Chapitre 39 (partie 2)
Je ris, presque de soulagement.
— Que tu étais une bombe atomique. Pour ma défense, j'étais vraiment bien bourrée.
— C'est vrai que ta chemise m'allait vraiment bien, répond-elle en riant. Si tu veux tout savoir, je t'avais repéré durant la soirée, mais disons que tu étais pas mal occupée alors j'ai laissé tomber.
— Tu as bien fait, ce soir-là je m'étais prise une sacrée claque, je suis contente d'avoir fait la connasse avec une autre fille que toi.
— Pourquoi ?
— Parce que tu ne m'es jamais tombée dans les bras comme les autres filles. C'est grâce à ça que j'ai dû m'intéresser à toi réellement pour te plaire.
— Donc tu as essayé de me plaire ? C'est bon à savoir.
Je ne dis rien, la laissant jubiler dans son coin, car elle sait qu'elle a raison et que pendant plusieurs semaines, j'ai effectivement tout fait pour lui plaire. Finalement, c'est elle qui m'a plu.
Sans que je m'en rende compte tout de suite, j'ouvre les yeux et lui fait enfin face.
— Je pense que je ne veux pas être ton amie, je veux être plus que ça, dis-je timidement.
— Tu en es sûre ?
— Je veux passer du temps avec toi, je veux te faire rire, sourire. Je veux t'écouter parler de tout et de rien pendant des heures. Je suis incapable de prêter autant d'attention à une autre personne, ça veut bien dire quelque chose ?
— Peut-être que je suis une super amie !
— Éva est une super amie, mais je n'ai pas envie de l'avoir dans mes bras ou de l'embrasser. Avec toi, c'est ce que je veux.
— Fais gaffe, on pourrait croire que tu veux te mettre en couple.
Je ne sais pas quoi répondre à cette question et rien que le mot couple me fait paniquer. Par pur instinct, j'essaie d'éloigner la source de cette angoisse, et la seule chose que je trouve à faire, c'est de la pousser à l'eau.
Lorsqu'elle remonte à la surface, complètement paniquée, elle me regarde méchamment.
— Tu aurais pu trouver un autre moyen de fuir la question, dit-elle râlant.
— Désolée, je pensais que tu avais trop chaud, dis-je amusée.
Ni une ni deux, elle me chope les pieds et me tire dans l'eau. Seulement, madame a oublié que je n'avais plus de tee-shirt et que de me traîner sur un rocher allait forcément me blesser. J'ai le dos qui me brûle énormément et je n'arrive pas à savoir si l'eau froide apaise ma douleur ou l'accentue.
Pendant ce temps-là, Maya rit à gorge déployée. Mais voyant que je me tords de douleur, elle s'arrête et regarde mon dos pour voir l'étendue des dégâts. Elle me regarde alors avec de petits yeux.
— Je suis désolée, me dit-elle coupable.
— C'est si grave que ça ?
— Bah, c'est rouge, c'est une éraflure, mais sur une grande surface. Il faudra juste bien désinfecter.
— Ah bah bravo ! Je devrais au moins avoir le droit à un bisou magique !
Elle s'approche alors de moi et vient déposer un baiser sur ma joue comme une petite fille qui embrasse son amoureux ou amoureuse. Je crois bien que mes joues deviennent aussi rouges que mon dos.
— Ça m'a un peu soulagé, mais pour soigner efficacement, il faut m'embrasser sur les lèvres.
— Et puis quoi encore ?
— Ce n'est pas de ma faute, c'est de la magie, ça marche comme ça.
— Si tu réponds correctement à 3 questions, tu auras ton bisou.
Alex dans les starting blocks, j'aurais mon bisou peu importe les questions.
— Tu tiens réellement à moi ?
Bon, finalement, je ne suis plus aussi confiante d'un coup. Je la regarde dans les yeux, rassemblant tout mon courage.
