Chapitre 1

C'est là que je vis mon double, je vous dis.

Ma doublure, dans le jargon du "milieu".

Je suis tombé nez à nez avec lui, dans l'escalier, à l'arrière de la TSBD*. (* Texas Scool Book Depository)

Il semblait paniqué, moi aussi d'ailleurs.Ce con a failli nous faire coincer. Ces quelques secondes perdues auraient pu nous être fatales.

J'avais tout prévu, sauf ça !

Que la CIA nous doublerait.

Comment avaient-ils pu savoir? Y avait-il une taupe au sein de l'Organisation?!

Il m'avait vu, ça, pas de doute. Je n'avais plus le choix.

C'était lui où moi. Je ne pouvais courir le risque. Je devais l'éliminer. Un petit supplément dans mon contrat en quelque sorte...

Je le vis dévaler les marches, puis disparaître par la porte de service.

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                                                  Chapitre 2

Je l'ai pris en filature. Traqué, serait le mot juste.

Cet idiot était trop nerveux, il allait finir par attirer l'attention sur lui. Il bousculait les gens, traversait en dehors des clous, se retournait sans cesse...

Il est vrai que la foule, toujours plus dense, convergeait à présent vers le lieu du drame.

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J'ai failli perdre sa trace quand il est monté dans un bus.

Heureusement pour moi, ce dernier s'est rapidement trouvé bloqué par la circulation.

Quelle ne fut pas ma surprise d'en voir descendre presque aussitôt ma cible.

Décidément, la chance me souriait.

Enfin, j'avais dû parler trop vite, car, lorsqu'il  s'est retourné, il m'a vu.

J'ai lu la panique dans ses yeux. Des yeux bleu acier ...

Il a hélé un taxi. Je me suis précipité pour prendre place à ses côtés.

Qu'on en finisse !

Il a eu la présence d'esprit de s'adresser à une femme d'un certain âge, s'en servant  de bouclier humain, au cas où ...

Il a fini par prendre un autre taxi. J'en ai fait de même. Et j'ai ordonné au chauffeur de le prendre en filature.

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Nous l'avons ainsi suivi à distance. J'ai réglé ma course, et je me suis posté sur le trottoir. En face de l'immeuble dans lequel il venait de s'engouffrer.

Il fallait qu'il me voie, au moins une fois. Qu'il sache que j'étais là. A l'attendre. Qu'il perde le contrôle...

Et qu'il commette l'erreur qui lui serait fatale.

Au deuxième étage j'ai cru voir bouger un rideau...

Quelques minutes après, ma cible redescendait. Il portait sur lui un blouson beige.

Il m'a cherché du regard, toujours aussi anxieux.

J'ai eu juste le temps de m'enfoncer dans le hall de l'immeuble d'en face.

Pas de doute, à cet instant précis, je portais à merveille mon nom de code: "Passe-Muraille".

Il a paru hésiter, puis il a marché.

 Longtemps...

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                                                          Chapitre 3

" Il temps qu'on en finisse. Cette  traque n'a que trop durée."

Je ne cessais de répéter cette phrase dans ma tête.

 "J'évolue en territoire inconnu, sans couverture. Je ne peux me permettre de m'éterniser.

Je prends des risques que l'Organisation ne pourra pas couvrir."

Je décidai alors d'accélérer le pas.

 "Bon Dieu! sers-toi de ton arme, qu'on en termine. J'ai repéré une petite rue latérale, là, juste à côté  ..."

Seul un clochard, assis sur le trottoir, semblait parler à un chat.

 "Elle est quasiment déserte."

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                                                                   13H15

 Ce con! il vient de se faire intercepter par une patrouille de police.

Le flic sort maintenant de son véhicule. Je vois ma cible fouiller dans la poche de son pantalon.

Serait-il armé?!

L'agent s'approche de lui.

C'est le moment... Rester concentré ... CONCENTRÉ. 

Je vide le chargeur de mon revolver. Le flic s'écroule.

Et je vois ma cible prendre ses jambes à son cou.

Mais comment ai-je pu échouer aussi lamentablement ???

Moi! la fine gâchette.

Je l'ai perdu.   Définitivement.

                                         L'agent Jefferson Davis Tippit.

                                    (abattu de cinq balles de calibre 38)

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J'emprunte la petite rue et débouche sur  West Jefferson Boulevard.

J'ai échoué. Il reste un indice  dans mon contrat. Et l'indice, c'est cet homme. S'il parle, je suis mort.

-Putain !  Comment je vais m'en sortir ??!!

J'ai remonté le boulevard, comme un zombie, au son des sirènes hurlantes. Je ne savais plus où aller.

Et puis ...

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                                                  Chapitre 4

Et puis ... Je l'ai vu sortir d'un magasin de chaussures, un degré supplémentaire dans la nervosité. (ça, je pouvais le comprendre!).

Il a parcouru cinquante mètres, puis s'est engouffré dans un cinéma de quartier.

Je l'ai épié. Je l'ai vu attendre au guichet, tremblant, se retournant à maintes reprises...

La caissière a du s'en rendre compte, elle aussi.

Au moment où elle s'est penchée en arrière pour écouter la radio, je lui ai vu faire une chose étrange...

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Je me suis présenté à l'entrée du Texas Théâtre. J'ai laissé entrer un client qui me précédait.

La caissière était en grande discussion avec deux hommes.

Tous paraissaient terriblement agités. Je les entendais échanger entre eux." Il n'a pas payé sa place. Il est entré pendant que j'avais le dos tourné. En plus, il correspond tout à fait à la description donnée à la radio, ... grand, crâne presque rasé, yeux bleus, ..."

J'ai pris un ticket, et j'ai suivi les deux hommes, à distance respectable, dans ce long couloir faiblement éclairé.

Arrivés dans la grande salle sombre, je les ai vus se positionner, chacun, aux deux sorties de secours.

Ils m'ont vu m'avancer dans l'allée centrale. Tâtonnant pour ne pas tomber. Ils n'ont pas bougé.

Je me suis concentré sur ma cible.

Pas facile, dans cette pénombre.

Je l'ai enfin repéré, seul, dans une rangée, au milieu de la salle.

J'ai vérifié mon arme dans la poche, et je me suis avancé...

Je me suis assis à côté de lui. j'ai tourné la tête dans sa direction.

Malgré le noir, pas de doute, c'était bien mon homme.

Lui, fixait l'écran, absorbé par le film, comme si je n'existais pas. 

Et là ... Il a osé une chose incroyable !!!

Il a posé sa main sur mon genou.

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