Ce n'était pourtant pas gagné.

Ils avaient réussi une sortie incognito, mais avait dû faire sauter la maison et leurs propres voitures afin de faire croire à un suicide. Bien sûr ils ne trouveraient aucune trace de leurs corps pas plus que les documents pour lesquels ils les avaient envoyé en mission.

Les deux gardes du corps du directeur avaient réussi une diversion afin de ne pas être repérés alors que pourtant, à la sortie du tunnel, se trouvait une patrouille.

Voilà qu'ils étaient sur la route depuis près de 4heures sans avoir fait une seule pause, mais le carburant commençait à manquer et la destination promise par Sammy était encore si loin.

Ils s'arrêtèrent tout de même dans une station service pour faire le pleins et s'acheter de quoi manger car ils avaient encore environ 7h de route encore pour atteindre... Chiang Rai.

Région montagneuse, aux paysages verdoyants et à la religion forte autant que la diversité ethnique qui régissait la région. Mais pour Sammy, cette région avait une signification tout à fait spéciale pour elle.

Ils arrivèrent en fin de journée devant un grand portail cachant une villa immense, cachée dans une forêt danse à travers les montagnes.

- Où est-ce qu'on est ? demanda un des gardes du corps alors qu'elle appuyait sur un bouton, faisant ouvrir le portail sur une villa digne de film de mafieux.
- Chez moi. répondit la jeune femme, au volant du véhicule.

Ils furent accueilli par trois personnes : un vieux couple et un jeune homme qui devait avoir l'âge d'être son petit frère.

- Jeune Maîtresse ! s'exclama la vieille femme en se précipitant vers Sammy qui descendait du gros véhicule.

Jeune Maîtresse ?

Les quatre hommes se jetèrent des regards étonnés, de toutes les informations sur la jeune femme qu'ils avaient, aucune n'indiquait que Mélanie Samantha Coates était une fille riche au point d'être appelée jeune maîtresse et de vivre dans un véritable petit palais digne d'une princesse.

- je suis tellement contente de vous revoir, fit-elle en enlaçant la vieille femme ainsi que le vieil homme et le plus jeune.
- Vous rentrez à la maison ?
- Nous devrions rentrer, il y a beaucoup de choses à dire, répondit-elle sombrement.

Comprenant ce que ça signifiait, la vieille femme donna un ordre au plus jeune qui partie en courant.

- Venez, suivez nous ! s'exclama le vieil homme à l'intention des quatre hommes et le groupe rentra dans la grande bâtisse dont l'intérieur respirait l'atmosphère conviviale et douce.

En entrant dans la villa, on les dirigea vers un grand salon coloré et chaleureux dans lequel on leur servit de quoi se restaurer avant de dîner. Le jeune homme revint, alors accompagné de plusieurs hommes, des voitures entraient dans la cour de la villa avec beaucoup de bruit, tout comme les claquements des chaussures sur le gravier et les marches.

- On a été trahis ?! s'écria un des gardes du corps debout, la main à sa taille pour dégainer.

Sammy se leva tranquillement pour se diriger vers l'entrée, les quatuor sur ses talons, prêts à intervenir, mais furent assez vite choqués.

- Bon retour Princesse ! entendirent-ils la horde d'hommes et femmes sombrement habillés.

Ils se penchèrent avec respect devant la jeune femme qui descendit tranquillement les marches et se dirigea vers les quelques hauts gradés présents pour l'accueillir.

- Je suis de retour, mais pour peu de temps.
- Dites nous ce qu'il se passe, on vous aidera, déclara le plus vieux des hauts gradés en lui prenant la main.
- Je suis chassée.
- Vous quoi ?
- Qui ?!
- Vous devriez rentrer ! intervint la vieille femme à côté des quatre hommes.

Le plus vieux offrit son bras à la jeune femme qui l'accepta et ils remontèrent dans la villa où elle put leur raconter ce qu'il c'était passé.

[...]

