Ꮯꮋꭺꮲꮖꭲꭱꭼ 8 - c'est toi Alice ?

Le téléphone vibre sur le matelas. Alice abat une main lourde dessus. Elle n'ouvre qu'un œil pour essayer de trouver le bouton vert et celui du haut parleur.

-Ouais ?

Sa voix est pâteuse. Elle ne sait même pas quelle heure il est. 

-Lili? J'te réveille ?

Alice s'assoit sur son lit d'un bond comme si quelque chose sur son matelas l'avait piqué.

-Hazz? Tout va bien?
-Oui. Oui. Mais toi ça va ?
- Heu oui ? Enfin je crois. Pourquoi?
- Il doit pas être loin de trois heures à la maison et t'as répondu au téléphone.
-Il se pourrait que j'attende un appel.

Alice fatiguée se passe une main sur le visage tentant de chasser le sommeil. Elle grogne et s'étire en s'asseyant sur son lit.

- Tu veux en parler ?
- Tu dois pas faire attention à ta batterie toi ?
-J'm'en fou. Si t'es pas bien c'est toi le plus important.

Alice se mord la lèvre. 

-Mais non ne t'inquiètes pas. ça va.

Elle tousse pour essayer de cacher que ces mots se sont à moitié étranglés dans sa gorge. Elle ne sait pas mentir. Elle le sait, Harry le sait, toute personne à qui elle a essayé de mentir une fois le sait.

-Tu me manques. Dit-elle à la place.

Ce n'est pas un mensonge. Harry lui manque vraiment. D'habitude quand elle rentre du lycée ils passent la soirée tout les deux. La maison à l'air bien vide sans lui. Alice se lève de son lit et attrape une cigarette avant d'ouvrir sa fenêtre.

-Ne fume pas à l'intérieur maman va encore râler. Souffle Harry comme s'il était dans la pièce avec elle.
-J'allais pas fumer.
-Mais oui et parfois on entend les oiseaux chanter mais si ça se trouve ils sont en train de s'enculer.
-Oh ça va j'ouvre la fenêtre ça ne sentira rien pas besoin de faire le poète !

Alice entends le rire d'Harry, ça lui fait du bien. Elle se surprend à sourire à ce son.

-Du coup tu voulais quoi ?
-Rien tu me manques c'est tout. 

Elle sourit. Se rendant compte qu'ils passent trop de temps ensemble si ils utilisent les mêmes subterfuges pour ne pas dire ce à quoi ils pensent.

-Je te manques ? à trois heures du matin ? Crache le morceau Haz. Qu'est ce qu'il t'arrive? 
- Ok. Je...il toussote. Je...j'ai un énorme service à te demander. Mais tu me manques quand même pour de vrai.
-Quel genre de service ? Toi aussi tu me manques Hazz. 
-Du genre où tu fais sans rien demander et en retour je te dois un méga truc. Ce que tu veux quand tu veux.
-Demande toujours.
-Je.. arf...j'ai besoin que tu récupères un truc pour moi.
-Développe.

Alice pose le téléphone sur le rebord de la fenêtre juste à côté de son cendrier de fortune, une vieille canette de Monster qui date d'au moins six mois. Elle s'accoude tout en allumant sa cigarette. L'air est glacial, mais étrangement ça lui fait du bien.

-J'ai déposer une boîte à chaussures chez Thomas. J'ai besoin que tu la récupères.
-C'est quoi comme boîte ? Qu'est ce que tu as été foutre chez Thomas? Et il y a quoi dedans ?
-J'avais dit zéro question Lili.
-Ok. Tu me demandes beaucoup là tu le sais ?
- Oui. Mais je suis un peu désespéré là. Je ne pensais pas qu'il sortirait pendant que je serais en France. Avant que je parte son médecin m'a dit qu'il en avait encore pour un mois.
-Attends Hazz. Comment ça son médecin ? T'as été voir Thomas à l'hôpital ? Et tu m'as rien dit ?
-Je...on en parle quand je rentre d'accord ? Là j'ai vraiment besoin que tu récupères cette boîte avant qu'il ne tombe dessus. S'il te plait.

Alice soupire. Ça sent un peu l'embrouille là. Elle a comme l'impression qu'il se passe un truc de louche mais elle n'ose pas trop poser de question se rappelant qu'elle aussi a des choses à se reprocher. Le souvenir de son baiser échangé avec Louis flotte dans son esprit.

