire tomber. Après tout, des bouteilles verres de différents parfums y étaient placées. Finissant ensuite par atteindre l'étagère qu'elle convoitait de base. Avec précaution, elle descendit le long du métal, pour ensuite, venir déposer son pied-nu sur la plateforme presque remplit de paquets de gâteaux. Haletante, veillant à reprendre son souffle, Nueve glissa les bretelles de son sac le long de ses bras, ouvrit son sac et s'empara sans gêne de trois paquets entiers de différents produits de consommation. Au moins, elle aura de quoi grignoter lors de son aventure.
Son estomac grogna de plus belle, l'incitant à s'accaparer d'une boite plus grosse que les autres, empalée les unes sur les autres. Non seulement la structure était plus énorme, donc, prendrait trop de place dans son inventaire, mais il y avait pas le même effectif que la petite fille avait prit. Inutile de réfléchir, autant manger sur place. Et puis, mis à part les araignées, petits ou énormes rats qui occupaient cet endroit, aucune grosse menace ne s'y faisait ressentir.
Cédant à sa faim, Nueve ouvrit la boite sans difficulté, se permettant aussi de s'asseoir au bord de la plateforme, ses pieds dirigés vers le vide. Ouvrant un dernier emballage plastique, elle mordit dans le chocolat, soulagée de pouvoir se nourrir enfin après plusieurs jours. L'enfant se sentait même heureuse de savourer ce goût unique et sucré. Logiquement, dans ce genre de contexte, elle ne devrait pas profiter, ni se détendre. Néanmoins, pour elle, avec le temps et l'expérience, la petite fille vêtu d'une salopette beige, trouée au niveau de ses genoux, puis d'un haut sale blanc - voire gris, avait acquit de la positivité. Qu'il ne fallait pas renoncer au désespoir, qu'il fallait tout de même apprécier tout petit instant de bonheur.
Sa survie était jusqu'ici une chance inestimable. Gaspiller son précieux temps pour trop de sérieux, de stress, n'était pas bon pour le moral. C'était pour cela qu'elle souriait en mangeant. Ne pas abandonner, garder espoir et la tête haute. Ses amis auraient eux aussi, appréciés manger ce délicieux gâteau fourré de chocolat avec elle, s'ils étaient encore en vie. Pour eux, et aussi bien pour son moral, Nueve prenait son temps, mastiquant un bon moment, dégustant son repas.
Au final, la petite fille avait mangé au moins quinze parts de chocolats sur vingt. Bien calé, elle exhala un soupir de bien-être, ses yeux fermés, ses jambes s'agitant dans le vide. La brune se détendait. Puis rouvrit ses paupières, regardant face à elle. Tout était si calme, si silencieux, et à la fois, peu agréable. Après tout, cette atmosphère régnait depuis toujours, mis à part d'autres occasions... Cela devenait presque pesant à chaque fois. Et la solitude commençait sérieusement à la peser.
Nueve sortit une petite gourde de son sac, contenant de l'eau de pluie, puis avala quelques gorgée pour s'hydrater la gorge. Puis, refermant le bouchon, elle remit dans son affaire, qu'elle remit aussitôt sur son dos. Peut-être pouvait-elle se reposer au moins quelque temps ici? Dormir, caché sous les produits mis en exposition... Ce serait une bonne idée, au moins, ici, comparé aux immeubles, c'est moins stressant et humide.
Dans un bruit assourdissant, quelqu'un pénétra dans la supérette. Respira bruyamment et ses pas, lourds et à la fois audibles fit bondir le coeur de la pauvre enfant. Maintenant en état de panique, blême, sous l'effet de l'anxiété, Nueve s'obligea à se redresser et pencher sa tête sur sa droite. Avec le peu de luminosité, elle ne repérait rien. Néanmoins, le son plus que inquiétant ne la mettait pas du tout à l'aise. Soudain, un grésillement. Suivit alors le début d'éclairage émit par les lumières suspendues. Aveuglée, la fillette se fit de l'ombre avec son bras.
Le coeur de l'enfant rata un battement, dès qu'elle s'habituait enfin à la présence des lumières; une ombre. Ronde, avec une silhouette imposante et à la fois intimidante. Rapidement, maintenant à sa respiration, Nueve se faufila derrière les boites de gâteaux, s'accroupissait et restait cachée. L'impression que le sol se dérobait sous ses pieds ne faisait que augmenter son stress. Des sueurs froides coulaient le long de son dos et sur son visage. Même, elle croyait presque que sa respiration finirait par attirer le monstre qui venait d'entrer.
Les pas cessèrent vers son emplacement. Nueve ne voyait rien pour l'instant. Cependant, elle pouvait tout à fait deviner à quel point elle se retrouvait dans une mauvaise posture. La pauvre tremblait de peur et ses battements de coeur tambourinait trop violemment contre sa cage thoracique, et avec le sentiment d'impuissance, elle sentait que sa voie respiratoire se bloquait d'un coup. L'adrénaline pulsait dans ses veines, la rendant toute instable. Les yeux ronds, ses mains plaqués à son nez et bouche, la fillette laissa l'individu ne plus bouger.
— Ne viens pas ici... ne viens pas ici...! Implorait-elle dans ses pensées, ses yeux s'humidifiant sous la peur.
Un long râlement s'échappait de la bouche de l'intru et tendit sa main vers l'étagère où Nueve se trouvait. Celle-ci se crispa, la tête dressée vers le haut, décelant cette énorme main, toute crasseuse et puante au-dessus d'elle. Subitement, contre toute attente, ses doigts se plièrent, dans sa direction, comme pour l'attraper.
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