- Les chiens !
- Doucement avec le mobilier ! gronda la vieille femme, alors qu'un des hauts gradés allait frapper l'accoudoir fragile de son siège.
- Pardon, pardon, capitula t-il.
- Je tiens cette maison en ordre pour que Mademoiselle la retrouve intacte !
- Et j'apprécie ton travail, répondit la jeune femme en question, leur souriant à tout les deux.
- Donc, si je comprends, vous êtes son patron, mais c'est vous qu'on cherche à tuer ?
- Le puzzle n'est pas encore entier, mais dans la chronologie c'est ça, répondit Bosston. Sam', tu cache bien ton jeu.
- Tu comprends maintenant pour le couteau ?
- Plus que ça, soupira le jeune homme. Au moins je sais que j'ai, en plus de la célèbre mannequin et chanteuse, une agent émérite doublée d'une princesse d'un domaine encore plus inquiétant.
- Jeune homme...
- Ah commence pas, fit-elle en soupirant, moi qui doit en plus de ça travailler avec l'athlète le plus rapide du Royaume et un des agents les plus connu... Quelle plaie.

Ils se jetèrent un coup d'oeil puis éclatèrent de rire, détendant ainsi leurs nerfs et allégeant leurs propres angoisses.

- Bosston est mon partenaire de chasse, dit-elle en le présentant après quelques pics envoyés qu'ils appréciaient tout les deux.

C'était un jeu pour eux, mais également un moyen de se rapprocher comme de s'encourager. Un système de communication qu'ils avaient mis en place tout naturellement depuis leur première rencontre infortune. Leur entourage allait devoir apprendre à faire avec, mais pour eux c'était nécessaire de garder ce moyen de se parler.

- Donc vous êtes un agent aussi ?
- Oui.
- Chef, les interrompirent un des hommes de mains en montrant sur une tablette, le cv de Bosston, trouvé sur le net après une recherche rapide.
- Oh !! Quoi ?! Vous voulez dire que ce garçon c'est...
- Quoi ? J'ai fait quelque chose ?
- Ils viennent juste de trouver ta fiche wikipédia, lui lança Sammy en pouffant, trempant ses lèvres dans sa tasse fumante.

Son regard malicieux s'illumina quand il le croisa.

- Je crois que je vais devenir aussi célèbre chez toi qu'à l'agence, soupira le pauvre garçon.
- Plains toi, vas-y. dit-elle.
- Je suis désolé, j'aurai dû faire plus attention, fit l'un des supérieurs en saluant le jeune homme.
- Ne vous en faîtes, pas inutile de vous embêter pour ça. répondit Bosston en levant les mains en l'air, signe qu'il ne voulait aucunement avoir des soucis. De plus nous ne sommes pas là pour moi... si un peu quand même...
- Grosse tête.

Sammy lui tira la langue, faisant rire tout le monde et leur réunion put repartir de plus belle. Le directeur put alors expliquer, ce qu'il avait déjà exposé à ses deux agents, au reste du groupe attentif au moindre détails. Mais Sammy y mit un terme quand la vieille femme revint les voir et signifier que le dîner allait être servit.

Les hommes furent renvoyés chez eux après le dîner, on présenta alors aux quatre hommes leurs chambres tandis que Sammy restait dans le grand salon.

- Elle a besoin de temps, constata Bosston alors qu'il regardait en arrière pour s'assurer qu'elle allait bien.
- C'est dur pour elle, depuis que ses parents l'ont laissé, elle a dû travailler très dur seule, fit la vieille femme alors qu'elle lui ouvrait une porte à l'étage, indiquant que c'était sa chambre pour la durée de son séjour.
- Elle m'en a un peu parlé, mais je ne pensais pas qu'elle aurait subit autant.
- Elle semble être plus "légère" en votre présence, fit remarquer la vieille femme avec un doux sourire. Vous avez tout ce qu'il vous faut pour vous changer et vous doucher, vous avez une salle de bain ici.
- Merci beaucoup Madame, répondit-il avec politesse et un sourire franc sur le visage.

Un peu plus tard, alors qu'il était douché et changé, il voulu voir si elle était encore dans le salon, mais la trouva hésitante devant sa porte de chambre.

- J'allais voir si tu y étais encore.
- je...
- Viens.

Toute la nuit, ils discutèrent, assis sur le sol, discutant de beaucoup de choses, évitant soigneusement le sujet de sa famille, mais ne pouvant esquiver celui qui les inquiétait jusqu'à ce qu'à l'aube, ils s'endorment tout les deux, l'un contre l'autre dans le lit.

