Jeudi 18 avril 2019 : 20H30 

¤ Nous nous étions quittés hier après avoir parlé de poésie. J'aimerais évoquer au cours de ce nouvel entretien, une autre forme d'écrit pour laquelle vous vous êtes pris de passion. La nouvelle.

* ça a été une sorte de coup de foudre, lorsque je m'y suis essayé. La nouvelle est à mi-chemin entre la poésie longue et le roman. Elle est beaucoup plus concise, beaucoup plus directe que le roman. Il ne faut pas se laisser distraire par les à-côtés. Aller droit à l'essentiel, en quelques chapitres. Et surtout, ce qui caractérise une nouvelle, selon moi, c'est sa chute.

¤ Je suis d'accord avec vous, concernant la chute. Souvent les gens qui s'essaient à ce genre ont tendance à bâcler la fin. Mais parlons plus en détail de vos nouvelles. Vous en avez écrit une dizaine, je crois?

* C'est cela.

¤ Commençons par la première. Que pouvez-vous dire de "Idéal", une nouvelle originale qui ouvre le recueil: "Le dîner".

* C'est un texte que j'ai porté en moi durant deux ans. J'en avais publié une première mouture, dont je n'étais absolument pas satisfait. Je l'ai donc retirée, puis laissée mûrir durant deux longues années. Je l'avais en repos quelque part, dans un coin de ma tête. J'y pensais de temps à autre. Alors, je notais chaque idée nouvelle. Petit à petit, cela a fini par prendre corps. Et j'ai retracé l'assassinat de JF Kennedy, car c'est de cela qu'il s'agit, sous forme de roman-photos, comme on en sortait dans les années soixante-dix.

¤ Vous avez fait un gros travail de recherche, notamment concernant la commission Warren appelée à statuer sur les causes de cet assassinat.

* Tout à fait. J'en ai profité pour y glisser quelques éléments troublants, corroborant la véracité de telle ou telle théorie du complot. Théories qui n'ont pas manquées de fleurir après l'assassinat de Dallas.

¤ Vous savez combien on en dénombre?

* Oh! Je pense une trentaine

¤ C'est cela. Parlons maintenant de la nouvelle qui donne le titre à l'un de vos recueils. A savoir: "Le dîner". Nous savons qu'elle est  à l'origine d'un règlement de compte sur Wattpad.

* (petit rire pincé) Oui, nous l'avons brièvement évoquée lors d'un précédent entretien. Lorsque j'ai débarqué sur la plate-forme, je me suis pris de bec avec un soi-disant auteur, aux écrits hétéro-bofs, consternants de lieux communs. Du style: " si, à 50 ans, vous n'avez pas femme, enfants, barbecue et Lange-Rover, alors vous n'avez pas réussi votre vie ".

¤ Un peu comme la Rollex de Ségéla, en quelque sorte.

* Tout à fait. J'en ai donc tiré une nouvelle dans laquelle je me moque allègrement de lui et de ses écrits que je reprends en partie pour les tourner en dérision. Dans l'histoire, il se nomme Sadopap. Il se reconnaîtra. De même que Juliette HLM, qui s'était invitée dans notre différent. Quant au troisième larron, Argone, c'est votre serviteur.

¤ Ils sont tous les trois un peu... "Space".

* Surtout les deux premiers (grand rire). Heureusement que la bêtise ne tue pas...

¤ Une autre nouvelle vous tient énormément à coeur: "Monsieur Dupont".

* C'est ma façon à moi de rendre hommage aux victimes innocentes et anonymes de tous les attentats que notre pays a pu connaître ces dernières années. J'y évoque la fusillade de Montauban, le carnage de Charlie Hebdo, le camion fou de la Promenade des Anglais... Jusqu'à un futur attentat dans une gare du sud de la France. 

¤ En quelle année?

* En 2020. Le 09 août.

¤ Le héros ou l'anti-héros, comme on voudra, est très déshumanisé. A la fois, témoin malgré lui, il est fataliste et résigné devant tant d'horreur.

* Il a perdu toute raison de vivre après l'attentat du RER, un 25 juillet 1995, qui a coûté la vie à son épouse. Il est désenchanté, dépassé. Il ne comprend pas.

¤ D'ailleurs, à la fin de la nouvelle, il se suicide.

* Il se jette dans la Seine. Il prend avec lui le ticket de métro de sa femme daté du 25 juillet, il serre une photo de sa ville natale, à la fois son premier et son dernier Éden, puis quitte son appartement, direction les quais.

