Chapitre 7
J'ai chaud ! J'ai tellement chaud ! Je crois que je ne supporte pas trop la chaleur. Tout compte fait, j'en suis sûre. Depuis le début de l'été, je vis clairement dans le noir. Les volets h24 fermés, les ventilos qui font plus de chaleur qu'autre chose et deux douches par jour, c'est devenu mon quotidien.
Samy :
Ça tente qui un foot cet aprèm ?
Moi :
Vous voulez me tuer ou c'est comment ?
Billy :
Arrête de râler et ramène tes fesses.
Après tout, j'ai déjà super chaud, autant avoir chaud dehors. Étant en sous-vêtements, j'enfile un short de basket ainsi qu'un tee-shirt puis prépare mon sac. Je prends de l'eau, très important si je ne veux pas mourir, une enceinte et deux trois trucs à grignoter. Question de survie.
Arriver la dernière ? Pas vraiment une surprise pour le coup. Sincèrement, le jour où j'arrive à l'heure, organisez-moi la plus grande fête de tout l'univers, car ça n'arrivera pas plusieurs fois. Je n'ai même pas le temps de penser quoi que ce soit, que mon regard se pose sur Maya qui est tranquillement allongée dans l'herbe. Elle parait si paisible sous cette chaleur étouffante. Mais qu'est-ce qu'elle fait là ?
— Salut le peuple ! Mais dit donc, encore toi ? dis-je à l'attention de Maya.
— Je savais que je te manquais, je ne suis venue rien que pour toi !
— Adorable, mais fais attention, tu risques de devenir accro, lui dis-je, accompagné d'un clin d'œil.
Chacune de nos conversations est comme une bataille, pour savoir qui fermera le clapet de l'autre. Qui sera dans l'incapacité de répondre quoi que soit. Qui perdra à ce petit jeu ? Sur cette bataille, c'est elle qui a perdu et ses sourcils froncés montrent que la guerre est loin d'être finie.
Cette fois, c'est un jeu complètement différent auquel nous jouons avec le reste du groupe. Un Uno, tout simplement. Seulement, le perdant devra se faire tirer dessus avec des ballons par tous les joueurs. Ça rend le jeu un peu plus excitant. Enfin ça le serait si le perdant n'était pas sans arrêt Samy. C'est impossible de perdre autant au Uno. J'espère pour lui qu'il ne comptait pas jouer au loto aujourd'hui, j'ai rarement vu quelqu'un avoir autant la poisse.
Nous avons beau être à l'ombre, la chaleur est omniprésente et très oppressante. Nous décidons alors d'aller jouer au foot. Oui, nous choisissons toujours les options les plus bêtes. Il fait chaud, on fait du sport, il fait froid, on va à la piscine, extérieure évidemment. C'est tout nous.
C'est une partie de foot très longue qui s'entame. Des gestes d'une lenteur, une course aussi rapide qu'un marathonien en fin de course. Mais Maya arrive quand-même à me pousser comme un rugbyman, à tirer dans mes jambes ou à s'accrocher à mon tee-shirt.
— Dis-moi, t'es au courant que c'est pas du catch ?
— Ah non tiens, tu m'apprends un truc, dit-elle innocemment.
J'ai le ballon et automatiquement je croise son regard. Elle est déterminée à me détruire les tibias, comme si son seul but était de m'achever. Elle court dans ma direction, prenant de plus en plus de vitesse. Je ne pensais pas qu'elle courait aussi vite, je suis presque impressionnée. Adieu petits tibias, je vous aimais tant. Non mais sérieusement, elle pensait m'avoir ? Comme prévu, elle me saute dessus, mais cette fois, j'étais préparée. Je m'empresse de la porter et de la mettre sur mon épaule en sac à patate. Elle gesticule dans tous les sens et je peine à la garder en place. Je l'entends râler ainsi que crier lorsque je me mets à trottiner jusqu'au but. J'arrive tant bien que mal à faire une passe à Mathis et le voit marquer. C'est après avoir célébré ce but que je me décide à la reposer sur la terre ferme.
— Du coup, on a gagné, c'est à vous d'aller remplir les bouteilles d'eau ! dis-je plus fière que jamais. Je prends également soin de faire mon plus beau sourire à Maya qui bouillonne de l'intérieur.
Il y a des fontaines à eau pas très loin, ce qui est pratique dans ces circonstances. C'est donc Maya, Hugo, Cassandra, Billy et Éva qui sont chargés de ravitailler l'équipe.