Première fois qu'ils se retrouvaient ainsi mais aucun des deux ne trouva cela déplaisant, bien au contraire, pourtant, ce petit épisode allait être le déclencheur de bien autre chose de plus dangereux.

[...]

Voilà deux jours qu'ils étaient en planque dans la villa cachée dans la montagne, mettant en place quelques plans secondaires afin de mieux se préparer pour détruire l'agence et mettre un terme à cette tentative de meurtre organisée sur les trois protagonistes.

Sammy et Bosston avaient décidé d'envoyer des communiqués à leurs agences respectives afin de prévenir qu'ils avaient besoin de temps à cause de soucis de pression et misèrent sur la pandémie encore très active pour mettre en pause leurs activités tout en demandant d'être discret et de ne pas chercher à entrer en communication avec eux car ils se trouvaient hors du pays afin de prendre du repos.

Ils ne savaient pas si cela avait fonctionné, mais aux infos, on annonçait déjà la pause dans leurs carrières et montraient les déclarations des agences, alors qu'aucune photo n'avait été prise d'eux dans la ville ou même à l'aéroport. Ils pouvaient s'estimer heureux d'être coincés dans la villa pour ne pas à avoir à sortir en ville et prendre le risque d'être vu, de plus, le mouvement brusque des mafias locales avait déjà fait parlé mais quelques visites avaient réussi à calmer les habitants de la région et celles aux alentours.

Le directeur avait décidé de mettre au clair avec la jeune femme et Bosston, toutes les informations en commun qu'ils avaient, puis grapillèrent celles que les familles pouvaient leur apporter à chaque heure de la journée. Les deux gardes du corps furent entrainés avec une des familles proches de Sammy pour leur faire subir un entrainement de terrain. Bosston et Sammy y eurent le droit également à un entrainement intensif, maintenant leur forme mais surtout les gardant en alerte. le vieux directeur savait bien qu'il ne pourrait pas les aider comme d'antan, mais au moins arrivait-il à communiquer avec les familles et le duo de façon à ce qu'il puisse, le moment venu, les laisser reprendre les rênes.

Les jours passaient et se ressemblaient, au point que au moment des réunions, ils pouvaient apprécier les présences du vieux couple et de leur petit fils ainsi que des familles qui venaient, comme à leur habitude, rendre visite. Par moment, Sammy devait faire face à quelques prolixes* dont le débit était aussi rapide que les chutes d'eau. Pourtant, malgré leur situation dangereuse, ils pouvaient apprécier d'être ensemble et de développer cette entente qu'ils s'étaient tous découvert au contact de la jeune femme qui, de temps en temps, au court de soirées, leur offrait sa voix dans quelques chansons de son répertoire.

Bosston adorait l'entendre et souvent, voir la plus part du temps, l'accompagnait à la guitar, complétant leur complicité dans un tout autre genre. Le plaisir qu'ils y prenaient était si visible que personne  ne pouvait le manquer, ni ignorer l'aura douce qui les entourait alors qu'ils se regardaient pendant un petit concert improvisé dans les jardins de la villa. Les semaines, les mois passèrent sans que l'agence ne les trouve, mais eux... Eux savaient où ils se lançaient, ce qu'ils faisaient et à qui ils s'en prenaient.

Bosston et Sammy eurent le déplaisir d'apprendre la capture de la jeune femme qui avait remplacé cette dernière durant un mois auprès de son partenaire, durant une mission de distribution. Sammy avait ordonné alors de la récupérer pour l'envoyer, elle et sa famille, loin dans le monde afin de la protéger et de refaire sa vie.

Bosston, bien que peut adepte de l'échange, avait apprécié le geste de sa belle et l'en avait même remercié. Elle lui avait sourit, prétextant que... hormis une vague jalousie, elle n'était pas fan de la façon dont elle aurait pu finir et avait préféré la protéger pour ne pas laisser une innocente mourir à cause de leur fuite.

Comprenant qu'elle se sentait coupable de beaucoup des morts qu'ils n'avaient pu éviter depuis ces 3 derniers mois et il s'en voulait également mais aucun d'eux ne pouvaient s'attendre à sauver tout les agents en service, comme ceux ayant déjà quitté le système.

Car ils le savaient, l'agence allait vouloir les éliminer par sécurité.

***

*Prolixe : quelqu'un qui est trop long dans ses discours ou écrits. (parle beaucoup pour ne rien dire)