10 | Apprendre à faire confiance
* Publié le 18/02/2024
Little Nightmares II
If Crossblood
Chapitre 10:
Apprendre à faire confiance
« — Qu'est-ce que c'est, ça ? »
Les yeux baissés sur le grand livre, qui illustrait un dessin, Nueve était intriguée. Du bout de ses doigts, elle effleurait délicatement la feuille, avec un grand sourire. Ses autres compagnons s'amusaient plus loin, tandis que un seul venait la rejoindre. Le petit garçon réajustait ses lunettes, dont l'un des verres était fissuré. Il se penchait vers l'avant, pour jeter un coup d'oeil sur ce qui pouvait tant intéresser sa camarade.
— C'est la mer.
— La mer ? Répéta doucement la brunette, fascinée.
— Apparemment c'est de l'eau. Qui prend beaucoup beaucoup d'espace, mais à l'extérieur, après le sable ! C'est immense. Lui expliqua le garçon.
— Comme la pluie ? Sauf que ça a tout conservé ? Questionna innocemment la petite fille qui considéra son allié. Ce n'est pas dangereux ?
Son compagnon réfléchissait, croisait ses bras. La brunette profita de ce moment-là pour dessiner dans son petit journal, tenta du mieux qu'elle le pouvait de reproduire les même lignes colorées de la page qu'elle admirait depuis quelques minutes plus tôt.
Nueve adorait l'art. Si ce monde n'était pas aussi étrange, si cinglant, l'enfant aurait voulu apprendre à s'améliorer dans ses coups de crayon, ou peut-être même, aurait apprit d'autres méthodes que le dessin ! Prendre des photos, pour ensuite les mettre dans un cadre, comme ce qui pouvait s'y trouvait dans cette gigantesque maison délabrée.
— Aucune idée, mais on raconte que l'eau est même salée...
— Salée !?
— Et que on ne touche même pas le sol.
— En gros, de la noyade assurée ! S'alerta la brunette, choquée.
Un petit sourire amusé se lisait sur les lèvres de son ami. Il voulut ajouter un quelque chose, mais fut soudainement coupé dans son élan, par un cri effaré de l'un de ses camarades. Tout le monde cessait immédiatement leur activité et se regroupait au plus vite entre eux.
Des bruits de pas se rapprochaient. Sous l'ordre du chef de la bande, tous allaient immédiatement se cacher quelque part. Nueve rangea immédiatement son petit journal dans son sac à dos, se hâta pour monter sur une étagère et se plaça juste derrière une peluche de lapin noir, tout abîmé, un bouton qui servait d'oeil était arraché, il pendouillait, avec le reste de coton. La porte s'ouvrit dans un long grincement interminable. L'individu pénétrait dans la pièce, appuyait sur l'interrupteur. Simultanément, l'endroit s'éclaircissait depuis l'ampoule suspendu au plafond, sans rien pour le couvrir. Les ombres trahissaient. Offraient de l'aide au chasseur.
Certains furent attrapés. Ils hurlaient, faisaient tout leur possible pour s'échapper. En vain. Le monstre était trop rapide, capturait un bon nombre, les jetaient dans un grand sac en jute pourri. Alors qu'il n'arrivait plus à trouver d'autre proie, l'individu se mit à rugir. Saisissait tout ce qu'il y avait à portée de main, balançait, jetait dans tout les sens, quitte à tout destroyer sur son passage.
Affolée, Nueve sortait de sa cachette, nota qu'il y avait un violent fracas. Le verre de la fenêtre avait éclaté en morceau. Plusieurs fragments jonchaient par terre, pointus, tranchant. Leur petite brillance appelait quiconque à venir, pour verser des larmes et du sang. La seule issue de secours était de sauter par dessus la fenêtre.
Prudemment, la fillette se servait de la peluche, pour redescendre de l'étagère de bois vernis. Elle glissait tout le long, veillait à ce que ses pieds nues ne puissent écraser du verre ou autre chose qui pouvait la mettre en danger. Pour se couvrir, elle se servait du lapin noir. Dès que l'ennemi se tournait dans sa direction, il ne percevait que son bordel et d'une peluche à terre. Stupide et trop enragé, le monstre difforme n'avait le temps de enregistrer les changements dans la pièce, trop obnubilé à attraper des petits enfants.
