Chapitre 14
Les jours passent et aucune nouvelle de Maya. Qu'on ne se parle pas par message, ça, c'est normal, on ne le fait jamais. Mais qu'elle ne vienne pas au terrain le soir, ça, c'est inhabituel. Elle avait pour habitude de venir à toutes nos sorties, même les plus inintéressantes. Elle faisait partie du groupe en fait. Mais bon, elle doit avoir ses raisons. Elle est sûrement juste occupée.
Billy :
Qui est chaud pour un laser game ?
Samy :
Bien sûr qu'on est chaud mon gars.
Alex :
Je vais vous exploser, vous n'êtes pas prêts.
Les plans sont faits : ce soir, c'est laser game. Cette fois, tout le monde est là : Hugo, Cassandra, Manelle, Billy et Samy sont revenus.
Qui est surpris de me voir arriver en retard ? Personne, absolument personne. En arrivant, je cherche Maya du regard. Elle n'a pas répondu sur le groupe, donc ça sera la surprise. Mais au fond, j'espère vraiment qu'elle sera là. Ce n'est pas qu'elle me manque, c'est juste que c'est cool quand elle est là. Puis notre jeu n'est toujours pas fini, enfin je crois.
Je me surprends à sourire lorsque je l'aperçois, assise autour d'une table avec Éva et Manelle. Je vais pour lui dire bonjour, mais nous sommes appelés pour la première partie.
Nous nous équipons des gilets lumineux auxquels sont attachés les pistolets. Pour cette première partie, c'est chacun pour soi. La musique se lance, la porte s'ouvre et nous nous engouffrons dans le labyrinthe.
Je prends clairement tout ça au sérieux, on dirait un petit soldat. Je suis complètement à fond, j'arpente les couloirs rapidement, tirant un peu dans tous les sens, touchant mes cibles presque à chaque fois. Je suis sûre de moi et de mes compétences à ce jeu que je maîtrise parfaitement. La couleur de mon gilet indique que, pour le moment, je suis première.
À un tournant, je manque de peu de rentrer dans Maya. Je reste immobile, prête à m'excuser, lorsqu'elle me tire dessus. Je n'ai pas le temps de me rendre compte de quoi que ce soit que mon gilet s'éteint. Elle repart, toute contente, en prenant soin de me faire un petit clin d'œil. Je mets quelques secondes avant de comprendre et de me remettre dans la partie. Résultat ? Deuxième. J'ai clairement la haine, je suis super mauvaise perdante. Du coup, je préfère me dire que c'est de la faute de Maya plutôt que d'avouer que Hugo a été meilleur. Mais je sais pertinemment qu'elle a contribué à ma deuxième place.
La cause de ma défaite s'approche justement de moi : Maya s'assoit sur mes genoux.
— On fait un petit jeu ? me dit-elle malicieusement.
— Dis-moi tout.
Elle se lève et va voir Billy et Samy pour leur prendre leurs bandanas. Ces deux là sont toujours accordés vestimentairement parlant.
— Très bien, à la prochaine partie, tu laisseras dépasser le bandana de ta poche arrière et moi aussi. La première qui attrape le bandana de l'autre a gagné. La perdante a un gage.
— Prête à perdre ? dis-je, lui tendant la main qu'elle sert tout aussi confiante que moi.
La deuxième partie débute, le suspens est à son comble. Pas facile de la trouver dans le noir, mais je sais qu'elle fait partie de l'équipe verte, alors ça aide un peu. Je me concentre vraiment pour la trouver, je laisse presque de côté la partie. Soudain, au loin, je la vois de dos, le bandana dépassant de sa poche. Je m'approche, de plus en plus doucement. Mais au détour d'un virage, plus rien, disparue. Je cherche dans toutes les directions, mais impossible de la retrouver. Je continue d'avancer, mais plus la partie avance, plus je me concentre à tirer sur les autres équipes.
Fin de partie et toujours rien, pas de Maya en vu. Nous déposons nos gilets puis nous sortons de la salle de jeu pour se retrouver au niveau du bar. C'est là que je la retrouve enfin, brandissant joyeusement mon bandana. Je touche mes poches arrières, espérant que ce ne soit pas le mien. Ce n'est pas vrai, comment est-ce qu'elle a fait ? Je suis clairement dépitée. Perdre deux fois de suite, non mais j'hallucine.
— Bon c'est quoi le gage, dis-je dégoûtée.
— Tu verras ça après la dernière partie, dit-elle hautainement.
Au fond de moi, je rage. Comme tout le monde le sait, je déteste perdre, alors je rumine tranquillement dans mon coin, quand Billy et Samy décident de venir me charrier.
