Chapitre 35 (partie 1)
— Oyez oyez chers habitants de cette magnifique villa. Veuillez ramener vos jolis petits culs immédiatement dans le salon pour une petite surprise, crie Éva tellement fort que je l'entends même de ma chambre, pourtant la plus éloignée du salon.
À partir du moment où elle a énoncé le mot "surprise", tout le monde a accouru. Je suis même presque certaine que Manelle n'a jamais couru aussi vite de sa vie.
Évidemment, pour ne pas changer, Maya me snobe totalement. Nous sommes tous assis sur l'énorme canapé, attendant impatiemment qu'Éva nous révèle la fameuse surprise.
— Bon, ne soyez pas déçus, mais il n'y a pas de surprise, dit-elle comme une enfant qui avoue une bêtise. Mais je vais proposer un truc à Maya, annonce-t-elle en se tournant dans sa direction.
— Encore une idée débile d'Alex je suppose ? Non parce que ce n'est même pas la peine d'y penser, c'est non direct.
— Alors là, je n'y suis pour rien, me défends-je.
— Je te propose un beer pong contre Alex, la perdante a un gage donné par la gagnante. Évidemment, interdiction de refuser le gage. Je sais très bien que tu es super énervée contre elle, alors dis-toi que si tu gagnes, tu pourras lui faire faire tout ce que tu veux.
Samy et Billy ne comprennent pas grand-chose à ce qui est en train de se passer, ils sont tous les deux à fixer Maya, à attendre sa réponse.
— Je sais très bien que si je perds, elle demandera à ce que je passe du temps avec elle, alors non, c'est mort.
— C'est bien de préparer sa défaite, bonne initiative, dis-je en riant, ce qui me vaut comme réponse un regard terriblement noir. Roh allez joue ! Tu ne peux pas te défiler comme ça. Et si tu veux, je te promets que je n'utiliserais pas ce gage contre toi quand tu perdras.
— Je ne perdais pas, dit-elle en se levant en direction du frigo.
Elle attrape toutes les bières qu'elle trouve pendant que les garçons s'activent à préparer la table avec les gobelets. Moi, je suis là, totalement perdue à regarder tout le monde s'agiter autour de moi. Je vous promets que ça ne faisait pas du tout partie du plan. En plus de ça, même si je gagne, je ne pourrais pas passer du temps avec elle, alors clairement, je ne sais pas dans quoi je m'embarque.
La table est prête, les gobelets sont tous remplis et positionnés comme il faut. Je suis du côté rouge, ma douce adversaire a préféré le côté bleu. C'est fou comme un simple beer pong peut instaurer une tension de malade. J'ai l'impression de jouer un match de coupe du monde.
Ça y est le moment est venu, elle lance sa première balle. Bingo. La chance du débutant, c'est tout, chance qui dure pendant pas mal de lancés quand-même. Elle n'est pas si mauvaise que ça finalement.
Il s'avère que j'ai pris un peu de retard et que j'ai déjà pas mal bu. Pour être honnête, je ne suis pas la plus concentrée non plus, puis si elle gagne elle sera contente non ?
— Qu'est-ce que tu fous, tu te fais éclater ! me chuchote Éva dans l'oreille.
— Roh c'est pas si grave que ça. De toute façon, même en gagnant je n'aurais pas ce que je veux alors autant qu'elle gagne.
— Dis-moi, ça t'arrive de réfléchir ? Tu te fais humilier là, Alex la championne du beer pong battue à cause d'une fille qui lui fait la tête. Gagne-moi ce match avant que je t'étripe.
— Alors la championne a perdu de sa splendeur, dit Maya en souriant.
Très bien mesdemoiselles, Maya prépare ta défaite, elle va être salée. Je t'ai laissé assez d'espoir, il est temps de tout anéantir.
Je lance, et comme prévu, ça atterrit dans un verre. J'espère que ton estomac est solide ma petite parce que tu vas morfler.
Plus je les mets, plus je vois Maya se décomposer. Je la vois boire encore et encore. Elle commence à perdre pied, entre le stress de perdre et l'alcool qui s'écoule dans son sang, j'ai l'impression qu'elle ne gère plus du tout.
Ce qui devait arriver arriva, mesdames et messieurs, sans surprise, je suis évidemment la grande gagnante de cette partie.