Parvenant finalement à rejoindre la fenêtre, la petite-fille grimpa sur le radiateur poussiéreux et glacial. Le vent était frais, libérateur. Les rideaux déchirés flottaient vers l'arrière, en direction du danger qui guettait de l'intérieur de la maison, dans laquelle, les enfants avaient pu dénicher comme abri. Les mains par-dessus le rebord, la brunette pouvait entendre les cris et les pleurs de ses compagnons. Son coeur se tordait douloureusement dans sa poitrine. Ses yeux piquaient, elle retenait difficilement ses larmes. Nueve ne voulait abandonner personne.
— Vite ! Sautons ! Souffla une de ses amies, déterminée.
— On ne doit surtout pas ralentir ! S'époumona le garçon.
Ces deux-là sprintaient, avaient pu copier les déplacements de la brunette. Leur présence rassurait plus que tout Nueve. Elle leur tendait une main, les encourageaient. Naïvement, elle était certaine qu'ils allaient s'en sortir vivants.
Malheureusement, le destin en avait été décidé autrement. La brute les avaient enfin repérés. Il enjambait la pièce, écartait tout sur son passage en poussant un rugissement plus aiguë. Tétanisée, Nueve criait, à s'en péter les cordes vocales. Elle ne voulait pas que ses précieux amis se fassent avoir. Surtout aussi près de la liberté.
Une fut attrapée. Son visage se décomposait sous l'horreur. Elle pleurait, hurlait.
— Fuis, Nueve !
Le garçon lui donnait cet ordre. Il échappa de peu à la grande main de l'individu. Il roula par terre, pantela, savait très bien que sa camarade tremblait en haut, secouait sa tête, n'approuvait pas ce choix. Elle tenait énormément à ses amis. Devoir affronter ce monde si cinglant toute seule la terrorisait et surtout, la brunette n'avait pas suffisamment confiance en elle pour survivre seule.
Son allié souriait, cherchait à la rassurer à sa manière. De toute façon, il n'était pas fort physiquement. Il était moins endurant, moins futé. Il avait déjà accepté ce qui l'attendait.
— Survie! Pour nous !
Ses paroles atteignirent la jeune fille. Elle écarquilla ses yeux, hoqueta, serra une partie de sa salopette et de son t-shirt rapiécé. Dès que son précieux ami fut lui aussi, capturé, Nueve ferma ses yeux, tourna aussitôt ses talons. Courut à nouveau.
La main de la créature se tendait par dessus la fenêtre, voulut rattraper l'enfant qui sautait.
Puis, vint la chute, accompagnée par la pluie torrentielle qui s'abattait dans tout Pale City.
Le monstre grogna, se pencha légèrement depuis la fenêtre, mais ne trouva pas la survivante. En bas, c'était si sombre et surtout, avec la chute, rien ne pourrait aider sa proie à s'en sortir. Dépité, il retourna à l'intérieur.
Les cliquetis de la pluie se mélangeait avec les froissement des sacs poubelles. Certaines percées, une odeur épouvantable s'y échappait. Au toucher, c'était mou, des sons suspects ne donnait aucune envie à la fillette de vouloir savoir ce qu'il y avait à l'intérieur. Des moucherons flottaient par dessus. La brunette sortit du grand conteneur de déchet, tout en sanglotant. Elle manqua de glisser et de tomber lourdement sur la cour en béton, mouillée. Nueve hoqueta, trembla, serra ses poings. Son coeur lui faisait terriblement mal.
Elle ne pouvait strictement rien faire pour aider ses camarades. Absolument rien.
Leurs cris, leurs supplications, leurs pleurs résonnait encore fraîchement dans sa tête. Pitoyablement et mal, la petite-fille amena ses mains et les appuyaient sur ses oreilles, espérant, priant pour que tout cela se stoppe.
Tout cela n'était qu'un mauvais rêve. Nueve repoussait la réalité. Elle ne voulait pas y croire. Pas admettre que tout cela était vrai.
