Poésies


        

                                    Mercredi 17 avril 2019 : 20H30 





¤ Pour cette troisième série d'entretiens, nous allons nous pencher sur l'ensemble de votre œuvre. Mais pour commencer, évoquons votre oeuvre poétique. 

Elle revêt une place centrale, dans vos écrits.


* Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours eu l'âme d'un poète. Mes premiers écrits étaient d'ailleurs de la poésie. J'ai commencé à écrire mes premiers poèmes à l'âge de seize ans. J'avais une âme de révolté, à l'époque, d'écorché vif. Mes premiers écrits en portent la trace. J'en ai publiés quelques uns dans "Petite mort assassine". Mais je dois avouer que ce n'est pas fameux.


¤ Pourquoi donc?


* Le style y est encore balbutiant, et la forme beaucoup trop réaliste, à mon goût. Mais j'y tiens, à ces poèmes. J'ai une infinie tendresse pour eux. ils décrivent bien la rage intérieure qui m'habitait.


¤ Ce n'est plus le cas?


* (soupir) J'ai vu peu à peu tous mes idéaux s'effondrer autour de moi. J'en suis ressorti meurtri, mais j'ai avancé. Désormais, je suis plus individualiste. Je regarde avant tout mon propre intérêt. Je ne crois plus aux grandes causes. Aux grands combats de masse, même si l'histoire est là pour nous montrer que chaque avancée, chaque acquis, n'a pu s'obtenir que par la lutte.  (court silence). Par la force, aussi. Oui, c'est malheureux, mais sans un minimum de violence, tu n'obtiens rien dans nos sociétés actuelles.


¤ Quel regard portez-vous sur les "Gilets Jaunes"?


* Ils m'ont redonné la fierté que j'avais perdu. Mais là où beaucoup se trompent, y compris à l'intérieur du mouvement, c'est que ce n'est pas un mouvement social ou politique. C'est une simple Jacquerie.

J'adore ce mot: Jacquerie. Les " Jacques", au Moyen-Age, désignaient la populace, principalement les paysans et les gens des campagnes. C'était très péjoratif. Et ce terme "Jacquerie" a pris toute sa dimension lors de la grande révolte de 1358 contre la noblesse qui imposait une pression fiscale insoutenable.

Et bien, près de huit siècles après, nous avons eu le même phénomène avec les "Gilets Jaunes" et ce matraquage fiscal avec les taxes sur les carburants. Une taxe injuste qui faisait supporter le   coût  sur les seuls particuliers, alors que les industriels, les pétroliers, ou les compagnies d'aviation sont les premiers pollueurs. La force d'un peuple éduqué  c'est que l'on ne peut plus lui faire gober n'importe quoi. Il est capable de séparer le bon grain de l'ivraie. Et lorsque l'on essaie de déguiser cet impôt inique en pseudo taxe carbone, alors le peuple descend dans la rue et crie, à juste titre, son raz le bol.


¤ Pourtant, vous semblez sceptique sur la tournure qu'a pris le mouvement.


* Nous avons obtenu des choses. Certes, pas énormément, au final, mais nous aurions dû nous en satisfaire, mettre ce mouvement en veille et l'utiliser comme un lanceur d'alerte. Au moindre  dérapage fiscal du gouvernement, quelle couleur politique qu'il soit, hop! remobilisation générale, et réoccupation des ronds-points. C'est cela, une "Jacquerie". Si nous avions agi de la sorte, le mouvement serait toujours très populaire, et le gouvernement aurait un garde-fou en face de lui. Une ligne... jaune (rire) à ne pas franchir. Au lieu ce ça, cet élan populaire se discrédite peu à peu, surtout depuis que les extrêmes des deux bords jouent la provocation chaque samedi. Sans compter une lassitude de l'opinion, inévitable.


¤ Vous désolidariseriez-vous de ce mouvement?


* Non. D'ailleurs, j'ai toujours mon gilet jaune sur mon pare-brise.


¤ Pourquoi?


* Parce que je sais d'où je viens.


¤ Revenons à vos écris, si vous le voulez bien.


* Mon dieu, oui, j'étais parti loin dans mes délires.


¤ Vous avez séparé votre oeuvre poétique en trois volumes, est-ce exact?


 * C'est cela. Trois thèmes me tenaient à cœur. Parler de moi, parler des autres, parler de l'holocauste.J'écrivais au tout début, sur des feuilles éparses, puis un jour, j'ai voulu rassembler ces différents thèmes. Alors, je me suis procuré trois cahiers d'écolier de deux cents pages chacun et j'ai recopié mes poèmes dessus.


¤ Quels en ont été les titres retenus.


* "L'offrande d'un oubli" pour les camps. Je trouve ce titre particulièrement fort, si on prend le temps de réfléchir sur la signification profonde de chaque mot. J'en suis très fier.

Ensuite: " Le reste de ma vie" dans lequel je parle à la première personne du singulier. Ces poèmes retracent la seconde partie de ma vie.

