Chapitre 1

Natalya visitait sa nouvelle maison. Assez spacieuse, elle possédait deux salles de bains, quatre chambres, un grand salon, une cuisine, une salle de projection, un garage, une piscine et un assez grand jardin. Cela lui convenait, même si elle préférait de loin le manoir familial, en Russie.

Elle avait entreposé toutes ses armes au sous-sol, dans le garage ainsi que sa moto. Par mesure de sécurité, il était préférable qu'elle n'expose pas ses armes dans son salon.

L'adolescente gardait cependant toujours son Desert Eagle personnalisé sur elle, ainsi que deux couteaux cachés dans ses bottines. Jamais elle ne serait allée ne serait-ce qu'aux courses sans ses armes. Après tout, elle était la fille d'un des plus grands Parrains de la Mafia russe, et la sœur du Parrain actuel.

L'horloge murale indiquait huit heures du matin. Elle allait devoir aller au lycée. La veille, Natalya avait fait le tour de la ville pour en mémoriser une grande partie. Cela lui serait peut-être utile.

Son téléphone vibra, et afficha un numéro inconnu. Mais elle ne connaissait qu'une seule personne pour lui envoyer un message aussi tôt sans craindre de creuser sa tombe.

< de : inconnu : N'oublie pas, je ne veux pas de morts >

L'adolescente lâcha un petit rire. Depuis quand son frère s'inquiétait-il de la vie des autres ?

Elle descendit au garage, enfourcha sa moto d'un seul mouvement fluide et se rendit au lycée.

Elle n'y allait que pour faire plaisir à Lev : après tout, elle avait suivi un enseignement à domicile plus fourni que n'importe quel lycée. Finalement, vivre dans ce pays aurait au moins un avantage : elle était libre de faire ce qu'il lui plaisait.

Elle se gara juste devant le lycée et entra dans la cour principale, un peu en retard. Elle vérifia rapidement dans quelle classe elle se trouvait et s'y rendit sans grand entrain.

—    Je déteste déjà cet endroit... marmonna-t-elle pour elle-même.

Elle entra dans la salle, un air maussade plaqué sur son visage. Une femme d'une quarantaine d'années  la suivit du regard alors qu'elle passait le pas de la porte, l'air sévère et les mains sur les hanches. 

—    Brooke Inchov, je présume ?

Natalya ne lui adressa même pas un regard.

—   Oui, c'est ça.

—    Asseyez-vous à côté de Mr Smith et essayez d'arriver à l'heure, la prochaine fois.

Natalya avisa le jeune homme à accoudé d'un air nonchalant à sa table que la professeure pointait du menton. Il avait l'air profondément ennuyé et était avachi sur son bureau, une mèche de ses cheveux bruns tombant devant ses yeux sombres. 

Tant mieux, je n'ai pas envie de discuter.

Elle s'assit lourdement et déposa son sac par terre. Le problème mathématique exposé au tableau numérique était simple. Elle le résolut en quelques secondes à peine et repoussa sa feuille vers le coin de la table. Sachant parler le russe, l'anglais, l'espagnol, l'italien couramment et ayant quelques notions d'arabe et de japonais, l'anglais avait quand même été le plus facile à apprendre. Elle était donc satisfaite de pouvoir l'expérimenter aux États-Unis, afin de pouvoir le perfectionner.

—    Mademoiselle Inchov ? fit soudain la voix grinçante de la professeure. Vous préférez bailler aux corneilles que faire le travail qu'on vous demande ?

Natalya tourna lentement son regard vers elle. L'année s'annonçait longue.

—   J'ai déjà terminé l'exercice, fit-elle remarquer.

—    Eh bien demandez-en un autre !

La femme, sourcils fronçés, traversa la rangée de tables et se saisit brusquement de la feuille d'exercice de Natalya.

—   En allant trop vite, vous vous tromperez toujours, scanda-t-elle en relisant pour la seconde fois.

Mais l'adolescente n'était pas inquiète. Elle avait forcément réussi. Elle sentait le poids du regard de son voisin sur elle. 

Regarde et admire.

—   Bien heu... On dirait que tout est parfait, hésita la professeure, déstabilisée. Mais c'était seulement de la chance.

