La salle était pleine à craquer, les mannequins se pressaient dans les loges communes, pressés de pouvoir défiler devant autant de monde venu exprès pour les voir défiler, portant les créations des couturiers qui se disputaient les uns contre les autres afin de faire briller leurs travaux.

Le défilé allait commencer mais une jeune femme commençait déjà à s'impatienter. Son couturier avait décidé de refaire plusieurs retouches à sa tenue à quelques secondes de l'ouverture de la marche. Heureusement pour elle qu'il termina pile avant que son tour n'arrive.

- Vas-y fonce et éblouis les ! N'oublie pas de sourire ! lui adressa t-il en la poussant presque jusqu'au départ de la scène.

Exaspérée, la jeune femme le repoussa, donnant un coup d'épaule pour lui faire lâcher son épaule qu'il tenait fermement.
Quand les mannequins revinrent, elle prit une grande inspiration, redressa son corps et se lança alors dans une marche rapide au déhanché gracieux. Rien de provocant dans la tenue, mais une attitude féline, un regard précieux et un léger sourire en coin, la jeune femme dégageait une aura érotique tout autour d'elle qui attira tout les regards. Elle marcha jusqu'au bout de la scène, fit une pause, rejeta sa natte derrière son dos en exécutant un demi tour artistique puis repartie jusqu'aux loges pour échanger de tenue. La coiffure fut légèrement modifiée mais pas de beaucoup.

Cela dura un certain temps et elle dû défiler au total 7 fois avec des tenues toutes différentes, mais son couturier ne gagna pas le concours, tandis qu'elle reçu beaucoup d'éloges pour sa tenue et son défilé.

Pourtant, elle ne resta pas longtemps pour se faufiler hors du complexe, tenue changée et maquillage modifié afin d'assombrir son regard.

Elle avait revêtu une tenue plus sombre et plus facile pour les mouvements amples. Un masque sur le visage, elle prit la fuite en toute discrétion jusqu'à sa voiture qu'elle lança dans le trafic du soir.

- T'es où ?
- En chemin, je viens de finir avec le défilé.
- Comment ça s'est passé ?
- Comme d'hab, il n'a rien gagné.
- Pourtant il hésite pas à y retourner à chaque fois même si il sait qu'il n'aura rien...
- Du moment que je suis payée à faire mon métier, je n'ai pas à me plaindre, soupira la jeune femme attentive à son itinéraire.
- Je t'envoi les instructions.

La tablette de l'auto s'alluma, lui indiquant qu'elle avait reçu la notification de son autre travail.

- C'est simple, tu dois juste aller dans cette maison et trouver les documents qu'on t'as indiqué. Tu les mets dans la boite, comme d'hab' et tu te casse.
- Rien de plus simple, souffla la jeune femme épuisée de sa journée.
- La prochaine mission est dans trois jours, d'ici là t'as d'autres trucs à faire.
- Oui, comme vivre ma vie.

Elle raccrocha après avoir poussé un très long soupir.

Mélanie Samantha, alias Sammy, était une jeune femme à la vie bien compliquée. Mannequin et chanteuse de jour, la nuit elle était une hors la loi qui ne volait pas aux riches pour donner aux pauvres, mais qui agissait selon les besoins d'une agence qui mettait beaucoup de pression à des gens de tout niveaux sociales que ce soit pour la cause de "changer le monde" et des anti-royalistes.
Bien qu'elle n'aimait pas le gouvernement actuel, la lenteur avec laquelle ils "tentaient" de s'adapter pour changer leur façon de faire, ceux pour qui elle travaillait depuis bientôt 4 ans, forçaient le destin car pour eux, il fallait accélérer les choses. BIen sûr c'était sans compter sur la double vie de leurs agents dont beaucoup s'étaient fait prendre et beaucoup n'étaient pas revenu ce qui avait eu pour effet de mettre la pression sur les restants et l'agence en elle-même.

Pourtant, Sammy aurai dû partir quand son partenaire s'était fait exécuter. Elle aurait dû tout arrêter, abandonner son poste et vivre sa vie comme une jeune femme normale de 27 ans. Mais même sans ça, sa vie était un capharnaüm. elle n'arrivait pas à gérer les trois en même temps, mais ne voulait absolument pas abandonner ce pourquoi elle se battait, pourtant ça la bouffait. La jeune femme aspirait à bien autre chose, comme trouver l'amour, se poser et fonder une famille, produire de la musique et être dans une vie sans complications, mais rêver coûte cher maintenant.

