J'existe/Je suis toi et tu es moi
Triggers warnings : dysphorie de genre, idéalisation suicidaire, description graphique de meurtre et pensées très violentes envers moi-même. Mistle, s'il te plaît, ne lis pas si tu passes par là. Ou alors n'en dis rien.
Je viens d'apprendre que c'est la semaine de la transidentité, donc en tant que trans je me dois d'écrire quelque chose. Je pourrais aller chercher mes cahiers de poèmes, mais je n'ai pas le temps, je dois écrire pour témoigner que j'étais là, que je suis là, toujours. Je ne veux pas, je ne peux pas m'en aller, pas alors que personne ne sait que je suis là, alors que personne ne m'honorerai (est-ce que ça s'écrit comme ça ? Je ne sais pas, je n'ai pas le temps de savoir. J'existe contre la montre, après tout.) comme je le souhaite, alors que personne ne daignerait écrire le bon nom sur l'épitaphe sauf une, et qu'elle n'aurait pas assez de pouvoir pour me respecter. Est-ce que j'existe ? Dans les miroirs, c'est elle que je vois, avec sa poitrine, sa silhouette en sablier, ses lèvres charnues, son visage rond et ses courbes que j'ai longtemps voulu pour elle avant de réaliser, trop tard, que le vrai moi ne voulait rien de tout ça. Peut-être qu'au fond, c'était le petit garçon en moi et son déni qui pensait qu'il serait normal et se sentirait comme une vraie fille s'il était comme celles dans les livres qu'on lisait. Mon grand, je suis désolé de ne pas nous avoir reconnu plus tôt. Ma grande, est-ce hypocrite de t'aimer même si je t'étranglerais avec beaucoup d'hésitation ? Je sais que l'expression, c'est "sans hésitation", mais je ne suis pas ce genre de gars. J'hésiterais, mes mains autour de ta gorge, elles se resserreraient puis se déserreraient, et tu me dirais de me décider, ou bien d'arrêter, de ma/ta/notre voix, bien trop aigue, pas assez grave, et quelque chose en moi claquerait. J'hésitais parce que t'es si petite tout en étant joufflue, si adorable, si belle, si moche, si mignonne, si horrible, moins que rien comparée à notre jumelle, elle est supérieure à nous et on lui doit le monde pour sa gentillesse et sa tolérance, compris ? Tu ne répondrais pas, cherchant de l'air, et je resserrerais notre prise sur notre gorge. Je veux t'imaginer avec un chignon, car les cheveux coupés étaient notre idée, ou celle d'Eden, cet espèce de compromis pathétique faisant dans le politiquement correct et dans le neutre, et tu as les yeux jaunes, comme celles des Ombres dans Persona, tu sais, quand les protagonistes tatanent les Ombres et qu'elles se rendent, deviennent magnifiques, des Personae, le vrai moi du personnage ? J'espère que tu feras ça. Même si je sais qu'en vrai de vrai tu as mes yeux marrons, mes grains de beautés, mon sweat rouge et pas de bagues. C'est moi qui les ait, pour un beau sourire. Jalouse ? Je sais que tu l'es. Moi je le suis de toi, en tout cas, car tu as le droit d'exister et moi pas. Je sais, tu es moi et je suis toi mais au moins tu te fais appeler par ton prénom, même s'il est moche. Sur ce, tu meurs, et je vis, et j'existe, je suis supérieur à toi, j'existe, j'ai des marques de doigts sur la gorge. Je ne suis plus toi, tu n'es plus moi, je suis Mikhaïl, j'existe. Je te hais et je t'aime, je suis Mikhaïl, j'existe.
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