Cette fois, Natalya ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire. Celle-là, on ne lui avait jamais faite.

—   Voyons, madame, vous savez aussi bien que moi que la chance n'existe pas, et encore moins en mathématiques !

Elle repoussa ses cheveux sombres en arrière, secouée de rire.

—    Sortez.

L'adolescente s'immobilisa, lui lançant un regard incrédule. Une telle réaction lui semblait un peu disproportionnée. 

—    J'ai dit : sortez ! répéta la femme, verte de rage.

—    D'accord, d'accord, capitula-t-elle. 

Natalya prit ses affaires et sortit très calmement de la salle. Son premier jour débutait mal. Mais elle n'avait rien fait ! Pas une insulte, elle avait même effectué l'exercice. Bon, et maintenant, qu'était-elle censée faire ? A tout hasard, Natalya s'assit dans un coin calme de la cour, sur le rebord d'un muret. Distraitement, l'adolescente entreprit d'arracher les petites plaques de mousse qui commençaient à poindre au sommet des moellons fissurés par endroits. Elle n'avait aucun repère, ici. C'était une autre vie. Rien ne lui semblait familier, même pas les paysages. 

L'adolescente resta perdue dans ses pensée pendant quelques minutes encore, jusqu'à ce que la sonnerie retentisse. Avec un soupir, Natalya se leva et épousseta le derrière de son pantalon. Il était midi, et la cantine était en self service.

—    Heu... C'est toi la nouvelle ? Brooke ? L'interpella une voix féminine. 

Elle se retourna, reconnaissant sa fausse identité. 

—    Hum... oui. Salut. Besoin de quelque chose ? 

Une fille blonde, aux grands yeux verts, la regardait d'un air timide.

—  Eh bien... tu sais, je trouve que tu as beaucoup de personnalité. Et puis, tu as l'air sympa. Ça te dis de manger avec moi et les filles ?

La blonde pointait un groupe, non loin. De toute façon, c'était ça ou elle mangeait toute seule.

—    Ouais, je veux bien, répondit finalement Natalya avec un sourire.

—    Cool ! Au fait, je m'appelle Ashley.

Elles entrèrent dans le self, qui proposait un classique pâtes-poulet. En s'asseyant à la table des filles, l'adolescente ne put s'empêcher de commenter :

—    Ça ne vaut pas un bœuf Stroganov...

Ashley la regarda avec des yeux ronds, ne comprenant pas la référence.

—    Un quoi ?

—   Le bœuf Stroganov est un plat typique de mon pays, la Russie, lui apprit l'adolescente. Ce sont des lamelles de bœuf cuites dans une sauce à la crème. Un vrai régal !

—    Hum, oui, ça doit sûrement être meilleur que ça, grimaça Ashley, approuvée par Miranda et Kylie. En plus, on y a droit  trois fois par semaine...

Alors que le self était dans une atmosphère joyeuse, le volume sonore diminua un peu. Natalya, en train de rire à une blague de Miranda, ne le remarqua pas tout de suite et continua à faire comme si de rien était jusqu'à ce qu'Ashley lui donne un coup de coude.

Une bande de garçons étaient entrés à leur tour. Natalya reconnut tout de suite son voisin de classe, Jayden Smith.

—    C'est quoi ce silence ? demanda-t-elle à Ashley en faisant la moue. Enfin quoi, c'est juste une bande de mecs un peu trop en confiance !

Ashley la suppliait du regard de se taire, mais la jeune mafieuse était bien décidée à savoir pourquoi.

—    On raconte que Jayden et son groupe font partie d'un gang ou je ne sais pas trop quoi, souffla enfin son amie. Ils sont les plus populaires ici. Quand ils rentrent, on évite d'attirer l'attention, si tu vois ce que je veux dire, et puis ils ont mauvais caractère.

— Ouais, dit Kylie à voix plus basse. Ils sont beaux gosses mais ça s'arrête là. Ces grosses brutes ont failli envoyer une fille à l'hôpital parce qu'elle s'est moquée de Jayden. Et je te parle pas des mecs qui se sont fait taper dessus pour rien...

