16. Cruel dilemme

Je reste stupéfaite et toute chamboulée, les larmes aux yeux, devant le docteure. Je ne pourrai donc jamais vivre ma vie tranquillement comme tout le monde ?!

Je commence à en avoir marre. Tout le monde autour de moi est heureux, joyeux et insouciant alors que moi, j'ai eu tout les malheurs possibles. Mais je vais m'en sortir. Comme d'habitude. Docteure Rodriguez continue de parler, mais ce n'est que comme un bourdonemment sourd lointain que je perçois. Je sors du cabinet, entièrement dépressive. Voilà la raison de mes nausées, vomissements. Je suis enceinte. Mais malade. Je sors péniblement de l'hôpital et grimpe dans ma voiture.

Je conduis jusqu'à chez moi, appréhendant la réaction de Liam lorsqu'il apprendra ces nouvelles. J'aimerais lui annoncer seulement qu'il sera père. Lui promettre que nous ferons de merveilleux parents. Lui promettre que nous allons élever cet enfant ensemble. Que nous allons continuer de rire ensemble et d'échanger des moments complices. Que je serai à ses côtés jusqu'à son dernier souffle. Que nous vivrons heureux éternellement, dans la vie comme dans la mort. Mais ce n'est malheureusement pas possible.

Je dois lui dire. Il s'en rendra forcément compte. J'arrive beaucoup trop vite à mon goût chez moi. J'insère la clé dans la serrure et pénètre dans la maison. Je tombe sur un Liam dont le visage est rongé par l'inquiétude. Il se lève d'un bond puis s'approche de moi.

- Où étais-tu ?

- À l'hôpital. Je ne me sentais pas bien ce matin. Je me suis donc rendue la bas et ai pris des prises de sang.

- Alors ? Le résultat ?

Je me mords la lèvre. Je vais commencer par la bonne nouvelle.

- Je... Liam... Je suis enceinte. Nous allons être parents !

Le visage de Liam passe du tout au tout. Il gémit puis se rapproche encore plus de moi. Il me prends dans ses bras et me soulève. Il me fait tournoyer dans les airs en riant et dit :

- Je vais être papa !

Je rigole face à son air euphorique. Il me repose puis pose délicatement ses lèvres sur les miennes. Je me mets à pleurer en pensant à toutes ces belles choses que je ne vivrai probablement pas. Il essuie mes larmes à l'aide de son pouce puis dit :

- Pourquoi tu pleures ma douce ?

Non. Je ne peux pas lui dire. C'est au dessus de mes forces. J'espère qu'il me pardonnera. Je lui souris à travers mes larmes.

- Je suis heureuse mon coeur...

Liam me sourit une nouvelle fois et m'embrasse. Notre baiser à une saveur salée à cause de mes sanglots. J'essaie d'oublier cette horrible vérité qui plane sur ma tête pour me concentrer uniquement sur l'homme devant moi...

• • •

Aujourd'hui, j'ai un rendez-vous avec une gynécologue. Elle me fera probablement une échographie. Liam ne peut pas venir à cause d'une mini-tournée avec le groupe. Je lui ai promis de lui envoyer les clichés du bébé. Je m'habille d'un short en jean et d'un débardeur blanc simple. Autant profiter de mon petit ventre plat !

Je grimpe dans ma voiture et allume la climatisation. Il fait une chaleur infernale au Québec ! Je conduis jusqu'à la clinique tout en chantant. J'ai décidé de savourer chaque jour de ma vie comme si c'était le dernier. Je ne sais pas quand je vais mourir, mais la gynécologue m'en parlera. Pour l'instant, je vais vivre à fond !

J'arrive rapidement à la clinique et pénètre à l'intérieur. La réceptionniste m'informe que la gynécologue termine actuellement avec son patient et qu'elle s'occupera de moi après.

Honnêtement, je suis surprise. L'attente à été de courte durée et je suis rapidement dans le cabinet du docteure, le chandail remonté, couchée sur un lit. La gynéco applique du gel sur mon ventre et passe une machine dessus.

Sur l'écran, on voit l'intérieur de mon ventre. Soudain, la docteure pointe une petite tache sur l'écran à l'aide de son doigt.

- Vous voyez ici ? C'est le fœtus. À cet âge, il n'est qu'une petite graine comparé à tous les autres organes.

Je hoche la tête, les larmes aux yeux. Après plusieurs minutes, la gynécologue essuie le gel et range son matériel avant de me regarder, l'air grave.

- Vous êtes probablement au courant de votre cancer. Lorsqu'une femme enceinte est atteinte d'une maladie, deux options s'offrent à nous.

- Je vous écoute.

- Le stade du cancer n'est pas encore très avancé, avec un peu de chance, nous parviendrons à le guérir avec la chimiothérapie. Cependant, cette intervention médicale est extrêmement déconseillée pour les femmes enceintes. Donc, soit vous avorter et faisez de la chimiothérapie, soit vous continuer tranquillement votre grossesse, mais nous effectuerons la chimio après l'accouchement. Sachez que vous avez 50% de chance de perdre le bébé. Les cellules cancéreuses pourraient également s'installer quelque part d'autre.

Je soupire. Au fond de moi, mon choix est déjà fait. Non seulement je refuse catégoriquement d'avorter et je veux garder ce bébé. La chimio pourra attendre. Ça vaut le coup d'essayer. Je regarde la docteure et dis, déterminée :

- Je préfère garder le bébé.

- Vous savez que vous n'êtes pas obligée de choisir maintenant ?

Je secoué la tête de droite à gauche.

- Mon choix est déjà fait. Je passe mon enfant avant moi. Si je dois mourir, je mourrai, mais au moins, mon bébé vivra et mon copain pourra réaliser son rêve, celui d'être papa.

- C'est une geste très brave ce que vous faites là. Rares sont les personnes qui pensent aux autres et à leur famille avant eux. Très bien alors faisons en ainsi. Par contre, vous serez suivie deux fois plus qu'une grossesse normale. Vous êtes plus exposée à des risques de complications. Question de prévention. Sur ce, je vais vous laisser Mme Walter. Nous nous reverrons dans deux semaines pour un nouveau bilan. Bonne journée !

- Merci docteure. Bonne journée à vous aussi !

Je lui serre la main puis sors, sûre de moi, du cabinet. Ce bébé naîtra, peu importe de quelle façon...

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J'espère que ce chapitre vous a plu !
Luv

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