La fillette était désormais seule.
**
*
Une main appuyée sur son crâne, la tête baissée, Nueve rouvrit enfin ses yeux. Elle fixait son ombre et celui de Mono sous ses pieds. Elle clignait plusieurs fois des paupières, interloqué par ce silence des plus étranges, alors qu'ils étaient dans le pétrin.
Enfin, elle releva sa tête. Elle écarquilla ses yeux et retint son souffle. Tout ce qui se trouvait dans le cirque de Pale City, tout ce qui l'attendait, les portes de la mort, s'étaient stoppés. Immobilisés. La brunette n'arrivait pas à comprendre ce qui venait de se produire, alors qu'elle avait eu un moment d'absence, en repensant à son passé.
De ce qui l'avait poussé à agir, pour ne pas revivre cette profonde tristesse.
L'enfant se tourna en direction de son allié. Son bras était tendu, sa main faisait un signe de stop face au monstre qui se penchait vers eux. Il ne bougeait pas du tout. Aucun son ne sortait même de sa bouche répugnante.
— Le temps s'est arrêté ? Murmura Nueve, indécise.
Le garçon masqué la considéra. Il retira doucement sa main gauche de la tête de son allié.
— On s'en va... Haleta t-il.
— Eh ! Il s'est passé quoi, à la fin ??
Sans réponse, la fillette gonfla ses joues. Elle suivit Mono qui se déportait déjà sur le coté, toujours en boitant, hors de portée du monstre figé sur place.
— Mono !
— Ne traîne pas... je.. ne sais pas pour combien de temps ça...
— Combien de temps qu_
Un déclic.
Nueve se crispa et pivota rapidement sa tête, jeta un coup d'oeil par dessus son épaule, simultanément, Mono faisait de même. Il lui hurla :
— COURS ! SOUS LES SIEGES !
Elle s'exécuta immédiatement.
Tous les monstres bougeaient de nouveau. Ils grognèrent, ne comprenaient pas ce qu'il venait de se passer. De plus, leur proie, leur divertissement avait disparu du centre. Tous se mirent à geindre, à être animés par la colère, la frustration et la folie. Les deux enfants, cachés sous un siège spectateur, restant collés et aux aguets, ils observaient la suite des événements, en silence.
Le présentateur, sans doute, se mettait bien en évidence. Il écartait ses bras, déblatérait quelque chose d'incompréhensible pour les enfants. Assez vite, la foule se tut. La créature difforme réajusta son nez rouge, tourna. Chaque pas qu'il effectuait, faisait vibrer le sol, sous son poids.
Face à un coffre en bois, le monstre ouvrit, fouilla à l'intérieur. Plusieurs crissement s'y dégageaient. Enfin, la brute épaisse qui ressemblait à un véritable clown remonta une sorte de petite hachette. Il se tourna.
Les deux enfants tressaillaient, après avoir assisté à un meurtre.
En effet, le présentateur du cirque venait de trancher la gorge de l'artiste qui avait participé à ce morbide spectacle. Elle tomba sur ses genoux. Amena lentement ses mains vers sa gorge, barbouilla quelque chose d'incompréhensible, convulsa lorsque son corps s'écroula sur le sol. Atteignant son paroxysme, l'ennemi libéra son dernier souffle et ne bougea plus.
Les spectateurs s'agitaient, semblaient paniquer. Ils se levaient, se déplaçaient. Les ombres dansaient sous les lumières. Nueve se courbait légèrement, s'avançait imprudemment. Mono la retenait par le bras et lui souffla, exprima son désaccord.
— Ne sors pas.
— On peut partir en se mêlant aux autres !
— C'est trop risqué.
La brune le dévisagea.
— Si tu peux arrêter le temps, non, ça ne le sera pas.
— Ce...
Le garçon au visage masqué par un vulgaire sac de papier baissa sa tête. D'une faible voix, il lui répondit :
— Je ne peux pas.
— Pourquoi tu ne peux pas ?
— C'est ...compliqué...
