Partie 14 - Remise en jeu

Il est dix-neuf heures cinquante-deux lorsque je pénètre dans la demeure familiale. J'ai à peine le temps de poser mes valises puisque Joshua me saute dessus en criant des paroles incompréhensibles. Je ris face à son enthousiasme. Je le fais tournoyer dans les airs avant de le reposer calmement. Une fois le môme à terre, je m'avance jusqu'au salon où je vois ma Reine debout, s'appuyant sur le mur. Elle me regarde d'une façon admirative, son sourire exprime tout, elle n'a pas besoin de parler, je comprends déjà tout. Alors que je m'approche d'elle, je vois une larme glisser le long de sa joue , puis une deuxième. Je m'empresse d'aller la rejoindre pour la prendre dans mes bras.

+ Oh maman qu'est-ce que tu m'fais là ? Pleure pas , j'suis là, je suis de retour ça y est je ne repartirais plus.

- 3 mois Ibrahim - pleurs - 3 mois

+ souffle - J'en avais besoin m'man , j'te promets que j'en avais besoin

- Tant que tu es là maintenant, c'est tout ce qui compte

Je lui dépose un bisou sur le front avant de la serrer contre moi tout en fermant les yeux. Ma mère a toujours été très protectrice envers ses enfants, face à elle nous sommes des princes, la prunelle de ses yeux alors évidemment, la séparation a été difficile, surtout parce que c'etait la première fois.

+ Le bébé il va bien ?

- Tout va bien ne t'inquiète pas

+ C'est pour quand ?

- Plus que deux mois - sourire -

+ Il est où le padré ?

- Parti me chercher des fraises à l'exotique du coin

Je ris en entendant cela, ma mère et ses envies - rire - heureusement pour elle qu'elle a épousé un gentleman.

J'embarque mes valises dans ma chambre. Une fois seul dans mon " sanctuaire " J'ouvre grandement la fenêtre histoire d'aérer puis je vide les valises. Une fois cela terminé, je me dirige sous la douche qui est dans la pièce juste à côté, oui oui j'ai une salle de bain perso pour des raisons éco-pratiques.

Je ressors habillé d'un jean bleu façon délavé et d'un polo blanc assez près du corps. J'enfile mes Nike noirs et allume mon cellulaire pour tshéquer mes messages vu que durant mon séjour dans le sud j'avais coupé tout contact avec la tess. Plusieurs notifications apparaissent en même temps, les appels manqués défilent, idem pour les messages mais un message en particuliers retient mon attention.

Marv': " Frère j'ai grave déconné la dernière , faut qu'on s'explique "

Je regarde longuement le message avant de lui répondre.

" J'suis chez toi dans 20 minutes. "

Je me me prépare un petit sandwich avant de partir puis je repasse par la case salle de bain pour me brosser les dents , j'suis un maniaque des dents blanches moi donc contentez-vous de comprendre.

Une fois arrivé en bas je prends ma gova qui a été au garage durant un mois. Je prends plaisir à remonter dans ma petite clio 3, bah ouais faut quand-même avouer que ça fait plaisir de reprendre le pilotage. Je prends la route direction la tess de Marvin. C'est à côté mais bon faut dire que j'ai vraiment pas la tête a marcher là, espérons juste que les couillons ne soient pas là, ce serait bête de perdre son véhicule à deux semaines du permis.

J'arrive au quartier et je klaxonne pour annoncer mon arrivée. Cinq minutes plus tard les bras cassés se manifestent face à moi et pousse des cris et me faisant des accolades ptdr - rire - pire que des meufs au final.

On rit pendant un bon petit moment , ils m'posent tous des questions mais changent bien vite de sujet lorsqu'il voient que je ne suis pas du tout coopératif. Enfin bon, toute bonne chose a une fin donc je me retire de la conversation et monte chez Marv'. Une fois devant la porte je sonne comme un con alors que j'ai les clés mais en vue des circonstances, je me dis que c'est mieux comme ça, histoire d'annoncer mon arrivée.