Natalya rit une nouvelle fois. Ça ne l'intimidait pas le moins du monde de savoir qu'ils faisaient partie d'un stupide gang d'adolescents. Elle, elle était dans la Mafiya russe.

Malgré tout, elle enroula automatiquement ses doigts autour du Desert Eagle quand deux mains puissantes s'abbatirent sur la table. Celles de Jayden.

—    Alors, Inchov, t'as un problème ?

Natalya leva ses yeux clairs sur lui.

—    Non, pourquoi ?

—    C'est ça.... Fais gaffe à toi.

La jeune mafieuse se leva à son tour. Non mais pour qui se prenait-il ? Elle détestait qu'on lui donne des ordres.

—   Tu apprendras qu'une seule personne au monde se permet de me donner des ordres, et ce n'est pas toi, Smith. Toi et tes gars, vous faites pitié. 

Elle poussa Jayden de l'épaule et se dirigea vers la sortie sous le regard médusé de tout le self. Au dernier moment, elle se retourna :

—    A plus tard.

Et elle sortit sans un mot de plus.
Une fois dans la cour, elle sortit une bouteille d'eau de son sac et la but à moitié.

Sérieusement , il fait trop chaud dans ce fichu pays.

L'adolescente décida d'appeler son frère pour éviter de mourir d'ennui. Elle voyait des curieux s'approcher d'elle alors elle lui parla en russe, ce serait bien plus facile que de se cacher.

— Привет, le salua-t-elle. Tu as du nouveau sur le traître?

—   Pas encore.

Entendre la voix de Lev lui fit le plus grand bien. Leur lien fraternel était très fort, et elle avait en lui une confiance aveugle.

Du coin de l'œil, Natalya vit s'approcher Jayden et sa bande. Elle réajusta son téléphone contre son oreille, jouant avec un fil qui dépassait de la couture de sa manche. 

—   Désolée, je dois te laisser, soupira l'adolescente en voyant des silhouettes se rapprocher. Une bande d'abrutis veut me voir.

—    À plus tard, alors. Fais attention à toi, Nat.

— T'inquiète pas.

Natalya raccrocha brusquement, agaçée. Elle se tourna en direction des garçons avec un soupir excédé.

—    Quoi, encore ? reprit-elle en anglais.

—    T'as pas bien compris, on dirait. Ici, c'est nous qui décidons. Alors retourne jouer chez ta mère et dis lui de t'apprendre la politesse, lâcha Jayden en s'approchant d'elle.

Natalya n'avait plus du tout envie de rire. Comment osait-il ? Elle le saisit par le col d'une poigne de fer, le forçant à reculer. 

—   Je ne te permets pas de parler de ma mère, dit-elle d'une voix très posée.

Jayden remua, puis sourit méchamment, sans pour autant essayer de se libérer de sa poigne. Il lui jeta un regard de défi. 

—   Oh, mais on dirait que j'ai heurté tes sentiments de fleur fragile, Inchov. Bah, j'connais pas ta mère mais elle n'a pas l'air de t'avoir appris grand-chose...

Furieuse, Natalya le plaqua brusquement contre le mur. Aussitôt, la bande de Jayden esquissa un mouvement mais le jeune homme leur signala de ne pas intervenir.

—    J'ai dit : je ne te permet pas de parler de ma mère ! Siffla l'adolescente, son accent plus prononcé et donnant des inflexions dures à ses mots. 

—   Tu as mal aux bras ? plaisanta Jayden en la voyant trembler de rage.

Sans réfléchir, Natalya lâcha d'une main le col du garçon et attrapa le couteau dissimulé dans sa bottine. Elle l'appuya sur la jugulaire de Jayden.

—    Tu sais, lui murmura-t-elle à l'oreille, quelqu'un m'a fait promettre de ne tuer personne ici. Mais pour toi, je peux bien faire une exception. Après tout, j'aurai une raison assez valable.

Elle traça une ligne sanglante en travers du cou de Jayden et se retira. Le jeune homme massait son cou en lui jetant un regard noir.

—    On se retrouve en cours, cracha-t-il.

—    Aucune chance.

Elle se détourna et marcha à grands pas jusqu'à sa moto et démarra dans un dérapage qui laissa un grand nuage de fumée.

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