Nueve le sonda. Ses sourcils se froncèrent. Il était si énigmatique, que parfois, ça pouvait la stresser, la mettre en insécurité. Personne n'avait de super-pouvoir, c'est un fait. Alors pourquoi, et comment, lui, son allié, était un cas à part ?
Elle ravala sa salive, écarta ses doutes. La brune ne voulait pas le laisser seul, ce serait injuste. Ils devaient se serrer les coudes, restés unis.
— Alors laisse-moi te poser une question importante...
Le ton qu'elle venait d'employer était lourd, très sérieux. Mono ne pouvait que l'écouter.
— Puis-je te faire confiance ?
À l'intérieur de son masque, le garçon écarquilla ses yeux. Cette question était cruciale, vis à vis de leur relation.
L'autre fille au manteau de pluie jaune ne lui avait jamais posé cette question, ni avait fait de réflexion là-dessus.
Ici, Nueve venait de mettre à plat ses doutes, ses craintes. D'ailleurs, elle ne lui avait même pas hurlé dessus lorsque le phénomène paranormal s'était produit – ou alors elle n'avait pas eu le temps. Non, au contraire, la brune voulait se rassurer. Être en total confiance.
Autrement dit, le choix lui appartenait. Le petit garçon restait figé sur place. Les battement de son coeur venait de ralentir et ses oreilles bourdonnaient. Des picotement avaient lieu au niveau de ses pieds nus. Mono baissa sa tête.
Très sincèrement, il n'était plus sur de lui. Se montrerait-il à la hauteur ? Ou au contraire, décevrait-il ? Son pouvoir était lié à la grande Tour, il interférait des choses, des signaux. Peut-être même plus ? Lui-même ne savait pas trop. L'enfant ne contrôlait pas encore très bien le pouvoir qu'il détenait entre ses mains.
Tout était si vague, flou.
S'il voulait reprendre sa vie en main, Mono devait réapprendre à faire confiance. À se retrouver.
Nueve n'était pas Six.
Elle était venu lui porter secours, il y avait quelques minutes.
Mono ferma ses yeux, soupira doucement.
— Oui, tu peux me faire confiance.
— D'accord. D'accord... Tant mieux. Sourit doucement Nueve.
L'expression sur son visage, décrivait parfaitement son soulagement. Le coeur de Mono retrouva de l'énergie et il sentit ses joues s'empourprer. Le petit garçon relâcha la pression qu'il exerçait sur le bras droit de sa camarade.
— Il a perdu les esprits, lui décrivit Mono en mentionnant le clown. Il va massacrer les autres. Jusqu'à nous retrouver. La sortie va nous être bloqué.
— Qu'est-ce que tu conseilles, alors ?
— Pas le choix... on va devoir improviser.
Nueve hocha doucement la tête.
Suivant les ordres de son allié, accroupis sous les sièges, les deux enfants se faufilaient entre tout les autres supports en velours abîmés. Derrière eux, il y avait en effet, une pagaille. Les invités gueulaient après le clown. Ce dernier, hystérique, se mit à tuer quiconque devant son passage. Du sang s'éclaboussait sur le visage du fou. Les corps, tombaient un à un. Les plus courageux, essayaient de repousser le présentateur.
Pendant ce laps de temps, les deux enfants parvenaient à quitter les rangs, descendirent sur le plateau plus bas. Mono appela sa partenaire à voix basse pour qu'elle le suive. Ils couraient, glissaient sous les rideaux rouges, qui séparaient la scène et les coulisses. Tout en se redressant, Mono réagissait au quart de tour. Il tendit son bras gauche pour couper la route à sa nouvelle amie.
Devant eux, d'autres artistes, qui restaient cachés derrière les rideaux, eux aussi. Apeurés, très silencieux, ils restaient groupés, n'osaient bouger de peur d'être tué.
Pantelante derrière le garçon, Nueve entendit de drôles de bruit derrière eux. Sans savoir ce qu'il se passait, elle chercha refuge auprès de son allié. Avec sa petite main, elle s'agrippa au long manteau usé de son partenaire. Ce dernier, étonné, la considéra.