Quelques secondes plus tard je vois Marvin se tenir face à moi. On se salut du regard puis il me fait un signe de tête qui signifie que je peux entrer. Je le suis et pars m'installer sur le fauteuil qui est par habitude le mien lorsque je viens squatter ce lieu. Le silence règne dans la pièce mais Marvin le romp rapidement à l'aide d'une toux simulée.

- Ouais bref on va pas jouer au inconnu , si je t'ai appelé c'est pour m'expliquer par rapport à notre dernière conversation

+ sourcils levés - T'expliquer ? C'était très clair pour moi mais puisque t'y tiens tant je t'écoutes.

- C'est pas s'que tu crois certes j'ai mal agis lors de notre dernière discussion mais c'est parce que j'suis jaloux

+ Bah ça je l'avais bien compris

- Pas jaloux dans ce sens là

+ Explique toi clairement alors zeubi !

- Tu peux pas comprendre toi , t'as pas de petite sœur..

Je relève ma tête et le regarde de travers. Il sait très bien ce que j'en pense moi de leurs liens mais encore une fois je préfère me taire pour éviter toutes disputes. Comme si il lisait dans mes pensées Marvin se reprend.

- Certes c'est pas vraiment ma sœur d'un point de vue sanguin mais si on regarde les choses comme ça t'es pas mon frère non plus.

Aie. Touché

+ C'est pas faux

- Enfin bon c'est pas là où je veux en venir. T'a réussi en quelques mois à peine à créer cette espèce.. Cette espèce d'alchimie entre elle et toi alors que moi j'ai dû galérer comme un pd pendant des années pour arriver au stade où on en est aujourd'hui

+ Qu'est-ce que tu m'chantes Marv' ? Y'a aucune alchimie frère, t'es un ouf toi j'ai juré !

- Arrête Ibrahim, frère on est entre nous donc autant se dire les choses cash. Je l'a connais ma petite et je peux te dire que le fait qu'elle te calcule c'est deja bon signe même si je comprends pas trop son comportement envers toi. Si tel est son choix je le respecterais mais par contre toi je te demanderais qu'une seule chose. Prends soin d'elle comme si ta vie en dépendait.

Il me regarde ou plutôt me fixe attendant une réponse positive, ce que je fais aussitôt par un signe de tête en reprenant ces mots.

+ Comme si ma vie en dépendait - hoche la tête -

- Sinon p'tit couillon , j'ai appris que tu t'étais barré sans laissé de traces ? C'est quel genre de frère ça ?!

+ Ptdr j'sais que je t'ai manqué, dis-le clairement au lieu de tourner autour du pot. Tema ton corps de lâche, t'a perdu en muscu là - rire - Tu faisais une dépression ou quoi ?

- rire - Casse-toi vite avant que j'te monte en l'air

+ rire - Évidemment ptdr allez, salam !

Je me barre sous les rires de mon frère. Maintenant qu'on a mis les choses au clair, j'ai le cœur léger. Cette discussion peut vous paraître banale mais pour nous venant du milieu c'est un effort que peu d'entre nous savent faire.

" Fiers, on s'excuse avec des actes, pas avec des mots "

C'est ce qui nous définit , nous les gardiens de la tess.

[...]

Vingt heure quinze. En plein cœur des murs gris, mes pas me guident vers le city. Ma conscience refuse d'accepter cette décision mais mon esprit est au contrôle. Malgré moi j'arrive au city où j'y trouve sans surprise l'origine de toutes mes mascarades. Comme d'habitude, la balle est victime de toute la puissance qui lui est infligée. Cette fois-ci je suis venu moi aussi avec mon ballon. Je prends place sur le terrain de la manière la plus discrète qui soit. Une fois prêt, je lance mon pied pour qu'il aille à la rencontre de la balle. L'objet arrive pile poil dans les cages et tandis qu'elle se retourne pour me lancer un regard assassin qui en ferait fuir plus d'un, moi, je me contente de lui balancer mon plus beau sourire en coin.

Je suis bel et bien de retour chère Kaïyla - rire - .

Ibrahim - Rescapé de la cité

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