Assise à l'ombre, je récupère, je souffle. Ma peau me brûle et je sens déjà la douleur des futurs coups de soleil sous la douche. Pourtant, j'en rêve d'une bonne douche. Et mon vœu est exaucé, de l'eau coule le long de ma nuque. Une fraîcheur à laquelle je ne m'attendais pas et qui me fait sursauter. Je me retourne hâtivement et découvre le grand sourire malicieux de Maya, fière de sa connerie. Ni une ni deux, j'attrape la bouteille dans les mains d'Hugo et renverse tout sur Maya. Elle se décompose, essayant de savoir ce qu'il vient de lui arriver. Elle est complètement trempée, de la tête aux pieds. C'est parti, une nouvelle bataille commence.
Je suis cachée derrière un mur, le souffle court, le cœur battant tellement fort que je crains qu'il ne sorte de ma poitrine. Courir autant sous cette chaleur est fortement déconseillé et pour l'avoir testé, je confirme. Il y a quelques minutes, j'étais complètement trempée et là plus rien. Aussi sèche qu'en arrivant au stade. Puis me vient une question : pourquoi fuir alors que de l'eau apaiserait tellement mon corps ? C'est dans ces moments-là que je suis complètement contradictoire. Et être contradictoire, ce n'est pas facile pour les autres, je sais, mais surtout pour la personne concernée. Vous ne savez pas ce que ça fait de toujours désirer deux choses totalement opposées. De devoir faire un choix sachant que faire un choix, c'est forcément renoncer.
Splash une vague d'eau me claque la tête.
— Trouvée ! dit Maya en repartant aussi vite.
Je la course, même si je n'ai plus d'eau. C'est juste histoire de ne pas la laisser gagner.
Elle court vite, c'est vrai. Mais pas aussi vite que moi ; je remercie maman de m'avoir inscrit à l'athlétisme plus jeune. Petit à petit, je la rattrape puis, lorsque je suis enfin assez proche, je l'attrape par la taille et la fait virevolter.
Alors que je la repose au sol, elle n'a pas le temps de réagir que je lui pique sa bouteille. Ses yeux me supplient de ne pas le faire, mais je suis sans pitié ; je dois tenir ma réputation. C'est doucement, comme achevant mon ennemie, que je verse le reste de la bouteille sur sa tête. Elle m'arrache la bouteille des mains et part, faisant mine de bouder telle une enfant.
Dix-huit heures. La chaleur commence enfin à tomber, l'air est moins difficile à respirer.
— Bon, nous on se casse. J'ai besoin d'une douche là. Mais si vous voulez, on se rejoint chez moi ce soir, dit Mathis
Tout le monde acquiesce et c'est difficilement que nous nous levons. Devant moi elle marche, se retournant de temps en temps en me regardant d'un air méchant, afin de me rappeler qu'elle me boude. Ceci m'amène à une théorie : s'il elle boude de cette manière pour un petit jeu, c'est que j'ai une petite touche. Que la porte de son cœur est enfin ouverte. Vais-je entrer ? Prendre ce risque ?
— Donne-moi ton numéro, dis-je subitement. Tout le monde s'arrête et me regarde bizarrement.
— Pas vous bande de crétin, Maya.
Comme si je n'avais rien dit, ils repartent en direction des voitures. Maya, elle, reste plantée devant moi. Et alors ce n'est plus une moue boudeuse sur son visage que j'aperçois, mais un sourire malicieux. Est-ce que je viendrais de perdre à ce petit jeu finalement ? Avait-elle tout prévu ? J'en ai l'impression.
— Pourquoi devrais-je te le donner ? Tu n'as pas été très gentille aujourd'hui.
— Pourtant j'ai été un ange. Et tu dois me le donner parce que tu en as besoin, je sais que tu en meurs d'envie.
— Pas très convaincant. Tu peux mieux faire.
D'abord elle me met un râteau et ensuite elle me fait galérer pour un numéro ? Non mais j'hallucine. Le pire dans l'histoire ? C'est que je rentre vraiment dans son jeu. Je veux ce numéro. Pour je ne sais quelle raison, mais je le veux. D'ordinaire, j'aurais dit tant pis, je serais partie et la fille reviendrait vers moi à coup sûr, mais là, c'est différent. Je sens que si je m'en vais, elle ne me suivra pas. Je vais continuer à aller dans son sens pour le moment. Lui faire croire qu'elle contrôle, que je suis sous son emprise. Puis d'un coup, je changerai les règles et lui montrerai que, depuis tout ce temps, c'est moi qui contrôlais.
C'est suite à une lutte sans fin qu'elle craque et note son numéro dans mon téléphone. C'est toute fière que je rentre chez moi me préparer pour ce soir. Pas besoin d'en faire beaucoup, c'est une soirée un peu comme au terrain, entre nous. La seule différence, c'est qu'au moins on sera dans un environnement moins chaud, plus confort.
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