— Ne t'inquiète pas, on va s'en sortir, lui rassura t-il doucement.
— Et comment... ?
Les artistes se mirent à pleurer en choeur, s'enlaçaient entre eux, comme des enfants désemparés et perdus. Mais version plus grotesque. Nullement touché par leur solidarité, Mono tapota le crâne de la brune, celle-ci, avait des yeux ronds suite à ce geste si affectueux, nouveau.
— Il a dû bloquer la sortie avec des sièges... ou autre chose. On va monter en haut. Ça va augmenter nos chances de pouvoir sortir.
— Entendu...
Dès qu'il la relâcha, s'éloigna pour escalader des chaises, Nueve eut un moment d'absence. Sa main se posait sur ses cheveux frisés, dû à la pluie. Jusqu'ici, personne ne lui avait tapoté si gentiment sa tête. La brunette secoua sa tête, se reprit et suivit le parcours de son camarade.
Elle nota sur une table, un genre de stylo à plume. Hors de l'encrier ancien. Très impressionnée, elle s'arrêta pour le récupérer, le positionna au niveau de son sac à dos puis, rejoignit au plus vite son allié. Au même moment, un rire très aiguë, profond. Quelqu'un remuait frénétiquement les rideaux.
Les anneaux cédèrent, la longue tringle avec. Tout tombait d'un coup sec. Le couloir étant désormais visible, tous pouvaient à présent voir l'oeuvre du clown.
Tout les spectateurs, formaient une grande pyramide de cadavres devant l'issue de secours.
Les artistes restants poussèrent des cris horrifiés. Ils reculaient, jusqu'à une poutre de bois, tétanisés.
— Nueve ! Monte, vite !
La petite-fille ne se faisait pas prier. Elle s'exécuta, remonta le long de la corde usée qui suspendait depuis un rail. Atteignant enfin une bonne hauteur, écartée au moins du danger avec son ami, ils pouvaient assister au meurtre des derniers artistes encore debout.
Le sang giclait continuellement. Rien que de devoir voir tout ça, retournait l'estomac de la brune. De la bile remontait même jusqu'à son œsophage, menaçait de tout se déverser. En se faisant violence, Nueve parvint d'éviter de vomir. Elle prenait de grandes inspirations, fuyait cette scène, pâle.
En parfaite équilibre, Mono longeait le bois qui rejoignait un autre. Ses bras tendus des deux cotés, il faisait attention à ne pas tomber. Nueve le suivait de près, veilla à ne pas regarder en bas, au risque de tomber.
Le clown rigolait. Il se mettait à se déhancher tout seul en bas, sa hachette baignée dans le sang de ses victimes était toujours maintenue fermement dans sa main. Soudain, il s'arrêta. Il bascula sa tête vers l'arrière. Craqua même sa nuque. Comme s'il n'avait aucun os au niveau de sa colonne vertébrale, il continuait d'aller vers l'arrière. Et là, le monstre localisa enfin ses petites proies qui l'avaient humilié plus tôt.
Un large sourire s'élargissait sur ses lèvres rouge. Il se mit à ricaner.
Aussitôt, il se repositionnait, se déplaçait jusqu'à un carton remplit de petites hachettes. Il en récupéra. Puis, tout satisfait, vint en jeter dans les airs, visant, ciblant les petits enfants qui cherchaient à lui échapper.
Le premier coup fut raté. Le second, se planta dans le bois. À l'impact, le plancher tanguait. Le duo se survivant se penchait, faisait de leur mieux pour tenir bon.
— Il nous a trouvé ! Vite, on se dépêche !!
Pas impressionné, gardant son sang-froid, Mono se tâta à vite rejoindre l'autre bout. Une succession de lancer à la hachette revint de plus belle.
Tout continuait de se secouer. Momo perdit l'équilibre, son pied glissa.
— MONO ! S'écria Nueve, paniquée.
Lors de sa chute, le garçon fut attrapé par le clown. L'ennemi ricana, serra sa prise autour du corps du garçon masqué, l'étouffant sous la force de sa main.
