Assis dans le canapé, je contemple le plafond avec lassitude, me répétant à chaque fois la même question : quand est-ce que tu rentres à la maison ?

Je sais que ce déplacement en Angleterre compte beaucoup pour toi, surtout parce que tu veux rencontrer les principales associations européennes qui viennent en aide aux personnes LGBTQ+ afin que vous vous mettiez d'accord sur le texte que vous comptiez présenter aux Nations Unies. Tout cela pour que soit inscrite dans la Constitution la protection des communautés homosexuelles contre tout type d'atteinte à leurs droits.

Ce projet te tient à cœur, je le sais, et je te soutiendrais, peu importe ce qui arrivera. Mais rester longtemps loin de toi, ça me tracasse... Non, ça m'angoisse, parce que ça me renvoie à des souvenirs douloureux...

Je chasse ces idées noires de mon esprit et fixe l'anneau qui orne mon annulaire gauche avec un sourire : bientôt, toi et moi, ce sera pour la vie... Tu n'as pas idée à quel point j'ai hâte de pouvoir lier mon destin au tien et cette distance géographique me fiche les nerfs en pelote...

En attendant ton retour, je m'occupe comme je peux : à côte de mon job, je téléphone à mon frère et ma mère, je sors avec nos amis qui me demandent de tes nouvelles et je regarde la télévision en espérant que les infos me parlent de toi, ou de ceux qui travaillent sur ce texte. 

Malgré tout, je trouve le temps long, horriblement long : je voudrais que tu reviennes ici, maintenant... Soudain, mon téléphone se met à sonner et la première chose que je vois sur l'écran, c'est ton nom. Je décroche immédiatement :

"Hey, lovely ! Comment ça va ?"

"**Je vais bien, mon Alex. Que fais-tu ?**"

"A part t'attendre avec impatience, rien !"

J'entends ton rire de l'autre côté de la ligne : c'est un son qui m'a toujours remonté le moral et l'écouter rend ma solitude moins pesante.

"**Mon pauvre, je ne savais pas que c'était si dur de vivre sans moi !**"

"Maintenant, tu le sais... Au fait, comment ça se passe avec les associations LGBTQ+ ?"

"**On avance bien, je pense que ça va marcher ! Le texte qu'on propose, ils ne peuvent pas le refuser, ou alors aucun d'entre eux n'est digne de siéger à l'ONU !**"

Je sens ton enthousiasme et ta détermination dans ta voix : ce projet de texte de loi, tu y tiens, parce que tu veux aider ceux qui souffrent comme nous avons souffert, même si je relativise en me répétant qu'on n'a pas essayé de nous tuer, contrairement à d'autres pays...

"J'ai une question à te poser..."

"**Je t'écoute !**"

"Quand est-ce que tu rentres ?"

"**Je m'en doutais que tu allais me demander ça ! Ne t'en fais pas, my dearest : je rentre bientôt, ce soir, si tout va bien !**"

"La première chose que je fais après notre mariage, c'est de t'emmener en voyage et de ne plus te lâcher d'une semelle !"

"**Quel romantisme ! Si ça peut te rassurer, je suis impatient également de pouvoir rentrer, te serrer dans mes bras et éventuellement, te passer la bague au doigt !**"

"Tu ne changeras jamais, Will ! Je ne sais pas combien de temps il te reste avant de finir ton truc, mais dès que le dernier point est écrit, tu sautes dans le premier avion et tu rapatries tes petites fesses par ici !"

"**Pas de panique, c'est prévu que je rentre dès que c'est terminé ! Tiens le coup, mon cow-boy, on se revoit bientôt !**"

"Très bien, je rongerais mon frein ! Prends bien soin de toi, surtout !"

"**Pas de soucis, je fais attention ! Je t'aime !**"

"Moi aussi..."

Cette conversation terminée, je me replonge à nouveau dans mes pensées, mais cette fois, avec l'esprit léger : j'étais sûr et certain que je pourrais de nouveau serrer mon William dans mes bras et que ça n'était qu'une question d'heures...

