✩ Chapitre 3 : Matinée sous la neige ✩

Point de vue d'Ethan :

Le sexe au garde à vous, j'émerge lentement de ma courte nuit de sommeil et me remémore ce qui s'est passé il y a quelques heures lors de mon escapade dans la cuisine. La mine rêveuse, je passe un bras derrière ma nuque.

Je revois Sofia arriver les cheveux en bataille dans son pyjama polaire Lilo et Stitch.

Et, bien qu'on se soit fait mutuellement peur, j'ai surtout eu beaucoup de peine pour elle quand j'ai appuyé sur l'interrupteur. Ses yeux larmoyants et rouges laissaient deviner qu'elle avait pleuré.

À ce souvenir, mon cœur se serre. J'ignore ce qui a pu la mettre dans cet état mais j'espère que tout va s'arranger et qu'elle retrouvera la forme.

En tout cas, même malheureuse et avec une tenue pareille, je la trouve magnifique. J'ai apprécié ce moment à deux où j'ai eu le loisir de la mater sous tous les angles sans qu'elle le remarque. Il n'y a aucun doute là-dessus, elle doit faire tourner toutes les têtes.

Elle est la définition même d'un avion de chasse.

Sans surprise, avec ce genre de pensées, mon érection ne faiblit pas. Bien au contraire. Toutefois, le fait que Noah bouge à côté de moi me fait redescendre aussitôt d'un étage.

— Hey, mec, me salue-t-il d'une voix rauque, le visage chiffonné. Bien dormi ?

— Hey, nickel dans l'ensemble. Et toi ? lui réponds-je tandis qu'il cherche ses repères.

— À poings fermés. Par contre, ne me prends pas pour un imbécile, je ne te crois pas. Tu as une sale gueule, je préfère être franc. C'est un cauchemar qui t'a réveillé, je parie ?

Inventer un mensonge ne serait qu'une perte de temps. Il a toujours eu un sixième sens. Je ne peux décidément rien lui cacher. Je me redresse, soupire et dépose les armes, vaincu.

— Ouais, je suis allé me servir un verre d'eau. Sofia m'a d'ailleurs fichu la trouille. Elle est arrivée à son tour dans l'obscurité et m'a carrément rembarré violent mais ça a fini par s'arranger.

Je me stoppe dans mes confidences. Meilleur ami ou pas, je n'ai pas besoin d'entrer dans les détails. Sofia m'en voudrait si elle apprenait que j'ai parlé de son mal-être. Qu'elle se rassure, ce secret sera bien gardé avec moi. Je peux être muet comme une tombe quand je veux. Motus et bouche cousue !

— Elle devait être fatiguée et ne se sera pas attendu à te voir. J'imagine que s'emporter contre toi a été sa façon de gérer la situation parce que je peux te le jurer, elle est tout sauf méchante en temps normal. Ne le prends pas pour toi, fais-moi confiance. Mais pourquoi tu n'avais pas allumé ?

— J'avais pris ma lampe de poche mais les piles ont lâché. J'ai dû m'orienter à tâtons et quand j'ai voulu appuyer sur l'interrupteur, elle m'est rentrée dedans de plein fouet.

— Ouh, c'est un signe ça. Vous étiez faits pour vous retrouver, chuchote-t-il taquin.

Le pli moqueur de sa bouche ne me dit rien qui vaille. Lui, il a des idées derrière la tête.

— Je t'arrête tout de suite, ce n'était que le fruit du hasard. grommelé-je.

— Oui, oui. Bien sûr. À d'autres ! Tu es chanceux, on doit s'habiller pour ne pas être en retard. Mais nous reprendrons cette conversation plus tard !

Et sur ces paroles, il retire la couette et sort du lit. À mon tour, je me lève sans motivation, aucune.

Mes habits calés sous le bras, je quitte la chambre et m'enferme dans la salle de bain. Je commence par passer de l'eau fraîche sur mon visage, l'essuie ensuite sur une serviette moelleuse lavande. Qui sent délicieusement bon la rose. Horrifié, je la lâche comme si elle m'avait brûlé.

Je suis trop con... Elle doit appartenir à Sofia. Pour ma défense, elle n'était pas là hier, mais bon. Je n'en loupe pas une.

Un sentiment de honte, de culpabilité, m'étreint tout entier. Il va falloir que j'avoue ma bêtise. Elle va finir par vraiment me détester si je continue sur cette lancée... J'enchaîne les faux pas !

Mes joues s'empourprent sous le coup de l'émotion alors que j'enfile un caleçon propre. Je manque de m'écrouler sur le sol, malchanceux jusqu'au bout, à la suite d'une perte d'équilibre soudaine qui a le don de me taper sur les nerfs. Il y a des jours où il serait préférable de rester coucher... C'est un fait. Avec rage, je passe un t-shirt avant de le dissimuler sous un sweat vert sapin puis, je mets mon jean pour compléter cette tenue basique. Ceci terminé, j'arrange mes cheveux et me parfume. Une puissante odeur boisée emplit aussitôt l'espace restreint et clos qui m'entoure. Je suis prêt. Le torse bombé, je reprends de l'assurance au fur et à mesure que j'avance. Je peux affronter Sofia.

Noah me rejoint dans le couloir, se cale à mon rythme déterminé et m'adresse un regard malicieux. De délicieux effluves flottent dans l'air et sprintent jusqu'à nous.