— Si je ne tenais pas réellement à toi, je n'aurais pas fait tout ça. Je ne l'ai jamais fait pour personne. Je suis le genre de personne qui laisse les autres partir, je n'ai jamais ramé pour récupérer quelqu'un. Alors oui, je tiens réellement à toi.
Elle me regarde, se retenant de sourire.
— Hum ça va, tu t'en sors bien. Pourquoi je te fais si peur ?
J'aurais dû me douter que ça serait des questions auxquelles je déteste répondre.
— J'ai peur parce qu'avec toi je me sens vraiment bien et tu me fais ressentir plein de choses que je ne connais pas donc forcément, c'est effrayant. Je baisse ma garde, j'ai peur de faire confiance à la mauvaise personne, dis-je presque désolée.
— Je te montrerai que tu peux avoir confiance en moi, me dit-elle la main sur ma joue.
— Ce dont j'ai le plus peur, c'est que tu m'abandonnes, que tu réalises que je ne suis pas une bonne personne et que tu partes comme tu allais le faire.
Maintenant, c'est elle qui me regarde, l'air désolé.
— Je ne suis pas le genre de fille à offrir plein de fleurs ou à faire des câlins tout le temps. Je ne suis pas non plus le genre de fille à faire des déclarations d'amour et à crier sur tous les toits avec qui je suis. Moi, je suis la fille chiante, contradictoire et apparemment jalouse.
— Tu es aussi la fille gentille qui sait prendre soin des personnes qu'elle aime. La fille qui fait rire tout le monde parce qu'elle voit que ses amis ont le cafard. La fille qui a passé des heures à mon chevet à l'hôpital. Je suis d'accord avec toi, tu n'es pas parfaite, il n'est pas difficile de te trouver des défauts, mais tu as toujours pris soin de moi.
Je baisse la tête, totalement gênée par ce qu'elle me dit. J'ai l'habitude qu'on m'insulte, qu'on me donne une claque ou qu'on fasse les deux à la fois. Mais jamais une fille ne m'avait décrit d'une telle manière, avec autant de gentillesse.
Elle relève ma tête pour plonger son regard dans le mien et lire à travers moi.
— Tu pourrais envisager quelque chose de sérieux avec moi ? Me demande-t-elle.
— Je peux essayer ?
Ses lèvres se rapprochent des miennes, hésitantes, pour finalement se lancer dans un tendre baiser. Ses lèvres réchauffent tout mon corps et surtout mon cœur qui menace d'exploser. Je comprends alors la citation "avoir des papillons dans le ventre". Jamais un baiser ne m'a procuré autant d'émotion, de sensation.
— J'ai oublié de dire que tu étais aussi la fille super méga sexy, me dit-elle en décollant ses lèvres rien que quelques instants avant de m'embrasser de nouveau.
Elle finit par s'accrocher à moi tel un koala, les bras autour de mon cou et les jambes enroulées à mes hanches. J'ai retrouvé ma Maya, celle qui me sourit, me regarde et rit à mes blagues. Celle que j'embête, qui en l'occurrence est celle que j'éclabousse.
Pour m'échapper, elle finit par sortir de l'eau pour se réfugier sur le rocher où sont posées nos affaires. Alors que je flotte sur le dos, me laissant bercer par ce calme, Maya me ramène à la réalité.
— Tu comptais partir vers quelle heure ? me demande-t-elle.
— Je ne sais pas trop, vers dix-sept heures, pourquoi ?
— Il est dix-huit heures trente. On ne devrait pas tarder.
Effectivement, sachant que nous avons mis au moins une heure trente à l'aller, on n'est pas rentrée avant vingt heures. Je sors de l'eau puis regroupe mes affaires dans mon sac et remets mes chaussures.
— Tu devrais mettre ton tee-shirt, avec ton sac ça va frotter, me dit Maya avec un petit air inquiet.
— Pas bête. D'ailleurs tu as intérêt à me soigner en rentrant.
— Tu peux toujours rêver.
Nous repartons par le chemin où nous sommes arrivées, regardant une dernière fois en arrière pour admirer ce décor somptueux.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top