— Tu comptes nous dire pourquoi tu as des bleus sur la tronche, taquine Samy.
Je regarde alors Maya. Puis je finis par mentir.
— J'ai pécho une meuf qui avait oublié qu'elle était en couple et le copain était à la soirée. J'ai juste choisi la mauvaise personne.
Cette situation m'est arrivée plus d'une fois donc je parais plutôt crédible. Je n'aime pas mentir, mais cette fois, c'est Maya que je protège et c'est différent. Ils finissent par se moquer de moi puis passent à autre chose. Moi, j'essaie de capter le regard de Maya, mais elle ne me regarde pas, pas une seule fois.
Dernière partie, deux par deux, un regard et je me retrouve avec Maya. Cette partie est spéciale, car nous avons un nombre limité de vies et la musique est éteinte. Le silence ajoute un peu de stress.
Maya me dit qu'elle a une super cachette, donc je la suis sans rien ajouter. Sa super cachette ? C'est un minuscule mur qui nous cache au fond de la salle. Je ne sais toujours pas pourquoi j'ai accepté, mais je me retrouve contre un mur, Maya complètement collée contre moi.
Bon, si ça ne faisait pas plusieurs minutes qu'on était comme ça, ça ne m'aurait pas déplu, mais là ça commence à faire long. Hugo finit par nous trouver et nous enlève une vie. Voyant d'autres personnes arriver, nous nous séparons et partons chacune de notre côté.
J'ai clairement la poisse aujourd'hui, je me suis retrouvée au milieu de trois équipes. Impossible de résister, je finis par perdre ma dernière vie. Je sors de la salle et retrouve Éva, Cassandra et Manelle.
Bizarrement, tous les garçons sont encore en lice. Maya est donc la dernière à pouvoir battre les mecs. Elle tient bon, mais finit par sortir quelques minutes après Mathis et Samy. Nous attendons les derniers avant de quitter le laser game.
Sur le parking, Maya me regarde malicieusement et je comprends que l'heure de mon gage a sonné.
— Ton gage est de rentrer chez toi à pied et de me laisser conduire ta voiture jusqu'à chez toi.
— C'est une blague, on est à au moins une heure à pied. Et puis je ne laisse personne conduire ma Twingo.
— Tu ne vas pas te défiler quand-même, dit-elle avec un air de défi.
Pas question pour moi de ne pas respecter mes gages, code d'honneur tout de même. Je lui tends mes clés à contre cœur puis la vois détaler au volant de ma bagnole.
Je commence alors la longue route qui m'attend. En vrai ? Une heure ce n'est pas si long que ça. Heureusement pour moi, j'avais mes écouteurs, du coup, c'est passé assez vite finalement. Merci Younsss de m'avoir accompagné dans mon périple.
Lorsque j'arrive au niveau de ma maison, ma Twingo est là, sur l'emplacement qui est prévu pour, devant le garage. Maya sort de la voiture, la verrouille et me tend les clés.
— Tu en as mis du temps, me dit-elle en riant.
— Tu veux entrer ? demandé-je, montrant la porte d'entrée du doigt.
Elle dit oui de la tête puis nous rentrons. Nous finissons par nous poser sur le canapé, à discuter pendant une grosse heure. En réalité, c'est elle qui parle. Moi, je ne fais qu'écouter. Je pense sincèrement que je suis beaucoup plus attentive qu'en cours.
Lorsqu'elle parle, j'ai toujours la même sensation : celle de rester là, à l'écouter raconter sa petite vie. Je sais maintenant que si elle est chez Mathis tout l'été, c'est parce que ses parents partent faire de l'humanitaire et qu'il préfère qu'elle soit entourée. J'apprends aussi qu'elle a sauté une classe et que c'est pour ça qu'elle a passé son bac en même temps que nous. Elle est donc plus jeune que moi. Bonne déduction Sherlock. J'ai vraiment l'impression de devenir débile quand je parle ou pense à elle. Elle me rend zinzin, j'ai l'impression.
Plus le temps passe, et plus ses bâillements sont rapprochés. Nous décidons alors d'aller nous coucher. Je n'allais pas la laisser rentrer chez elle à cette heure tout de même. Je suis une personne raisonnable.
Je l'installe dans mon lit, j'ai presque l'impression de la border. Je vois que j'en fais trop lorsque je me retrouve sur le pas de la porte à la regarder avec un énorme sourire. Elle finit par me lancer un coussin pour me faire partir. Résultat : je me retrouve à dormir dans le lit de ma petite sœur. Désolé Valentine, promis je changerai les draps.
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