-Ok. Elle ressemble à quoi ta boîte ?
-Oh merci Alice. Milles merci. C'est celle de mes bottines elle est beige avec le couvercle marron.
- Je veux mon service.
-Pardon?
-Je vais aller la chercher. Mais je veux que tu me rendes tout de suite mon service.
-Tout ce que tu veux.
- J'ai quelque chose à te dire. Mais je ne veux aucune réaction de ta part. Comme toi zéro question.

Alice réfléchit à toute vitesse. Même si Alice est beaucoup moins obnubilé par le baiser échanger avec Louis, elle ne peut le cacher à Harry. Ce n'est pas son genre. Et si elle doit lui dire c'est le moment ou jamais. Mieux vaut qu'elle lui dise maintenant plutôt qu'il en entende parler plus tard et que cela nuise à leur amitié. 

-Juste je préfère que tu l'apprennes de moi.
-Tu me fais peur. Mais je t'écoute.
-J'ai embrassé Louis.
-Quoi? Comment ça ? Tu te fou de moi là ?
-Harry ! On avait dit zéro réaction.
-Mais tu as embrassé mon meilleur ami.
-Et toi tu as été voir le mien à l'hôpital dans mon dos et tu as foutu une boîte chez lui que tu m'envoi chercher en mode commando. Et en plus tu me demandes de ne pas regarder dedans alors que tu sais que ça va être une torture pour moi de ne pas le faire.
- Tu as raison. Pardon. J'ai le droit à juste une question.
-Vas y.
- c'est quelque chose de sérieux ? Je veux dire, je connais Louis il n'est pas du genre à embrasser pour rien. Donc là tu sais ce que lui attends de toi ?

Alice écrase sa cigarette avant de la jeter dans le fond de la canette. Elle referme la fenêtre et enlève le haut parleur. Le téléphone collé à l'oreille, elle s'allonge sur son lit en racontant tout à son "frère". Pouvoir en parler avec lui, lui enlève un poids de la poitrine. Elle ne lui confie pas ses envie de sexe avec Louis ou même son comportement étrange en fin de soirée du samedi . Juste le strict nécessaire mais cela suffit à la faire déculpabiliser un peu.

-Je vois. J'espère qu'il a compris que tu n'avais fait ça que pour l'aider et qu'il ne s'imagine pas des choses.
-Non. Il est en couple avec Wren maintenant.
-Wren ? La pote de Rochelle?
-Oui. C'était avec elle son rencard raté.
-Mais...ça n'a aucun sens. Il ne s'est jamais intéressé à elle. Il a même refusé son numéro il y a moins d'un mois. 

Alice ne répond pas. Elle ne sait pas quoi dire. C'est pourtant Louis qui lui a dit qu'il était intéressé par Wren. 

-Tu m'envoie un message quand tu as la boîte?
-Bien sur.  Je vais demander à Thomas de me l'a mettre de côté.
-NON ! Hurle Harry, angoissé d'un coup. S'il te plaît non. Si tout va bien il ne sait pas qu'elle est chez lui. Et j'aimerais que ça continue comme ça.
-Tu sais que là c'est vraiment très intriguant.
-Je suis désolé. Je...promis je t'expliquerai tout dès que je rentre.
-T'as plutôt intérêt oui. Alice n'arrive pas à retenir un bâillement. 
-Je suis vraiment désolé de t'avoir réveiller. Tu devrais retourner te coucher. 
-Bonne idée. Bonne nuit Hazz. 
-Merci encore Lili. Bonne nuit. Tu me manques. 
-Toi aussi. Bisous Haz. 

Alice raccroche et se laisse tomber sur son lit. Elle s'enroule dans sa couette et fixe son téléphone. Elle aurait tellement voulu que ce soit Dylan. Mais l'étudiant ne l'a toujours pas recontacté. Après leur baiser dans les vestiaires elle se serait attendu à un appel, et ce serait même contenté d'un message. Mais rien.  Alice tourne le téléphone, écran vers le matelas et se retourne dans son lit. Si Dylan ne veut pas lui donner de nouvelles tant pis. Elle en a marre de faire des efforts. Tant pis elle trouvera bien quelqu'un d'autre pour satisfaire ses envies et hanter ses nuits. 

Forte de cette résolution, Alice décide de ne pas se rendre au gradin pendant la pause déjeuner. Le problème c'est que depuis quatre ans elle passe tout ses repas là bas. Elle se retrouve donc à midi à errer dans les couloirs en se demandant bien ou aller. Pas au réfectoire ce serait trop bizarre. Elle pense à la bibliothèque mais l'énorme panneau interdisant la nourriture dans la pièce lui fait faire demi tour. 