— De toute façon t'as triché ! crie Maya. Vas-y balance ton gage qu'on en finisse ! Tu veux quoi à la fin ? Un coup madame me drague, puis finalement elle s'éloigne pour revenir me pécho mais finalement je ne suis rien du tout à ses yeux et maintenant elle revient à la charge pour je ne sais pas quoi. Décide-toi !
— J'ai été stupide, je sais bien, mais pour une fois dans ma vie, je suis sûre d'une chose. Je veux que tu fasses partie de ma vie, peu importe de quelle manière.
— Je vais vomir.
— Oh ça va, ce n'est pas si nian nian que ça, si ?
— Non mais je vais...
Vomir. Oui, c'est bon j'ai bien compris vu la galette qu'elle nous a lâchée. Boire autant aussi rapidement est fortement déconseillé.
J'ai mis du temps à réagir, mais lorsque c'est enfin monté au cerveau, je suis tout de suite partie l'aider. Certes Maya est moins en forme que moi, mais ça ne veut pas dire que je suis dans une forme olympique non plus.
— Laisse-moi tranquille, je suis une grande fille, me dit-elle avant de revomir ses tripes.
— C'est ça ton gage ma poulette, tu dois me laisser m'occuper de toi.
— J'avais dit que je ne voulais pas passer de temps avec toi, ce n'est pas juste ! Et puis de toute façon, je suis autonome.
Elle titube à travers le salon avant de trébucher avec ses propres pieds et s'étaler par terre sans pouvoir se relever. Je l'aide à se remettre sur ses jambes et elle cède finalement.
— Je n'ai pas le choix je suppose, dit-elle à contrecœur.
Et non ma belle, tu vas devoir faire avec. Oui, c'est vrai, son état n'est pas cool et je n'aime pas du tout la voir comme ça, mais ça me permet de passer du temps avec elle.
Ça me rappelle d'ailleurs bizarrement notre première rencontre. Ce jour où j'avais dégobillé devant une magnifique demoiselle, qui en plus de ça, portait ma chemise. Ce jour-là, elle avait su prendre soin de moi. Je crois que maintenant, c'est mon tour.
Pour être honnête, je n'ai jamais vraiment été la personne qui s'occupe des autres en soirée. Je suis plutôt cette fille dont on s'occupe, alors j'essaye de m'en sortir comme je peux.
Je l'ai installé dans la salle de bain où j'ai fermé toutes les portes afin que personne ne la voit, car son état ne s'arrange pas. Je lui ai attaché les cheveux comme je pouvais, mais certaines de ses mèches ont déjà trempé dans le vomi. D'ailleurs sachez que c'est beaucoup plus difficile d'attacher les cheveux à quelqu'un que de se les attacher soit même, surtout quand on a plusieurs verres dans le nez.
Entre deux sessions de vomissement, je l'hydrate avec des verres d'eau, et j'en profite pour lui poser une serviette mouillée sur le front ; moi ça m'aide quand je suis dans ces états.
Après au moins une heure et demie à vomir, ça s'est enfin calmé, elle ne vomit plus. Elle me regarde alors avec un air de chien battu qui me fend le cœur. Puis elle se met à sangloter tout en cachant son visage. J'essaye de m'approcher d'elle, mais elle me repousse.
— Pourquoi tu me vois comme ça ? Tu n'es pas censée me voir dans cet état, me dit-elle entre deux sanglots.
— Et je suis censée te voir comment ? Parce que si tu veux tout savoir là je te vois seulement comme une fille qui a besoin d'aide. Puis je te rappelle que dès notre rencontre tu m'as vu vomir toutes mes tripes donc on est juste quittes.
J'ai réussi à lui décrocher un petit sourire, c'est que ça va déjà un peu mieux. Nous restons là, assises sur le sol de la salle de bain, à se regarder, à se sourire.
— Si tu t'en sens capable, il faudrait que tu prennes une douche, dis-je en cassant le silence pourtant si agréable.
— D'accord, mais il va falloir que tu m'aides. Je te préviens tout de suite, je te laisse m'aider parce que c'est mon gage, mais demain je reprends mon boudage.
— Bon bah ça va tu commences à dessouler à ce que je vois.
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