I will love you unconditionally

Assis sur un banc, le regard dans le vide, j'attendais ta venue avec la peur au ventre que tu ne viennes pas. Pourtant, il n'y a pas de quoi s'inquiéter, non ? Jamais tu ne me laisserais tomber... 

Un petit vent frais vint me sortir de ma torpeur, me faisant frissonner. Derrière moi, j'entends enfin tes pas qui se rapprochent. Mon cœur bat de plus en plus fort à l'idée de te voir. Et puis, tu t'assois à côté de moi et prends ma main : notre petit rituel.

« J'espère que tu ne m'as pas trop attendu ! » me dis tu.

Regardant l'horloge qui ornait l'église au loin, je te réponds :

« Comme toujours, mon cher, tu es ponctuel ! »

Tu te tournes vers moi, avec ce sourire qui me fait fondre à chaque fois. Et je suis tellement fier d'être celui à qui tu réserves ce sourire là. Pourtant, rien ne pouvait prévoir que moi, Alexander Combs, le petit gars venu tout droit de Stauton, en Virgine, soit le petit ami de William Arrington, un séduisant étudiant issu de la haute société anglaise. Étant donné qu'on ne vient pas du même monde, il y avait peu de probabilité que nos chemins se croisent...

Mais les pronostics ont été déjoués le jour où je me suis présenté à la résidence d'été de ton père pour y avoir un job temporaire, histoire de ne pas être inactif. Deux jours après, je te rencontrais et j'ai vite compris qu'il n'y aurait pas de retour en arrière possible... 

« J'ai reçu ton message toute à l'heure. Tu disais que tu avais quelque chose d'important à me dire... »

« Oui, en effet. »

« Et de quoi s'agit-il ? »

Prenant une bonne inspiration, je te réponds :

« Il faut qu'on prenne une décision... On ne peut plus continuer comme ça ! »

« Je sais bien, mais qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ? »

« Peu importe, mais je n'en peux plus de ce petit jeu : on ne va pas s'amuser à se voir clandestinement toute notre vie ! »

Tu me fixes avec contrariété :

« Tu penses bien que ce n'est pas une partie de plaisir pour moi, non plus ! Mais... C'est juste que je ne peux pas faire autrement... à cause de lui  ! »

« Je le sais bien... »

Lui, c'est ton père : Sir Andrew Arrington, un homme politique très en vue en Grande-Bretagne et qui n'est pas fan de l'idée que son fils soit attiré par les hommes. Quand il a su pour nous deux... Je ne veux même pas imaginer ce que tu as dû subir de sa part !

Quant à moi... Disons que la découverte de mon homosexualité n'a pas soulevé l'enthousiasme des foules, loin de là. Mon père était entré dans une rage folle et ma mère ne savait plus dans quel état se mettre. 

Le résultat est le même pour nous deux : interdiction de nous voir, et la sentence est sans appel ! Je ne te mentirais pas en te disant que ça a été douloureux pour moi de vivre cette épreuve...

Mais quelle importance ? Maintenant, nous sommes là, tous les deux, sans personne pour nous empêcher d'être heureux...

« Et si tu me disais ce que tu as derrière la tête, Alex ? »

« Je me disais... Puisque rien ne nous retient ici, tu ne crois pas qu'il est temps de prendre le large ? »

« Quoi ? »

« C'est vrai : on ne va pas rester ici à subir la connerie des autres alors qu'ailleurs, on pourrait être heureux ! »

Tu acquiesces avec timidité : j'imagine que la décision n'est pas facile à prendre pour toi...

« Tu marques un point. Mais je dois te l'avouer : j'ai un peu peur de sauter le pas. Après tout, je m'apprête à laisser derrière moi tout ce que j'ai fait et tous ceux que je connais... »

Tu te tournes vers moi avec un sourire rassurant

« Mais si il le faut, alors je suis prêt à y renoncer ! Je ne veux plus être loin de toi ! »

Soulagé – et heureux – je te prends dans mes bras, rapprochant chaque parcelle de ton corps près du mien. Te sentir contre moi me rappelle plein de souvenirs... et aussi mes questions.

« Au fait, Will ? »

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

Je m'éloigne légèrement et plonge mon regard dans le tien.

« Pourquoi ? »

« Pourquoi quoi ? »

« Pourquoi moi parmi tant d'autres ? Qu'est-ce qui a bien pu te plaire chez moi pour que tu me choisisses ? Es-tu sûr... ? »

Je sens tes mains prendre mon visage, me coupant net dans mon monologue plein d'interrogations. Tu me regardes avec amusement.

« Décidément, tu m'épateras toujours, Alex... Tu sais, parfois les questions sont compliquées, mais les réponses sont simples... »

Tu marques une pause avant de reprendre :

« Ce que je veux dire, c'est que tu te poses beaucoup trop de questions pour ton bien, Alex. Mais si tu tiens tant à avoir des réponses... Si c'est toi que j'ai choisi parmi tant d'autres comme tu dis, c'est parce que il n'y a que toi qui me fait sentir bien comme je suis, et pas comme mon père voudrait que je sois. Tu es le seul à qui je peux confier mes peurs et mes doutes, quand ce ne sont pas mes chagrins. Le seul qui me redonne le sourire... »

Mes lèvres sur les tiennes coupent court à ton monologue : tu n'as pas idée à quel point je suis heureux de t'entendre dire ça. Mais j'imagine que si, car je sens ton sourire se dessiner contre ma bouche alors que tu réponds à mon baiser. 

Le temps semblait suspendu, rien que pour nous deux, comme pour nous permettre de rattraper le temps perdu qu'on a passé loin l'un de l'autre. Puis, nous avons du nous séparer, à regret. Tout à coup, l'horloge sonna les douze coups de minuit.

« On dirait que c'est l'heure... Est-ce que tu es prêt ? » 

Tu me souris avant de resserrer doucement tes doigts autour des miens.

« Peu importe l'aventure, si c'est avec toi, alors je suis toujours prêt ! »

Alors, dans un élan commun, nous nous sommes levés du banc et nous avons commencé à nous éloigner dans la nuit, nos mains toujours enlaçées. Désormais, c'est à nous de prendre notre destin en main, pas aux autres.

Et alors qu'on avançait ensemble, je me suis rappelé une citation littéraire - une de celles que tu adores m'apprendre. Une phrase d'Oscar Wilde, je crois. Me rapprochant de toi, je te murmure :

« Si vous ne prenez pas votre temps, je vous attendrais toute ma vie. »

Tu ris aux éclats avant de me répondre :

« J'ose espérer que l'attente en valait la peine. »

« Oh, que oui. »

Tu poses ta tête sur mon épaule et me me murmure :

« Je t'aime, Alex. »

« Moi aussi, Will. »

Et c'est ainsi que nous nous avançons dans la nuit, vers une autre vie que nous écrirons ensemble. Car, comme le dit l'adage "Après la nuit, vient le jour", et nous avons hâte de voir jusqu'où tout cela nous mènerait. 

Parce qu'après la nuit de nos peurs et de nos chagrins, j'avais hâte de voir se lever le jour et avec lui, nos espoirs et nos bonheurs.



Je vous remercie de votre lecture et j'ai hâte de connaître vos avis !







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