Car si elle voulait pouvoir vivre ce genre de rêve, elle allait devoir se faire passer pour morte et fuir son pays alors que sa carrière y était florissante.

Arrivée dans le quartier de sa mission, Sammy arrêta la voiture et la planqua quelque part afin de ne pas être repérée puis se faufila dans un coin pour ne pas être vue et attendit que plus personne ne se trouvent dans la maison ou bien qu'ils soient tous endormis afin d'entamer sa mission de récupération.

[...]

- Phi ! s'écria une fille en agitant les bras. P'Bosston !

D'autres se joinrent à elle pour scander le nom de l'athlète qui venait, de nouveau, de battre un record de vitesse.
L'homme en sueur et essoufflé les salua mais se précipita vers les vestiaires, préférant ne pas trop rester dans les environs et retrouver un peu de tranquilité à l'abris des mouettes aussi affolées que durant la FIèvre du Samedi soir.

Bosston n'assistait jamais ou très rarement à ses remises de médailles, préférant écourter ses apparitions, il aimait plutôt rentrer rapidement chez lui et changer de tenue pour entamer sa deuxième partie de vie qu'il faisait depuis presque 5 ans. Il n'en était pas fan, mais avait malheureusement des dettes, laissées par sa famille, à régler envers l'agence. Pourtant il préférait bosser seul qu'avec un partenaire qui se ferai prendre trop facilement comme les derniers qui avaient été attrapés par le gouvernement et qui n'étaient jamais réapparu.

Bosston ne se faisait pas d'illusions, il savait où ils avaient tous fini et il se refusait à se lier avec quelqu'un de l'agence pour voir celle-ci disparaître également et en ressentir la douleur de la perte ainsi que la culpabilité de ne pas avoir fait suffisemment ou assez pour la protéger. Si il devait se faire prendre, ça serai seul et personne ne serai blessé ni inquiété de sa disparition soudaine. Il avait pour habitude de s'enfuir quelques temps après les grandes courses pour "se ressourcer". Belle excuse pour prétendre faire son travail et disparaître le temps que les recherches ne se recentrent pas sur lui. Il n'aimait pas particulièrement la solitude, mais préférait ça qu'au bruit et aux cris incessant qui lui brisait les oreilles, mais qui... faisaient battre son coeur bien plus vite car il se savait applaudit pour ses exploits sportifs et la reconnaissance lui permettait de grandir à chaque fois.

Pourtant, ce soir, il trouva un paquet chez lui.

Cela signifiait qu'une chose : il y avait une nouvelle misssion et elle devrait être faite dans l'heure.

Bosston laissa son sac de sport dans le hall, soupirant il se dirigea avec le paquet dans son bureau pour en lire et découvrir le contenu.

" Bonsoir, ta mission du jour est uen récupération de documents sensibles chez un particulier. Tu n'as pas droit à l'erreur, un autre agent est déjà sur la mission, nous n'attendons plus que toi pour voir lequel de vous deux sera le plus rapide à les trouver et les rapporter à l'agence."

- Tss... Si il y a déjà quelqu'un pourquoi m'emmerder à m'ajouter sur la mission ? soupira t-il en jetant l'enveloppe dans la poubelle à laquelle il mit feu dans l'instant pour faire tout disparaître. Pas le choix, en espérant que je serais pas dérangé par l'autre agent...

Le lieu n'était pas très loin du centre d'affaires, il allait pouvoir se fondre facilement dans les lieux et récupérer ce qui était indiqué comme "sensibles" pour rentrer tranquillement en espérant ne pas croiser l'autre agent.

Douché et changé en un temps records, Bosston se mit en route et arriva à l'endroit indiqué au début de la soirée. Se faisant passer pour un riverain en pleine promenade, il se glissa le long de l'allée qui bordait la grande villa et remonta jusqu'à l'arrière pour s'y planquer et attendre, mais quelque chose le dérangeait. Il n'était pas seul et même si il savait qu'un autre agent était là, ce dernier le savait-il ? Où était-il planqué ?

Quand la nuit fut assez avancée, il entra discrètement sur le terrain et pénétra par une des entrées non fermées. Visiblement, quelqu'un y était déjà.
Silencieux, il étudia les lieux plongés dans le noir, observant les points de sécurités balayés par les caméras laser qui tournaient sur un paterne assez spécifique. Pourtant, une ombre se tenait au milieu et il eu du mal à déterminer qui s'était.