Le choix d'Alice fini par se porter sur la salle d'étude. C'est pas le meilleur endroit car tout ceux qui sont là n'y sont pas pour travailler. Mais c'est le mieux auquel elle a pu penser. Elle a dans l'idée de recopier au propre sa dissertation de philosophie qu'elle doit rendre vendredi ça va l'occuper et l'avancer. Alice s'installe donc en sortant ses affaires, sa trousse, ses feuilles, ses brouillons et son tupperware de tomate cerise. Pour se couper du brouhaha permanent de la salle Alice glisse ses écouteurs dans ses oreilles. Elle laisse son stylo glisser sur la feuille en prenant de temps à autre une tomate. 

Alice se retrouve distraite quand la musique se coupe. Elle regarde son téléphone et décroche dès qu'elle lit le prénom de Thomas sur l'écran. 

-Oui ? 
-Tu répond enfin ! 
-Hein? De quoi? 
-Je t'ai envoyé plein de messages ! T'es où là? 
-En étude, j'ai du boulot en retard. 
-T'aurais quand même pu répondre à mes messages. Ou à ceux de Louis. 
-Ceux de Louis ? 
-Ouais il est méga inquiet. Il vient de partir là. ça faisait dix minutes qu'il tournait en rond en se demandant où tu étais. 
-Il est sérieux lui ? Il peut pas s'inquiété pour sa meuf et me laisser respirer ? Même Harry est pas aussi étouffant que lui. 
-Et sinon ? Pourquoi t'es pas venue au stade? Va pas me faire croire que c'est les devoirs en retard. Je te connais depuis assez longtemps pour savoir que c'est pas vrai. 
-J'avais juste pas envie. 
-C'est dommage. Dylan aussi te cherchais. 
-Ah ouais ? Il avait qu'à m'envoyer un message lui. Alice soupire. 
-Je vois. Répond quand même à Louis avant qu'il lance un avis de recherche. 
-Ouais je vais faire ça. 

Alice et Thomas échangent quelques mots puis raccrochent. Alice profite d'avoir le téléphone dans la main pour lire ses messages. Deux de Thomas et six de Louis. Il est atteint c'est pas possible. Alice lui répond rapidement de ne pas s'inquiéter pour elle et de s'occuper plutôt de sa copine. Elle n'attends pas de réponse et retourne à son devoir. Depuis qu'elles sont parties ses amies ne lui ont jamais autant manqué qu'actuellement. 

Elle a tellement besoin d'aide pour y voir plus clair dans ses pensées. Elle a l'impression que c'est le ras de marée dans sa tête. D'un côté il y a Dylan qui n'arrête pas de dire qu'il va la rappeler et qui ne le fait pas. Son soufflage de chaud froid la fatigue, Alice en vient à regretter d'avoir fait un pas vers lui. Elle aurait dû continuer à l'observer de loin ça lui aurait évité bien des migraines.
La deuxième vague qui occupe son esprit c'est Louis. Son comportement est beaucoup trop étrange. Il sort avec une fille mais passe son temps avec Alice et elle n'arrive pas à s'enlever de la tête la réaction d'Harry quand elle lui a dit pour Wren.
Harry. Lui c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase de ses pensées chaotique. Elle essaie de ne pas se focaliser sur la boîte qu'elle doit retrouver et toute les questions qui tournent autour. Elle a l'impression d'être Pandore et ça ne lui plaît pas du tout.

Alice passe l'après-midi dans le brouillard, ne réfléchissant pas vraiment, enchainant les cours. Elle est là sans vraiment y être. Perdue dans ses pensées elle ne remarque pas immédiatement Dylan au portail du lycée. Elle ne fait attention à lui que quand il se met face à elle en lui faisant signe. 

-Qu'est-ce que tu fais là toi ? Ne peut-elle s'empêcher de s'exclamer surprise. 
-Je voulais te voir. Dylan sourit. Il se gratte la nuque gêné. Et je te devais une explication. 
-Tu crois ? Alice se mord l'intérieur de la joue. Elle ne devrait pas être aussi agressive. Dylan ne lui dois rien et elle le sait très bien.
-Ouais, je ne t'ai pas rappelé. Je suis désolé. Mais j'avais une excuse valable. 
-J'ai hâte de l'entendre. Répond Alice sarcastique.
-J'te paie un verre ? 
-Non. J'ai envie de rentrer. La journée a été longue. Comme pour appuyer son argument Alice se passe une main lasse sur le visage.
-Je peux au moins te ramener ? 
-Si tu veux. 