¤ Parallèlement, il y a une histoire de tableau blanc qui noircit au fur et à mesure des attentats.

¤ Cela m'a été inspiré par une histoire de Calicef.

¤ Une autre nouvelle que je trouve très forte est celle des quatre rois mages.

* Elle m'est venue après avoir écouté une émission sur votre antenne.

¤ Elle parlait de quoi?

* Elle retraçait la vie de l'océanographe Anita Conti, qui déjà en 1953, nous alertait sur les destructions irréversibles causées par l'homme. J'ai voulu prolonger son cri d'alarme.

¤ Est-ce un cri poussé en pure perte?

* (silence) J'en ai bien peur. Malgré mon caractère optimiste, je me désole devant tant de gâchis. Le compte à rebours a déjà commencé. Nous avons entamé les réserves de notre planète Terre.

¤ Pour montrer ce caractère irréversible, comment avez-vous organisé l'histoire? Sous quel angle?

* Je l'ai scindée en deux nouvelles distinctes, mais elles sont intimement liées. Dans " Détruire", il est question de l'histoire des trois nouveaux rois mages, contemporains de notre siècle, et des cadeaux à apporter au Nouveau Né. Ce sont de simples photographies qui révèlent l'état de notre monde.

La nouvelle se termine par la rencontre avec un quatrième roi mage, qui, dit-on, aurait réellement existé.

¤ Nous basculons alors dans la deuxième nouvelle: " Artaban", dans laquelle ces trois rois mages des temps modernes prennent leur bâton de pèlerin, si je puis dire, et s'en vont sauver le monde.

* Ils vont essayer, en tous les cas, pendant qu'Artaban, le quatrième roi mage, reste sur leur lieu de rencontre à attendre leur retour.

¤ C'est un texte très fort, dans lequel vous avez des mots très durs pour certains pays pollueurs, et notamment les Etats-Unis que vous traitez de peuple criminel.

* Vous trouvez? Mais à y regarder de plus près, 300 millions d'individus sont responsables de 24% de la pollution mondiale. Ceci est un fait non discutable. Ils prennent les autres peuples en otage. Pensez que nous, pauvres français, nous ne polluons qu'à hauteur de 0,93% . Et on voudrait nous punir en payant une taxe carbone qui va sauver la planète?! Mais de qui se moque-t-on? Adressez la note aux américains et aux chinois qui, à eux deux, sont cause de 40 % de la pollution à effet de serre. 

¤ La fin de la nouvelle est très pessimiste. 

* Comment pourrait-il en être autrement? Chaque année, nos gouvernants se réunissent pour des conférences sur le climat, sans que rien de concret n'en sorte. Au mieux, on promet de prendre des mesures sur un horizon de 30 ans, au pire on jure la main sur le cœur que l'on va changer nos modes de vie sans tenir aucune promesse.

¤ Un dernier mot sur: " A bout portant", une nouvelle assez étrange.

* (grand rire bruyant) Ah bon! C'est pourtant dans la plus pure tradition de cet exercice. Des personnages à la psychologie bien définie, une trame dramatique cohérente et, pour chaque chapitre, une fin inattendue.

¤ Le profil de John est particulièrement intéressant.

* Vous trouvez? C'est le personnage qui m'a posé le plus de problèmes. Je le trouve assez inabouti. Bancal, pour tout vous dire. Pourtant, au départ, il était supposé être le plus facile à traiter. (rire). Mais bon, il faudra que je retravaille ses zones d'ombre. Ainsi que les miennes... (gros rire tonitruant)

¤ Les chutes sont assez inattendues et se répondent comme un échos au texte précédent.

* Totalement. Elles se superposent à différents niveaux. C'est tout à fait cela. Je n'ai qu'un seul regret, c'est qu'à ce jour, aucune personne ne soit venue lire ces textes**. Mais on en revient à ce que je vous disais concernant Wattpad. Beaucoup d' "auteurs" pour peu de lecteurs. (soupir) C'est comme ça.  (** Depuis, Calicef et Mayou sont venues les lire).

¤ Nous lançons-donc un appel aux éventuels lecteurs de Wattpad, si vos écrits les intéressent...

Demain, nous aborderons le dernier volet de notre entretien. Le polar.

 À demain, donc.

* À demain.

                                                                             ... Vous trouvez que j'ai été trop dur avec les américains? 

                                                                             ... Plutôt! C'est un grand peuple, quand même. Les  traiter de criminels...

                                                                               ... Mon dieu!  Il ne faudrait pas qu'ils me...

                                                                    ... Nous couperons au montage.

                                                                                             .

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