Nueve tremblait depuis en haut. Des gouttes de sueurs perlaient de son front à sa joue. De sa joue à son menton. L'adrénaline continuait de pulser dans ses veines. Sa respiration était saccadée, elle ne savait pas comment faire pour libérer son ami, cette fois-ci.
Elle refusait de l'abandonner. Quitte à mourir, elle se battra s'il le fallait.
Guidée par sa détermination, sa main attrapa le stylo à plume. Le bout était suffisamment pointue.
Jamais la fillette ne s'était battu avec une arme. Elle s'était toujours focalisée sur la survie, sur les cachettes. Jamais elle ne s'était révoltée contre un monstre. Pourtant, c'était évident de savoir qui vaincrait. Il était gigantesque. Pas elle.
La brune réajusta, resserra le ruban rouge qui maintenait ses cheveux attachés.
Si seulement aucun monstre n'existait sur Terre, peut-être que à l'heure actuelle, le monde serait plus utopique, plus paisible, merveilleux.
La petite resserra sa prise sur le stylo qui faisait quasiment sa taille. Elle poussa un cri, de sorte à attirer l'attention du clown détraqué. Ce qui fonctionna. Immédiatement, elle bondissait. Les jambes pliées, les bras au-dessus de sa tête, maintenant son unique arme de défense, elle transmettait toute sa colère à travers le bout du stylo.
Peut-être bien qu'elle échouera. Peut-être bien que cela aurait été inutile. Qu'importait, Nueve désirait au moins contre-attaquer. Qu'importait les risques qu'elle prenait.
— Plus jamais, plus jamais on me retirera ceux que j'aime !! Hurla la petite-fille.
Sauvagement, brutalement, elle parvint à planter le bout du stylo dans l'oeil du clown.
Dirigé par son instinct de survie, Nueve grinça des dents, remua son arme, ignora les gémissements rauques de son adversaire. Ce dernier, bougeait, aveuglé d'un œil, cogita, déplaça hâtivement une de ses mains libres pour aller retirer ce qu'il avait sur lui.
La brunette fronça des sourcils, suivit la trajectoire de la main.
— La boite de nourriture ! Lui conseilla Mono, toujours captif dans la main droite de l'ennemi.
Réactive, Nueve retira une bretelle du sac de son épaule, ouvrit à la va-vite, sortit le premier truc qui sortait du lot. La brunette balança la boite de cookie sur l'autre œil.
La créature rouspétait, désespérément. Finalement, Momo fut relâché, il se rattrapa dans sa chute, sur la chemise du monstre. Une odeur de transpiration s'y échappait et il fronça du nez à l'intérieur de son masque.
Le garçon releva sa tête, observa sa camarade retirer vers le haut son stylo à plume. Une réussite. Elle ignora le sang qui jaillissait, se laissa glisser sur le corps du clown qui amenait ses mains sur ses yeux blessés.
Ensemble, les deux enfants se laissaient atterrir sur le sol. Nueve remit correctement son sac sur son dos, plaça son arme avec les bretelles puis, avec son camarade, prenaient la fuite au plus vite.
Au même moment, des mannequins se levèrent, dans des craquement audibles.
— La lampe torche !
Nueve ralentissait sa course, livra son sac à Mono, qui l'ouvrit, attrapa l'outil dont il avait le plus besoin. Il l'alluma, aveugla les mannequins, qui, dès que la lumière était dirigée vers eux, ne bougeaient plus du tout.
Attentif à tout ce qui les entouraient, le garçon masqué repéra enfin, une issue de secours. Il pointa du doigt la sortie, pourtant bloquée par les cadavres à sa partenaire.
— Il y a une petite issue ! Il n'a pas couvert le haut !
— C'est... suffisant... haleta t-elle, pour qu'on sorte !?
— Oui ! Fais-moi confiance !
Elle lui adressa un sourire et opina doucement.
— Tu as toute ma confiance !
Stupéfait et à la fois soulagé, le garçon souriait à l'intérieur de son masque. Il nota un autre mouvement suspect derrière eux.
Le clown revenait à la charge. Un œil en moins, l'autre étant rouge et humide. Il se mit à courir vers eux.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top