Alice réajuste son sac sur son épaule et sort une cigarette qu'elle allume avec empressement avant de tirer dessus.

-Par contre je ne te promet pas de café. Ajoute-t-elle en recrachant la fumée. Anne fait une cure sans caféine.
-C'est qui Anne ?
-La femme de mon père.
- Je peux me passer de café. Déclare Dylan avec un sourire.
-Cool.

Alice ne sait pas quoi ajouter de plus. Sociabiliser ce n'est pas forcément sa tasse de thé. C'est une des raisons pour lesquels sont cercle d'ami est aussi restraint. Elle ne sait jamais quoi dire pour ne pas passer pour une idiote donc elle ne dit rien. Cela donne de long silences gênants telle que celui qui s'installe entre elle et Dylan alors qu'ils commencent à marcher.

-Ton prénom c'est quoi deja ? Questionne Dylan.
-Pardon ?
-Désolé c'est maladroit. Je m'explique.

Dylan respire à fond et commence à se confier à Alice. Il est atteint de prosopamnésie. C'est un trouble qui l'empêche d'associer les noms et les visages. De ce fait Dylan a tendance a donner des surnoms à tout le monde car il est incapable de retenir les vrai noms. Alice l'écoute et tente de retenir ses questions. Elle ne veut pas le couper car elle voit bien que ça lui coûte d'en parler.

-Et c'est pour ça que je ne t'ai pas appelé.
-Parce que tu ne te souviens pas de mon nom ? Je vois pas le rapport. Et puis je ne l'aurais pas mal pris. J'aurais compris.
-Non c'est pas ça. Dylan sort son téléphone. Je ne sais pas sous quel nom tu as enregistré ton numéro. J'ai cherché Georgie mais je n'ai pas trouvé. Et même si j'avais très envie de te parler je ne me voyais pas faire tout mon répertoire avant de tomber sur toi.
-Donne.

Alice prend le téléphone et va dans les contacts. Elle sourit.

-C'est dommage. Elle lui montre l'écran. Si tu avais fait l'effort tu n'aurais eu qu'un numéro à composer.
-Alice ? C'est toi Alice ?
-Enchantée. Sourit la lycéenne en mimant une courbette.
-Je trouve que Georgie te va mieux.
-Tu diras ça à mon père il en sera ravi. C'est lui le grand fan de Lewis Caroll qui a voulu à tout prix me donner ce prénom là.
-C'est un beau prénom. Mais désolée je crois que je t'appellerai quand même Georgie.
-C'est pas grave. Alice sourit et décide de ne pas retenir la pensée indécente qui lui traverse l'esprit. Georgie c'est plus facile à gémir qu'Alice. Elle accompagne cette réplique d'un clin d'oeil.
-Je ne sais pas. Dylan semble réfléchir. On aura qu'à tester les deux et on verra bien.

Alice qui ne s'attendait pas à ça sent ses joues s'empourprer. D'habitude c'est elle qui fait des allusions sexuelles, c'est rare qu'on lui réponde. Dylan lui sourit, sûrement fier de sa répartie.

-Tu insinues que tu veux coucher plusieurs fois avec moi ? Demande-t-elle pour vérifier qu'elle a bien compris l'allusion que vient de faire Dylan.
-Et bien ça ne me dérangerais pas d'être...il s'interrompt semble réfléchir puis continue sa phrase...d'avoir un plan régulier avec toi.
-Un plan régulier. Quelle façon originale de le dire.
-J'allais dire sexfriend à l'origine mais on est pas amis...pas encore. Et je ne suis pas du genre à être en couple.
-Moi non plus.
-On est fait pour s'entendre alors.

Alice sourit. Elle est contente qu'ils soient sur la même longueur d'onde. Ils continuent de parler de tout et de rien en marchant. La lycéenne n'hésite pas à proposer à Dylan de rentrer quand ils arrivent devant sa maison. Une fois à l' intérieur, elle vérifie rapidement les horaires d'Anne sur le frigo. Son frère étant en France et son père en déplacement elle se retrouve seule avec Anne. Enfin quand elle ne travaille pas. La mère d'Harry étant sage femme en hôpital ses horaires changent tout le temps.

-Ok beau brun ! On a deux heures devant nous pour tester le prénom de ton choix.

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