Mon regard s'arrête sur la radio connectée que tu m'as acheté pour mon anniversaire : allez, quitte à passer le temps, autant le faire en musique... Je prends mon lecteur de musique Bluetooth, mets en route une playlist et commence à m'activer alors que la voix de Bruno Mars résonne dans le salon.

Treasure, that is what you are
Honey, you're my golden star
You know you can make my wish come true
If you let me treasure you
If you let me treasure you, oh

Tandis que la musique comble le vide, je ne perds pas une minute et prépare tout ce qu'il faut pour ton arrivée : je t'imagine déjà en train de me dire "Tu n'aurais pas dû faire autant" en levant les yeux au ciel, mais en esquissant un sourire. Mais que veux-tu ? Je prends plaisir à te surprendre et ça n'est pas près de s'arrêter !

Je commence par dresser la table, en espérant que ça ne fasse pas trop brouillon. C'est que, contrairement à toi, mon cher Will, je n'ai jamais dîné dans un grand restaurant de ma vie... mais heureusement, on a rattrapé le retard depuis. Je sors les couverts les plus chics qu'on ait et les dispose avec attention avant de me mettre aux fourneaux pour te concocter un menu de bienvenue.

Tout en m'affairant, je me rappelle de mes premiers essais en cuisine lors de notre aménagement ici : disons que ce n'était pas une grande réussite, au point que j'ai réussi à faire exploser un gratin dauphinois ! J'entends encore ton hilarité en voyant le résultat : tu affirmais que j'avais inventé la cuisine explosive, un concept salissant, mais fort amusant. Heureusement, j'ai progressé depuis et je ne suis pas peu fier de ma réussite.

Tout à coup, la radio se mit à jouer une musique que je connaissais comme une de tes préférées : Unchained melody...

Lonely rivers flow to the sea, to the sea
To open arms of the sea yeah
Lonely river sigh wait for me, wait for me
I'll be coming home... Wait for me.

C'est à ce moment là que je ressens deux choses complètement différentes : la première est la sensation de manque, celui de ton absence et qui me fait mal, même si je sais que tu ne seras pas parti longtemps. Mais l'autre est cette impatience grandissante car je sais qu'après ce qui m'a semblé une éternité, nous allons pouvoir nous retrouver. C'est comme si je sentais déjà ta présence auprès de moi...

"Bonsoir, Alex."

Je me retourne et je te vois qui me sourit. J'ai failli croire que tout cela n'est qu'un rêve, si tes bras ne m'avaient pas entouré de tout ton amour... Trop heureux, je t'embrasse avec passion pour te faire ressentir ma joie de te retrouver et de sentir ta peau sous mes doigts...

Oh, my, love, my darling I've hungered for
Your touch, a long lonely time
And time goes by, so slowly and time
Can do so much, are you still mine?

Lorsqu'on a du se séparer, à regret, tu me demandes avec amusement :

"C'était à ce point ?"

"Mon dieu, tu n'as pas idée... Mais maintenant que tu es de retour, tout va bien !"

"Je l'avais remarqué !"

"Tu as fini plutôt, alors ?"

"En fait, quand je t'ai appelé, j'étais à 200 mètres de la maison !"

J'en reste bouche bée : là, pour me surprendre c'est réussi ! Et c'est une surprise qui ne pourrait me faire plus plaisir !

"Tu ne cesseras jamais de me surprendre !"

"Et tu n'as encore rien vu... Mais ne t'en fais pas : nous avons de nombreuses années devant nous pour le découvrir !"

Et alors que le soleil se couche doucement dans l'horizon, nous restons longtemps dans les bras l'un de l'autre, profitant de notre bonheur d'être à nouveau réunis. Après tout, moi qui ne suis pas d'une nature patiente, j'ai compris que pour toi, je serais capable d'attendre une éternité tant que j'ai la certitude de te retrouver à la fin...

Oh, my love, my darling
I've hungered, for your touch
A long, lonely time
Time goes by so slowly
And time can do so much
Are you still mine?
I need your love
I need your love
God speed your love to me

Et voilà pour ce nouvel écrit, réalisé dans le cadre du concours "Summer Love 2020" organisé par WattpadRomanceFR.

J'espère qu'il vous aura plu : n'hésitez pas à me laisser vos avis !

A la prochaine !