Enfin: " Petite mort assassine" où je parle des autres. De ce monde en décomposition. De ce que nous laisserons à nos enfants et petits-enfants.


¤ Surtout, chaque recueil peut se lire indépendamment les uns des autres.


* Complètement. Ils ne se répondent pas. Ils se complètent. Ils sont tout ce qui importe dans le message que j'adresse aux générations futures. L'expérience présente, l'Histoire à ne jamais oublier, et notre futur en pontillé.


¤ "L'offrande d'un oubli" mêle à la fois le réel, en ce sens, ce qui a réellement existé et un message plus messianique.


* Je fais un parallèle entre ce qui s'est passé dans les camps et les dernières heures du Christ avant qu'il ne soit porté en croix. Certains, n'ont pas compris ce parallèle. Mais je pense qu'il faut être totalement détaché de la doctrine chrétienne pour en saisir pleinement le sens.


¤ Ce sont trois volumes en constante évolution.


* Je n'arrête pas d'écrire sur ces trois thèmes. Je n'en ai pas fini. Je crois que, jusqu'à mon dernier souffle, j'écrirai de la poésie.


¤ Mais vous avez aussi d'autres cordes à votre arc, si je puis me permettre. Vous avez écrit sur la variété française des années 80 et sur des thèmes plus vastes, tels le sida, la politique, l'homosexualité, les dictatures... C'est très varié, non?


* C'est surtout un fourre-tout sans nom que j'ai retiré de la publication, depuis. Je compte le republier sous forme de critiques, et de témoignages. Je vais étoffer davantage les articles originaux. Mais j'avoue que ce n'est pas ma priorité actuelle.

J'ai surtout voulu rendre hommage à ce qui, pour moi, reste une noble et grande dame de la chanson française, doublée d'une authentique rebelle. A savoir Valérie Lagrange, l'égérie de toute une jeune génération engagée des années 80. Ma rage politique dont je vous parlais tout à l'heure, s'est nourrie de ses messages. De cette lutte de tous les instants. De cette résistance au capitalisme sauvage qui, déjà, perçait dans ces années-là. N'oublions pas que  c'est l'époque de l'arrivée au pouvoir de Thatcher en Grande Bretagne et Reagan aux Etats-Unis. Des chansons comme "Conditionné"  ou "Faut plus me la faire" véhiculent des messages toujours d'actualité, quarante ans après. Finalement, on n'a guère avancé dans le bonheur des peuples. On les maintient toujours, tant bien que mal, la tête sous l'eau, au nom du sacro-saint profit. On applique à la lettre ce précepte très ancien de la république romaine: "Du pain et des jeux". Les jeux, on nous en abreuve à longueur d'année: smartphones, consoles, voyages low cost, émissions débilisantes, que je regarde, d'ailleurs, (grand rire sonore). Par contre, le pain commence à manquer, quand on ne peut plus boucler ses fins de mois à partir du dix-huit. Et là, nos gouvernants feraient bien de s'en inquiéter. Si un jour, il devait y avoir un soulèvement de masse, ce serait le ventre vide, pas pour défendre des acquis.


¤ En fait, selon vous, le peuple ne bénéficierait pas des fruits de la croissance?


* Tout à fait. Valérie Lagrange, Balavoine, et à un degré moindre Renaud, étaient des précurseurs, des lanceurs d'alerte à leur époque. Ils nous mettaient en garde contre cette mondialisation sauvage. Malgré tout, nous bénéficions d'une part de cette mondialisation. Il serait malhonnête de dire que nos vies ne se sont pas améliorées depuis quarante ans. Aussi, à l'inverse de certains, je ne condamne pas le progrès, au contraire. Il est nécessaire. Mais faisons attention à ce que nous en faisons. Il doit rester au service de l'homme. Or, ce n'est pas le cas. Il sert à l'enrichissement de quelques-uns sur le dos du plus grand nombre.     


¤ Nous nous sommes encore éloignés de votre œuvre poétique...


* (énorme rire) Oui. Je suis incorrigible dès qu'il s'agit de parler politique. Mais je crois que j'en ai dit l'essentiel. Il faut lire mes textes pour avoir une idée précise de ce que je suis vraiment.


¤ Nous lançons donc un appel à vos éventuels futurs lecteurs.

 Mais le temps tourne, et c'est déjà la fin de notre troisième entretien. Demain, nous aborderons un autre domaine qui vous tient à cœur. La nouvelle.

A demain donc. Nous nous quittons avec ces quelques notes de Valérie Lagrange. 





https://youtu.be/52AQENa258A
















                                                                                ... J'ai été trop bavard, c'est ça?




                                                                      ... Pas du tout. Vous avez dit des choses très intéressantes sur la situation actuelle en France, ou même sur le capitalisme mondial.




                                                                       ... Tout de même, je ne voudrais pas que ça choque quelques lecteurs potentiels... Vous comprenez, les temps sont durs. Même pour moi.





                                                                    ...Je comprends. Ne vous inquiétez pas, nous couperons au montage.













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