Préparatifs






                                      Chapitre 1


Mr Smith faisait les cents pas dans la rue. Le temps devenait soudain menaçant.

De gros nuages noirs s'amoncelaient dans le ciel.

Devait-il prolonger sa promenade jusqu'à Central Park ou bien rebrousser chemin?

Il hésitait.

A présent, les premières gouttes s'écrasaient sur sa chemise de lin. Une chemise neuve!



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Il repéra un magasin de parapluies. Il s'approcha à grands pas vers la vitrine. Une multitude d'articles trônaient à l'intérieur. Des imperméables, des cirés jaunes, des capuches... Et bien sûr, des parapluies. Une armée de parapluies.

Monsieur Smith soupira d'aise. Il n'en aurait que plus le choix. Il finit par porter son dévolu sur un petit modèle qui ne payait pas de mine. Tout au fond de la vitrine. Un parapluie à la fine toile bleue avec quelques losanges argentés. Ce serait parfait pour regagner son domicile sans se tremper.


Il entra.


Il en ressortit presque aussitôt, sans parapluie. Le visage pourpre et les lèvres tremblantes de rage.

Quelle idiote cette vendeuse! Mais quelle idiote !!! Impossible d'acheter le parapluie dans la vitrine... SON parapluie, celui qu'IL s'était choisi.


Pourtant, au tout début, elle avait semblé disposée à le lui vendre, faisant mine d'aller le chercher, tout en lui répétant trois fois d'affilé:

- Voilà un temps  IDÉAL pour acheter un parapluie, ne trouvez-vous pas?

Il se souvenait avoir répondu de manière courtoise. Ventant même les mérites de la pluie. Lui qui avait horreur de ça.


Mais, curieusement, chacune de ses réponses ne semblaient pas la satisfaire. Elle avait fini par ranger la clé de la vitrine dans sa poche, prétextant que les articles exposés n'étaient pas à vendre.


Et impossible de lui faire changer d'avis ...La garce !

Il s'était soudain senti blessé dans son amour propre. Il  avait alors pris la mouche ...

puis la porte.



Il traversa d'un pas rapide la chaussée inondée, et pénétra dans un café, juste en face de la boutique de parapluies.

Il commanda une boisson chaude.



Il avait quelques difficultés à retrouver son calme. Il regardait machinalement les rares clients qui s'aventuraient dans la boutique.

Lorsqu'il en repéra un qui ressortait avec SON parapluie sous le bras.

Son sang ne fit qu'un tour. Il renversa sa chaise, sortit précipitamment, et traversa à nouveau la rue.

- Ah ! Elle va m'entendre celle-là !!!






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                                                        Chapitre 2








Lorsque  Stan Col poussa la porte du magasin, il ressentit comme de l'électricité dans l'air.

Et cela n'avait rien à voir avec les éclairs  ni avec  les trombes d'eau qui s'abattaient sur la ville.


Une femme de forte corpulence, affairée derrière le comptoir, le regarda méchamment..

Il crut, un instant, s'être trompé.

Le pire fut, pourtant, lorsqu'il lui montra le modèle exposé dans la vitrine. Le parapluie bleu avec des reflets argentés.

Il pensa un instant qu'elle allait lui sauter à la gorge.

Elle finit par crier d'une voix nasillarde:

- Voilà un temps IDÉAL pour acheter un parapluie, ne trouvez-vous pas?

IDÉAL  est le mot juste, chère madame.


A partir de cet instant,  toute trace d'agressivité disparut de son visage. Et un sourire béat fleurit sur ses lèvres.



Peu après, Stan Col ressortait avec le parapluie bleu sous le bras. Malgré une pluie battante.

Il eut juste le temps d'éviter un fou furieux qui fonçait à grandes enjambées dans sa direction. En se retournant, il le vit entrer dans le magasin qu'il venait de quitter. 

 La porte claqua bruyamment  derrière lui.






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Arrivé au Chelsea's Hotel, il déplia soigneusement le parapluie.


Il pressa sur le bouton, ce qui eut pour effet, l'ouverture immédiate. Il dévissa la poignée et sortit un morceau de papier enroulé dans le tube métallique.

Presque aussitôt, une petite clé en fer blanc rebondit sur la moquette.


Il était un peu plus de 22 heures lorsque Stan Col s'allongea sur le lit. Les bras repliés derrière la nuque.

Avant de s'endormir, il  revit la scène dans le magasin.

Il crut, un court instant, qu'elle avait oublié le mot de passe.



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La Grand Central Station de New York (gare centrale), était quasiment déserte.

Normal, pour un dimanche soir à 23 heures.


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Les casiers de consignes se situaient au fond de la salle des pas perdus. Il s'y rendit d'une démarche assurée. Son attaché-case à la main.

Il introduisit la petite clé en métal dans la serrure de l'un d'eux.

Il en ressortit une enveloppe qu'il ouvrit presque aussitôt.



     "Bon! Ce sera le Texas. Ils seront trois: un homme, une femme et le chauffeur."


Il plia le plan en deux dans sa poche, réajusta son feutre, puis sortit.






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                                                Chapitre 3






Il avait repéré les lieux, longtemps à l'avance. Dallas était calme en cette saison. Mais il savait que dans deux jours la ville serait noire de monde.


Le bâtiment qu'il occupait surplombait Elm Street, juste au nord de Dealy Plaza. L'itinéraire prévu pour le défilé présidentiel.

De là où il se cachait (voir la flèche) , il ne faisait aucun doute que sa mission serait couronnée de succès. Il avait mis tous les atouts de son côté. Même la croix sur l'asphalte n'attirerait pas l'attention.

Mais après, il n'aurait que quelques minutes pour disparaître.

Tout était calculé. Millimétré. Aucune trace de son passage. Rien.

 Un vrai "Passe-Muraille"...






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                                 Vendredi 22 novembre 1963




    Tous ces gens en liesse, qui se pressent. Tous là, agglutinés contre les barrières.  Agitant des drapeaux ...

Et ces hauts parleurs qui crachent une musique de dégénérés.

D'un côté, tant mieux, ça couvrira le bruit.                                     


                                                         12H25



Il ne va pas tarder.

On sent bien la pression monter. Même les flics sont fébriles. Ils se doutent de quelque chose, ou quoi ?!

Ce n'est pas le moment de flancher. Rester concentré sur sa cible. CONCENTRÉ ...


                                                           12H30





Les cris s'amplifient.

Ça y est! C'est le moment. Je dois régler ma ligne de mire. Ouvrir la fenêtre de tir.

Ça y est! La cible est localisée. Ne plus la perdre de vue. La suivre dans mon viseur.


5 ... 4 ... 3 ... 2 ... 1 ...      Le doigt n'a pas tremblé. En plein dans le mille. Du bel ouvrage!







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C'est à ce moment précis, presque simultanément, que deux détonations se firent entendre au cinquième, l'étage juste en dessous du mien. (voir la lettre A)


Et c'est dix secondes plus tard que je l'ai croisé.

 Mon double, dans l'escalier...












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