Cette dernière exécuta devant lui, une pirouette, évitant de justesse un laser qui passa tout près d'elle, ses cheveux longs attachés en queue de cheval virevoltaient au gré de ses mouvements grâcieux.

Une femme ? L'agent envoyé serait-il une agent ? Intéressant...

Il l'observa déjouer la sécurité puis se faufiler dans un couloir. Si il ne voulait pas perdre sa trace, il devait la rejoindre et l'avertir qu'il était lui aussi envoyé pour cette mission de récupération. Il traversa les zones en préférnt raser les murs et faire un petit détours avant de rejoindre l'ombre dans le couloir.

Mais quand il arriva près d'elle, celle-ci le bloqua contre le murs, faisant signe de se taire, le regard maquillé sombrement, rendait son regard plus expressif. BIen qu'il soit très grand, la femme collée à lui arrivait à lui bloquer la bouche de sa main.

- Qui tu es ?

Bosston voulu en rire, elle lui demandait de parler alors que sa main était posée sur sa bouche ? Réalisant, elle la retira mais pointa contre sa taille un poignard luisant à la lumière de la lune et reflétant les lasers.

- L'agence vient de me dire qu'un autre était sur place.
- L'agence ? Qui me dit que tu ne me mens pas ? fit-elle méfiante.
- J'ai reçu la mission il y a quelques heures, me prévenant que je devais assister un agent déjà sur place pour récupérer des documents sensibles. dit-il, les mains levées en signe de paix.

La jeune femme était à moitié cachée par l'ombre de la nuit, mais Bosston pouvait aisément deviner à quoi elle ressemblait, pourtant, il ne la connaissait pas. Travaillait-elle réellement pour l'agence ?

Sammy semblait se poser les mêmes questions, le regard braqué dans celui du jeune homme qui lui faisait face de toute sa grandeur. Elle se semblait si petite à côté de lui qu'elle hésitait même à repenser à devoir sortir en talons. Mais un bruit à l'étage lui rappela pourquoi elle était là. Son sérieux revint et son visage se ferma de nouveau. Arme à la main, elle entreprit de vérifier l'accès au bureau et entra, entrainant l'homme avec elle à l'intérieur.

- L'agence a dit que c'était sensible mais assez important, dit-elle tout en cherchant un endroit où ils pouvaient être stockés.
- D'après l'agence, la personne qui les possède est assez proche du gouvernement, bien qu'il soit décrit comme un particulier.

Sammy trouva le dossier en question, jeta un rapide coup d'oeil à l'intérieur afin de s'assurer que c'était bien le bon et pris une multitude de photos avant de le placer dans sa sacoche, mais finalement la tendit à l'homme qui semblait être plus athlétique qu'elle.

- Pourquoi tu...
- Tu cours vite ?
- Je suis un coureur de haut niveau.
- Alors dégage d'ici et vite.
- Pour-...

Un bruit dans les escaliers à côté du bureau, se firent entendre. Comprenant qu'elle cherchait à lui faire gagner du temps en se faisant repérer.
Mais le côté chevaleresque du jeune homme refit surface, il lui attrapa la main et l'attira à sa suite. Longeant les murs, faisant attention aux angles des lasers qui balayaient toujours sans relâche la grande pièce, ils atteignirent la porte qu'ils avaient tout les deux empruntés à l'allée. Alors qu'ils se trouvèrent dans le grand jardin, les lumières s'allumèrent tout autour d'eux.

- Par ici ! s'exclama t-elle en l'attirant avec elle vers un coin d'où elle avait patienté durant des heures.

Dans les buissons, Bosston pouvait sentir que la jeune femme était épuisée et ne serait pas plus rapide que lui pour échapper aux potentiels gardiens lancés à leurs trousses. Pourtant, avec le plus grand étonnement, il la vit le distancer et mettre à l'amende les deux gardiens qui criaient derrière eux.

- On se retrouve au café ! lui dit-elle en partant dans une autre direction, à l'abrit de la rue.

N'ayant plus le choix, Bosston fit demi tour pour retrouver sa propre voiture, garée un peu plus loin et démarra une fois les gardiens disparu.

Qui était cette femme ?

La reverrai-il réellement à l'agence ?

***