— Ça, c'est Sofia qui a cuisiné. Tu vas voir, c'est une tuerie !

Nous montons les marches une à une et... mon apparente confiance retombe tel un soufflé ! Sofia rit aux éclats avec Caleb et Ivy. Mon cœur s'affole et s'apprête à sortir de ma cage thoracique. Il n'y a qu'elle pour être si sublime. C'est une vraie bombe. Il ne reste rien de sa nuit compliquée. Le teint lumineux, elle rayonne.

Une sacrée différence avec mes traits qui sont si crispés que l'on pourrait croire que je suis constipé ! À l'évidence, nous ne naissons pas égaux.

Vêtue d'un pull en mohair bordeaux qui lui sied à merveille, Sofia me fait face. Elle passe ses doigts dans sa longue chevelure châtain foncé qui descend en cascade dans son dos et recouvre ses frêles épaules. Ses iris chocolat rencontrent les miens. Un timide sourire point sur ses lèvres pulpeuses et son nez retroussé remonte davantage en trompette.

Noah me fait revenir sur Terre. Il se jette littéralement sur des pancakes disposés sur une assiette et mord dedans à pleines dents.

— Tu ferais mieux de t'assoir et de manger avant qu'il ne reste que des miettes, me conseille Sofia. Ton meilleur ami a un appétit d'ogre. Je ne sais pas où il met tout ce qu'il bâfre.

Amusé par son commentaire spirituel, je m'installe sans me faire prier et me sers généreusement. J'ajoute même une sauce épaisse vanillée qui se marie à la perfection avec le goût sucré et acidulé des myrtilles. Je me régale et très vite, je me retrouve avec la bouche pleine, au Paradis.

Toutefois, quand je surprends Ivy à me fixer, ma contrariété prend le dessus. Elle détourne les yeux aussitôt et ses pommettes rougissent, sans doute gênée d'avoir été prise sur le fait. Ses sourcils fins semblent ne former plus qu'une ligne horizontale.

Ma mâchoire se contracte. Il faut que je me taise. Que je ne sois pas désagréable. J'ai envie de crier à son intention qu'elle n'a pas à me regarder de manière sournoise. Sur ce point, elle ressemble à la femme qui me sert de belle-mère, ce dragon, alias la personne que je déteste le plus au monde. J'ai conscience qu'elle doit être à des années lumières de cette dernière autrement mais je ne peux pas m'empêcher d'établir un parallèle, aussi infime soit-il.

Son ton perfide, venimeux, fourbe, tourne en boucle dans ma tête.

« Tu n'es qu'un raté. » « Tu fais tellement honte à ton père. » « Par ta faute, il va tomber malade. »

« Tu es un poids pour cette famille. »

« Ton rêve de jouer pour les Maple Leafs ne se réalisera jamais. Il faut être doué pour ça. »

Si je n'étais pas en public, je laisserai éclater ma colère. Au lieu de cela, je l'emmagasine, la stocke. Ce n'est pas la solution, je sais.

Le jour où elle explosera, son torrent se déversera et fera des ravages.

— Ethan, tu es tout pâle, ça va ? s'inquiète Noah.

Une expression similaire sur la figure, ses colocataires me scrutent. On pourrait penser qu'ils ont vu un fantôme. Il est temps que je les rassure. J'esquisse un sourire et détourne l'attention comme si de rien n'était.

— Purée, l'heure tourne ! On devrait y aller ! Noah, on prend ta voiture ?

— Pas le choix si on ne veut pas être en retard ! Grouillez-vous ! ajoute Sofia, loin d'être dupe.

Son air désabusé en dit long. Pour comprendre au quart de tour, elle doit utiliser cette technique et ne pas en être non plus à son coup d'essai...

En quatrième vitesse, j'enfile mon manteau et jette mon sac sur le dos. Sofia ferme derrière nous. Il ne me reste plus que quelques mètres avant de rejoindre Caleb et Ivy à l'arrière de la Ford. Sofia en décide autrement, elle me tire vers elle, me retenant par le bras.

— Si tu as besoin de parler, n'hésite pas. Je peux être une oreille attentive, me glisse-t-elle.

Puis, elle me relâche et cours jusqu'à la portière sans que ses amis aient remarqué quoi que ce soit. Pour ma part, je monte et prends place sur le dernier siège tandis que Noah démarre.

La route déneigée facilite notre progression dans le centre-ville qui est à ma grande surprise, vide ! Ou presque ! Seuls de rares conducteurs circulent, nous permettant d'arriver cinq minutes plus tôt. Nous nous extirpons du véhicule et nous séparons à l'exception de Sofia et Noah qui rejoignent, au pas de course, une métisse aux cheveux longs ondulés bruns. C'est à cet instant que je remarque un gros sac de sport bringuebaler sur l'épaule de Sofia.

J'ai à peine le loisir de m'interroger sur ce détail. Dix secondes plus tard, ils disparaissent dans leurs locaux, me laissant seul avec mon sac de cours et celui dédié au hockey.   


Mots de l'auteure : 

Bonsoir tout le monde, 

Exceptionnellement ce soir, j'ai un peu de temps devant moi. Je vous publie donc la suite de cette nouvelle histoire. J'espère qu'Ice-breaker saura trouver son lectorat ! 

Qu'avez-vous pensé du chapitre ? De ce nouveau point de vue ? Sur ces révélations sur le passé d'Ethan ? Je suis curieuse d'avoir votre ressenti 🤭

Bisous 💋


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